Vacances africaines
En vacances au Sénégal, voici un avant-goût des merveilles que j'ai découvertes au fil des dernières semaines.
Je pourrais vous parler de la Réserve de Bandia, où j’ai vu girafes et rhinocéros et mangé un hamburger d’antilope, de ma visite des marchés animés de Dakar, de la troublante île de Gorée, de mes promenades en pirogues dans les bolongs du Sine Saloum, de la symphonie des oiseaux qui m’a tirée de mes rêves au fabuleux Bonobo Lodge, de cette reine d’une île du delta du Saloum qui m’a rappelé Céline Dion, de l’odeur infecte des potions des lutteurs sérères à Mbelane, des huîtres délicieuses ramassées par ma fille sur les racines des palétuviers ou de ce guérisseur spécialisé en morsures de serpent croisé au Centre Malango, à deux pas de l’hôtel du même nom, à Fatick.
Je pourrais divaguer pendant des heures en évoquant Senghor, poète et premier président de la République du Sénégal dont l’héritage est partout; vous dire à quel point j’ai croisé des gens charmants, comme Anne Catherine de La Source aux Lamantins, Djibi et Mamadou, guides passionnés et passionnants, et Issa, acteur de l’industrie touristique à l’enthousiasme contagieux; vous vanter les multiples initiatives du village de Djilor Djidiack, où l’association de lutte traditionnelle finance une foule de projets, y compris une école; et me perdre dans mes souvenirs de Sobo Badè, oasis de créativité à Toubab Dialaw créée par un Haïtien idéaliste au parcours incroyable.
Mais pas tout de suite.
Pas déjà.
Pour le moment, je veux rester lovée dans cette bulle de vacances qui me ressuscite après des mois d’insécurité et de questionnements, ce cocon refuge douillet même sans eau chaude ni fromage.
J’ai envie de savourer les dernières secondes de ce voyage rempli de chaleur humaine, d’entendre encore et encore les éclats de rire de cette famille qui vit beaucoup trop loin, d’apprendre de nouveaux mots de sérères, langue de l’une des ethnies du pays, de profiter des 25 à 30 degrés quotidiens et des forfaits de données à petit prix qui m’ont même permis de regarder une partie du Bye Bye sur l’iPhone sur la route, dans un énième embouteillage.
Même s’il me sera toujours difficile de manger avec ma main dans le plat commun comme les Sénégalais, que j’ai une sainte horreur des oignons qui sont PARTOUT et du café instantané, que tout me semble compliqué, y compris me laver et me déplacer, que la circulation est infernale, que l’odeur des pots d’échappement me donne l’impression de m’empoisonner à petit feu, que la poussière me fait éternuer, que les déchets me semblent plus envahissants que jamais, que les gens roulent comme des fous et que le riz, ça commence à bien faire, je resterais encore quelques semaines à sillonner le Sénégal, ce pays que j’ai adopté il y a maintenant 15 ans en épousant un des leurs.
J’ai ralenti mon pas, plongé dans sa culture et compris un peu mieux son histoire et ses croyances complexes. Au cours de ce troisième voyage au pays de la Teranga («hospitalité» en wolof), j’ai aussi pleinement assumé ma condition de touriste et visité des sites que bien des Sénégalais ne voient jamais.
Surtout, j’ai retrouvé le bonheur de voyager à mon rythme, au gré de mes envies et avec ceux que j’aime. Je repars avec des tas de sujets de reportages, des souvenirs précieux et une envie folle de revenir le plus tôt possible. Un mois, c’est encore trop court.
Merci, Sénégal.
P.S. – Bonne année!
Merci à Air France, grâce à qui ce voyage a été possible. Merci aussi à Village Monde!