Corridor aérobique: «rouler» dans l’histoire… d’un train

Dans les Laurentides, le Corridor aérobique est en quelque sorte le petit frère du parc du P’tit Train du Nord. Comme lui, il est implanté sur une ancienne voie ferrée, mais son parcours pour cyclistes est bien différent de celui de la piste du P’tit Train du Nord, et il est beaucoup moins achalandé. 



C’est toujours un peu l’âme en peine que j’emprunte l’une de ces pistes cyclables qui passent là où passait un train autrefois. J’ai la nostalgie de cette époque où le train était autrement valorisé qu’aujourd’hui comme mode de transport en commun. Le Corridor aérobique est cependant un bel exemple de reconversion de voie ferrée qui permet de ne pas oublier totalement le passé tout en pédalant. 

L’histoire du Corridor aérobique

Un circuit historique à vélo, comprenant neuf panneaux d’interprétation, présente l’histoire de cette voie ferroviaire qui sillonnait une partie du territoire des Laurentides. On y découvre son impact sur le développement industriel, puis touristique de la région tout en profitant des trésors visuels du parcours.

L’histoire débute en 1890, alors qu’un groupe de financiers montréalais fonde la Compagnie du chemin de fer de colonisation de Montfort, avec l’ambition de relier par une voie ferrée celles du Canadien National qui passent déjà à Lachute et Saint-Jérôme. Le projet mènera finalement à un lien ferroviaire allant de Saint-Jérôme à Morin-Heights, puis à Montfort, en 1895. Trois ans plus tard, on complète la voie ferrée jusqu’au terminus d’Arundel, plus à l’ouest. Elle sera encore allongée jusqu’à Saint-Rémi-d’Amherst en 1924 pour faciliter le transport de marchandises et l’accès jusqu’à des installations minières.

Après avoir joué un rôle majeur dans le peuplement francophone, le ravitaillement des colons, puis un certain développement touristique au pourtour des lacs de la région, le service ferroviaire sera finalement abandonné par le Canadien National – comme tant d’autres – en 1962. Le parc du Corridor aérobique en a donc pris le relais, avec un parcours récréatif accessible autant à pied qu’à vélo, puis en skis de fond ou en raquettes l’hiver.

On roule dans les couleurs

En cette belle période d’automne, où les feuilles finissent de tomber et forment un magnifique tapis de sol, partir à vélo sur toute ou une partie de cette piste linéaire de 58 km qui relie Morin-Heights (dans les Pays-d’en-Haut) à Amherst (dans la MRC des Laurentides, au sud de Mont-Tremblant) est un vrai plaisir.

Son revêtement en pierres concassées compactées la prédestine davantage à recevoir la «visite» des vélos hybrides ou de montagne que des vélos de route… mais certains s’y essaient!

De Morin-Heights, le Corridor aérobique grimpe de quelque 120 mètres de dénivelé sur 8,5 km jusqu’à Montfort. La piste traverse une jolie forêt et longe le lac Chevreuil pour arriver non loin de la chapelle de Montfort, où trônait autrement un grand pensionnat agricole.

En terrain plat ensuite, elle longe un nouveau plan d’eau (le lac Saint-François-Xavier), qu’il faut traverser par un petit pont pour poursuivre sa route, légèrement en descente, sur 13,5 km jusqu’au lac suivant. Le longiligne lac des Seize-Îles passé sur votre gauche, sept kilomètres sans difficultés vous séparent du village suivant de Montcalm (aussi appelé Weir), avec le lac des Pins et le lac aux Rats pour décor.

Photo: Facebook Parc du Corridor aérobique

De Montcalm à Arundel

Je n’étais jamais allée plus loin. Lors de ma dernière sortie, je suis donc partie de la halte routière de Montcalm pour filer vers le nord-ouest en direction d’Arundel. Changement de paysage sur ce parcours qui voit la piste cyclable traverser plusieurs fois la route 364, faire le tour du lac Rond, puis filer au milieu des champs. Odeurs de foin, élevage de cerfs de Virginie, outardes au repos accompagneront nos tours de pédalier… Peu après le départ de Montcalm, il y a une magnifique sculpture de pierres montées en totem, signée par Jean Bisson Biscornet.

À Arundel, c’est dernier jour de marché fermier, mais la boulangerie reste pour sa part ouverte à l’année. Bonne occasion de prendre une pause avec un sandwich de La Maison au Coin avant de repartir sur deux roues. Un panneau d’interprétation indique à la halte routière que la vieille gare d’Arundel n’est pas loin, mais nous la chercherons en vain sur l’ancienne voie ferrée. Elle fut déplacée pour devenir le bureau de poste local.

Photo: Anne Pélouas

D’Arundel à Amherst

En bordure du chemin de la Rivière Rouge, la piste sur le plat plonge littéralement dans la forêt. À deux kilomètres d’Arundel, un embranchement montre une piste à droite en direction d’Huberdeau. Nous poursuivons tout droit sur un épais tapis de feuilles, environnées de résineux et de mousses vertes, jusqu’à rejoindre le bord de la rivière Rouge. Ses rapides agiront comme un fond sonore jusqu’à un pont, à mi-parcours de la section de 21,4 km nous séparant d’Amherst.

La piste suit ensuite le chemin de Rockway-Valley, qui menait autrefois à une petite station de ski alpin du même nom, longe le lac de la mine, puis une petite montée mène à un point de vue avant de redescendre vers le village d’Amherst. Celui-ci connut son heure de gloire avec l’exploitation d’une mine de silicate d’alumine à partir de 1894. Ce sel qu’on utilisait dans la fabrication de la peinture fut néanmoins mortel pour de nombreux mineurs qui en respiraient la poussière et la mine fut abandonnée après cette funeste découverte en 1948.

Allez! Il est grand temps maintenant de quitter l’histoire ancienne, de remonter sur nos selles pour faire demi-tour et entamer le chemin du retour… qui offre toujours d’autres perspectives et surprises!