Des villes adaptées aux besoins des aînés

La population des villes vieillit un peu partout sur la planète. Le Québec n’y échappe pas, c’est même le deuxième État qui vieillit le plus vite au monde après le Japon. Dans ce contexte, comment peut-on adapter les villes aux besoins des aînés?



Au Québec, quatre personnes sur cinq vivent en milieu urbain. Au cours des prochaines années, toutes les municipalités de la province connaîtront une hausse marquée du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus. Elles doivent donc amorcer dès maintenant leur réflexion sur le sujet.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est penchée sur la question en 2007 en lançant le programme «villes-amies des aînés». Le Québec a emboîté le pas dès 2008, en créant de son côté le programme «Municipalité amie des aînés». L’initiative est populaire dans la belle province: pas moins de 750 municipalités et MRC y participent actuellement.

Concrètement, à quoi ressemble cette ville conçue pour tous? La ville-amie des aînés s’efforce d’adapter l’urbanisme, les transports et l’environnement pour s’assurer que les personnes âgées trouvent leur place partout. C’est une démarche de longue haleine, qui s’échelonne sur plusieurs années. Raison de plus pour s’y mettre dès maintenant, comme le soulignait l’ancien maire de New York Michael Bloomberg. «Devenir une ville-amie des aînés prend 50 ans, mais si on ne le fait pas maintenant, dans 50 ans, nous n’en serons pas encore une», avait-il l’habitude de dire.

La ville qui ne dort jamais est d’ailleurs bien avancée à ce chapitre. En 2010, elle est devenue le premier membre du Réseau mondial des villes et des communautés amies des aînés de l’OMS. Sous Bloomberg, l’administration municipale a notamment augmenté le nombre de bancs aux arrêts d’autobus et réservé des plages horaires pour les aînés dans les piscines publiques. Des parcs au transport, tous les départements de la ville devaient prendre en compte le vieillissement de la population dans leurs politiques.

Londres tente aussi de faire face à cette problématique. La mairie a récemment publié un rapport sur la ville vieillissante. Ce dernier propose notamment la mise en place d’un programme pour soutenir les personnes âgées qui voudraient démarrer une nouvelle entreprise. Le rapport souligne également que des espaces communautaires multigénérationnels devraient être aménagés.

Les initiatives québécoises

Drummondville a pour sa part dévoilé à la fin de 2015 sa politique pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Celle-ci se compose de cinq grands axes: agir ensemble, améliorer le cadre de vie, favoriser la participation, faciliter l'accès à l'information et reconnaître la diversité des aînés.

La ville souhaite mettre rapidement en branle son plan d’action, qui devrait entre autres faciliter les déplacements des personnes âgées et promouvoir un mode de vie plus actif.

Au Témiscamingue, la Table de concertation a mis sur pied depuis quelques années un service d’accompagnement personnalisé offert aux personnes âgées qui habitent loin des services. Grâce à ce système, les aînés peuvent se rendre à la pharmacie ou à l’épicerie plus facilement. L’organisme a aussi organisé des séances de gymnastique et des journées d’activité physique dans les villages.

En 2013, une première communauté de cohabitat multigénérationnel a également vu le jour au Québec. Inspirés par ce voisinage coopératif et solidaire né dans les pays scandinaves, les résidents de ce projet sont propriétaires, mais partagent une bonne partie de leur vie avec leurs voisins. Une maison commune abrite par exemple une grande salle à manger, une salle de jeux pour les enfants et une buanderie. D’autres projets du genre sont en développement dans la province, notamment à Montréal et à Limoilou.

L’allongement de l’espérance de vie est certainement une bonne nouvelle pour l’humanité. Cette nouvelle réalité pose néanmoins de grands défis, que l’on devra relever pour bien vieillir ensemble.