Sur la piste des traces d’animaux dans la neige
L’hiver est la saison idéale pour suivre la piste des animaux. On les voit rarement, mais leurs traces dans la neige fraîche sont la preuve de leur discrète présence. Encore faut-il savoir minimalement les distinguer. Voici des trucs pour vous aider!
Qui n’a jamais été mis en présence de belles traces animales au cours de ses randonnées d’hiver au Québec? De la minuscule empreinte du campagnol aux trous profonds des pattes d’un orignal, l’observation des pistes animales dans les champs comme dans les forêts permet de mesurer à quel point les animaux se déplacent!
«Nul besoin d’être un expert pour identifier les animaux d’après leurs empreintes et la disposition de leurs pistes», précise l’organisme Conservation de la nature Canada dans un dépliant bien utile à avoir dans son sac. Les indices ne manquent pas pour les pisteurs! La loutre a, par exemple, des pattes palmées; le renard, des pattes rondes avec des poils, qui laissent une empreinte un peu floue; le vison, des mini-pattes avec cinq orteils formant un C; tandis que le coyote en a quatre, avec un X entre eux et le coussinet.
La démarche particulière à chacun, la ligne qu’il trace, l’écart entre les empreintes (qui révèle la taille de l’animal) permettent une évaluation sommaire, suggère la Fédération canadienne de la faune. Vient ensuite l’empreinte elle-même, dont on peut mesurer la longueur et la largeur, compter le nombre de doigts et vérifier la présence de griffes.
Le b.a-ba de l’empreinte animale
- L’empreinte est-elle ronde comme celle d’un raton laveur et d’un renard ou allongée comme celle d’un porc-épic?
- L’espace entre les doigts et les coussinets des empreintes des pattes avant forme-t-il un C ou un X?, aide précieuse pour distinguer la piste d’un félin de celle d’un canidé. Aux félins, la forme arrondie en C de l’empreinte; aux canidés, comme le renard roux ou le coyote, la forme en X.
- Combien compte-t-on d’orteils-doigts? Les musaraignes et les ratons laveurs en ont cinq, tandis que les lièvres tentent de nous induire en erreur avec leurs cinq doigts à l’avant et quatre à l’arrière.
- Comment sont les coussinets métacarpiens (paume)? Petits chez les félins, les visons et belettes, ils sont au contraire larges et arrondis chez les martres.
- L’empreinte montre-t-elle des griffes ou non? Les ratons laveurs et les coyotes ont des griffes minces et acérées, contrairement aux chiens, aux grosses griffes aux pointes arrondies. Petits malins, plusieurs félins ne laissent pas de traces de griffes dans la neige, vu que les leurs sont rétractables.
- De quelle grosseur est l’empreinte? De la minuscule de la souris à la grosse du porc-épic, l’indice est majeur! Tout comme il l’est pour distinguer les traces semblables d’un écureuil roux de celles d’un écureuil gris, deux fois plus grosses.
Deux par deux ou quatre par quatre?
Même à quatre pattes, certains animaux (comme la belette, la moufette rayée ou la souris) se déplacent en laissant des empreintes par paires, tandis que d’autres mettent une patte devant l’autre, laissant plutôt des traces étroites et droites dans la neige, comme le coyote et le renard.
Un indice pour ne pas confondre un coyote d’un chien en liberté? Selon David Bree, chargé des programmes éducatifs au parc provincial ontarien Presqu’île, le chien marche avec les pattes plus écartées et rarement en ligne droite, sauf s’il est tenu en laisse.
Les traces sautillantes du lièvre d’Amérique sont aussi faites de groupes de quatre empreintes formant un triangle dans la neige et, s’il va vite, la distance entre ces groupes peut atteindre 1,30 m!
La souris sylvestre, on s’en doute, laisse en sautillant seulement deux empreintes légères (et très rapprochées l’une de l’autre), tandis que la moufette s’enfoncera plus dans la neige (et avec une empreinte un peu plus en avant que l’autre).
Si vous observez des groupes de quatre empreintes, misez plutôt sur un lièvre d’Amérique ou un écureuil gris, le premier laissant des traces plus longues que larges, alors que celles des pattes avant du second sont souvent côte à côte.
Comme ils font au contraire des bonds rapides, les lapins et les lièvres atterrissent sur leurs deux pattes postérieures en laissant traîner les pattes antérieures l’une derrière l’autre. Les écureuils sautent aussi avec leurs pattes postérieures, mais c’est l’une à côté de l’autre que leurs pattes antérieures touchent le sol. Autre indice distinctif: si la piste aboutit au pied d’un arbre et qu’il y a des bouts d’écorce ou des égratignures visibles, c’est celle d’un écureuil ou d’un porc-épic et non celle d’un lièvre (non grimpeur).
Les pistes à empreintes alternées sont par ailleurs typiques de la façon de marcher du cerf de Virginie, dont l’empreinte à deux doigts en forme de cœur fendu est facile à repérer, et de celle du raton laveur, dont les doigts forment un éventail, avec empreintes de pattes arrière plus longues.
La trace, signe de comportement animal
Un bon observateur pourra déduire des pistes de cerfs de Virginie combien fréquentent tel parc, les trajets qu’ils empruntent pour aller boire l’eau d’un lac, leur «chambre à coucher» ou encore la présence de jeunes dans la harde. David Bree explique qu’il peut aussi voir «où des petits oiseaux, juncos ou moineaux, ont sauté sur la neige pour s’approcher de bouts d’herbes qui dépassaient et manger les graines qui s’y trouvaient». On peut suivre aussi à la trace une souris ou un campagnol se dirigeant vers son prochain tunnel. Plus fréquemment encore, des traces de lièvres dans tous les sens suggèrent un «rassemblement» nocturne un peu agité d’au moins deux individus.
Les trois commandements du pisteur
- Sortir après une petite chute de neige plutôt qu’après une grosse tempête. Selon David Bree, les meilleures empreintes se trouvent dans une couche de neige de 5 à 20 millimètres sur une base dure.
- Privilégier les «enquêtes de terrain» du matin, la plupart des animaux étant nocturnes.
- Éviter si possible de marcher dans les traces d’animaux, pour laisser aux autres le plaisir de les voir!
Pour aller plus loin
- Traces d’animaux du Québec: superbe guide d’identification de Mark Elbroch, publié au Québec par les éditions Broquet. Ne partez plus en randonnée sans lui ou le Guide éclair de Broquet sur les traces d’animaux, du même auteur.
- Pister la faune hivernale (Fédération canadienne de la faune): avec de belles fiches par animal.
- Comment être un limier de la faune en hiver? sur le blogue de Parcs Ontario.
- Dépliant pratico-pratique de Conservation de la Nature Canada.
- Pister la faune hivernale: article éducatif de Science North.