Le meilleur de Richard Rogers
Le monde de l’architecture est en deuil. Le renommé architecte britannique Richard Rogers s’est éteint samedi soir dernier, à 88 ans. Le lauréat du prix Pritzker, le Nobel de l’architecture, était l’un des pionniers du mouvement high-tech.
Le parcours de Richard Rogers n’est pas banal. Né le 23 juillet 1933 à Florence, il fuit l’Italie fasciste avec sa famille en 1938 pour s’installer en Angleterre. Comme il l’écrit dans son autobiographie, A Place for all People, son monde est alors passé «de la couleur au noir et blanc». Dyslexique à une époque où l’on ne connaissait pas encore la maladie, il se faisait traiter d’élève stupide.
En 1951, il quitte l’école sans diplôme, mais parvient quand même à entrer à l’Architectural Association School de Londres. Il termine ses études d’architecture à Yale onze ans plus tard. Là, il rencontre notamment Normand Foster, avec qui il fonde, aux côtés de leurs épouses respectives, la «Team 4», un bureau reconnu pour ses bâtiments inspirés des technologies.
Richard Rogers a été largement récompensé durant sa carrière. En plus du Pritzker en 2007, l’architecte a notamment reçu la médaille d’or du Royal Institute of British Architects en 1985, le Praemium Imperiale de l’Association japonaise des Beaux-Arts en 2000 et le prix Stirling en 2006 et en 2009, pour la réalisation de l’aéroport de Madrid-Barajas et pour le Maggie’s Centre.
Avenues revient sur sa carrière en trois bâtiments.
Centre Pompidou (Paris, France)
Impossible de parler de Richard Rogers sans mentionner le Centre Pompidou. Conçu en collaboration avec l’Italien Renzo Piano, il s’agit sans doute de sa réalisation la plus connue.
Les deux acolytes ont remporté en 1971 le concours pour dessiner le nouveau musée d’art moderne de Paris, alors qu’ils étaient peu connus. Son architecture «à l’envers», avec toute son infrastructure exposée, se démarque dans Paris.
Pour distinguer leurs rôles, les différents systèmes revêtent chacun une couleur. La structure et les plus grands composants de ventilation ont par exemple été peints en blanc. L’escalier rouge qui zigzague jusqu’au sommet du bâtiment offre de son côté une vue imprenable sur la ville aux visiteurs. En enveloppant le bâtiment de son squelette, les deux concepteurs ont pu maximiser l’espace intérieur.
L’audace architecturale du Centre Pompidou n’a pas fait l’unanimité à son ouverture. Il a été longtemps décrié et affublé de quelques noms peu flatteurs, comme Notre-Dame-des-Tuyaux. C’est désormais un incontournable parisien.
Lloyd’s Building (Londres, Angleterre)
Situé au 1, Lime Street dans le quartier des affaires de Londres, l’édifice Lloyd’s a été complété en 1986.
Tout comme le Centre Pompidou, il expose fièrement ses fonctions et services. Ascenseurs, plomberie et installations électriques se retrouvent à l’extérieur du bâtiment, libérant ainsi l’intérieur et permettant un entretien et une réparation plus faciles. La couleur cède par contre ici sa place à l’acier inoxydable, ce qui confère un air futuriste à l’ensemble.
Plutôt que de démolir complètement le bâtiment d’origine, Richard Rogers a conservé une partie de la façade pour rendre hommage au passé. Malgré leurs vastes différences, l’architecture d’hier et le style high-tech se mélangent étonnamment bien.
Cette réalisation unique est l’une des œuvres d’architecture moderne les plus emblématiques de Londres.
Leadenhall Building (Londres, Angleterre)
Construit en 2014 juste en face du Lloyd’s Building, le Leadenhall Building se distingue par sa forme bien particulière. Le gratte-ciel en coin est en effet largement connu sous le nom de râpe à fromage en raison de son apparence.
La tour de bureaux de 50 étages, qui s’élève à 224 mètres dans le ciel de Londres, a une façade en pente, ce qui lui permet de respecter les lignes de vue protégées de la cathédrale Saint-Paul. Le dôme de la cathédrale est ainsi toujours visible.
Sur la façade principale, entièrement vitrée, on aperçoit la structure métallique. La façade nord, elle, est conçue comme une tour détachée et renferme entre autres les ascenseurs. Les sept premiers étages créent un lieu public baigné de lumière. On y retrouve des boutiques, un restaurant et un espace paysager, qui offre aux citadins une bouffée d’air frais.
En 2016, le cabinet de Richard Rogers a emménagé dans un bureau aux couleurs vives à l’intérieur même du bâtiment.