5 façons d’aménager des villes plus sécuritaires pour les piétons
La mort de Maria Legenkovska, une fillette de sept ans happée par un automobiliste, a secoué le Québec la semaine dernière. Cette horrible nouvelle ne fait pourtant pas figure d’exception. En moyenne, un piéton meurt tous les cinq jours dans la province. Voici cinq façons d’aménager des villes plus sécuritaires pour les piétons.
Oslo (Norvège)
Après des années d’efforts et d’action, Oslo a réussi à réduire à zéro le nombre de décès de piétons en 2019. Ce chiffre ne relève pas de la magie: la capitale européenne a implanté toute une série de mesures pour arriver à ce résultat. Elle a notamment repensé l’aménagement des rues, réduit les limites de vitesse et rendu les déplacements en voiture beaucoup plus difficiles, tout ça dans le but de redonner la rue aux gens.
Le nombre de péages a augmenté de 70% en 2017 et les frais de stationnement sont jusqu’à 50% plus élevés. Des milliers de places ont aussi été remplacées par des pistes cyclables. Des rues sont devenues piétonnes et des zones sans voitures ont été érigées autour des écoles. Les résidents peuvent en outre compter sur un réseau de transport en commun fiable et abordable. L’approche vision zéro prônée par la Ville a été adoptée un peu partout à travers le monde, dont Montréal, avec plus ou moins de succès.
Singapour (Singapour)
Depuis octobre 2009, à Singapour, les personnes âgées ou en situation de handicap peuvent traverser la rue à leur rythme. Un dispositif intelligent, appelé Green Man+, leur alloue en effet jusqu’à 13 secondes de plus pour passer d’un côté à l’autre. Ils n’ont qu’à taper leur carte (qui ressemble à la carte Opus de la Société de transport de Montréal [STM]) sur le lecteur pour que ça fonctionne. Plus de mille passages pour piétons en sont aujourd’hui équipés. Ça ne coûte rien, évidemment.
Hong Kong teste aussi un système similaire depuis 2018 afin d’offrir un environnement adapté à sa population vieillissante. Pour l’instant, le lecteur de cartes a été installé à 21 intersections.
Dublin (Irlande)
Dublin a profité de la pandémie pour améliorer son potentiel de marche. Comme ailleurs, le nombre de piétons et de cyclistes a augmenté de façon notable durant la crise sanitaire. Pour s’assurer de rendre leurs déplacements sécuritaires (et libérer les transports publics pour les travailleurs essentiels), la Ville a instauré un ambitieux plan de mobilité.
Elle a notamment installé des capteurs sans contact pour les piétons aux feux de circulation, priorisé le temps de passage pour les piétons aux intersections et construit plusieurs kilomètres de pistes cyclables protégées. Les parents ne peuvent désormais plus reconduire leurs enfants à l’école en voiture; des bornes en forme de crayon délimitent la zone scolaire. L’Irlande a également réservé 10% de son budget dédié au transport à la marche.
Pontevedra (Espagne)
Connaissez-vous Pontevedra? Cette petite ville de 80 000 habitants en Espagne a repensé stratégiquement ses infrastructures en faveur des piétons. Elle a par exemple créé des trottoirs plus larges et des rues plus étroites, supprimé les stationnements sur rue au profit de terrasses et de mobilier urbain, et piétonnisé 300 000 mètres carrés du centre-ville. Les feux de circulation ont de leur côté été remplacés par des ronds-points et la circulation a été réduite à 30 km/h.
La philosophie du maire responsable de cette révolution tient en une phrase: «Posséder une voiture ne vous donne pas le droit d’occuper l’espace public». Les résultats sont probants: aucun accident mortel de la route n’a été enregistré depuis 2011.
Vienne (Autriche)
Le transport est-il une question de genre et d’équité? C’est à tout le moins le constat qu’a fait Vienne, après avoir analysé l’utilisation des espaces publics. Les chercheurs ont entre autres remarqué que les déplacements quotidiens des femmes diffèrent de ceux des hommes. Alors que les hommes se déplacent généralement de manière très linéaire et régulière – pour aller travailler le matin et rentrer à la maison le soir –, les femmes ont tendance à faire beaucoup plus de trajets par jour, à des heures diverses, et en marchant beaucoup plus.
La prise en compte de cette réalité a eu un impact sur l’éclairage public, l’élargissement des trottoirs, de même que sur la conception des bancs et celle des parcs. Une certaine attention a été accordée à la verdure, aux arbres, à l’ombre et aux sièges sur les trottoirs. Des zones entièrement accessibles aux fauteuils roulants tout comme aux poussettes sont apparues. Les saillies de trottoirs sont devenues la norme aux intersections. Ces mesures ont permis de rendre la ville plus sécuritaire pour les piétons, mais également plus équitable.