Photo: Véronique Leduc
24 septembre 2019Auteure : Véronique Leduc

La saveur du jour

Tenir épicerie à l’île d’Anticosti

La plupart des Québécois sont habitués à une variété et à une abondance de denrées toujours disponibles à proximité. Pourtant, certains endroits de la Belle Province sont si reculés que leurs habitants sont dépendants de la livraison hebdomadaire faite par le Bella Desgagnés. Visite à l’épicerie de Port-Menier, à l’île d’Anticosti.

Jour 2 de la croisière d’une semaine sur le Bella Desgagnés, ce cargo qui ravitaille les villages de la Basse-Côte-Nord. Ça a été nuageux toute la journée, mais dès notre arrivée à Port-Menier, à l’île d’Anticosti, le soleil se montre le bout du nez, comme pour mieux éclairer les beautés de cette île isolée du monde, ainsi que ses habitants: 160 000 cerfs de Virginie et 200 humains… encore moins en hiver.

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C’est Henri Menier, un chocolatier français, qui a acheté l’île en 1895 et qui a fait venir des animaux afin de faire de l’endroit une réserve de chasse et de pêche. Encore aujourd’hui, la plus grande île du Québec est visitée par les chasseurs et les pêcheurs qui se donnent la peine d’y accéder.

À la sortie du Bella Desgagnés, au bout de la plus longue jetée en Amérique du Nord, il y a l’épicerie. La Coopérative est plutôt grande et bien garnie. On y trouve de tout: des fromages, des pains, des viandes, des produits transformés, quelques fruits et légumes, une petite section SAQ.

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À la caisse, on confirme: tout ce qu’on trouve sur les étagères a été apporté par le Bella Desgagnés. «On passe nos commandes chez notre fournisseur chaque semaine selon ce qu’il manque», explique la caissière, qui est arrivée à Anticosti au printemps, «pour vivre l’expérience».

Les touristes qui viennent à Anticosti pour profiter de la nature vierge sont d’ailleurs avertis: «S’ils ont des demandes spéciales, ils doivent nous le dire à l’avance et on peut leur commander ce qu’ils veulent. Parce que si tu arrives ici pour une semaine et qu’il n’y a plus d’œufs, c’est comme ça!», explique-t-on à la Coop. Alors vaut mieux prévenir.

En février et mars, quand le Bella Desgagnés fait relâche pour son entretien, les denrées sont livrées à l’épicerie par avion, mais les coûts de transport sont alors multipliés. «C’est pourquoi les gens du coin font habituellement leurs provisions en faisant des conserves et en congelant beaucoup de choses pendant l’été et l’automne», explique l’employée.

Il est déjà temps de retourner sur l’eau. Mais déjà, Anticosti laisse l’idée d’un autre mode de vie… et cette envie forte de revenir bientôt.