Livres de la semaine
Quand je parle aux morts, Guillaume Morrissette
Avec Quand je parle aux morts, Guillaume Morrissette signe un roman policier d’une facture traditionnelle, mais avec une touche de fantastique: le personnage central de ce livre possède le don de parler aux morts.
J’aime bien les auteurs qui, chaque année, reviennent avec un personnage récurrent dans une nouvelle aventure. Comme pour un membre de la famille que l’on revoit après une absence, on se demande comment se porte notre policier préféré ou notre héroïne sans peur et sans reproche. Cependant, pour le lecteur toujours épris de surprises et de nouveautés, lorsque l’auteur sort des sentiers battus et présente un autre personnage, alors, là, le plaisir est doublé et la littérature tient ses promesses.
Guillaume Morrissette avait déjà tenté le coup avec l’étonnant L’oracle et le revolver, roman singulier, loin des polars classiques et plus dans la lignée fantaisiste. Cette fois-ci, il a écrit un roman policier d’une facture traditionnelle, mais avec une touche de fantastique: le personnage central de ce roman possède le don de parler aux morts. Évidemment, comme lecteur qui s’attache à la vraisemblance des histoires et des personnages, il faut conclure un accord tacite avec l’auteur et accepter cette entorse à la plausibilité pour retirer du plaisir de Quand je parle aux morts.
L'histoire
Morgane Edwards a vécu une expérience assez traumatisante dans un cimetière durant son enfance. Assistant à des funérailles, elle a vu de multiples personnages aux contours obscurs tenter d’entrer en contact avec elle. Qui sont ces gens qui se déplacent sans marcher, qui la regardent et qui veulent communiquer avec elle? À l’âge adulte, Morgane Edwards est devenue psychologue et offre des services de thérapeute spirituelle. Elle sert de canal humain pour les gens désirant communiquer avec les personnes chères qui sont décédées.
Si la majorité de ses consultations se déroulent sans anicroche, le mois d’août 2019 sera particulièrement difficile pour elle, car elle sera mêlée à une affaire de violence conjugale et à des interrogations sur l’aide médicale à mourir.
Sylvain Comptois vient la rencontrer avec une demande assez particulière: il veut savoir si Morgane peut vraiment parler aux morts et savoir s’ils se sentent bien dans l’au-delà. Il veut libérer sa conscience, car il n’a pas pu aider sa mère à mourir et il se sent terriblement coupable. De l’au-delà, peut-elle lui pardonner?
Morgane ne parvient pas à établir la communication. Les événements s’enchainent et tout part en vrille: soupçons, meurtres. Emma Teasdale et Antoine Déry mènent l’enquête policière.
Un très bon suspense
L’histoire est menée de main de maître par l’auteur; aucun temps mort, une intensité dramatique en escalade. Quand je parle aux morts porte bien sa qualité de psycho thriller. Le lecteur doit d’abord accepter le pacte que lui offre Guillaume Morrissette: si vous consentez à jouer le jeu des rencontres paranormales avec les personnes décédées, vous passerez un très bon moment de lecture. Le pari de l’auteur se situe dans cet accord!
Ce roman de Guillaume Morrissette offre tous les avantages d’un très bon suspense qui tient en haleine jusqu’à la finale éclatante: une réflexion sociale essentielle, des personnages attachants, vraisemblables et une bonne histoire rondement menée. Ce roman marquera probablement un jalon dans la carrière d’un auteur qui s’impose de plus en plus dans le monde du polar québécois.
Je termine avec une anecdote bien particulière démontrant la créativité de cet auteur: pour contrer les effets négatifs de la pandémie (pas de lancement, pas de salons du livre, pas de séances de dédicaces), l’auteur livre lui-même son livre dédicacé pendant le week-end, en faisant presque le tour du Québec. Voilà une façon originale de faire «rouler» son livre!
Bonne lecture!
Quand je parle aux morts, Guillaume Morrissette. Éditions Guy Saint-Jean. 2020. 499 pages