Lise Payette: je me souviens
Lise Payette est décédée mercredi à l’âge de 87 ans. Féministe engagée, journaliste, auteure, politicienne… cette figure marquante du paysage québécois a porté plusieurs chapeaux avec brio. Tour d’horizon des accomplissements immenses de cette femme de tête et de cœur.
Née en 1931 dans une famille modeste de Montréal, Lise Payette fait ses débuts dans l’univers médiatique québécois en tant que journaliste pour la presse écrite en Abitibi, puis pour la radio, où sa voix voyage à Rouyn-Noranda, Trois-Rivières, Québec et Montréal.
En 1958, Lise Payette quitte la province pour s’installer à Paris. Durant ce séjour outre-mer, elle travaille pour le bureau de Radio-Canada à Paris, où elle anime l’émission de radio Interdit aux hommes. Le succès est au rendez-vous et propulse sa carrière.
De retour au Québec en 1964, les succès s’enchaînent. De 1965 à 1972, elle est à la barre de l’émission de radio Place aux femmes. De 1972 à 1975, c’est à la télévision que le public peut la suivre avec l’émission Appelez-moi Lise.
Le saut en politique
Personnalité chouchou du public québécois, Lise Payette fait le saut en politique au sein du Parti Québécois en 1975, aux côtés de René Lévesque. Seule femme du conseil des ministres, elle incarne la réussite et prouve à toute une génération que les femmes ont, elles aussi, leur place en politique.
Parmi ses réalisations en tant que ministre: la création de la Société de l’assurance automobile du Québec. C’est à cette grande dame que l’on doit la devise «Je me souviens» sur les plaques d’immatriculation (qui vient remplacer «La Belle Province»).
De ministre à scénariste et auteure
La carrière de ministre de Lise Payette prend fin dans la controverse avec ce qu’on appelle aujourd’hui «l’incident des Yvettes». Rappelons les faits: en 1980, en pleine campagne électorale, Madame Payette compare Madeleine Ryan, épouse du chef du Parti libéral Claude Ryan, au personnage stéréotypé de Yvette, fille soumise que l’on retrouve dans les manuels scolaires québécois de l’époque. Ses propos font scandale et Madame Payette s’aliène ainsi une grande partie de l’électorat féminin. Boudée, elle quitte la politique et entame une carrière de scénariste. Un mal pour un bien, diront bien des fans de ses téléromans.
La bonne aventure, Des dames de cœur, Un signe de feu et Marilyn ne sont que quelques-uns des titres à succès que signe l’ancienne ministre. Parallèlement à ce travail télévisuel, Lise Payette signe quelques ouvrages, dont Le pouvoir? Connais pas!, qui relate sa carrière en politique.
De nombreux prix
Une carrière aussi faste a valu de nombreux prix à Madame Payette, dont le Grand Prix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision en 1998, l’Ordre national des Québécois en 2000 et le prix Guy-Mauffette pour l’ensemble de la carrière d’un artiste ou d’un artisan de la radio et de la télévision en 2014.
Une fin de carrière dans la controverse
C’est malheureusement dans la controverse que se termine la prolifique carrière de Lise Payette. En effet, celle qui signait une chronique dans Le Devoir depuis 2007 remet en doute les accusations de pédophilie à l’encontre de Claude Jutra dans un papier de 2016. Sa collaboration avec le quotidien prend fin deux mois plus tard. La direction évoque que l’affaire Jutra n’y est pour rien et que son licenciement est plutôt dû à une chronique sur le ministre de la Santé Gaétan Barrette (qui n’a jamais été publiée).
Au-delà des controverses, c’est cependant sa contribution à la société québécoise que retiendront deux ou trois générations de Québécois et Québécoises.