Faire du ski en plein été à Tremblant
Il fait beau, il fait chaud: c’est le temps de chausser ses skis… à Tremblant. La station des Laurentides annonçait en grande pompe le 18 août l’ouverture d’une piste de ski d’été sur une aire d’apprentissage dédiée. Ne reculant devant aucun sacrifice, notre journaliste plein air Anne Pélouas est allée la tester.
10 h au cœur du village piétonnier de Mont-Tremblant, qui s’anime déjà beaucoup en ce 17 août s’annonçant comme l’une des plus belles journées de l’été. Il fait déjà 25 °C, et… pas un brin de neige à l’horizon!
La veille, un peu désorientée dans l’espace et le temps, j’ai failli chercher au fond d’un placard mes gros gants, mon manteau et mon pantalon de ski bien chauds. Bizarre de partir en pantalon léger et chemise pour faire du ski dans les Laurentides!
À Tremblant, je rejoins la place Saint-Bernard, au pied de la télécabine panoramique et des «vraies» pistes de ski alpin hivernal. À gauche, le sol en pente est vert foncé, avec deux bordures vert fluo d’un naturel plus que douteux. La montée à pied jusqu’au bas de la piste Équilibre confirme à l’œil le recouvrement de surface synthétique du sol: pas de gazon artificiel, mais plutôt un grand tapis de fibres plastifiées d’où émerge une multitude de petits jets d’eau. L’explication viendra plus tard.
On emprunte d’abord un premier tapis magique bordant le bas de cette nouvelle aire d’apprentissage estivale, puis un autre, qui permet d’atteindre le haut de la piste large et pentue. Sur la plateforme supérieure, un service de location permet de s’équiper sur place: bottes, skis ou planches à neige, casques et bâtons.
Prêt pour la descente?
C’est là que le cœur chavire un peu, comme au début de chaque saison de ski. La première descente après de longs mois sans skis aux pieds excite et énerve tout à la fois… mais on est là pour ça!
Quelques minutes à regarder les premiers skieurs qui s’élancent sur la piste laissent présager que cela ne sera pas si facile. Ils rebondissent légèrement sur une surface plus ou moins plane, cherchent leur équilibre après un virage plus ou moins réussi. La descente avec arabesques gracieuses, caméra en main, du représentant de Neveplast, entreprise italienne qui conçoit ces pistes nouveau genre (pour ski alpin, ski de fond, descente sur tubes et autres activités de glisse) démontrera néanmoins qu’il est possible de skier de façon élégante sur ce type de «neige». Ce que confirmera encore la descente suivante d’un adepte de télémark.
Un brin de pratique est tout de même nécessaire: quatre ou cinq descentes au moins pour maîtriser ses virages. Il faut surtout garder une certaine vitesse pour virer, sans dérapage possible, et garder l’équilibre ensuite. On prend peu à peu de l’assurance. En fin de compte, la descente a le même effet grisant que sur la neige. À voir les visages réjouis des grands comme des plus jeunes en skis, planches à neige, télémarks, on comprend que le plaisir de la glisse n’a pas de saison!
Pour Annique Aird, vice-présidente ventes, communications et marketing de Station Mont-Tremblant, qui a investi 1,3 million de dollars dans cette piste, le jeu en vaut la chandelle. L’idée est «d’offrir une nouvelle activité d’initiation au ski à notre clientèle estivale, aussi importante que celle qui vient l’hiver à la station. Le ski est dans l’ADN de Tremblant et nous voulons partager notre passion avec tous ceux qui viennent ici en dehors de l’hiver, leur faire découvrir les sensations que le ski procure».
Trouver de nouveaux adeptes, petits ou grands, pour le ski hivernal est évidemment dans la mire de la station, avec l’ambition qu’ils prennent un peu d’avance pour apprendre à tenir sur des skis et à faire des virages avant l’hiver où ils pourront parfaire leur style sur neige.
L’engouement pour ce type d’activité de glisse sans neige (sur herbe ou surface plastifiée) à travers le monde donne clairement le signal d’un nouveau marché à conquérir. Neveplast, notamment, a le vent dans les voiles. Depuis 1998, elle a installé des pistes synthétiques dans plus de 55 pays, dont l’Égypte et la Thaïlande. À Copenhague, Copen Hill est une véritable attraction. Elle a été construite sur l’immense toit de l’incinérateur de la capitale danoise.
Sous le tapis
Techniquement parlant, la piste de Tremblant mesure 224 m de long et 22 m de large dans sa partie haute. Elle est bâtie sur un lit de terre, avec une membrane géotextile, un système d’irrigation à la grandeur, une surface de fibres de plastique recyclé. Le système d’irrigation projette des bulles d’eau sur la surface, ce qui facilite la glisse. À moins qu’il ne pleuve… Dans ce cas, la glisse est encore meilleure. Avant chaque descente, on recommande néanmoins de passer ses skis sur une bande de silicone pour avoir encore plus de plaisir.
Prémices à une ère sans neige?
Nombre de stations de ski, ici comme à l’étranger, craignent que le réchauffement climatique n’ait des effets néfastes sur leurs saisons hivernales, leur inéluctable raccourcissement ou une qualité de neige de moins en moins bonne. «Malheureusement, il est à craindre que les pistes de glisse synthétiques deviennent notre avenir», me disait un skieur sur le tapis magique de Tremblant. On ne l’espère pas, évidemment. Pour les amateurs de sports d’hiver, la neige restera toujours la neige: un terrain de jeu magique qu’aucune piste d’été ne pourra égaler. Mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir de glisser sur une pente dans la chaleur de l’été!
Infos pratiques
– La piste est ouverte tous les jours de 10h à 19h jusqu’au 4 septembre, puis seulement les week-ends jusqu’au 15 octobre.
– Coût pour 1 heure de pratique (location d’équipement comprise): 37$ pour adultes et jeunes de plus de 13 ans; 23 à 33$ pour les 3 à 12 ans.
À l’agenda: Navette Nature à Québec
Spécialisée dans le transport récréatif, Navette Nature a fait sa marque dans le décor montréalais pour emmener en autobus, été comme hiver, des adeptes de plein air vers des lieux de pratiques, et ce, à prix abordable. Cet automne, Navette Nature s’implante à Québec et propose 11 sorties vers 8 destinations de choix au départ de l’Université Laval et du Vieux-Québec. Avis aux amateurs de randonnées colorées dans les parcs nationaux de la Jacques-Cartier, des Grands-Jardins et de la Mauricie, de la Vallée Bras-du-Nord, du Marais du Nord, du Massif du Sud, de la Station touristique Duchesnay et du parc naturel régional de Portneuf.