Régler les problèmes de logement avec 22 mètres carrés
La minimaison fascine. On ne compte plus les articles sur le sujet, et ceux-ci suscitent toujours un fort engouement. Au-delà de l’intérêt, peu passent toutefois du rêve à la réalité. Un prototype de 22 mètres carrés (237 pieds carrés) pourrait changer la donne.
À la demande du programme Environnement et Habitat de l’ONU, le studio américain Gray Organschi Architecture a collaboré avec des chercheurs de l’Université Yale pour résoudre les problèmes de logement, tant d’un point de vue social qu’environnemental. Plus tôt cette année, ils ont dévoilé leur solution: l’Ecological Living Module (ou ELM), une résidence d’à peine 22 mètres carrés.
Quel est l’intérêt d’une énième minimaison? Bien que son esthétique soit plaisante, son principal atout se cache à l’intérieur. Alors que l’exiguïté des microhabitations freine même les plus minimalistes d’entre nous, la petitesse de l’ELM ne se sent pas. L’espace est aéré et spacieux.
La résidence était exposée tout l’été au siège social de l’ONU à New York et Lisa Grey, l’une des architectes du projet, s’est réjouie de la réaction des visiteurs. «Nous sommes ravis qu’autant de personnes aient affirmé que ça n’avait pas du tout l’air petit et qu’ils pourraient vivre ici.»
Bâtie pour durer
«Aujourd’hui, un milliard de personnes vivent dans des quartiers improvisés, souvent sans électricité, sans eau ni nourriture. Parallèlement, le secteur du logement consomme 40% des ressources totales de la planète et contribue à plus du tiers des émissions de gaz à effet de serre», a rappelé l’équipe. Pour pallier cette réalité, les concepteurs ont inclus une longue liste d’éléments de développement durable, qui permettent à la fois de produire et d’économiser l’énergie.
La menue demeure au toit en pente génère notamment sa propre électricité grâce aux panneaux solaires photovoltaïques installés sur le toit, et un système HeliOptix collecte et filtre l’eau de pluie, recycle ses eaux grises et composte ses déchets. Elle est également fabriquée à partir de matériaux renouvelables et locaux (principalement l’épinette noire). Les divers panneaux de contrôle pour l’eau et l’énergie sont astucieusement camouflés derrière une cloison à l’extérieur.
Les grandes portes coulissantes en verre baignent l’espace de lumière naturelle et apportent une touche d’air frais. Le toit incliné sert à tirer l’air chaud vers le haut et à le sortir par les ouvertures du puits de lumière. Les architectes ont aussi intégré un mur végétal à l’intérieur, qui permet de filtrer les COV, ces particules en suspension dans l’air. On retrouve un autre mur végétal à l’extérieur qui fait office de jardin.
Abordable
La cabine peut accueillir jusqu’à quatre personnes (mais deux y seraient probablement plus à l’aise). Elle comprend une cuisine, un petit salon, une chambre en mezzanine et une salle de bain avec douche et toilette à compost.
Comme l’ELM peut fonctionner sans avoir à compter sur les infrastructures et les services publics, elle peut être installée autant en ville qu’à la campagne. Les architectes songent d’ailleurs à construire un autre modèle conçu pour répondre à des conditions climatiques différentes, comme les températures extrêmes du Kenya.
«S’ils sont utilisés dans une production industrielle à grande échelle, les modules ELM pourraient être préfabriqués à moins de 50 000$ chacun», assure l’équipe, qui a réussi à assembler son unité de démonstration en trois jours avec ses 16 membres. Un prix qui pourrait sûrement en convaincre certains de vivre plus étroitement.