Ce qu’on nous a caché à propos du sucre
Le nouvel (même si pas si nouveau) ennemi à abattre en cuisine? Le sucre. Cela fait des années qu’on en parle, mais le sujet semble disparaître comme un carré de sucre dans un café. Cependant, un documentaire remet le débat au goût du jour… au moins pour quelques temps.
Dans Sugar Coated («Enrobé de sucre»), de la canadienne Michèle Hozer, on compare l’industrie du sucre à celle du tabac. Comme celle-ci, elle «roule les consommateurs dans la farine» avec ses campagnes marketing, elle cache certaines recherches et en finance d’autres pour leur faire dire ce qu’elle veut bien.
Puis, tout comme le tabac, le sucre est pointé du doigt dans l’augmentation de certaines maladies comme l’obésité, le diabète, les cancers, les maladies cardio-vasculaires et même l’Alzheimer. En 2013, un journaliste du New York Times allait jusqu'à affirmer que le sucre était le principal problème lié à notre alimentation. Des scientifiques défendent même une thèse selon laquelle il serait carrément un produit toxique.
Mais ce n'est pas assez: Sugar Coated affirme que la consommation mondiale de sucre a augmenté de 46% au cours des 30 dernières années.
Un ennemi bien caché
L’arrivée sur le marché de plus de produits transformés est mise en cause ainsi que la popularité des boissons sucrées. Mais là où le bât blesse, c’est que l’ennemi se terre partout, même là où on s’y attend le moins. Dans le pain, le yogourt et même, le sel!
Ainsi, les adolescents canadiens consomment quotidiennement entre 30 et 41 cuillères à café de sucre alors que la portion recommandée par l'Organisation Mondiale de la Santé est de 10 à 12 cuillères à café par jour.
Des secrets bien gardés
Si on a l’habitude de prendre les mises en garde à propos du sucre à la légère c’est, selon la cinéaste qui a pu mettre la main sur des documents secrets, que l’industrie du sucre a réussi avec succès, grâce à une campagne de relations publiques, à nous faire croire que le sucre n’était pas si mauvais pour notre santé.
Malgré tout, les avertissements continuent d’affluer. Dans Sugar Coated, on affirme que des articles scientifiques sur le sujet étaient parus dans les années 1970, mais que l’industrie avait réussi à semer le doute sur ces dernières.
Aujourd'hui, une simple recherche sur le Web permet de parcourir des dizaines et des dizaines d’articles sur le sujet. Dans La Presse par exemple, on sonnait l’alarme en 2013 (Le sucre, doux poison), puis en 2014 (Le sucre toxique). Même chose en matière de vidéos et de documentaires. Sur Internet, on tombe sur «The bitter truth» (2009) «Fed Up» (2014) et «J’arrête le sucre» (2015), entre autres.
Mais, l'industrie du sucre est soutenue par de puissants lobbys qui cultivent une ambiguïté par rapport au danger du produit, tout comme le faisait l'industrie du tabac avant elle.
Aussi, fait intéressant et triste à la fois, la résistance à l'idée que le sucre puisse être néfaste s'explique, selon le journaliste scientifique Gary Taubes, auteur de «Bonnes calories, mauvaises calories», par le fait que dans notre culture, nous communiquons l’amour avec le sucre. «Les mères donnent des sucreries à leurs enfants. Que seraient les anniversaires sans le sucre? La Saint-Valentin? Alors, vous êtes mieux d'avoir des preuves assez convaincantes avant de dire aux gens de ne pas en consommer.»
De minces consolations
Franchement, parfois, moi, je n’en peux plus de toutes ces batailles à mener contre l’alimentation. Quand ce n’est pas les OGM, il faut se méfier du gras, se questionner sur le lait, mener la guerre, ou non, au gluten, éviter les gras trans et diminuer le sel. Il me semble que tout ceci aurait pu être évité si on nous avait, dès le début, dit la vérité. Parce qu’il n’est plus simple maintenant de reculer et de réapprendre à manger.
Mince consolation: l'Organisation Mondiale de la Santé a appelé les pays à réduire l'apport en sucres chez l'adulte et l'enfant. Ici, Santé Canada a révisé les normes d’étiquetage du sucre et regroupe les différentes appellations (glucose, fructose, sirop de maïs, miel, mélasse, etc.) sous le terme «sucres» dans la liste des ingrédients. On vise aussi à indiquer la portion quotidienne de sucre en pourcentage sur tous les produits vendus au pays.
Les questions restent nombreuses tout de même et le travail pour faire changer la situation, les mentalités et les envies est titanesque malgré toutes ces nouvelles qui, avouons-le, laissent en bouche un goût amer...