26 juin 2024Auteur : Richard Migneault

Livres de la semaine

La femme papillon, J.L. Blanchard

J.L. Blanchard, étoile montante du polar québécois, offre un style de roman policier assez rare, des récits qui font sourire, et même rire. La femme papillon, quatrième enquête du lieutenant Bonneau et de son fidèle adjoint Lamouche, n’y échappe pas.

Commençons par la présentation des deux personnages principaux, rencontrés dans les trois premiers tomes de la série (Les os de la méduse, Le silence des pélicans et La constellation du chat): le lieutenant Bonneau et son fidèle adjoint Lamouche.

L’inspecteur Bonneau est un modèle d’incompétence, mais il se perçoit comme le meilleur de sa profession. Souvent dépassé par les événements, il ne comprend pas toujours ce qui se passe mais, grâce à la chance et à ses autres collègues, les affaires semblent se régler… comme par magie. Policier de la vieille école, analphabète informatique, artiste du passé simple et d’une écriture ampoulée dans ses rapports tapés à la machine à écrire, il est souvent un poids pour les autres enquêteurs. Alors, la hiérarchie essaie de s’en défaire, mais lui s’est donné comme rôle d’être un modèle essentiel pour ses collègues, pour assurer la pérennité de ses connaissances et la perpétuité de ses compétences.

Pour pallier les carences de cet énergumène de l’enquête vaudevillesque, les grands patrons décident de lui adjoindre un jeune policier qui vient tout juste de se faire virer de l’école de police. Réfractaire à l’autorité, mais superbement compétent, le stagiaire Lamouche pourra, grâce à ses qualités, pousser le vieux policier vers la porte de sortie.

La femme papillon

Dans La femme papillon, l’auguste inspecteur Bonneau est invité à partager un repas avec le président de la France. Dans une de ses enquêtes précédentes, le vénérable policier avait réussi à sauver un tableau mythique du 17e siècle, Le radeau de la méduse. Réticent à aller manger un repas avec des «plats aux noms certainement farfelus», il traverse l’océan et, dès son arrivée en France, se fait kidnapper, et son chauffeur est tué.

Bonneau se retrouve dans une cellule qu’il imagine en Turquie, une Turquie où l’on parle français et où il apprend ce qu’est une toilette turque...

Mais qu’est-ce que ces gens lui veulent? Pourquoi le garde-t-on dans cet endroit lugubre?

Informés de sa disparition par les autorités françaises, ses patrons dépêchent son adjoint Lamouche pour venir en aide à la police locale. Au fil de l’enquête, on découvre un lien possible avec un groupe, une organisation mystérieuse, l’Ordre des Monarques. Puis, un autre meurtre survient, et là, l’investigation se corse.

Une enquête bien ficelée

Cette quatrième enquête de ce duo de policiers me semble la plus achevée sur le plan de la «mécanique du roman policier». Le récit est très bien ficelé et tous les ingrédients d’un bon polar y sont présents: rebondissements et péripéties vraisemblables et bien distribués, collaboration bancale entre les différents corps de police, des «méchants» mystérieux et crédibles, et une enquête qui voyage de la France à la Suisse, en passant par une étrange abbaye aux allures de château hanté. Et, évidemment, une intrigue haletante, qui tourne autour de ce que pourrait apporter Bonneau à cette organisation qui n’hésite pas à tuer pour atteindre ses buts.

Ceux et celles qui ont lu les trois premiers romans de cette série remarqueront une présence moins importante de l’humour involontaire et un peu rigolo de l’inspecteur Bonneau. Mais on y retrouve tout de même une bonne histoire, très bien racontée, tout comme l’écriture efficace et aérée de l’auteur, mais avec un sens de l’humour plus subtil ou, du moins, différent des autres enquêtes. Blanchard fait preuve d’une réelle maîtrise des codes du polar et des romans à énigmes. Dès la première page, le lecteur est happé, cloué sur sa chaise, avide de connaître la suite. Et le tout, en tournant les pages à la vitesse des battements d’ailes du papillon.

Vous n’avez pas encore lu les trois premiers tomes de cette série? Aucun problème! Vous pourrez lire La femme papillon avec autant de plaisir. Et si votre pile à lire le permet, n’hésitez pas à découvrir une des premières enquêtes de ce drôle de duo. Sourires et rires seront au rendez-vous!

On retrouve peut-être moins d’humour dans cet opus que dans les autres de la série. Mais le dernier chapitre, où notre cher inspecteur est reçu par le président de la République, clôt ce roman avec «panache» (ceux qui le liront comprendront!) et un humour à la hauteur du talent de Jean Louis Blanchard! Bon appétit, cher inspecteur, et à la prochaine enquête!

Bonne lecture!

La femme papillon, J.L. Blanchard. Éditions Fides. 2024. 350 pages