Photo: Anne Pélouas
8 septembre 2022Auteure : Anne Pélouas

La Gaspésie aux couleurs du début de l’automne

Septembre est un mois de rêve pour la randonnée en Gaspésie, loin de la foule et dans la beauté des paysages qui virent tranquillement vers les couleurs automnales. Du parc national de la Gaspésie à la baie des Chaleurs, suivez mes bottes et mes bâtons de marche!


Direction mont Jacques-Cartier

Rien de tel qu’un parcours en bord de mer pour apprécier caps et montagnes plongeant dans le fleuve Saint-Laurent. En août dernier, j’avais choisi de me rendre au pied du mont Jacques-Cartier non par la route du parc national de la Gaspésie, mais par celle (route 132) qui longe le fleuve de Sainte-Anne-des-Monts au mont Saint-Pierre, avant de m’enfoncer dans la forêt via la réserve faunique des Chic-Chocs.

Je n’ai pas regretté mon choix, ni à l’aller ni au retour. Rien de tel pour égayer les sens qu’un contraste majeur entre une bonne heure à rouler au ras de l’eau (en admirant les roches luisantes à marée basse, avec des caps pour décor), puis une vingtaine de kilomètres en forêt dans la poussière d’un chemin de gravelle (pour atteindre le poste d’accueil du mont Jacques-Cartier), suivi d’une randonnée magnifique sur les hauteurs de cette montagne, assortie d’une vue sur le fleuve et de la «rencontre» avec quelques caribous.

Rencontre avec les caribous

Le parc national de la Gaspésie fourmille de magnifiques sentiers pédestres accessibles tout l’automne, mais certains, comme celui du mont Albert, du mont Jacques-Cartier et du mont Xalibu, ferment le 10 octobre, pour limiter les perturbations sur les derniers refuges du caribou de la Gaspésie, son animal-emblème devenu espèce menacée.

Le mont Jacques-Cartier est un habitat essentiel pour le caribou de la Gaspésie, dont la population diminue d’année en année. S’il est encore l’un des sites de la région les plus propices à son observation, des règles s’appliquent pour une telle «escapade en milieu protégé». La marche y est donc plus encadrée qu’ailleurs dans le parc. L’accès aux sentiers (ouverts du 1er juillet au 10 octobre) n’est possible que de 10 h à 16 h, sans départ passé 12 h, et la marche hors des sentiers est interdite.

Le mont Jacques-Cartier est un habitat essentiel pour le caribou de la Gaspésie, dont la population diminue d’année en année. Photo: Facebook Parc national de la Gaspésie

De l’accueil du mont Jacques-Cartier, près du camping, il faut aussi emprunter une navette pour rejoindre le point de départ du sentier, classé difficile par la Sépaq notamment en raison de sa longueur (8,2 km aller-retour), de son dénivelé (465 m) et du terrain très rocailleux sur lequel on marche durant quatre à cinq heures. Mieux vaut se munir de bâtons et s’arrêter pour regarder le paysage!

Mon souvenir du sentier d’accès au mont Jacques-Cartier n’était pas des meilleurs: du gros caillou sur un long et assez large chemin forestier sans grand intérêt avant d’atteindre le superbe sommet. Voici pourquoi il est bon de revenir sur ses traces et parfois de changer d’avis!

Cette fois-ci, j’ai découvert que ce même chemin s’était passablement refermé sur lui-même, offrant un parcours ombragé malgré une montée très soutenue. Suis-je plus habituée aux roches parsemant un sentier?

J’ai trouvé la première section de 2,3 km qui mène à une intersection pour le lac à René très agréable, notamment à cause de la présence de panneaux d’interprétation et de grands passages sur des dalles de pierre, le tout en forêt. On a peine à croire qu’autrefois les habitants de la région empruntaient ce chemin le dimanche à bord de vieilles guimbardes!

Passée la limite des arbres, une longue volée de marches en bois protégeant une pente raide vous attend. C’est le prix à payer pour atteindre enfin le plateau du mont Jacques-Cartier, porte-étendard granitique des vieux monts McGerrigle, nés d’une bulle de magma, et royaume de la toundra alpine.

À 1270 m, le mont Jacques-Cartier est le deuxième plus haut sommet du Québec après le mont D’Iberville. Le sol est ici un gigantesque champ de pierres entre lesquelles poussent quelques plantes naines. En cette magnifique journée ensoleillée, on imagine mal la réputation des lieux pour les vents violents et le froid intense qu’affectionnent semble-t-il les caribous. Ils sont une vingtaine encore à s’épivarder entre les vallées supérieures verdoyantes, agrémentées de quelques arbres, et le sommet pierreux.

À 1270 m, le mont Jacques-Cartier est le deuxième plus haut sommet du Québec après le mont D’Iberville. Photo: Anne Pélouas

L'abri Éole est un belvédère parfait pour observer les environs à 360 degrés. À la jumelle, nous serons plusieurs à découvrir en compagnie d’une garde-parc naturaliste cinq caribous en balade sur la crête du mont voisin, celui de la Passe.

L'abri Éole est un belvédère parfait pour observer les environs à 360 degrés. Photo: Anne Pélouas

Sur le chemin du retour, la courte boucle du Caribou (1 km) descend à la limite des arbres, puis remonte en surplomb d’une vallée peu profonde. C’est là que j’aurai la chance de voir d’assez près une femelle caribou et son jeune faon, bien occupés à se nourrir.

Voir la baie des Chaleurs du haut du parc régional du mont Saint-Joseph

De la Haute-Gaspésie à la baie des Chaleurs, la route 299 traverse en 145 km le parc national de la Gaspésie, puis la réserve faunique de la Rivière-Cascapédia. Du fleuve au golfe du Saint-Laurent, on transite par une immense forêt, mais on ne quittera presque plus ensuite la vue sur l’eau.

En filant à l’ouest vers Maria, puis Carleton-sur-Mer, une longue barrière montagneuse barre l’horizon à 5 km du littoral. Cette partie orientale de la chaîne des Appalaches culmine à 555 m, au sommet du mont Saint-Joseph. C’est là qu’est installé le pavillon d’accueil du parc régional du mont Saint-Joseph, jouxtant une chapelle historique. Le terrain de jeu offert alentour aux amateurs de plein air, sur les flancs du mont Saint-Joseph comme en direction du mont Carleton, puis de l’arrière-pays de Maria, est impressionnant.

Pas étonnant que le parc régional soit devenu en quelques années un pôle majeur d’activités de plein air dans la région de la Baie-des-Chaleurs. Il compte 35 km de sentiers pédestres et 25 km de pistes de vélo de montagne (ouverts jusqu’au 1er novembre), ainsi qu’une paroi d’escalade, sans compter les activités d’hiver (fatbike, ski de fond et raquette).

Du belvédère du sommet, on a sans conteste l’un des plus beaux panoramas sur la baie des Chaleurs, notamment le barachois de Carleton-sur-Mer. En randonnée, le couvert forestier des flancs de la montagne offrira néanmoins de nombreuses échappées visuelles.

Du belvédère du sommet, on a sans conteste l’un des plus beaux panoramas sur la baie des Chaleurs, notamment le barachois de Carleton-sur-Mer. Photo: Anne Pélouas

Parmi les sentiers vedettes, il y a la boucle de l’Éperlan, de niveau intermédiaire. On la «boucle» en une heure environ pour 3 km. Le sentier débute sur le chemin à Bouchard (stationnement P1), au nord-est de Carleton-sur-Mer. Il longe ensuite un ruisseau et grimpe au belvédère de la chute Les Saults.

Au retour sur vos pas, la suite du sentier emprunte d’abord un pont et redescend vers le stationnement. On peut aussi poursuivre sur le sentier Les Rescapés, côté ouest, pour un plus long circuit avec retour par Le Taguine, qui offre deux autres belvédères.

Un autre sentier de courte durée (1,8 km) est accessible par le P2, sur la route de la Montagne (en montée) ou carrément au sommet du parc (P3), presque toujours en descente. Le parcours linéaire nommé Le Cap ferré, tout en forêt, procure lui aussi quelques superbes points de vue sur la baie des Chaleurs.

Le belvédère du sentier Le Cap ferré offre un beau panorama. Photo: Anne Pélouas

La boucle du mont Carleton est, elle, classée difficile. Elle court sur 13 km, en forêt, avec de bonnes montées, des escaliers et des belvédères. Comptez cinq à six heures de marche au départ de Maria (P6) par le sentier Grand Sault, puis celui du mont Carleton. Passé son sommet, la descente mène au sentier Coupe de Roche, puis au Trécarré, au Chikanki, avant de rejoindre le Grand Sault.

Pour un séjour prolongé, optez pour le glamping au sommet. Le parc régional a bâti quatre géodômes à flanc de montagne pour dormir sous les étoiles. Y ayant passé une nuit, je suis à même de vous dire qu’ils sont particulièrement bien aménagés et équipés, avec grande fenestration et terrasse dominant le barachois de Carleton-sur-Mer.

Le parc régional a bâti quatre géodômes à flanc de montagne pour dormir sous les étoiles. Photo: Facebook Parc régional du Mont-Saint-Joseph

Bon à savoir

Un bus pour le mont Jacques-Cartier

Dans le parc national de la Gaspésie, on peut encore profiter durant les weekends et jusqu’au 10 octobre, sur réservation, d’un bus qui part à 9h du Centre de découverte et de services du parc pour se rendre au pied du mont Jacques-Cartier. Avec retour à 16h. Cout: 9,25$; gratuit pour les enfants accompagnés. Pour tous, ensuite, une navette payante (8$ pour les adultes) est obligatoire pour se rendre au départ du sentier. Départs réguliers entre 10h et 12h; retours entre 14h15 et 16h.

Journée des parcs nationaux du Québec

Le 10 septembre est la journée des parcs nationaux du Québec. Ce jour-là, l’accès est gratuit pour tous, mais mieux vaut réserver son droit d’accès en ligne avant de se déplacer. Dans chaque parc, une programmation spéciale a été préparée: rencontres avec des garde-parcs naturalistes, ateliers sur la faune et la flore, rallyes, contes et légendes, activités à saveur historique.