Une vie remplie de défis… et de DEP!
Les parcours professionnels ne sont pas tous linéaires. Celui de Claire Charron en est la preuve! Trois DEP – y compris un retour aux études à 55 ans –, l’équivalent d’un certificat universitaire en travail social… voici le récit d’une femme résiliente qui a su saisir les opportunités qui se présentaient à elle.
Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?
Claire Charron: J’ai grandi dans la vallée de la Matapédia, en Gaspésie. Au secondaire, faute de pouvoir aller aux Beaux-Arts, à Québec, j’ai étudié à l’Institut familial de Rimouski. À 18 ans, je suis déménagée à Montréal et j’ai entrepris des études en dessin commercial. Ce n’étaient pas les beaux-arts, mais ça touchait à mes intérêts. Cependant, j’ai dû retourner en Gaspésie un an plus tard. Je me suis alors trouvé un emploi dans un journal au Nouveau-Brunswick.
Avenues.ca: Quel était ce travail, exactement?
C.C.: J’étais secrétaire. J’avais aussi ma carte de presse, j’assistais donc à tout ce qui se passait et je faisais des comptes-rendus. En même temps, je travaillais en comptabilité pour le mari de la rédactrice à raison de deux jours par semaine.
Avenues.ca: Aimiez-vous ce que vous faisiez?
C.C.: Oui, mais j’avais envie de retourner à Montréal… et l’occasion s’est présentée lorsqu’une cousine, qui s’occupait de la bibliothèque des patients de l’hôpital du Sacré-Cœur, m’a offert son poste lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte.
Avenues.ca: Qu’est-ce que c’est exactement, la bibliothèque des patients?
C.C.: C’était une bibliothèque pour les patients qui étaient hospitalisés très longtemps. Il y avait des cas d’orthopédie et de tuberculose. Conjointement avec une religieuse, j’allais acheter des livres, je les reliais, et je passais dans les chambres pour les proposer aux patients. On m’a ensuite offert un poste de secrétaire à l’école des auxiliaires en nursing. Je faisais mon cours de secrétaire médicale en même temps pour améliorer mes connaissances. Je suis ensuite devenue enceinte, donc j’ai arrêté de travailler pendant quelques années.
Avenues.ca: À quel moment êtes-vous retournée sur le marché du travail?
C.C.: À la fin de la trentaine, j’ai commencé à faire du bénévolat dans des groupes de femmes. Avec d’autres, nous avons mis sur pied le centre de femmes Com’Femme, à Brossard. J’étais vice-présidente et je faisais de l’animation. À un moment donné, on a donné l’atelier «Retour aux études, retour au travail». C’est là que j’ai découvert certains métiers non traditionnels, dont celui de boucher. Je me suis inscrite à cette formation parce qu’elle ne durait pas longtemps et me permettait d’être autonome. J’ai donc commencé à étudier à l’Institut national des viandes à 38 ans. Je me suis trouvé un emploi après mes trois mois de cours. J’ai été bouchère pendant trois ans, jusqu’à ce que la boucherie pour laquelle je travaillais ferme ses portes.
Avenues.ca: Qu’avez-vous fait par la suite?
C.C.: Après avoir consulté un orienteur, j’ai commencé à étudier en travail social à l’UQAM. Puisque mes cours à l’Institut familial n’étaient pas reconnus, j’ai dû faire des cours du soir pour compléter mon secondaire 5 avant de commencer l’université. J’étais au début de la quarantaine, je venais de me séparer et je devais travailler pour pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. J’ai donc trouvé un poste de coordonnatrice des bénévoles pour un organisme communautaire. J’ai fait ce travail pendant dix ans, tout en continuant mes études à l’université en travail social.
Avenues.ca: Vous étiez donc très occupée!
C.C.: Oui! Et en plus, pendant ces années-là, mon nouveau conjoint, qui était un artiste passionné, m’a convaincue de faire de la peinture, un projet que je pensais réaliser à la retraite. J’ai commencé à peindre, pour le plaisir, puis on a décidé de déménager dans les Laurentides pour nous consacrer à nos passions. J’avais près de 50 ans, j’avais fait le tiers de mon baccalauréat en travail social.
Avenues.ca: Réussissiez-vous à vivre de cette passion?
C.C.: J’ai créé, j’ai exposé, j’ai vendu, j’ai vécu des années extraordinaires… Puis ma relation amoureuse s’est terminée. Puisque je n’arrivais pas à tout payer toute seule, j’ai dû me trouver un emploi. J’avais 55 ans.
Avenues.ca: Qu’avez-vous fait ?
C.C.: Je me suis rendue au bureau d’assurance-chômage et j’ai obtenu du soutien pour faire un DEP en secrétariat. J’ai commencé en tant que remplaçante au CLSC-CHSLD du Nord-de-l’Île, à Montréal. J’ai fait à peu près tous les postes où ils avaient besoin d’aide, de la cuisine à l’entretien ménager. S’est ensuite ouvert un poste de secrétaire aux services alimentaires, de sécurité et de salubrité, que j’ai obtenu! Je répondais au téléphone, je faisais les menus des patients avec les nutritionnistes, etc.
Avenues.ca: Vous avez fait ce travail jusqu’à votre retraite?
C.C.: À 62 ans, j’ai pris ma semi-retraite. Je suis déménagée en région et j’ai fait un DEP en horticulture. J’ai fait quelques contrats, ici et là… en plus de refaire mon terrassement!
Avenues.ca: Travaillez-vous encore aujourd’hui?
C.C.: Non, mais je fais du bénévolat pour une activité de la FADOQ de GFP. Je m’occupe aussi de mes proches, qui sont malades et qui ont besoin d’aide.
Avenues.ca: Avez-vous un conseil à donner aux personnes qui aimeraient changer de carrière après 50 ans?
C.C.: Osez! Surtout, ne craignez pas les défis!
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