Randonnée en Martinique: à l’assaut de la Montagne Pelée

L’île française de la Martinique est un formidable terrain de jeux pour les randonneurs de tous niveaux. Destination des Antilles surtout hivernale pour les Québécois, elle n’en demeure pas moins très prisée durant l’«hiver» antillais, de juillet à novembre.



Pendant la saison «humide» qui débute maintenant en Martinique, les pluies plus nombreuses qu’à l’habitude (souvent sous forme d’averses) complexifient la randonnée, surtout en montagne, mais ont l’avantage de rafraîchir l’atmosphère, ce qui est toujours bienvenu quand vient le temps de marcher en hauteur. Avec de bonnes bottes de randonnée et des bâtons télescopiques, on peut aisément s’attaquer à la Montagne Pelée, fleuron martiniquais, ou se balader sur l’un des multiples sentiers de «l’île aux Fleurs», qui couvre plus de 1 000 km2.

Avec de bonnes bottes de randonnée et des bâtons télescopiques, on peut aisément s’attaquer à la Montagne Pelée, fleuron martiniquais. Photo: Anne Pélouas

Topoguide La Martinique… à pied

L’île a bien plus à offrir que des séjours tout inclus à la plage. Du nord au sud, 35 sentiers de promenades et de randonnées bien balisés sont répertoriés dans le superbe topoguide La Martinique… à pied, édité par la Fédération française de la randonnée.

Les itinéraires détaillés (avec cartes) sont toutefois l’œuvre de bénévoles du Comité de la randonnée pédestre de la Martinique (CRPM), qui assure également l’entretien et le balisage des dits sentiers, de concert avec l’Office national des forêts.

Le topoguide décrit très bien chaque circuit, ce qui facilitera grandement votre choix comme votre progression sur le terrain.

35 sentiers de promenades et de randonnées bien balisés sont répertoriés dans ce topoguide

La Montagne Pelée d’ouest en est

Cet automne, la Martinique devrait s’enorgueillir d’une nouvelle inscription au patrimoine naturel de l’UNESCO pour les «pitons du nord», incluant la Montagne Pelée et les Pitons du Carbet. Une consécration attendue avec excitation sur l’île.

Au nord de la Martinique, la Montagne Pelée est le point culminant de l’île (1 395 m) et le top des randonnées à y faire. Avec un peu de chance, vous pourrez, comme moi, entreprendre son ascension une journée où son sommet est découvert, ce qui n’arrive qu’environ 45 jours par an.

Cet ancien volcan de type explosif, datant de 300 000 ans, a une superficie de 120 km2. Ses deux dernières éruptions, en 1902 et 1929, ont entraîné l’édification d’un nouveau dôme (Cône de 1929, surnommé «Le Chinois» en raison de sa forme en chapeau chinois) à l’intérieur du cratère.

Deux itinéraires principaux (en aller-retour) s’offrent à vous: par Grande Savane (face ouest) ou par l’Aileron (face est). Comptez au moins 4 heures pour le premier par temps sec et 6 heures pour le second (avec forte pente en fin d’ascension pour le sommet). On peut également (comme nous l’avons fait en compagnie de Gilles Vicrobeck, président du CRPM), partir côté ouest et finir côté est, à la condition d’avoir prévu un moyen de transport à l’arrivée. On peut alors se rendre au bord du cratère et en faire un demi-tour, sans grimper plus haut.

Notre guide, Gilles Vicrobeck, au DoME (Domaine martiniquais d’expérimentation) de Grande Savane. Photo: Anne Pélouas

Notre sentier commençait au DoME (Domaine martiniquais d’expérimentation) de Grande Savane. Ce musée à ciel ouvert a ouvert le 1er mars dernier. Son exposition et ses panneaux d’interprétation offrent une immersion dans l’histoire géologique du volcan et de sa région. Trois hébergements semi-troglodytiques y seront disponibles dans quelques mois.

Les trois hébergements semi-troglodytiques qui seront disponibles dans quelques mois. Photo: Anne Pélouas

La rando est assez sportive, avec un bon dénivelé (près de 600 m, tant en montée qu’en descente), une déclinaison forte, de hautes marches ou de grosses pierres, mais aussi des vues spectaculaires sur la côte Caraïbe, à hauteur du Prêcheur.

La rando est assez sportive, avec un bon dénivelé. Photo: Anne Pélouas

Quand nous atteindrons le bord du volcan, à 1 156 m – une bonne heure après le départ –, le sentier de la Caldeira nous offrira un brin de repos et un incroyable panorama, tant sur la savane d’altitude que sur le cratère. Nous longerons ainsi sur plus de 1 km le bord du cratère, avec plusieurs passages permettant d’en voir le fond. Le cratère a des allures de douve de château fort verdoyante, flanquée d’une haute tour: le Cône de 1929, dit Le Chinois.

Un panorama incroyable! Photo: Anne Pélouas

Partis un peu tard en matinée après une bonne averse, nous n’irons pas plus haut que le deuxième refuge, pour traverser ensuite le plateau des palmistes. Le sentier bifurquera un peu plus loin pour descendre abruptement sur le flanc est de la Pelée. Passé la croix Dufrenois, on attaquera la descente sur une ligne de crête vers l’Aileron, éminence rocheuse en forme d’éperon d’où l’on aperçoit clairement en contrebas le premier refuge et son stationnement.

Photo: Anne Pélouas

La prudence sera alors de mise… Il nous faudra en effet une bonne heure d’efforts en descente sur de gros cailloux passablement détrempés pour atteindre le stationnement et retrouver nos sandales.

Après la montagne, la mer des Caraïbes

Pour se reposer de la Pelée, rien de tel qu’un itinéraire côtier comme le Sentier littoral du Diamant, le dernier créé en Martinique, dans sa partie sud. La randonnée linéaire de 11 km, facile, ne laisse pas sa place en termes de richesse de paysages et de diversité biologique, en plus d’offrir la meilleure perspective sur le rocher du Diamant, qui trône dans la mer des Caraïbes.

Le Sentier littoral du Diamant est  le dernier créé en Martinique, dans sa partie sud. Photo: Anne Pélouas

Du port de Taupinière, le sentier traverse des mangroves et des zones côtières rocheuses dénudées ou forestières. On aperçoit ici les vestiges d’un four à chaux, là ceux d’une habitation ancienne.

Du port de Taupinière, le sentier traverse des mangroves et des zones côtières rocheuses dénudées ou forestières. Photo: Anne Pélouas

En chemin, on bénéficie de belles ouvertures sur l’eau, notamment à l’anse Kato. L’une des attractions de ce sentier est la proximité d’une mangrove rose. Quand l’eau se fait rare, la surface de la mangrove se couvre de microplanctons de cette couleur. Les meilleures chances d’en voir sont de février à mai, quand il pleut moins.

L’une des attractions de ce sentier est la proximité d’une mangrove rose. Photo: Anne Pélouas

Passé le lieu-dit Tête de Singe, le rocher du Diamant est en vue. On ne le quittera plus des yeux, tout comme la «Femme couchée», surnom donné à la gracieuse colline nommée Morne Larcher, autre sommet vedette de la Martinique.

Passé le lieu-dit Tête de Singe, le rocher du Diamant est en vue. Photo: Anne Pélouas

GR de Pays

La Martinique aura bientôt son sentier de Grande Randonnée (GR), en cours d’homologation, qui couvrira plusieurs centaines de kilomètres. L’île possède déjà de nombreux sentiers bien balisés, qui en seront les tronçons.

Un premier GR martiniquais a été inauguré en 2021. Le Sentier littoral Nord Atlantique (SNLA), long de 45 km, court entre Pointe-Savane et Basse-Pointe. Il fera partie d’un des trois GR de Pays, qui proposeront d’ici quelques années trois boucles itinérantes, le premier dans les forêts tropicales du Nord, le second dans le sud de l’île (170 km en 10 étapes, prévu pour 2024) et le dernier dans le centre (entre Fort-de-France, Schœlcher, Saint-Joseph et le Lamentin). De quoi marcher encore longtemps en Martinique.

Bonnes adresses

  • Pour l’an prochain: Festival international de la randonnée (de la mi à la fin juin) s’adressant autant aux néophytes qu’aux grands sportifs, avec randonnées guidées par des professionnels.
  • Sortie en catamaran avec plongée en apnée, avec Calypso Croisières, qui propose aussi des séjours d’une semaine à bord pour explorer la côte Caraïbe, de Sainte-Anne au Prêcheur.
  • Ferme Attitude: ferme agrotouristique sur les hauteurs des anses d’Arlet pour un après-midi détente. Fish pédicure en bassins d’eau, masque pour le visage à l’argile et à la pulpe de coco, gommage du corps au sable et aux herbes du jardin, piscine et bain à remous, massage… Les boissons et les goûters sont préparés avec les produits bios de la ferme qui appartient à Éric Dondin et Cathy Maugee.
  • Village Pomme Cannelle, au Prêcheur: avec jardin fruitier, piscine et jolis appartements.
  • Distillerie La Mauny: visite, avec dégustation, d’une des plus anciennes distilleries de rhum de la Martinique.