Livres de la semaine
Nos géantes, nos géants. Le français au Québec en 22 destins
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Le titre: Nos géantes, nos géants; le sous-titre: Le français au Québec en 22 destins; l’idée: géniale; les auteurs: Claudia Larochelle et Biz, excellents; les illustrations: signées Benoit Tardif, très accrocheuses; le livre: un cadeau à faire aux jeunes de votre entourage.
Nos géantes, nos géants est né d’une série de capsules pédagogiques s’adressant aux jeunes, mais il devrait être lu par tous les adultes québécois pour que notre Je me souviens se réveille, s’anime et s’incarne.
Claudia Larochelle et Biz se sont partagé les 22 portraits, chacun y allant de son style et de ses expériences avec la personnalité choisie. Les textes sont concis, mais riches, le ton est juste, on se sent immédiatement interpellé par chacun des personnages. Samuel de Champlain, le curé Labelle, Émile Nelligan, Marcelle Gauvreau, Naïm Kattan, René Lecavalier, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Félix Leclerc, etc., la palette est variée, et le choix des 22 personnalités, fort pertinent.
Dans la préface de Nos géantes, nos géants, qu’elle signe, Myriam D’Arcy, la directrice de la Fondation Lionel-Groulx, qui est derrière ce projet, explique ainsi le choix des 22 personnalités qui ont été retenues. «[…] Des hommes et des femmes dont l’apport direct ou indirect au développement du français au Québec est manifeste; des personnes des différentes sphères de la société […] et de toutes les époques; finalement des gens qui sont morts.» Ce dernier critère explique la rareté des personnes issues de la diversité. Mme D’Arcy souligne toutefois l’apport des Premières Nations dont on entend enfin la voix, et salue l’œuvre des Joséphine Bacon, Alanis Obomsawin, Kim Thúy, Dany Laferrière et d’autres contemporains venus d’ailleurs et qui contribuent à la richesse du fait français au Québec, mais qui sont toujours bien vivants.
À souligner aussi le travail d’édition de La Bagnole. D’abord, les illustrations accrocheuses et très pertinentes de Benoit Tardif. Ensuite, chacun des 22 portraits débute par une intro très personnelle de Claudia ou de Biz, puis s’ensuivent un texte fourni et bien ficelé sur le parcours de la géante ou du géant, une photo portrait et un résumé biographique. C’est vraiment intéressant, on a envie de tous les lire. Des exergues mettent en valeur certaines phrases clés des textes.
Alors qu’il est facile de critiquer ceux qui agissent, le curé Labelle a préféré allumer une chandelle, plutôt que de maudire l’obscurité. – Biz
Jusque-là, aucune école n’offrait aux filles la possibilité de faire des études d’un niveau supérieur à l’équivalent de troisième année du secondaire d’aujourd’hui, alors que les garçons étaient encouragés à faire leur cours classique. C’est donc un peu grâce à Marie Lacoste-Gérin-Lajoie que nous, femmes et filles, pouvons aujourd’hui décider de faire des études au collégial et à l’université. – Claudia Larochelle
Pour parler de Jehane Benoît qui, selon lui, fut, 75 ans avant Elisabeth Rioux et Lysandre Nadeau, la première influenceuse, Biz a choisi de lui écrire.
Vous n’avez jamais eu peur de foncer et d’innover. En 1955, vous avez donné un cours de cuisine devant 10 000 Québécois au Forum de Montréal. Ça c’est 25 ans avant Offenbach. (…) Respect.
De son côté, Claudia Larochelle, qui se souvient de ses premiers émois devant les vers de Gaston Miron, écrit:
En découvrant Gaston Miron, j’ai eu l’impression de me connecter à mes racines, à ma langue, à mon identité. Et surtout, tout d’un coup, la poésie et l’écriture me sont apparues accessibles et à portée de main.
Et c’est ainsi pendant 200 pages jamais ennuyantes (suivies de toutes les références) et, je le répète, fort intéressantes à lire. On parle de faire lever le nez des écrans à nos jeunes, alors pensez à ce livre comme cadeau pour les jeunes de 11-12 ans et plus. Ça vous fera de belles conversations avec vos petits-enfants, en leur rappelant que le français et l’identité québécoise ont été portés par des gens qui ont façonné le Québec.
