Les Cowboys façon Cirque du Soleil, un fringant spectacle à Trois-Rivières
Que le temps passe vite! Cette semaine, c’était déjà le temps de retourner à Trois-Rivières pour voir le cinquième spectacle de l’excellente série Hommage que le Cirque du Soleil présente à l’Amphithéâtre Cogeco depuis 2015.
Après Beau Dommage, Charlebois, Plamondon et Dédé Fortin, on a rendez-vous cette année avec la musique des Cowboys Fringants. La recette est infaillible, car j’ai été encore une fois sous le charme, même si ce n’est pas un groupe dont je connais très bien le répertoire.
En vingt ans de carrière, Jean-François Pauzé, Karl Tremblay, Marie-Annick Lépine et Dominique Lebeau ont écrit et composé une centaine de chansons qu’ils ont enregistrées sur dix disques originaux. Tout un défi pour l’équipe de création du spectacle Joyeux calvaire de n’en retenir que seize. La majorité des titres choisis viennent d’Octobre (2015), leur plus récent disque, et de Break syndical (2002), celui qui les a mis en orbite.
Comme par les années passées, c’est le musicien Jean-Phi Goncalves qui a eu la tâche d’arranger le matériel country-folk que le groupe originaire de Repentigny a enregistré à différentes époques pour qu’il se prête à un spectacle de cirque. Le résultat est encore une fois stupéfiant.
Que l’on connaisse les chansons par cœur, comme c’était le cas pour nombre de spectateurs, ou qu’on les découvre pour la première fois, le son parfait de l’Amphithéâtre Cogeco permet d’apprécier les textes des Cowboys Fringants, une des raisons principales du succès du groupe. C’est qu’on peut se reconnaître facilement dans ces histoires inspirées du quotidien, empreintes de nostalgie, festives ou revendicatrices.
Et le cirque dans tout ça? Eh bien, il réussit à propulser l’univers très singulier des Cowboys Fringants dans une autre dimension. Par exemple, la très belle chanson Toune d’automne est servie par un numéro de main à main prodigieux dans lequel l’habituel côté sensuel est remplacé par une approche plus fraternelle car, après tout, la chanson raconte le bonheur d’un frère de retrouver sa sœur partie depuis trop longtemps dans l’Ouest canadien.
On a gardé l’approche plus passionnée pour Bye bye Lou. La chanson évoque un couple qui peine à se séparer. Pour en recréer l’esprit, on a mis en scène deux acrobates sur un cadre russe. Le porteur lance sa partenaire et la rattrape après qu’elle ait fait une ou deux pirouettes dans le vide. Ça se termine avec une dernière cascade, les yeux bandés. Époustouflant.
Pour illustrer Plus rien, texte plus engagé sur l’avenir de la planète, on a fait appel à un appareil qu’on voit rarement au cirque, la corde pendule, une corde qui glisse sur deux poulies. Dans ce duo, à chaque bout de la corde, les acrobates utilisent leur poids pour faire monter ou descendre leur partenaire, tout en faisant des figures aériennes. Très original.
Il y a aussi beaucoup d’originalité dans la conception du numéro de hula hoop, qui ne se contente pas de faire tourner des cerceaux autour des hanches. L’artiste compose plutôt des formes en manipulant ses accessoires de scène avec la dextérité d’une magicienne.
J’attendais avec beaucoup d’impatience la chanson Les étoiles filantes. J’ai été un peu déçu par ce qu’on en a fait. C’était peut-être le numéro aérien de trop dans ce spectacle qui en compte beaucoup.
Dans un registre plus humoristique, parce qu’il fallait bien au moins une chanson de party des Cowboys, il y a une démonstration d’unicycle avec le fameux clown de La dévisse qui peine à rester sur sa monture.
Chaque année, le Cirque du Soleil fait l’effort d’intégrer des artistes de la région à sa production. Cette fois-ci, ce sont les danseurs de District V, une troupe de Trois-Rivières dirigée par le chorégraphe Vincent Desjardins, un habitué des émissions de danse comme Révolution, Les dieux de la danse et So You Think You Can Dance. Énergiques et extrêmement serrés dans leurs mouvements, les danseurs soulèvent la foule à chacune de leur apparition, particulièrement lorsqu’ils dansent sur la chanson Droit devant, une prestation tout simplement électrisante, pour ne pas dire «éclaboussante», puisqu’ils s’exécutent dans un bassin d’eau.
Le spectacle se termine dans l’apothéose avec un numéro où on s’est mis la barre haute. Généralement, on laisse les barres fixes aux acrobates russes, mais ici, la petite troupe de Joyeux calvaire s’acquitte très bien de la tâche. Je suis d’ailleurs toujours surpris de voir le niveau très relevé des productions présentées à Trois-Rivières. Ce n’est pas parce que le spectacle n’est à l’affiche que pour un mois qu’on lésine sur les moyens et les efforts. Il y a beaucoup de cœur au ventre dans les spectacles présentés à l’Amphithéâtre Cogeco. Encore une fois, la proposition du Cirque du Soleil constitue une valeur sûre.
Pour ce qui est des Cowboys Fringants, après une participation au prestigieux Paléo Festival de Nyon, en Suisse, la semaine prochaine, le groupe sera de retour au Québec début août. Il donnera de multiples spectacles, du Festival du cochon de Sainte-Perpétue au Mile Ex End de Montréal, en passant par le Festivent de Lévis et le Festival de la Curd de Saint-Albert, en Ontario.
Finalement, Les Cowboys Fringants promettent un nouveau disque pour l’automne. Il sera suivi d’un nouveau spectacle. La tournée commence le 1er novembre à Victoriaville.