Troquer sa santé financière pour sa santé physique et mentale
Monique Ringuet n’a jamais eu peur des défis. À 40 ans, elle retournait sur les bancs d’école dans l’idée de pouvoir exercer un métier qui lui ferait gagner autant d’argent que les hommes… Et à 55 ans, elle effectuait un deuxième changement de carrière, cette fois pour son bien-être physique et mental.
Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?
Monique Ringuet: J’ai fait un baccalauréat en histoire à l’Université de Sherbrooke. Quand j’ai fini mes études, j’avais le choix entre l’enseignement et la recherche. Puisque je ne voulais pas enseigner et qu’il n’y avait pas de débouchés dans le domaine de la recherche, je suis déménagée à Montréal et j’ai commencé à travailler en tant que secrétaire-traductrice. J’ai ensuite occupé le poste d’agente de bureau au Cégep Marie-Victorin pendant environ un an. J’ai quitté pour partir en congé de maternité.
Lorsque j’ai réintégré le marché du travail, environ cinq ans plus tard, je me suis occupée de la revue du Centre des femmes de Laval à temps partiel. Cependant, je désirais faire un métier physique qui me permettrait d’avoir le même salaire que les hommes. Pour moi, le salaire était très important.
À 40 ans, j’ai donc commencé un programme au cégep en Instrumentation et contrôle.
Avenues.ca: Qu’est-ce que c’est exactement?
M.R.: C’est tout ce qui touche à l’automatisation dans les usines, donc tous les instruments et la programmation qui permettent de faire fonctionner les machines.
J’étais la plus vieille dans mes cours, mais j’aimais ce que je faisais et j’avais d’excellentes notes. Deux semaines après la fin de mes études, à 44 ans, j’ai été engagée chez Bernard Méthot (qui s’appelle aujourd’hui seulement Méthot). Je faisais la vente et la réception de tout ce qui touchait l’instrumentation et le contrôle de cette compagnie qui offre des équipements de chauffage aux niveaux commercial, institutionnel et industriel. J’ai pris de l’expérience, mais le salaire n’était pas très élevé.
Avenues.ca: Vous avez donc cherché autre chose?
M.R.: Je n’ai pas eu besoin de chercher! Un an après mon entrée chez Méthot, la compagnie Cascades est venue me chercher. Mon salaire a doublé… mais le parcours a été semé d’embûches.
Avenues.ca: Quelles étaient ces embûches?
M.R.: En plus de devoir travailler le soir et la nuit, je subissais beaucoup de harcèlement parce que j’étais la seule femme dans un milieu d’hommes. Au début, on me disait «Retourne à tes chaudrons.» Plus tard, le harcèlement était fait d'une autre façon et de façon plus intense de la part de certains (pas de tous). C’est très difficile d’être à son maximum quand on vit du harcèlement. De plus, le métier en tant que tel était stressant, et parfois dangereux.
Lorsque Cascades a eu besoin de mettre du monde à pied, j’ai profité de l’occasion pour remettre ma démission et prendre mon paquet de départ. J’avais 55 ans.
Avenues.ca: Quels étaient vos plans, en quittant Cascades?
M.R.: Je ne savais pas vraiment. Je voulais surtout faire quelque chose de beaucoup moins stressant. J’ai toujours fonctionné par instinct et fait confiance à la vie. J’ai regardé ce que je pouvais faire comme emploi et j’ai commencé à faire du bénévolat pour DIRA-Laval, un organisme communautaire à but non lucratif qui vient en aide aux aînés victimes d’abus et de maltraitance. On m’a engagée peu de temps après en tant qu’intervenante et recherchiste.
Avenues.ca: Ce travail n’avait donc rien à voir avec l’instrumentation de machines…
M.R.: En effet. Mais tout ce que j’avais appris chez Cascades pouvait m’être utile. Tous les logiciels que j’avais appris, Excel et autres, m’étaient utiles dans mes nouvelles tâches, qui me demandaient beaucoup de polyvalence.
Avenues.ca: Quelles étaient ces tâches?
M.R.: Je m’occupais de donner des renseignements aux personnes âgées qui faisaient appel à l’organisme pour les aider. Par exemple, au niveau financier, je pouvais contribuer à débrouiller des problèmes avec les impôts ou encore à leur trouver des informations au sujet des successions.
J’ai également contribué à la mise sur pied de différents projets, dont un qui s’appelait «Se rencontrer pour partager entre aînés». C’étaient des tables rondes où on allait à la rencontre d’aînés dans les résidences afin de savoir à quelles problématiques ils étaient confrontés.
J’ai fait un répertoire de ressources à utiliser en cas de problèmes et aussi pour les loisirs, car si c’est facile pour nous de travailler sur Internet, les aînés n’y ont pas nécessairement accès. On a donc distribué ce répertoire dans les résidences.
De plus, j’ai aidé à réaliser des capsules vidéo pour que les gens qui vivent différentes problématiques, comme l’intimidation, puissent trouver les ressources pour s’en sortir.
Je me suis occupée de faire la promotion de nos différents programmes et services, j’ai fait du secrétariat, je me suis occupée du site Internet et j’ai animé quelques conférences.
Avenues.ca: Vous en aviez beaucoup dans votre assiette!
M.R.: Oui, mais pour moi, ce travail était très facile comparé aux défis et au stress que je vivais chez Cascades. De plus, c’était tellement concret et valorisant!
Avenues.ca: On se doute que votre salaire n’était pas le même que chez Cascades. Est-ce que l’argent était moins important pour vous à ce moment-là?
M.R.: Oui. Rendue là, je voulais surtout avoir une bonne qualité de vie. C’était très valorisant de pouvoir trouver des solutions aux problèmes des aînés. Ce travail m’a apporté une grande richesse intérieure.
À 65 ans, j’ai diminué à deux jours par semaine et j’ai officiellement pris ma retraite à 67 ans.
Avenues.ca: Quels sont vos plans pour l’avenir?
M.R.: Je veux continuer à m’engager envers autrui. J’ai l’intention de continuer à m’engager dans différents projets. J’ai l’énergie et les outils pour le faire. Et ça donne un sens à ma vie.
Avenues.ca: Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui désire changer de carrière?
M.R.: Il faut persévérer et travailler.
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