Environnement: coupables de trop voyager?
On n’a jamais autant parlé de l’impact du tourisme sur l’environnement. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les arrivées de touristes internationaux ont bondi de 7% en 2017 pour atteindre un total de 1,32 milliard, contre une hausse située annuellement autour de 4% depuis 2010. Plus de monde qui voyage veut évidemment dire plus de traces de leur passage. Et une plus grande empreinte carbone.
Une récente étude rapportée dans plusieurs médias, dont Le Monde et La Presse, souligne que «8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dus au tourisme». L’empreinte mondiale est quatre fois plus grande que ce que les évaluations précédentes permettaient d’envisager, selon les chercheurs.
Pour tenter de réduire leur empreinte écologique, plusieurs transporteurs et voyagistes se tournent vers des organismes qui permettent de compenser les émissions de CO2. À titre d’exemple, Voyageurs du monde a annoncé le mois dernier que les émissions générées par le transport aérien et terrestre de ses voyages vers ses 120 destinations seront désormais compensées à 100%. Pour y parvenir, la compagnie participe à un fonds d’investissement, le Livelihoods Carbon Fund, qui lutte contre le réchauffement climatique aux côtés de huit groupes européens. Ce fonds d’investissement finance différents projets, dont la replantation de mangrove dans des régions de l’Inde et de l’Indonésie.
Dans l’Ouest canadien, Harbour Air, qui n’utilise que des hydravions, est carboneutre depuis 2007. La compagnie contribue notamment à la protection des ours et de leur environnement en Colombie-Britannique. «Plusieurs compagnies aériennes font l’acquisition d’appareils plus écoénergétiques, comme le font Air Transat et Air Canada, qui se classent respectivement en 18e et 64e position sur 125 transporteurs au palmarès atmosfair, un organisme de protection de l’environnement axé sur les voyages, rappelle également Catherine Lefebvre dans Le Devoir. Les transporteurs peuvent aussi réduire l’utilisation de carburant en diminuant le poids du matériel à bord.»
Une prise de conscience collective
Et nous, comme voyageurs, que pouvons-nous faire, concrètement? J’avoue que la première réponse qui me vient en tête n’est pas celle qui me réjouit le plus. Privilégier les voyages sans avion et éviter de multiplier les sauts de puce m’apparaît comme la chose logique à faire. Mais bien que le train soit le moyen de transport ayant le plus faible impact environnemental, il ne permet pas de traverser des océans. Dans ce cas, comme le recommandent certains organismes faisant la promotion du tourisme durable, il est préférable d’éviter tout voyage de moins de deux semaines. Mais est-ce vraiment réaliste dans le contexte actuel? Malheureusement, pas toujours. On peut alors au moins faire le maximum pour encourager l’économie locale, respecter la culture et la nature et générer le moins de déchets possible.
Non, cette prise de conscience ne se fait pas sans douleur pour quiconque aime voyager. Chose certaine, nous sommes de plus en plus nombreux à réfléchir à ces questions, si je me fie aux témoignages entendus pendant le récent Salon des blogueurs de voyage, qui s’est déroulé cette année à Millau, dans l’Aveyron, en France. Plusieurs blogueurs considèrent avoir une certaine responsabilité en ce sens. C’est le cas d’Emma du blogue Planet Addict et de Claire, alias The Green Geekette, qui ont donné une conférence sur le sujet. Cette dernière s’est d’ailleurs abondamment questionnée au fil des ans.
Certains blogueurs choisissent carrément de ne voyager qu’en mode slow travel, comme Laurent de One Chai. Michael, lui, compte partir de Paris à vélo pour se rendre à Téhéran en six mois, alors que Lucie de Voyages et Vagabondages privilégie le gardiennage de maisons (house sitting) pour pouvoir s’installer à l’étranger pendant de plus longues périodes.
L’année dernière, à l’occasion de l’Année internationale du tourisme durable, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a concocté un petit guide pour devenir un voyageur plus responsable. S’informer est déjà un pas dans la bonne direction, mais arriverons-nous à passer à l’action? Je ne crois pas que nous ayons trop le choix.