Photo: @ Mikael Rondeau

Profiter de la basse saison dans le Bas-Saint-Laurent

Nous sommes dans la basse saison qui, hormis pour la période des Fêtes et celle de la relâche scolaire, va perdurer longtemps dans beaucoup de régions. Le Bas-Saint-Laurent est un bon exemple de destination moins touristique hors saison estivale. Et si on en profitait pour découvrir ou redécouvrir, sans la foule de l’été, quelques-uns de ses attraits?


Lutter contre la dépression saisonnière 

Novembre et décembre ne sont pas des mois chéris pour la plupart des gens, y compris les adeptes de plein air. La dépression saisonnière? On la ressent dès que les arbres se dénudent complètement, que la grisaille monochrome s’installe, aggravée par le changement d’heure et la chute des températures. Hors des grands centres urbains, les beaux parcs ferment leurs portes au moins jusqu’aux Fêtes, comme la boulangerie du village et les bons restaurants. La fin d’automne marque une période difficile pour les habitants locaux autant que pour les visiteurs. Et même quand l’hiver sera venu, bien des sites touristiques demeureront fermés jusqu’en mai ou juin.

Est-ce une raison pour s’encabaner en attendant la neige ou le prochain printemps? Évidemment, non! J’ai plusieurs fois expérimenté des sorties en randonnée pédestre (ou en crampons quand le gel est là) durant cette période qui parait si déprimante à première vue, mais qui est loin de l’être si l’on prend la peine d’y regarder de plus près.

L’exemple m’en est fourni par un récent séjour au Bic, où j’ai déniché plusieurs bijoux, dont un tout nouveau sentier, une réserve de faune à Pointe-au-Père, des paysages incroyables sur la grève, dans l’archipel du Bic, et bien plus encore!

Photo: @ Mikael Rondeau

Le sentier des Coulombe, entre sapins et brume

Une écharpe autour du cou, des mitaines, une veste polaire ou un imperméable, des bâtons de marche… et c’est parti en auto du village du Bic en direction ouest. À hauteur du bureau touristique de Saint-Fabien, on vire à droite sur la route de la mer. À peine un kilomètre plus loin, je ne peux pas ne pas aller revoir le beau belvédère Raoul-Roy du parc national du Bic. La vue est imprenable ce jour-là sur la falaise plongeant dans le Saint-Laurent.

De l’autre côté de la route, un petit stationnement marque l’entrée du sentier des Coulombe, dernier-né dans la région, qu’on pourra aussi emprunter en raquettes l’hiver venu. Pour l’heure, seuls les résineux ont conservé leurs épines, dégageant bien certains paysages non visibles en été. Six belvédères sur le parcours en boucle de près de six kilomètres nous attendent. Le premier tronçon, Raoul-Roy, est un chemin forestier qui rejoint rapidement le sentier principal, plus étroit et qui grimpe gentiment en terrain boisé surplombant une falaise.

Un premier point de vue, nommé Éloi-Coulombe, se dévoile à 198 mètres d’altitude. J’y reconnais une ferme et ses pâturages aperçus de très loin lors d’escapades passées dans le parc national, mais jamais d’aussi haut. On en prend la mesure en lisant sur un panneau que ce belvédère sert de site de vol libre aux amateurs de parapente.

À la trouée suivante, un voile de brouillard court sur les champs en contrebas. On devine encore le fleuve mais, au prochain belvédère, on se croirait littéralement à la proue d’un navire fonçant dans une brume épaisse. Le belvédère Antoine-Coulombe occupe quant à lui un court éperon rocheux tourné vers l’ouest, à 257 mètres d’altitude, avec une large plaine à gauche, le grand fleuve perdu dans les limbes à droite et, en face, une crête de montagne à peine visible.

La vue, à partir du sentier des Coulombe. Photo: Anne Pélouas

Il est temps de faire demi-tour, puis de poursuivre sur la boucle principale jusqu’à une croix dominant le secteur du village de Saint-Fabien. Après un nouvel arrêt côté sud au belvédère Mia-Coulombe, on atteint le dernier, nommé belvédère des Murailles. On peut ensuite couper par le Raccourci, un tronçon qui nous ramène sur le chemin forestier du début, ou poursuivre au sud sur le Tronçon de la Montagne pour revenir au point de départ.

À noter: le sentier est fermé pendant la période de chasse.

Saint-Fabien-sur-Mer

Ne manquez pas, en voiture, de descendre ensuite la côte jusqu’au fleuve. La petite route du bord de mer à Saint-Fabien-sur-Mer longe l’anse à Mercier, où le vent du nord entre à plein, tandis que les vagues rugissent au loin.

À marée basse, rendez-vous à l’extrémité est de l’anse. Du stationnement du parc national du Bic, l’anse à Capelans est à deux pas, offrant un condensé des beautés du bord du fleuve en novembre: dégradé de gris de la plage à la mer en passant par les rochers luisant d’eau ou de givre.

Le tour de l’îlet au Flacon se fait facilement à marée basse en longeant la grève, mais attention à ne pas glisser sur les roches! Mieux vaut prendre son temps et s’arrêter pour admirer le paysage, avec la baie du Ha! Ha! et la fourche à Louison à droite, puis lorsqu’on vire vers l’anse à Mercier à gauche, un point de vue inusité sur Saint-Fabien-sur-Mer.

Photo: Anne Pélouas

À marée basse autour des îles

Plein est, le secteur Havre-du-Bic du parc national offre une autre belle occasion de profiter des marches sur la grève, bien emmitouflé. Poussez jusqu’au bout de la route du parc, face à l’île du Quai, au coucher du soleil, ou rendez-vous sur la route du golf en auto. À marée basse, on peut ensuite filer jusqu’à la pointe aux Anglais, voire traverser vers l’île du Massacre pour une incursion dans un monde encore plus maritime.

Photo: Anne Pélouas

Cette immense baie ouverte sur le fleuve qu’est le havre du Bic réserve quelques surprises supplémentaires en novembre, au temps des grandes marées qui peuvent atteindre 12 pieds, contre 3 ou 4 en temps normal. C’est aussi le temps où la mer peut se déchainer et où la brume épaisse du matin crée un univers surréaliste d’où émerge plus tard en journée l’île aux Amours, le cap Enragé, l’île du Massacre…

Photo: @ Mikael Rondeau

Pointe-au-Père hors saison

Le Site historique maritime de Pointe-au-Père – dont l’exposition permanente retrace l’histoire tragique, dans le fleuve Saint-Laurent, du naufrage en 1914 du paquebot Empress of Ireland – reste ouvert jusqu’au 5 décembre (du jeudi au dimanche) et rouvrira le 23 février, avec le même horaire jusqu’au 10 juin. En tout temps, on peut tout de même profiter du site extérieur, avec son magnifique phare, le deuxième plus haut du Canada.

On peut, en tout temps, profiter du site extérieur du Site historique maritime de Pointe-au-Père avec son phare, le deuxième plus haut du Canada. Photo: Facebook Site historique maritime de la Pointe-au-Père

Non loin de là, marchez jusqu’à la plateforme d’observation de la réserve de faune de Pointe-au-Père. Même si les oiseaux migrateurs sont partis depuis quelque temps vers le sud, c’est aussi l’un des meilleurs endroits de la région pour les couchers de soleil, avec la belle promenade du Littoral, aménagée le long du fleuve sur plusieurs kilomètres, en pleine ville de Rimouski.

Bonne adresse au Bic

Pour prolonger le plaisir, rien de tel que de rentrer au chaud après une bonne journée de plein air, surtout en fin d’automne! Les cinq chalets hôteliers du Vieux Loup de Mer, qui demeurent ouverts à l’année, donnent directement sur les hauteurs du havre du Bic, avec accès au bord de la baie. Chaleureux à souhait, ils pourraient bien ne plus vous donner envie de sortir faire des courses! Qu’à cela ne tienne, le Vieux Loup de Mer a désormais son Garde-Manger, une vraie caverne d’Alibaba avec d’excellents produits régionaux, allant du café de chez Moustache à un choix incroyable de bières et de vins québécois, en passant par des plats préparés par de bons restaurants de Rimouski (Les Affamés, Arlequin), et même par la réputée cheffe Colombe Saint-Pierre, dont le restaurant du Bic est fermé cet hiver… De quoi faire rimer plein air et bonne chère, même en basse saison!

Le Garde-Manger du Vieux Loup de Mer propose d’excellents produits régionaux Photo: @ Sam St-Onge