Photo: Julie Chaumont

Journal de bord d’une croisière de 7 jours en Martinique

Fin janvier, j’ai reçu une invitation qui m’a prise un peu au dépourvu: me joindre à un équipage pour une croisière de sept jours en Martinique à bord d’un catamaran plutôt luxueux. Moi qui n’ai pas d'expérience de voile, j’hésite un peu. Mais quitter le gris québécois de février pour aller naviguer sept jours sous le ciel bleu... Une invitation qui ne se refuse pas. Voici le journal de bord d’une non-initiée.


Jour 1: Rencontre avec l’équipage

Après cinq heures de vol, j’atterris en Martinique. Bien que j’aie reçu l’itinéraire de la croisière, je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. Qui seront les autres passagers? Et si le «fit» n’était vraiment pas bon?

Le taxi me dépose à la marina du Marin, lieu de rendez-vous avec Robert Corbeil, alias Capitaine Jack, et les membres de l’équipage. Dès le premier contact avec le capitaine, je suis rassurée. Sa voix est douce et apaisante. Je sais que je serai entre bonnes mains. Je fais aussi la rencontre de Jeff et Lyne, Raymond et Denise, puis Ilias – second du capitaine et cuisinier pour la semaine –, Caroline et Jérémy, le fils du capitaine, qui nous quittera deux jours plus tard.

Jour 2: Hisser les voiles pour le grand large!

Mouillage, taquet, chasser, affaler, lover… je découvre un nouveau langage. À l’exception de Lyne et moi, tous les membres de l’équipage ont un intérêt marqué pour la voile. Caroline, Ilias et Jérémy reviennent d’ailleurs d’une semaine de formation avec le capitaine. Je ne m’imaginais pas vivre une telle immersion dans cet univers qui m’était complètement étranger. Leur enthousiasme réussira peu à peu à me contaminer… C’est qu’il se passe vraiment quelque chose après avoir hissé les voiles. Quand on coupe les moteurs. Le calme. La sérénité.

Passé le rocher du Diamant, on met le cap sur les Anses-d’Arlet. Au loin, on aperçoit l’église Saint-Henri, bâtiment touristique emblématique. Pour aller la rejoindre, on saute à l’eau avec palme, masque et tuba. Sur la route: étoile de mer, corail, poissons multicolores. À destination: maisons colorées, kiosques de toutes sortes. Ça sent les fleurs, le sucre et le plaisir.

En début de soirée, nous allons manger au restaurant Le Littoral, judicieusement positionné en bordure de mer. Il y a tout juste 24 heures que j’ai fait connaissance avec l’équipage et, déjà, une complicité s’installe.

Le calme et la sérénité, une fois les voiles hissées. Photo: Julie Chaumont

Jour 3: Cap vers Saint-Pierre

Au moment de quitter les Anses-d’Arlet, une tortue aperçue à 11 h nous salue. Je suis déjà nostalgique de ce village plein de charme, mais impatiente de découvrir ce que me réserve la suite.

En naviguant au large, ce que je pensais être de petits oiseaux frôlant la surface de l’eau s’avère être des poissons volants. J’apprendrai qu’avec un vent favorable, ils peuvent voler sur plusieurs dizaines de mètres. Fascinant!

Après une traversée plus longue que prévu – un nœud dans le cordage de la petite voile et un mouillage un peu laborieux sur une bouée –, la baignade est plus que bienvenue. J’adore le concept de faire un saut à l’eau une fois «stationné». La température est parfaite. La vue sur la ville de Saint-Pierre et la montagne Pelée aussi.

Après la baignade, on prend l’annexe – le bateau pneumatique accroché à l’arrière du catamaran – pour se rendre sur terre et visiter brièvement Saint-Pierre. Je m’émerveille de tout. De la nature qui reprend ses droits dans une maison abandonnée. De la montagne Pelée qu’on aperçoit à l’extrémité de chacune des rues. De la gentillesse des habitants qui m’adressent la parole.

On revient à bord du catamaran au coucher de soleil. Ce soir, Ilias nous a cuisiné un repas auquel je repenserai longtemps.

On finit la soirée sur la proue, allongés, à regarder les étoiles. On partage des anecdotes et des petits bouts de nos vies dans cette ambiance céleste. Je suis merveilleusement bien.

La nature reprend ses droits dans une maison abandonnée. Photo: Julie Chaumont

Jour 4: Visites au menu

Le chant des coqs, au loin, me réveille. Si ça donne l’impression d’être sur terre, le mouvement des vagues me rappelle qu’il n’en est rien. Au menu, aujourd’hui: visite de la distillerie Depaz et randonnée vers la cascade Couleuvre.

Le chauffeur de taxi qui nous transporte à chacune de ces destinations nous en apprend un peu plus sur la situation à Saint-Pierre. Le développement du tourisme au grand dam des pêcheurs, l’arrivée massive de réfugiés dominicains et haïtiens… La beauté d’un paysage cache parfois de lourdes histoires.

La cascade Couleuvre. Photo: Julie Chaumont

Jour 5: Cap vers Fort-de-France

Au moment de quitter Saint-Pierre, le chapeau de nuages est revenu coiffer Pelée. L’équipage hisse les voiles vers le grand large. Je suis seule sur la proue. Je me perds dans la contemplation du paysage. Et du large. J’en arrive à comprendre pourquoi on choisit la voile, pourquoi on choisit de voyager sur l’eau plutôt que sur la terre. Tout est plus calme, tout est plus grand.

Nous mouillons l’ancre en chemin pour dîner et nous baigner. Quand je disais que je comprenais pourquoi on choisit de voyager sur l’eau… ce rythme est parfait.

Arrivés à Fort-de-France, on prend un rhum punch sur la proue du bateau. Je me surprends à regarder vers le large plutôt que vers la ville. Il s’est vraiment passé quelque chose aujourd’hui. Est-ce que ce sera mon seul voyage de voile? J’en doute…

Au moment de quitter Saint-Pierre, le chapeau de nuages est revenu coiffer Pelée. Photo: Julie Chaumont

Jour 6: Cap vers Sainte-Anne

On reprend le large avant midi. Direction Sainte-Anne. Au grand large, je prends place sur le petit banc à la proue du catamaran. J’ai l’impression d’être dans un manège. En plongeant mon regard dans le bleu des vagues, là, à mes pieds, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens que la mer a avalés.

Nous mouillons l’ancre à Sainte-Anne vers 15h30. On n’est pas les seuls! L’endroit est très fréquenté. La présence du Club Med Les Boucaniers doit y être pour quelque chose. La couleur de l’eau aussi!

En prenant l’apéro sur la proue du bateau, on parle des voyages et de la vie sur un voilier. On échange sur nos vies, nos espoirs. C’est beau ce qu’on est rendus à partager. La proximité a tissé des liens qui, je l’espère, se prolongeront au-delà de ces sept jours.

Après un autre délicieux souper à bord – marqué par un gâteau au fromage auquel je repense tous les jours, depuis –, on retourne sur la proue pour jouer à des jeux. La soirée sera marquée par le rire contagieux de Lyne. Une autre soirée parfaite.

En plongeant mon regard dans le bleu des vagues, là, à mes pieds, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens que la mer a avalés. Photo: Caroline Letourneau

Jour 7: Cap vers les Salines

Le soleil se lève. Ce matin, on pourrait aller au mouillage sur mes joues. Je suis triste de cette fin imminente. C’est fou les émotions que j’ai pu vivre en si peu de temps. Fou comment je me suis attachée à des personnes que je connais depuis moins d’une semaine. Le voyage a le pouvoir de jouer avec le temps. Et la voile a celui de nouer des amitiés. Je sais qu’il me sera impossible de ne pas pleurer au moment de tous les quitter.

On mouille l’ancre devant la plage des Salines. L’eau est turquoise. Les vagues se fracassent au loin. Le soleil brille. Tout est en place pour nous permettre de savourer, une dernière fois, ce que les Antilles ont de meilleur à offrir.

Au souper, Capitaine Jack demande quel a été notre moment fort du voyage. Je me repasse le film des derniers jours. La première soirée, à la marina, où un gars dansait comme s’il n’y avait pas de lendemain. Le snorkeling aux Anses-d’Arlets. Le fou rire – le premier d’une longue série – au restaurant Le Littoral. La randonnée à la cascade Couleuvre. Les soirées à contempler les étoiles. Les délicieux repas partagés. Comment choisir un seul moment? Il y en a trop. À bien y penser, ce qui m’a le plus marquée, c’est la complicité qui s’est installée. «Mon moment fort, c’est vous.»

Après ce dernier souper, on s’allonge sur la proue. Ce soir, le ciel a allumé ses plus belles étoiles. Et nous offre même un défilé d’étoiles filantes. L’ambiance est propice aux confidences. On rit. On pleure. Je voudrais figer le temps.

Eau turquoise, vagues, soleil... ce que les Antilles ont de meilleur à offrir. Photo: Julie Chaumont

Jour 8: La fin du rêve

Retour à la marina du Marin. Les valises sont prêtes. Le taxi vers l’aéroport de Fort-de-France est en route. Je quitte la Martinique avec une peau bien bronzée, le cœur rempli et un film de souvenirs à me repasser inlassablement lorsque la nostalgie m’attrapera.

Je serai infiniment reconnaissante envers ma collègue Marie-Julie Gagnon, qui m’a proposé de prendre sa place, et envers Robert Corbeil, le capitaine… et un sacré bon Jack!

Si ce récit vous a donné envie de partir, voici quelques informations utiles:

  • Martinique, Guadeloupe, Croatie, Italie… Voile Capitaine Jack propose des croisières dans le Sud et en Europe. Celles-ci sont entièrement personnalisables.
  • Une offre de croisière gastronomique est dans les projets de Capitaine Jack. À surveiller!
  • Prix de la croisière en Martinique: 1990$ par personne pour une cabine double avant en occupation double (vous pourriez être jumelé avec quelqu’un que vous ne connaissez pas); 2290$ par personne pour une cabine double arrière en occupation double; 3290$ par personne en occupation simple dans une cabine double avant. Ce prix inclus l’accès au voilier et la navigation d’une île à l’autre, les frais de caisse de bord, les petits déjeuners, lunchs, cocktails dînatoires pour les 5 à 7 et soupers à bord. Le prix n’inclut pas le billet d’avion, le transport en taxi, l’alcool et les soupers au restaurant.
  • J’ai eu la chance de naviguer sous un ciel bleu pendant sept jours. Évidemment, ce n’est pas toujours le cas. Parce que le mal de mer pourrait transformer votre croisière en enfer, un conseil: vérifiez que la voile est faite pour vous en participant à un 5 à 7 d’initiation sur le lac Saint-Louis. Tous les détails ici.
  • Envie d’apprendre à naviguer? Une foule de formations, pour tous les niveaux, sont offertes par Voile Capitaine Jack.

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