Trouver sa passion après un burnout
Sylvain Duhamel a travaillé dans le milieu de la finance pendant 25 ans. C’est un burnout qui lui a fait réaliser que sa vie devait changer. Exit la voiture de luxe, le gros salaire et le bureau au centre-ville; bienvenue pelles, truelles, arbres et plantes!
Avenues.ca:Pouvez-vous nous résumer les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?
Sylvain Duhamel: J’ai étudié en finance et j’ai commencé à travailler pour une compagnie de courtage avant de finir mes études. J’étais à l’époque où c’était possible de gravir les échelons sans nécessairement avoir de diplômes et c’est ce que j’ai fait. J’ai commencé au bas de l’échelle et j’ai gravi les échelons tranquillement, pas vite. Au fil des ans, j’ai fait plusieurs certifications en courtage.
J’ai travaillé dans différentes compagnies, avec une spécialisation dans les actions et obligations. J’ai éventuellement travaillé en conformité et c’est dans ce milieu que j’ai évolué jusqu’à la fin de mes années en finance. Ce n’était pas un poste facile. Je devais vérifier la fraude que les compagnies pouvaient faire, mais aussi la fraude à l’intérieur même de la compagnie. C’était un travail très intéressant, mais très solitaire. Disons qu’il n’y a pas beaucoup de mes collègues qui voulaient partager leur lunch avec moi; tout le monde me redoutait. J’avais un bon boss, un bon salaire, de bonnes conditions, mais ça ne répondait pas nécessairement à ma personne. C’est ce qui fait qu’à moment donné, j’ai craqué et je me suis retrouvé en burnout.
Ce burnout m’a permis de faire une introspection et m’a poussé à me demander ce que je pourrais faire comme métier, autre que le courtage et la vérification. Après beaucoup de réflexion et de questionnements, je suis retourné à l’école pour faire un DEP en construction d’aménagements paysagers au Centre de formation horticole de Laval. Je me retrouvais à l’école avec des gens de 25 ans plus jeune que moi, dans quelque chose de complètement différent!
A: Avez-vous toujours eu une attirance pour le travail manuel et les plantes?
S.D.: Oui et non. Lorsque j’étais jeune, je faisais de la danse. C’était très créatif, mais un accident m’a obligé à arrêter à l’âge de 19 ans. C’est à la suite de cet arrêt obligatoire que j’ai commencé à travailler en finance, que je suis «rentré dans la machine», comme on dit. Je n’ai jamais vraiment pris le temps de m’arrêter pour me demander si j’aimais ce que je faisais et si je ne serais pas mieux ailleurs, à faire autre chose. C’est lorsque j’ai fait mon burnout que j’ai commencé à faire plus d’introspection. En thérapie, j’ai réalisé que la créativité me manquait beaucoup et que je devrais faire un travail plus manuel, plus créatif.
J’ai pensé à l’aménagement paysager parce que lorsque nous avons acheté notre maison, il y a 17 ans, j’avais pris beaucoup de plaisir à travailler dans la cour arrière. Celle-ci était entièrement asphaltée et, dans les premières semaines, j’avais commencé à acheter des plantes et j’avais trouvé ça ben l’fun. Les trois années précédant mon burnout, je m’étais beaucoup amusé à verdir ma cour. Je travaillais aussi un peu le bois. J’ai toujours été un peu manuel. J’ai donc tenté ma chance dans l’aménagement paysager. Je prenais un risque parce que je ne savais pas si j’aimerais vraiment que mon hobby devienne ma carrière. Finalement, j’ai eu mon DEP un 25 mai et lendemain, 26 mai, j’avais ma compagnie d’aménagement paysager.
A: Pourquoi avoir lancé votre entreprise plutôt que de travailler pour quelqu’un?
S.D.: Je viens d’une famille où l’entrepreneuriat est très présent. J’ai toujours voulu avoir une entreprise. C’était donc naturel pour moi de me lancer dans ce projet. Je voulais aussi avoir la chance d’engager du monde, de former des employés. Ma mère était en enseignement et je pense que de montrer à des gens comment faire ce métier comble ce côté pédagogue que j’ai en moi. Ça fait 14 ans que j’ai ma compagnie et je ne retournerais pas en arrière. C’est dur, mais c’est l’fun.
A: Avez-vous eu des peurs, des doutes?
S.D.: J’avais beaucoup de craintes par rapport à l’argent. Mais j’ai vite réalisé que ça ne me servait à rien de gagner super cher si je n’étais pas heureux. C’est sûr que c’est un risque financier. Il faut penser à l’hypothèque à payer, mais au lieu de calculer nos dépenses, il faut calculer nos risques. Quand je suis retourné aux études, on a coupé dans les restaurants et les voyages pour pouvoir se passer d’un salaire pendant quelques mois.
A: Avez-vous senti que votre entourage vous appuyait?
S.D.: Quand j’ai décidé de ne pas continuer, ceux autour de moi, en finance, ne me soutenaient pas vraiment. Ils ne comprenaient pas pourquoi je renonçais à un gros salaire. Mais mes proches, eux, m’ont vu tripper à l’école et m’ont encouragé.
A: Avez-vous un conseil pour les gens qui pensent faire un changement de carrière?
S.D.: Il ne faut pas avoir peur d’essayer. C’est sûr que c’est plus difficile de se replacer à 50 ans qu’à 30 ans, mais si tu n’es pas bien dans ce que tu fais, peu importe ton âge, sors! Il y a un paquet de DEP et ça ne coûte pas cher. On a de la chance, il faut en profiter.
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