Quel est votre rapport à la nature?
Avec l’année qui s’achève, pourquoi ne pas en profiter pour réfléchir à notre rapport à la nature? Conservation de la nature Canada a récemment publié les résultats d’un sondage éclairant et a organisé, début décembre, une conférence sur le sujet. Compte-rendu.
Il y a souvent plusieurs façons de «lire» un sondage et celui que l’organisme Conservation de la nature Canada a commandé à IPSOS n’échappe pas à la règle. On peut n’en retenir que les aspects négatifs ou, au contraire, se réjouir de ceux qui sont positifs!
Les mauvaises nouvelles?
- 66% des 2000 répondants canadiens passent moins de temps en nature que dans leur jeunesse.
- 74% estiment qu’il est plus facile de rester à l’intérieur que de sortir en nature. Le pourcentage grimpe à 80% chez les 18 à 34 ans et à 76% pour les 35 à 54 ans.
Moi-même, j’ai dépassé cet âge et je le pense aussi… Pourtant, cela ne m’empêche pas (comme beaucoup d’autres) d’aller jouer dehors dès que je le peux, même si c’est compliqué d’organiser un week-end de kayak de mer, de tout prévoir pour une sortie de deux jours en skis de fond ou en raquettes, de charger l’auto un vendredi soir et même, tout simplement, de s’habiller adéquatement pour profiter d’une sortie de plein air en hiver!
Les bonnes nouvelles?
- 94% des répondants reconnaissent les bienfaits du temps passé en nature sur leur santé physique et mentale.
- 88% estiment que la nature diminue le stress et améliore la concentration au travail.
- 87% se disent plus heureux lorsqu’ils se sentent connectés à la nature. Le pourcentage grimpe à 90% chez les plus de 55 ans et à 89% pour les femmes en général.
- 87% disent mieux dormir quand ils sont allés en nature.
- 73% jugent que l’accès à la nature a un effet positif sur la créativité.
Les Canadiens sont donc visiblement bien conscients que les activités de plein air (douces ou plus sportives) sont bonnes pour eux, mais ils ont du mal à trouver le temps ou l’énergie pour en profiter suffisamment… Sauf évidemment s’ils ont une vraie passion pour une ou plusieurs de ces activités.
Profiter de la nature... partout!
La «grande» nature, certains se la réservent pour leurs vacances d’été ou d’hiver, sous la forme d’une semaine de camping en Gaspésie, d’un séjour de ski dans Charlevoix ou dans les Rocheuses, d’un mois dans un chalet au bord d’un lac… ou d’une escapade de week-end de temps en temps. Elle n’est pas si facile à atteindre, sauf pour les «mordus»!
Ce qu’on oublie parfois, c’est que la nature est partout, même en ville. Il y a tant de parcs urbains sous-explorés, au cœur de Montréal, sur les hauteurs de Québec, au bord du fleuve à Trois-Rivières… Si l’aventure est «au coin de la rue», selon une formule consacrée, se rendre à pied au travail, en tout ou partie, durant l’hiver, en est une à la portée de la plupart d’entre nous. Comme toute marche-promenade ou entraînement sportif dans un parc urbain plutôt que dans une salle d’exercices qu’on peut pratiquer à son rythme, en profitant de la belle lumière ou de la belle neige.
J’expérimente la chose deux fois par semaine, toute l’année, avec Cardio Plein Air, comme le font des centaines de personnes à Montréal, avec ou sans entraîneur, dehors par tous les temps.
Rapprocher la nature des gens
Lors de la conférence «Ici, on parle nature», organisée le 3 décembre par Conservation de la nature Canada, quelques pistes ont été évoquées, dont celle de rapprocher la nature des gens.
Delphine Acoca, de la Fondation TD des amis de l’environnement, a défendu l’idée que ce rapprochement nécessitait d’accorder «plus de valeur à la nature», y compris en contexte urbain. Mais encore faut-il la protéger, en commençant par les arbres (qui ont tant de bénéfices à apporter à la vie humaine). C’est ce à quoi s’attèle le Projet canopée de la Ville de Montréal et celui de la Fondation TD qui finance la plantation de milliers d’arbres dans plusieurs forêts de villes canadiennes.
Nathalie Zinger, de Conservation de la nature Canada, a de son côté rappelé que 80% de la population mondiale vivait en zone urbaine. Avec ceux qui restent rivés devant leurs écrans, on peut parler, dit-elle, de réelle «dissociation de l’humain et de la nature», d’un «fossé qui s’agrandit entre elle et nous, alors que cette nature est le fondement même de notre identité».
L’un des conférenciers les plus intéressants, selon moi, fut Éric Fournier, producteur exécutif et associé de Moment Factory. Ce fleuron canadien du divertissement multimédia, né en 2001 à Montréal, a maintenant à son actif quelque 400 productions d’environnements immersifs combinant la vidéo, l’éclairage, le son et les effets spéciaux, partout dans le monde. On lui doit entre autres les parcours nocturnes Foresta Lumina au parc des Gorges de Coaticook, Nova Lumina à Chandler en Gaspésie et Tonga Lumina à Tremblant, dans les Laurentides.
J’ai bien aimé son évocation du rôle de la technologie pour rapprocher les gens de la nature, notamment les jeunes. Grâce aux effets spéciaux et à l’interactivité de certaines installations, «nous avons trouvé, disait-il, un moyen de faire sortir les jeunes et de les reconnecter à la nature». Vu les milliers de spectateurs qui ont assisté à l’une de leurs «représentations» nocturnes, sous forme de parcours en milieu naturel, je crois que bien des adultes y ont aussi trouvé leur compte… Comme quoi l’accès à la nature reste ouvert à toutes sortes d’expériences sensorielles. Et c’est tant mieux pour ceux qui les vivent!