La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

Les femmes moins payées… et moins reconnues

L’Organisation des Nations unies (ONU) a fait du 8 mars, il y a longtemps, la Journée internationale des droits des femmes. Et si un de ces droits était non seulement d’être payées autant que les hommes pour un travail équivalent, mais aussi d’avoir droit à autant de reconnaissance publique de leurs exploits et de leurs réalisations? Si elles avaient droit, elles aussi, à la reconnaissance historique, sociale et médiatique de leur apport à la société?



En lien avec différents événements récents touchant les femmes, dont le fameux #Moiaussi, le journal Le Monde publiait le 1er mars dernier un dossier fort bien étoffé sur la revendication de la colère des femmes. Dans ce texte de la journaliste Anne Chemin, Fanny Bugnon, maîtresse de conférences à l’université Rennes 2, évoquait un passage d’Une chambre à soi de Virginia Woolf, paru en 1929, dans lequel l’écrivaine rappelle que pour Périclès, la plus grande gloire pour une femme consistait justement à ce que l’on ne parle pas d’elle…

Combien de femmes ont accompli des exploits qui ont été trop peu soulignés ou carrément passés sous silence, voire oubliés? Combien mériteraient beaucoup plus d’attention médiatique alors que leurs noms ne vous diront peut-être peu ou rien du tout? Et pourtant!

Issues de tous les milieux, mortes ou encore bel et bien vivantes, en voici quelques-unes, épatantes, qui ont marqué ou font leurs marques dans la société québécoise et canadienne. Et il y en aurait tant d'autres. Il fait bon se rappeler leur apport en ce 8 mars, sans oublier, toujours, que selon le Centre canadien de politiques alternatives, parmi les quelque 1200 dirigeants de 249 grandes sociétés publiques du Canada, les femmes ne gagnent que 0,68$ pour chaque dollar versé à leurs collègues masculins. Souvenons-nous de celles dont on parle trop peu, et le plus fort possible!

Éva Circé-Côté (1871-1949), première bibliothécaire de la Ville de Montréal

Photo: Wikimedia Commons

Journaliste et écrivaine, en plus d’être la toute première bibliothécaire de la Ville de Montréal – elle a contribué à mettre sur pied la Bibliothèque municipale de Montréal – ainsi que la conservatrice de la prestigieuse collection Philéas Gagnon, elle a aussi fondé un lycée laïque pour les filles. Elle a rédigé plus de 1800 textes dans une dizaine de journaux, sous plusieurs pseudonymes masculins, il va sans dire...
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Nahid Aboumansour, cofondatrice et directrice générale de l’entreprise sociale Petites-Mains

Photo: Facebook Petites mains

Nahib Aboumansour est arrivée au Québec au début des années 1990 pour fuir la guerre au Liban, où elle était professeure d’architecture. Puisque ses diplômes n’ont pas été reconnus chez nous, après s’être occupée de ses enfants pendant quelque temps, elle est devenue bénévole dans un organisme communautaire de Côte-des-Neiges. C’est au contact d’immigrantes qui cherchaient du travail, en vain, qu’avec sœur Denise Arsenault, sa complice des premières heures, elle met sur pied son organisme, Petites-Mains, qui favorise l’insertion sociale et professionnelle d’immigrantes, monoparentales et sans emploi, en leur offrant une formation professionnelle et une expérience de travail réelle.
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Josée Robidoux, brigadière-générale des Forces armées canadiennes

Photo: Facebook Josée Robidoux

Elle occupe le plus haut poste qu’ait eu une femme au sein des Forces armées canadiennes. Reçue à l’Ordre du mérite militaire en tant qu’officier en décembre 2017, elle fut nommée, en novembre 2015, l’une des cent Canadiennes les plus influentes de l’année par le Réseau des femmes exécutives.
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Amina Gerba, entrepreneure, présidente du conseil d’administration d’Entreprendre Ici, nouvel organisme de promotion de l’entrepreneuriat dans les communautés culturelles

Photo: Wikipedia

Arrivée du Cameroun en 1986, elle lance neuf ans plus tard Afrique Expansion, une entreprise de consultation et de relations publiques spécialisée en développement des relations d’affaires canado-africaines. Elle participe ainsi à l’essor d’une nouvelle image de l’Afrique, pleine d’opportunités. Présidente fondatrice des Laboratoires Kariliss inc. et cofondatrice de Flash Beauté inc., elle commercialise des produits de beauté à base de beurre de karité, et fait travailler dignement une trentaine de personnes au Québec et plus de 2000 femmes au Burkina Faso, qui reçoivent une partie des ventes et bénéficient d’un programme de microfinance qu’elle a mis en place.
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Marie Morin, première écrivaine de la Nouvelle-France (1649-1730) 

Photo: Collection des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph.

 En prononçant ses vœux solennels au noviciat des Hospitalières de Ville-Marie le 27 octobre 1671, sœur Morin devient la première moniale canadienne de Montréal. Elle est si douée pour les affaires et la gestion qu’en 1693, elle devient aussi la première supérieure canadienne de l’Hôtel-Dieu de Montréal. C’est à cette époque qu’elle commence la rédaction des Annales de lHôtel-Dieu, qu’elle poursuivra jusqu’à la fin de sa vie et dans lesquelles elle raconte son quotidien et celui de sa communauté. Sauvés de tous les incendies qui dévastèrent l’Hôtel-Dieu, ses mots constituent aujourd’hui un trésor très précieux pour l’histoire de Montréal et du Canada.
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Joséphine Bacon, poète innue et auteure phare du Québec 

Elle a travaillé comme traductrice-interprète auprès des aînés, ceux et celles qui détiennent le savoir traditionnel et, avec sagesse, elle a appris à écouter leur parole. Elle a reçu de nombreuses distinctions, participe régulièrement à des spectacles de poésie et collabore à des revues québécoises, européennes, tahitiennes, etc. Elle enseigne l’innu-aimum depuis plus de 40 ans et donne de nombreux ateliers d’écriture et conférences dans les universités, les cégeps et dans plusieurs communautés autochtones. Parallèlement, elle travaille à diverses traductions de l’innu-aimum vers le français. Son plus récent recueil de poésie s’intitule Uiesh – Quelque part (éd. Mémoire d’encrier).
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Notre chroniqueuse Claudia Larochelle en compagnie de Joséphine Bacon.

Louise Fréchette, ex-diplomate, ancienne vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations unies

Photo: Centre pour la gouvernance internationale

En devenant vice-secrétaire générale de l’ONU en 1998, elle devient la première femme à occuper une fonction aussi importante au sein de l’ONU, où elle fut d’abord ambassadrice du Canada de 1992 à 1994, après avoir été sous-ministre de la Défense canadienne au moment de sa nomination. Elle a quitté ses fonctions en 2006.
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Marjorie Théodore, présidente-directrice générale de Vues et Voix et présidente par intérim de l’Union francophone  des aveugles

Source: Immigrant Québec

D’origine haïtienne, après avoir grandi au Bénin, au Congo et au Gabon, elle s’installe au Québec pour terminer ses études. En plus d’être à la tête depuis 17 ans de Vues et Voix, organisme culturel, éditeur et diffuseur d’œuvres littéraires sonores exploitant aussi une antenne radiophonique de services spécialisés, elle a été associée aux négociations du traité de Marrakech, visant à faciliter l’accès des aveugles, des déficients visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture de textes imprimés aux œuvres. Elle est l’une des plus grandes promotrices du livre audio et du livre audio adapté au Canada et dans la francophonie, en plus d’être représentante officielle pour Vues et Voix à New York, au siège de l’ONU.
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Emmanuelle-Cynthia Foisy, secrétaire-trésorière de la CSN-Construction

Photo: CSN Construction

Charpentière-menuisière et spécialisée en finition intérieure, elle a accumulé près de 10 000 heures sur le terrain. Elle a été élue secrétaire-trésorière de la CSN-Construction lors du congrès de février 2018. Auparavant, en 2013, elle a été élue première femme présidente d’un syndicat régional de la construction. Elle est aussi responsable du comité de la condition féminine pour la fédération et de la Ligne Relais CCQ. Mère de deux enfants, elle participe chaque année à Construction camp d’été pour le Camp Vol d’été Leucan. Anecdote: lors d’un appel à la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour poser des questions à propos de ses assurances, elle se serait fait demander le numéro de carte de son mari, alors que c’est elle qui travaille dans le domaine de la construction…
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Marie-Ange Bouchard, fondatrice du réseau FADOQ 

Photo: Réseau FADOQ

En 1962, alors qu’elle était travailleuse sociale, elle a réuni un groupe d’hommes retraités à Saint-Jean-sur-Richelieu pour fonder le club «3 fois 20». Le club  qui était mixte créait du coup une ouverture pour les femmes dans les clubs sociaux en cette époque où commençait  à gronder le moteur de l’émancipation féminine. En 1969, ce mouvement social destiné aux aînés, qu’a initié Mme Bouchard, avait pris une telle ampleur que les premiers regroupements régionaux de clubs se forment en Mauricie et dans les régions de Québec et Chaudière-Appalaches. Un an plus tard, la Fédération de l’âge d’or du Québec – aujourd’hui Réseau FADOQ – est constituée en vertu de la Loi des compagnies de la province de Québec. C’est la plus grande association d’aînés au Canada, avec plus de 500 000 membres, 730 clubs, 16 regroupements régionaux et quelque 17 000 bénévoles.
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La dernière entrevue de Marie-Ange Bouchard

Marie-Joseph Angélique (1705-1734), esclave, symbole de la résistance des Noirs et de la liberté 

Photo: guygiard.artbabyart.net

Originaire du Portugal, c’est à titre d’esclave qu’elle débarque à Montréal, où elle est accusée en 1734 d’être responsable de l’incendie qui rase le quartier des marchands de la ville. Elle est condamnée, torturée et pendue. Il n’y a aucune preuve établissant qu’elle a allumé l’incendie. Son histoire nous rappelle également que les esclaves ont vécu au Québec et au Canada.
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Je craque pour…

Renée Claude, un hommage mérité

Née à Montréal en 1939 sous le nom de Renée Bélanger, elle a chanté les plus grands, tant européens que québécois, et rendu des hommages à Brassens, Ferré et Clémence Desrochers, en plus de contribuer à faire connaître le talent des auteurs-compositeurs québécois. Elle a marqué à sa façon et pour toujours la culture collective québécoise. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle vit depuis l’automne 2018 dans un CHSLD de la région montréalaise. Une interprétation spéciale de la chanson Tu trouveras la paix enregistrée par Céline Dion, Diane Dufresne, Ginette Reno, Louise Forestier, Isabelle Boulay, Luce Dufault, Laurence Jalbert, Ariane Moffatt, Marie Denise Pelletier, Marie-Élaine Thibert et Catherine Major sera offerte le 8 mars sur diverses plateformes. Les recettes seront versées à la Fondation du CHUM, plus particulièrement à un programme innovateur qui va s’intéresser à la santé des femmes. Une vidéo de style making of sera également diffusée ce jour-là. Mes respects, Renée Claude.
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On se fait plaisir deux chansons qui montrent l'étendue de son répertoire et de son registre. La première Ce soir je fais l'amour avec toi, était bien de son temps, celui où les femmes affichaient enfin leur sexualité et leurs désirs.

La deuxième, une chanson de l'opéra Nelligan où la voix de l'interprète sert très bien un magnifique texte.