Décennie 2020 : un moment crucial dans la lutte pour les droits des aînés

Avec ses 530 000 membres, le Réseau FADOQ constitue la plus grande association de défense des droits de personnes de plus de 50 ans au Québec. Fort de ses 50 ans d’existence, le Réseau contribue largement à l’avancée et à la défense des dossiers concernant les aînés, et ce, à plusieurs niveaux. Nous publions aujourd'hui une lettre bilan de la présidente du Réseau, diffusée dans différents médias.



Une décennie oscillant entre l’inquiétude et l’espoir vient de s’achever pour les aînés québécois.

Parallèlement, une décennie de réalisations et de frustrations vient de s’achever pour le Réseau FADOQ. Alors que notre organisation commence un nouveau cycle en 2020 en soulignant son 50e anniversaire de fondation, un temps de réflexion s’impose pour mesurer l’impact de nos revendications dans l’amélioration de la qualité de vie des aînés.

Dans une allocution lors du dernier Congrès provincial du Réseau FADOQ, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, s’est engagée à modifier les perceptions de la classe politique à propos des dossiers relatifs aux aînés. Un engagement qui nous mène à cette inévitable question : quelle est notre degré de volonté, en tant que société, à mettre en place des solutions tangibles afin de relever les défis posés par le vieillissement accéléré de la population ?

Nous sommes à la croisée des chemins sur tant d’enjeux touchant les aînés. Ça, nous l’avons dit et répété. Nous sommes à la croisée des chemins au niveau des soins de longue durée. Depuis dix ans, le Réseau FADOQ se bat afin d’inciter les instances gouvernementales à poser des gestes concrets pour enrayer le fléau de la maltraitance envers les aînés.

Depuis 2010, notre organisation a participé à plusieurs consultations au sujet de l’hébergement et des soins de longue durée, consultations qui ont mené à l’élaboration de plusieurs recommandations de la part du Réseau FADOQ, mais à peu d’actions réelles du gouvernement. Pendant ce temps, les listes d’attente se sont allongées. Si bien qu’en janvier 2020, plus de 3 000 aînés subissent encore les contrecoups du manque de places en CHSLD. Un constat navrant.

La décennie 2010 a pris fin sur une note positive, remarquez, avec cet engagement du gouvernement d’investir 2,6 milliards de dollars afin de transformer certains CHSLD et de garantir la création de 2 600 nouvelles places en maisons des aînés d’ici 2022. L’échéancier du gouvernement Legault est ambitieux, la mise en œuvre de ce projet devra donc l’être tout autant. Les nouvelles places promises devront être déployées dans les milieux où les besoins de la population sont les plus urgents. Et cet ajout de places devra rimer avec l’embauche rapide de personnel soignant qualifié. Le temps presse, les ratios soignant/patient doivent être ajustés promptement pour améliorer le niveau de soins et de sécurité des personnes hébergées.

Justement, parlons-en de ces problèmes de ratios puisqu’ils sont étroitement liés aux histoires d’horreur causées par la maltraitance organisationnelle qui a fait trop de tort à trop d’aînés dans la dernière décennie. Les piètres conditions de vie imposées aux résidents des CHSLD, le Réseau FADOQ les a dénoncées à coups d’entrevues, de communiqués, de mémoires et de conférences de presse.

Nous sommes intervenus pour que les résidents des CHSLD puissent avoir le minimum décent. Dans la foulée de ces revendications, le droit d’installer des caméras en CHSLD et le droit à un deuxième bain pour les aînés hébergés dans ces milieux de vie ont été obtenus. Nous avons aussi appuyé un recours collectif de 500 millions de dollars contre tous les CHSLD de la province, qui a été autorisé par un juge de la Cour supérieure du Québec.

Au tournant de la décennie 2020, pouvons-nous humaniser le système en soutenant avec plus de conviction les différents professionnels afin que ces derniers puissent offrir les soins adéquats aux patients ? Pouvons-nous améliorer l’organisation du travail, éliminer le temps supplémentaire obligatoire, valoriser ces professions de la santé ? Ces avenues sont incontournables pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.

La précarité financière de nombreux aînés soulève également de grandes interrogations. Plusieurs peinent à assurer la couverture de leurs besoins fondamentaux. Cette préoccupation a poussé notre organisation à déposer, en 2016, un recours pour forcer Ottawa à faire appliquer la Loi canadienne sur la santé et à faire cesser la surfacturation aux patients, ce qui a mené à l’abolition des frais accessoires en santé au Québec. Nous avons aussi réussi à bonifier et à rendre automatique l’inscription au Supplément de revenu garanti.

Des aberrations économiques perdurent aussi au niveau des revenus à la retraite. Le Réseau FADOQ ne comprend pas pourquoi les fonds de pension ne sont pas mieux protégés. Rapidement au cours de la prochaine décennie, les caisses de retraite devront être élevées au rang de créances prioritaires. Un régime d’assurance fonds de pension, du même type que celui en vigueur en Ontario, devra également être instauré chez nous au Québec. Il faut prioriser l’intérêt des travailleurs et des retraités, comme notre organisation l’a fait en 2017 en talonnant Québec sur la nécessité de bonifier le Régime de rentes du Québec (RRQ) et de maintenir les premiers versements des prestations de la Sécurité de la vieillesse à 65 ans.

Une nouvelle décennie débute, donc, et il faut constater qu’il reste bien des batailles à mener afin d’améliorer la qualité de vie des aînés. À l’aube de son 50e anniversaire, notre mouvement se présente comme le filet social de tous les aînés, un rempart essentiel contre l’isolement et l’abus. Notre organisation est arrivée à pleine maturité, avec toute l’énergie nécessaire pour continuer de servir, défendre, informer et rassembler les aînés. Puissions-nous continuer de remporter ensemble de grandes victoires.

 

Éditorial

Auteur(e)

Gisèle Tassé-Goodman

Mme Gisèle Tassé-Goodman est présidente du Réseau FADOQ, qui fête ses 50 ans en 2020. Le Réseau compte actuellement 530 000 membres, ce qui en est fait la plus grande association de personnes de plus de 50 ans au Québec. Avenues.ca est une initiative du Réseau FADOQ.