Croisière nordique et plein air: un duo de rêve!
Partir en croisière du nord du cercle polaire arctique jusqu’au sud du Labrador n’est certes pas synonyme d’activités sportives intenses, mais l’amateur de plein air peut tout de même y trouver son compte. J’ai expérimenté la chose avec bonheur pendant deux semaines à bord de l’Ocean Endeavour, navire d’expédition d’Adventure Canada.
Direction la côte ouest du Groenland, suivie par la traversée du détroit de Davis. Ensuite, un saut de puce au Nunavik, puis un trajet le long de la côte du Labrador. En plus de visites culturelles dans des villages inuits, j’ai pu avoir ma dose de randonnées dans des lieux idylliques. J’ai également pu faire du vélo à Nuuk et suivre mon propre programme quotidien pour rester active à bord. Il fallait bien compenser les calories absorbées lors des repas, préparés par un grand chef français…
Marche et vélo à Kangaamiut et Nuuk, Groenland
On ne pouvait qu’être séduit par notre première étape à Kangaamiut. Ce petit village inuit est situé sur la côte est du Groenland, juste au sud du cercle polaire. Ses habitations s’étagent sur une colline au-dessus du port de pêche. Le tout a des allures d’Harrington Harbour (Basse-Côte-Nord) avec des trottoirs de bois qu’on arpente entre deux visites de bâtiments. Un long escalier de planches permet de gravir la colline et de se délier les jambes. Pour atteindre le sommet, on marche encore un peu sur de grandes roches, puis on profite de la vue grandiose: le port en contrebas, les maisons colorées à flanc de collines, des baies encadrées de montagnes déjà enneigées. On tombe illico sous le charme du Groenland.
À Nuuk, sa capitale, un groupe restreint troque les bottes de marche pour les souliers de course. On descend des vélos de montagne du bateau et c’est parti pour une tournée de cette petite ville.
De rebond en rebond de terrain, sur la piste cyclable longeant la rue principale ou à proximité, on découvre un nouveau panorama: un minuscule port de pêche, une montagne enneigée au loin, le quartier colonial danois avec ses jolis bâtiments anciens, le centre-ville, qui se limite à quelques rues. Le tour de piste complété, les vélos rentrent gentiment au bateau via une grande descente.
La côte du Labrador sous couleurs automnales, Terre-Neuve-et-Labrador
Il a déjà neigé aussi sur les cimes des monts Torngat, grandes vedettes de cette côte du Labrador que nous longerons pendant plusieurs jours entre le 60e et le 55e parallèle.
Le parc national des Monts-Torngat est le «clou» du voyage. La chaîne de montagnes s’impose dans le paysage côtier et on a hâte de l’approcher de plus près. Compte tenu des aléas de la météo et des contraintes de navigation, nos sorties sur la terre ferme ne seront jamais très longues, mais combien riches en surprises!
Après une incursion dans le sublime fjord Nachtac, encadré de montagnes aux allures de Grand Canyon, le bateau se glisse au fond de la baie de Ramah. Le site archéologique fut le siège d’une des plus anciennes missions moraves du Labrador.
On le visite aux abords d’une longue plage de galets. Il faut cependant grimper 100 mètres de dénivelé plus haut pour avoir un panorama d’ensemble – grandiose – de ce qui nous entoure: un fjord en plusieurs bras, des anses, des plages et des sommets à perte de vue.
Ici, il n'y a pas de sentier. On marche sur des roches et un tapis de mousses, de lichens et de baies sauvages extrêmement moelleux. La végétation multicolore de la toundra est digne d’un tableau d’aquarelliste. On n’en finit pas de faire arrêt pour admirer et photographier ce jardin d’Éden à la palette virant du vert au rouge, en passant par l’orange et le jaune.
L’histoire se répétera à satiété sans jamais ennuyer. Comment, en effet, ne pas être subjugué par tant de beauté naturelle? À St. John’s Harbour, où le parc national des Monts-Torngat a installé son camp de base, on se délie de nouveau les jambes pendant deux heures en profitant des alentours.
De la randonnée, encore!
La balade nous mène encore sur les hauteurs, avec l’entrée du fjord de Saglek à gauche et un archipel face à soi.
Plus au sud, Nain nous procurera de nouvelles joies. La petite «capitale» du Nunatsiavut, territoire des Inuits du Labrador, est adossée à une colline haute de 250 mètres. Une randonnée de six kilomètres permet de découvrir toute la côte et les sommets environnants.
On grimpe d’abord dans une zone où dominent les mélèzes, vêtus de jaune en automne. Puis, on marche sur un tapis de thé du Labrador dégageant de doux effluves et sur des lichens aux couleurs mordorées avant de finir sur de grandes roches. Un inukshuk monumental domine le sommet battu par un vent violent.
On finira en apothéose à Indian Harbour et sur l’île Grady, tous deux chargés d’histoire, mais aussi magnifiques sites naturels au bord de la mer du Labrador. Le premier fut longtemps un port de pêche à la morue pour les Terre-neuviens, tandis que le second abrite les vestiges d’un port baleinier. On arpente ces lieux aujourd’hui à l’abandon en imaginant la vie, forcément rude, de ceux qui y vécurent et travaillèrent autrefois.
Actifs à bord
Entre les étapes à terre, le navire poursuit sa route. Pendant ces longs trajets, il faut bien se dégourdir les jambes. Trois ponts en offrent l’occasion, dont deux pour un tour presque complet du bateau. Il y a également cinq escaliers qu’on emprunte plusieurs fois par jour à l’intérieur ou l’extérieur, en évitant soigneusement l’ascenseur. Le tout sans compter une salle de sport bien équipée et quelques activités qui, sans être en plein air, améliorent l’ordinaire du corps et de l’esprit, sous forme de séances de stretching matinal et de yoga nocturne!