La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

ICI Explora secoue nos petits écoliers à la rentrée

Quand j’étais petite fille et que je ne finissais pas mon assiette, mes parents me répétaient ad nauseam qu’il y avait des enfants en Éthiopie qui, eux, les mangeraient bien mes restes... J’ai donc longtemps terminé mes repas en imaginant le visage émacié d’enfants pauvres et affamés. La force symbolique de ceux qui l’ont pire que moi m’aide encore aujourd’hui à me la fermer, moi, grande privilégiée de ce monde, à relativiser mes «grands» drames existentiels… «Tiens, pendant ce temps en Syrie…», que je me disais encore hier en me lamentant de mes interminables nausées de grossesse.

Si, à l’époque où je chialais au sujet du trop long trajet d’autobus scolaire pour me rendre à l’école, du goût horrible des hot chicken de la cafétéria ou de l’odeur infecte de l’haleine du prof de maths, mes parents m’avaient fait visionner Chemins d’école, chemins de tous les dangers, dont le premier épisode de cinq a été diffusé sur ICI Explora le 22 août dernier, à quelques jours de la rentrée scolaire, je pense que je l’aurais même embrassé goulûment, le prof de maths!

Jusqu’au 26 août, à 20 heures, vos enfants et vous pourrez regarder cette série documentaire captivante qui suit des enfants de cinq pays du monde qui doivent affronter l’impensable afin de se rendre en cours. Rien à voir avec les risques de se faire offrir des bonbons par un inconnu en Amérique du Nord…

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En Éthiopie, dans le premier épisode qui fait son effet, les petits, des garçons surtout, doivent marcher deux heures à l’allée et deux heures au retour, en plein désert par des températures suffocantes, pour aller s’asseoir en classes et ainsi, peut-être, espérer un avenir plus confortable que le quotidien de leurs parents. En plus de la chaleur, les petits doivent faire attention aux tempêtes de sable qui pourraient les faire dévier de leur chemin et se perdre, sans compter les risques d’évanouissement et l’absence totale d’ombre ou d’eau sur leur route.

Les épisodes d’une heure se déroulant au Nicaragua, en Mongolie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Mexique se succèderont jusqu’à la fin de la semaine. Il n’y a rien de plus sûr qu’après avoir visionné cette série, ne serait-ce même qu’un seul épisode, les écoliers ne verront plus le confort de leur vie estudiantine de la même manière. Les images sont fabuleuses, tout comme les regards de ces enfants qui tiennent à l’instruction plus qu’à tout le reste. Parce que s’instruire, c’est devenir libre. Ici, on l’oublie trop souvent. À voir absolument. 

JE CRAQUE POUR…

Andréanne Sasseville et Anne-Marie Séguin, deux femmes de télévision pures et inspirantes, des vraies.

La première anime chez SiriusXM et fait une place aux artistes émergents en musique. Lors d’une entrevue accordée au chanteur Philippe Brach (Entretien dans le foin), elle s’est exprimée avec courage, sincérité et générosité (tellement!) au sujet du cancer du sein génétique de stade 4 qu’elle combat depuis 2014. Ça aussi, ça vous ébranle le sens des priorités dans le temps de le dire… Je ne la connais pas personnellement, mais si je la voyais, je pense que lui sauterais au cou pour l’embrasser.

La seconde, Anne-Marie Séguin, a longtemps travaillé dans les coulisses du petit écran. Depuis quelques années, la jeune quinquagénaire nouvellement grand-mère avait accepté sa mort prochaine causée par un cancer, incurable pour elle aussi. La vision singulière qu’elle avait de la maladie et de son propre départ, sa manière sereine et paisible de la communiquer, entre autres à travers son compte Facebook suivi par une communauté de près de 7 000 abonnés, l’a fait connaître du grand public. Elle est décédée le 20 août dernier entourée de ses proches. Mes sincères sympathies à sa famille et un merci infini à Anne-Marie pour la transmission et l’héritage.

Photo: Facebook Anne-Marie Séguin.
Photo: Facebook Anne-Marie Séguin.