Le Portugal en mai
Le Portugal n’a rien à envier à ses voisins, l’Espagne et la France. Son ouverture sur l’océan Atlantique avec 832 km de côte, sa longue et riche histoire, son climat tempéré, sa population chaleureuse (10 millions d’habitants) en font une destination à la fois simple, agréable et sécuritaire. En plus, à chaque pas sur les pavés de Lisbonne, Porto et Cascais, il y a quelque chose à photographier. J’en suis revenu avec plein d’images à partager.
Le Monument aux Découvertes
Au 15e siècle, commandités par les rois, des capitaines de bateau partaient du Portugal pour découvrir le monde. En 1960, on a construit un monument qui rend hommage aux explorateurs portugais. Dressé sur le bord du fleuve Tage, il représente une caravelle réunissant sur son pont les plus grands navigateurs et intellectuels de cette époque d’aventures sur les mers du monde.
Hommage aux navigateurs
Henri le Navigateur se tient à la proue, suivi d’Alphonse V, un roi que l’on a surnommé l’Africain à cause de ses conquêtes dans le nord de l’Afrique, et de Vasco de Gama, qui a découvert la route maritime vers l’Inde. Parmi les valeureux explorateurs, il y a aussi Bartolomeu Dias, qui a transformé le cap des Tempêtes en cap de Bonne-Espérance, Pedro Alvares Cabral, découvreur du Brésil, et Magellan, premier Européen à traverser le Pacifique Sud et à faire le tour de la terre par les mers.
C’est beau, vu d’en haut
Quand on arrive à Lisbonne par avion par beau temps, on peut voir le Monument aux Découvertes par le hublot.
Quand on monte au sommet du monument, l’observatoire offre une vue panoramique sur 360 degrés. À nos pieds, la plus monumentale des mosaïques en pavés du pays. L’œuvre de l’architecte Luis Cristino da Silva s’appelle La rose des vents.
Vestiges du passé
Témoin du glorieux passé du Portugal, la tour de Belém a été érigée de 1514 à 1519 pour assurer la défense de Lisbonne et accueillir les marins portugais qui revenaient de leurs grandes expéditions.
Quand je compare la photo que j’ai prise de la tour de Belém en 1973, il y a 51 ans, il n’y a finalement pas tant de différences, sauf en ce qui a trait à la qualité de l’image. Dix ans après cette photo de la tour, en 1983, ce monument était inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le monastère des Hiéronymites a également été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983. Sa première pierre a été posée en 1502. Le fait que cet ensemble conventuel construit dans le style manuélin ait échappé au séisme qui a complètement détruit Lisbonne en 1755 lui donne une grande valeur patrimoniale.
Le pays de la céramique
Au Portugal, l’architecture se distingue par l’utilisation de la céramique. Un héritage des Maures que les Portugais ont mis à leur main en favorisant le bleu dans leurs azuélos, inspirés jadis par les Hollandais (qui eux-mêmes imitaient les porcelaines chinoises). La céramique est encore très utilisée. Ici, la vieille Chapelle des âmes de Porto côtoie la très moderne station de métro Bolhao.
L’Histoire racontée en bleu cobalt
Les azuélos des siècles derniers racontent des histoires. Et l’histoire du Portugal a souvent été tumultueuse. On ne fait pas de conquêtes sans quelques batailles. Celle d’Aljubarrota contre les Castillans en août 1385, représentée ici, a été très violente, mais les Portugais l’ont remportée.
C’est sur la devanture du pavillon Carlos Lopes, dans l’immense parc Édouard VII, qu’on peut voir cette image de la bataille d’Aljubarrota. Cet édifice a été initialement construit au Brésil en 1922, une colonie du Portugal, pour être ensuite démonté et reconstruit en 1932 à Lisbonne.
Le poumon vert de Lisbonne
Au cœur de la ville, le parc Édouard VII procure aux habitants de Lisbonne un espace vert manucuré à la française. En ce 50e anniversaire de la Révolution des Œillets qui a ramené la démocratie au pays le 25 avril 1974, on ne peut faire autrement que voir le chiffre 25 dans le motif des haies. Cette date est historique au Portugal.
Un monument dédié au 25 avril 1974
Depuis avril 1997, une installation de l’artiste Joao Cutileiro évoque le 25-Avril au faîte du parc Édouard VII. On distingue bien l’œillet rouge, la fleur emblématique de cet événement historique, dans ce monument surplombé d’un immense drapeau du Portugal.
Quand l’art contemporain s’invite au Portugal
Le jour de notre passage au parc Édouard VII, le mystérieux artiste Superlinox, le Bansky portugais, volait la vedette au monument du 25-Avril. Il avait installé trois oursons aux couleurs du Portugal sur le garde-corps de l’observatoire. L’œuvre s’appelle Conférence de presse 2024.
Si vous aimez l’art public, une visite du site de l’Exposition universelle de Lisbonne de 1998 s’impose. Parmi les œuvres qui piquent la curiosité, Les baigneuses du Tage, des sculptures en marbre de femmes qui se baignent dans un bassin, une autre installation de Joao Cutileiro.
Lors de notre marche sur la promenade qui longe le Tage, entre Belém et le pont du 25-Avril, nous sommes tombés sur une œuvre monumentale de Joana Vasconcelos intitulée Solitario #1. Elle représente une bague de mariage faite de 110 jantes de voiture dorées, surplombées d’un diamant constitué de 1 450 verres de whisky en cristal.
Une visite de la citadelle Pestana de Cascais (ville de villégiature en banlieue de Lisbonne) est à mettre à l’agenda si vous êtes amateurs de sculptures. Celles de Rogério Timotéo sont fabuleuses.
La citadelle a été transformée en hôtel de luxe par la chaîne portugaise Pestana. Par la cour intérieure, on a accès à des galeries d’art, des ateliers d’artistes, un bar, un restaurant-terrasse et une librairie. Ne vous laissez pas intimider, on peut déambuler sans frais dans cet espace d’un grand raffinement.
Chose qu’on ne voit pas tant chez nous, l’art public portugais s’intéresse souvent aux gens ordinaires, comme cette sculpture de José Joao Brito qui commémore une tragédie survenue en décembre 1947, lorsqu’une tempête a causé la mort de 152 marins, laissant dans le deuil 72 femmes et faisant 152 orphelins.
À Lisbonne, un monument rend hommage aux caloceteiros. Pour moi, les paveurs, ces ouvriers qui font les chaussées en pavés, sont des héros. À genoux, ils posent les petites pierres blanches ou noires, une par une, en créant souvent des motifs hallucinants.
Quand les trottoirs font la vague
Parlant de motif hallucinant, celui de la place Rossio de Lisbonne est des plus impressionnants. Appelé mar largo (mer large), ce motif évoque la rencontre du Tage et de l’océan Atlantique. On le doit au lieutenant général Eusébio Pinheiro Furtado, en 1842. La ville de Rio l’a repris pour son bord de mer à Copacabana en 1905.
La place du 5-Octobre de Cascais, avec sa statue de Dom Pedro I (roi du Portugal au 14e siècle), a aussi sa calçada en forme de vagues.
À mon premier jour, je me suis émerveillé devant la surface sur laquelle je marchais. C’est doux à chaque pas. Et parfois glissant.
Au dernier jour de mon voyage, un lundi matin, j’ai fait un détour pour immortaliser des paveurs à l’œuvre. Je m’agenouille à mon tour devant leur travail.
L’architecture dans toutes ses incarnations
Au Portugal, l’architecture se décline de toutes sortes de manières, au gré des époques. Le palais national de Pena, à Sintra, un des monuments les plus visités du pays, mélange allègrement styles mauresque, baroque, gothique, renaissance et manuélin.
Les guides touristiques racontent qu’il fût un temps où plus la devanture d’un édifice était ornementée de céramique, plus le compte de taxes était élevé.
Il y a plusieurs vestiges de l’art déco, le cinéma Bathala de Porto en est un exemple.
L’ascenseur Santa Justa de Lisbonne, construit en 1900, est typique de cette époque où le fer forgé devient une forme d’art.
Du côté de l’architecture industrielle, la centrale Tejo, qui a déjà éclairé toute la ville de Lisbonne, a été transformée en musée de l’électricité. Il est intégré au MAAT, le musée d’art, architecture et technologie.
Le musée d’art, architecture et technologie (MAAT) est un projet de l’architecte britannique Amanda Levete. De la promenade qui longe le Tage, on dirait la lame d’une vague.
Comme à la Philarmonie de Paris de Jean Nouvel, on peut gravir le toit du MAAT pour accéder à un observatoire.
Cet édifice en béton de Porto récemment inauguré abrite, sous son toit vert, une gare d’autocars!
Quel système de transport public!
Au Portugal, on évite de s’embarrasser d’une voiture. Les transports en commun sont efficaces pour vous transporter de n’importe quel point A vers tous vos points B, et ça, quel que soit l’âge du matériel roulant.
La mer qu’on voit danser
La mer n’est jamais loin au Portugal. À Guincha, on fait du surf.
À Cascais, on fait bronzette.
À Matosinhos, on prend l’apéro. En passant, ne manquez pas d’essayer le nouveau cocktail à la mode au Portugal: le Porto Tonic.
Et pour finir
Avant de partir, on déguste une dernière pastel de nata pour son goût doux et onctueux qui donne envie de revenir.