La vie que tu t’étais imaginée, Nelly Alard

De la bombe que ce roman de l’écrivaine, scénariste et actrice française Nelly Alard (Le crieur de nuitMoment d’un couple) et co-créatrice du prix littéraire Anaïs Nin.



D’abord, il s’agit d’elle décrivant les origines de sa fascination pour Élisabeth de Wittelsbach, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, née en 1837 à Munich et morte assassinée en 1898 à Genève, que nous connaissons surtout sous le surnom de «Sissi», en référence aux films de Marischka dans les années 1950 et qui avaient d’ailleurs révélé Romy Schneider dans le rôle-titre.

Ensuite, Alard mène carrément une enquête pour essayer de démêler le vrai du faux entourant Karoline Zanardi, appelée «La petite fille de Sassetot», et sur la possibilité qu’elle soit la fille de Sissi, donc que Elissa Landi, célèbre actrice américaine qui a vécu de 1904 à 1948 et fille de Zanardi soit sa petite-fille illégitime…

Comme un fil rouge qui relie le tout, l’écrivaine revient sur ses propres débuts d’actrice à Paris, l’absence de succès, la difficulté du métier, la compétition féroce, ses exils à Hollywood où elle est devenue l’amie et confidente d’un cinéaste qui la présente aux Susan Sarandon, Jack Nicholson, Robin Williams de ce monde, etc.

Qu’on aime ou pas le monde de Sissi et ses relations, le travail colossal de Alard est réussi et passionnant. J’y ai aussi trouvé une réflexion sur nos quêtes de vérité dans un monde rempli de faux semblants et sur le piège du confinement, de censure dans lequel étaient prises toutes ces générations de femmes, jusqu’à Alard elle-même, qui brise la chaine avec et grâce à l’écriture.

Finalement, que l’histoire soit vraie ou fausse, ce qui compte, c’est qu’au-delà du plaisir de lecture qu’on y puise, il s’agit d’une prise de parole salutaire.

La vie que tu t'étais imaginée, Nelly Alard. Éditions Gallimard. 2019. 464 pages.