À la défense des piétons
Quand on parle de mobilité durable, on omet souvent la marche. Les piétons ont pourtant plusieurs avantages de leur côté: la marche est un moyen de transport écologique, économique et bon pour la santé. Le grand oublié de la route a, depuis 2015, un organisme pour le représenter: Piétons Québec.
Piétons Québec s’engage à devenir le porte-parole des piétons, à remettre la marche à l’honneur et à démontrer les avantages d’une ville à échelle humaine.
Le privilège de marcher?
Dans un long article, Antonia Malchik parle de la mort annoncée de la marche aux États-Unis. L’auteure constate qu’elle est privilégiée. En marchant seulement quelques pas, elle peut répondre à tous ses besoins et à ceux de ses enfants. La nourriture, l’école, les livres, le terrain de jeux, le médecin, le dentiste (et la crème glacée) sont accessibles dans un rayon d’un mile de sa maison. De plus, les trottoirs de son quartier sont larges.
C’est loin d’être le cas pour la majorité des Américains. Dans plusieurs des 50 plus grandes villes des États-Unis, Indianapolis ou Oklahoma City par exemple, seulement 5% des habitants ont accès à des aliments frais à cinq minutes de marche ou moins.
Cette réalité ne s’arrête pas à la frontière. Au Québec, les trottoirs intermittents, le manque de passages pour piétons sécurisés, les chantiers routiers et les arrêts d’autobus non déneigés transforment souvent la marche en véritable parcours du combattant.
Un impact sur la santé
En Amérique du Nord, la voiture représente encore la liberté et l’indépendance. Les Québécois chérissent leur auto. Ils prennent le volant pour effectuer la moitié de leurs déplacements de moins d’un kilomètre (soit de 10 à 12 minutes de marche).
Selon une enquête Origine-Destination du ministère des Transports du Québec, 41% des adultes n’utilisent jamais la marche comme mode de déplacement. Et seulement 30% des enfants se rendent encore à l’école à pied, alors que ce chiffre s’élevait à 80% en 1971.
Ces statistiques ont évidemment un impact sérieux sur la santé, comme l’obésité ou les maladies cardiovasculaires. Sans compter que l’augmentation des voitures diminue la qualité de l’air. Marcher réduirait d’ailleurs les risques d’AVC, l’asthme et les effets néfastes de la position assise. La marche permettrait même de lutter contre la déprime.
Plus de piétons, plus de sécurité
En 2014, l’équivalent d’un piéton par semaine (52) a trouvé la mort sur les routes du Québec. Puis, on dénombre 2589 blessés dans une collision avec un véhicule routier, selon les chiffres de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Pour rendre les routes plus sécuritaires pour ceux qui se déplacent à pied, le nombre de piétons doit augmenter. En effet, plusieurs études ont démontré une forte corrélation entre le nombre d’usagers des déplacements actifs et leur sécurité. Les risques pour les piétons et les cyclistes diminuent ainsi à mesure que leur nombre augmente. Les automobilistes s’habituent de leur côté à leur présence et s’adaptent en conséquence.
Bref, plus on marche, plus on pense aux piétons une fois derrière le volant.
Octobre, le mois des piétons
Pour freiner le nombre inquiétant de décès de piétons dans la province, la SAAQ tient chaque année en octobre le Mois du piéton. Pour l'occasion, on invite la population à faire preuve de la plus grande vigilance pour assurer leur sécurité.