Photo: Facebook Route des Gerbes d'Angelica
24 avril 2018Auteure : Julie Chaumont

Maisons de retraite nouveau genre

La traditionnelle maison de retraite et la résidence pour personnes âgées n’ont plus la cote. De plus en plus de baby-boomers, désirant vieillir avec leurs amis, proposent des «maisons de retraite» nouveau genre. Tour d’horizon de concepts qui ont vu le jour au cours des dernières années.


Projet Solano: vivre et vieillir avec ses amis

En 2004, sept amis se lancent dans un projet fou: acheter une bâtisse pour la transformer en copropriétés afin de pouvoir vivre et vieillir ensemble. C’est dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, qu’ils trouvent la perle rare: une ancienne caisse populaire.

La bâtisse a été convertie en cinq copropriétés, dont les spécifications de chacune ont été déterminées par les différents copropriétaires. Chaque unité est donc unique, au plus grand bonheur de chacun. On y trouve également un grand jardin où les apéros et repas partagés en groupes sont chose commune. Six espaces de stationnement viennent compléter le tout. Chacun a donc son espace privé et est libre de faire ce qui lui plaît. «C’est les avantages de la commune, sans les inconvénients», lance Esther Gaudreault, qui témoigne de son expérience dans une capsule de l’émission Format familial, sur les ondes de Télé-Québec.

La Route des gerbes d’Angelica: une commune horticole

En 2008, une vingtaine d’amis de longue date réunissent leurs avoirs pour acheter une terre de 2,3 millions de dollars à Mirabel. Âgés de 55 à 85 ans, ces anciens chimiste, comptable, coiffeuse, psychoéducatrice, infirmière, enseignants, machinistes, travailleurs autonomes, éducateur et responsable du marketing partagent tous le même rêve pour leur retraite: faire un retour à la terre.

À la recherche d’un terrain clôturé assez grand pour y aménager divers jardins et bâtiments, en plus d’une résidence pour 10 personnes (les autres membres du groupe habitant encore dans leur maison), ils se portent finalement acquéreurs d’une ancienne table champêtre de 94 acres.

Photo: Facebook Route des Gerbes d'Angelica
Photo: Facebook Route des Gerbes d'Angelica

Autodidactes et passionnés, les membres du groupe reçoivent les conseils d’un agronome qui les guide dans l’aménagement de leurs 14 jardins thématiques. Le travail se fait presque en totalité à la main. En plus des milliers de plants de toutes sortes, des œuvres artisanales et des fontaines embellissent le paysage.

En 2010, ils décident d’ouvrir leurs portes au public. Le succès est immédiat et, avec les années, c’est un véritable organisme à but non lucratif qu’ils ont mis sur pied. Aujourd’hui, une cuisine permet de transformer les plantes comestibles des nombreux jardins, une boutique met en valeur les produits du terroir et des cadeaux, un bistro accueille les visiteurs et de nombreuses activités thématiques y sont organisées au fil des saisons. Les profits sont remis à des organismes de la région.

Photo: Facebook Route des Gerbes d'Angelica
Photo: Facebook Route des Gerbes d'Angelica

En entrevue au Journal de Montréal, Alain Bellemare, un membre du groupe et machiniste de 62 ans, déclare: «J’ai été en affaires pendant 23 ans de ma vie et j’ai toujours rêvé de posséder une ferme. Comme je suis célibataire et que je n’ai pas d’enfants, je ne savais pas comment j’allais faire pour en avoir une un jour. Lorsque je me promène dans les jardins, je peux dire que je réalise mon rêve tous les jours.»

Le presbytère de Saint-Alphonse-de-Caplan: retrouver le plaisir de la colocation

En 2011, cinq amis âgés de 52 à 67 ans achètent le presbytère de Saint-Alphonse-de-Caplan, en Gaspésie, afin d’y aménager leur propre maison de retraite. L’immeuble de 1898, acheté pour 40 000$, a nécessité près de 100 000$ en rénovations, dont la plupart ont été effectuées par les propriétaires. «On a fait enlever presque deux tonnes de tapis, de revêtement, de préfini...», dit Sylvie Onraet, 65 ans, dans une entrevue au Journal de Montréal.

Le charme historique du presbytère a été conservé et rien de tape-à-l’œil n’a été ajouté. L’idée de cette commune est de ne pas finir ses jours dans un CHSLD et de continuer à pouvoir voyager autant que possible sans avoir l’inquiétude de laisser sa maison à l’abandon pendant quelques mois. L’entraide est la valeur qui anime ces amis d’enfance.