La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

festival

De Montréal à Montebello, la province cartonne fort

musique

Il a conquis mon coeur. Fort. Celui de pas mal de monde d'ailleurs puisque son nom (et quel nom aux consonances inspirantes!) est évoqué partout par les temps qui courent. David Altmejd. À couper le souffle. Reconnu pour ses créations inspirées entre autres par le loup-garou, figure mi-animale mi-humaine, ce sculpteur New-Yorkais né à Montréal en 1974 se distingue pour sa capacité à mettre en relief la force des liens antinomiques comme la beauté versus la laideur et ce que ce rapport surprenant bouscule en nous, chacun avec notre imaginaire, nos fantasmes, nos peurs et obsessions. Ça remue, donc c'est bon.

Si on en parle tant, c'est parce que son oeuvre majeure The Flux and the Puddle est présentée jusqu’au 13 septembre au Musée d’art contemporain (MAC) de Montréal, prêtée par la Collection Giverny Capital. Puis, elle traversera le Pont Pierre-Laporte pour s'installer au Musée national des beaux-arts de Québec (MNBAQ) pour les dix prochaines années. Dix!!! Une salle lui sera d’ailleurs dédiée au Pavillon Gérard-Morisset, à compter de 2016. Au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, où il était l'hiver dernier, ça a été reçu de manière magistrale. Ça coincide tellement avec l'époque actuelle; alors que les corps, les genres, les valeurs, nos relations à eux sont redéfinis. Il tombe bien, ce Altmejd.

Francofolies à tendance vintage

Si le sculpteur de 41 ans s'avère avant-gardiste, la ville de Montréal semblait pour sa part vibrer à la nostalgie durant ses Francofolies qui se terminaient le 20 juin. Bien entendu, la programmation était parsemée ici et là de concerts mettant en vedettes les Soeurs Boulay, Dumas, Julien Doré, Salomé Leclerc, Damien Robitaille, Éric Lapointe, Charles Dubé, Alfa Rococo, etc., or, difficile de ne pas constater à quel point en musique (et en politique provinciale...) le vintage a la cote.

Des souvenirs, si vous en vouliez, vous en aviez volontiers durant cette 27e édition avec le spectacle d'adieu de la grande Juliette Greco, toute de noir vêtue et élégante du haut de ses 88 ans; celui en hommage à Gerry Boulet, À grands coups d'amour, présenté sur la scène Bell avec des Alexandre Désilets, Alex Nevsky, Fred Fortin, Daniel Boucher, Antoine Gratton ou Isabelle Boulay; sans oublier, Piaf a 100 ans, Vive la Môme!, mis en scène par nul autre que Yann Perreau avec Betty Bonifassi, Marie-Thérèse Fortin, Sylvie Moreau, Florence K., Yves Desrosiers, Quartom, Daniel Lavoie et Martha Wainwright.

Bien sûr, vous avez comme moi entendu parler du retour des BB, groupe culte des années 90 qui ont fait monter sur la scène Bell, Véronic Dicaire, Roch Voisine, Blé, Valérie Carpentier, Jean Marc Couture, Les Denis Drolet, AntoineGratton, Mara Tremblay, Michel Louvain et Ludovick Bourgeois. Or, or, or, les BB ne sont pas les BB sans le batteur François Jean qui lui, n'y était pas... Entre lui et le chanteur Patrick Bourgeois, rien ne semble plus aller. Un litige financier qui remonterait à 2011 lors de la sortie de l'album Univers serait à l'origine de cette absence et du remplacement de Jean par le musicien Maxime Lalanne. Immense déception pour plusieurs fans des premières heures qui n'ont pas pu être nostalgiques comme il se devait ce soir-là au Quartier des spectacles. Moins déçus auront sans doute été les fans de Jacques Michel , 73 ans, qui était pour sa part fidèle au poste au Gésu avec ses grands succès, comme lorsqu'il a brisé la glace avec Un nouveau jour va se lever, découverte ici par toute une génération grâce à une des éditions de Star Académie qui s'en était servie comme chanson-thème.

La ruelle chanceuse

Puis, pas si âgé, faudrait quand même le spécifier gentiment, Michel Rivard, qui a clôturé l'événement, rappelle lui aussi beaucoup de souvenirs à deux ou trois générations, notamment celles qui ont écouté autant comme autant les albums de Beau Dommage dont on inaugurait le 22 juin la ruelle à ce nom, tout juste derrière le fameux 6760 rue Saint-Vallier... Disons qu'il y a des ruelles qui seront plus glamours que d'autres. Chanceux donc seront ces résidents de Rosemont-La Petite-Patrie qui verront aussi désormais à l'entrée de leur ruelle une murale représentant la pochette du premier album du groupe. Aaaarrgghhh. Jalousie montréalaise ici...

Loin, loin de la rue Saint-Vallier, le courant vintage a voyagé de Montréal à Montebello ces derniers jours parce que, dans un registre plus rock que Rivard et sa bande cette fois, oui, pas mal plus en effet, le fameux et immense Amnesia Rockfest de Montebello, plus gros festival rock au pays (on ne le précisera jamais assez), se terminait, lui, le 21 juin dernier après 4 jours de frénésie démente pour cette 10e édition, la plus courue... Et si je vous parle de nostaligie ici aussi, c'est parce  les propositions du Rockfest l'ont été souvent, rappellant peut-être des souvenirs à ceux qui marchaient assez droit il y a dix, quinze ou vingt ans pour s'en souvenir encore : Bad Religion, Offspring, Pixies, Rancid, Snoop Dog et du plus doux comme des Cowboys Fringants qui devaient être aux anges, ceux-là! À quand la ruelle des Cowboys Fringants près du Carré Saint-Louis...

Des mots! Des mots!

Puis, parce qu'il n'y a pas que la musique, la littéraire que je suis ne pouvait pas s'empêcher de souligner que parmi les 35 personnes à s'être distinguées le 16 juin dernier par une décoration de l’Ordre national du Québec, plusieurs provenaient du milieu du livre. Kim Thúy a été décorée en tant que chevalière, Madeleine Gagnon et Lise Gauvin ont été reçues officières, tandis que Michel Tremblay a été promu grand officier. J'en profite pour mentionner que Tremblay et Thúy, ainsi que d'autres auteurs de la rentrée seront au «Salon avant le Salon»  (avant le Salon du livre de Montréal de novembre) et rencontreront des lectrices et lecteurs lors d'un «Rendez-vous culture Avenues» que j'aurai le plaisir d'animer, le 20 octobre en soirée à la librairie Raffin, sur la Plaza St-Hubert, à Montréal. Je suis pas mal fière d'être associée à une plateforme comme Avenues qui met le livre à l'avant-plan. Les besoins sont criants. À suivre.