Photo: Anne Pélouas
25 février 2021Auteure : Anne Pélouas

Canot à glace et fatbike: sensations fortes à Québec!

Faire du canot à glace sur le fleuve Saint-Laurent et du fatbike entre le Vieux-Québec et le Grand Marché procure son lot de sensations, en plus d’offrir des panoramas inusités sur ou dans la ville et ses abords glacés.



Les activités guidées en petit groupe sont désormais autorisées dans la province en respectant les règles de la Santé publique. Le plein air de proximité s’impose cependant pour respecter les recommandations sanitaires. Si vous habitez la région de Québec, profitez de ces deux activités sportives qui vous montreront la ville sous un autre angle. Aux autres, que cette lecture soit une source d’inspiration pour le futur! 

En canot dans les glaces du Saint-Laurent

À regarder les amoncellements de glace torturée qui «naviguent» sur le fleuve au gré de la marée montante, je suis prise d’un certain vertige. Nous sommes près de l’anse au Foulon, à deux pas du boulevard Champlain, entre le Vieux-Québec et «les ponts». Il fait un temps de rêve: ciel bleu, soleil éclatant, pas de vent. «C’est parfait», lâche Julien Harvey. De son grand-père, capitaine de caboteur, et de ses parents de L’Isle-aux-Coudres, adeptes de courses en canot à glace, il a hérité ce goût du Saint-Laurent et de ce drôle de sport qui fut autrefois un essentiel moyen de transport hivernal entre les îles et les berges du «fleuve aux grandes eaux».

Le canot à glace était autrefois un essentiel moyen de transport hivernal entre les îles et les berges du «fleuve aux grandes eaux». Photo: Anne Pélouas

Julien a tout pour rassurer les troupes, insistant sur l’aspect «initiation au canot à glace» de l’activité, qu’il propose à des groupes de trois personnes seulement à la fois, encadrés par deux guides et dûment masqués. L’équipage d’un canot à glace est toujours de cinq personnes, trois au milieu, un capitaine de navigation à l’arrière et un capitaine des glaces à l’avant. Le nom de l’entreprise (Canot à Glace Expérience) qu’il a créée fin 2019 le dit bien: préparez-vous à vivre une «expérience» en forme de «baptême des glaces», dont j’ajouterais qu’elle est vraiment unique et hors du commun. Seule condition: être en relative bonne forme physique et assez souple. «Nous adaptons notre rythme au groupe», précise néanmoins Julien.

L’équipage d’un canot à glace est toujours de cinq personnes. Photo: Anne Pélouas

Une fois bien équipés de gants aux mains, bas et bottes de néoprène aux pieds, ainsi que de protecteurs de jambes (à la façon d’un gardien de but de hockey), on pousse le long et lourd canot sur la neige. Démarre ensuite une petite séance d’apprentissage des manœuvres qui, pour faire avancer l’embarcation, se limitent à deux: ramer et trottiner. Ramer sur l’eau, quand eau il y a; trottiner d’un pied sur les glaces, quand il y en a.

Mise à «l'eau» du canot. Photo: Anne Pélouas

La difficulté réside surtout dans le passage (rapide) de la position de rameur à celle de trottineur puisqu’on joue des rames en étant tourné vers l’arrière et qu’on patine, tourné vers l’avant. Il faut donc ranger rapidement la longue rame dans le canot quand on atteint une surface de glace, se retourner dans le canot vers l’avant, puis placer un genou plié dans une encoche prévue à cet effet et l’autre jambe à l’extérieur du canot, le tout en gardant ses mains agrippées à ce qu’on peut et son centre de gravité à l’intérieur.

Les glaces sont impressionnantes! Photo: Anne Pélouas

Passée l’expérimentation sur la neige, les glaces nous attendent! L’amas des bords est impressionnant, mais on ne peut plus reculer. Le canot glisse sur la neige, puis «plonge» au niveau des glaces. Nous embarquons en position «trottinage», facilitée par de gros crampons attachés aux pieds, mais les chaos de blocs de glace enchevêtrés paraissent infranchissables. À l’avant, on tire le canot d’un bord à l’autre pendant que les autres patinent, soulevant cuisses et genoux pour ne pas rester coincés.

L'embarquement se fait en position «trottinage», facilitée par de gros crampons attachés aux pieds. Photo: Anne Pélouas

«Le plus important, avait dit Julien avant le départ, c’est la synchronisation et la communication entre les membres de l’équipage», mais une fois sur le fleuve, c’est un peu la pagaille dans le bruit assourdissant des crissements de la glace sur le canot. Cinquante mètres plus loin, le canot atteint une zone d’eau. Il faut rembarquer la jambe pendante, se tourner, s’asseoir et reprendre sa rame. C’est presque le repos et le temps d’admirer un peu le paysage! Nous sommes au milieu du fleuve, à hauteur de la marina du Yacht Club de Québec, surplombée par la falaise, et face au quai Ultramar de Lévis. Nos guides cherchent les meilleurs passages dans les amas de glace dérivante et ceux en eau libre. Parfois, la glace est complètement lisse, mais fragile, et nos pieds plongent à travers, se transformant en nageoires.

La pause est bienvenue dans l’anse au Foulon, parfaitement gelée, puis aux abords d’un «iceberg» au milieu du fleuve, pour boire un bon chocolat chaud et manger une gâterie de la boulangerie-pâtisserie Croquembouche du quartier Saint-Roch. Le groupe est bien d’attaque ensuite pour entamer le trajet du retour, avec son lot de zones d’eau libre et de plaques de glaces chaotiques. On rentre euphorique, et même si le lendemain, certains muscles se rappellent douloureusement à notre souvenir, on se dit que c’est pour la bonne cause: celle du plaisir éprouvé à «vivre» le fleuve autrement.

En fatbike, du Vieux-Québec à Limoilou

Pour poursuivre la visite originale de Québec, rien de mieux qu’un tour guidé en fatbike avec Émilie, sympathique propriétaire de la nouvelle entreprise Tuque & Bicycle Expériences, qui a bénéficié d’une campagne de sociofinancement avec La Ruche fin 2020. «Je ne suis pas la seule qui a de la misère à respirer présentement, qui a besoin de décrocher, qui a besoin de se sentir en sécurité», dit la jeune entrepreneure, qui propose ces sorties en fatbike à Québec comme une façon, pour des débutants, de «s’initier au bonheur de pédaler sur la neige». Son circuit passe par les rues de la Basse-Ville, les sentiers enneigés du parc de la Rivière-Saint-Charles et le Grand Marché de Québec dans Limoilou.

Émilie, sympathique propriétaire de la nouvelle entreprise Tuque & Bicycle Expériences. Photo: Anne Pélouas

De Cyclo Services, sur la rue Saint-Paul, nous partons pour une bonne heure et demie de balade en direction d’abord du Vieux-Québec, par de petites rues pavées. Premier arrêt à la Batterie Royale, face au fleuve, avec le Petit-Champlain et le grand Château Frontenac pour décor arrière. Nos vélos dodus (à pneus surdimensionnés) empruntent ensuite l’étroite rue Sous-le-Cap, qui longe le pied de l’impressionnante falaise nommée Cap-du-Sault-au-Matelot et passe sous des passerelles de bois datant de la Nouvelle-France et reliant toujours les maisons à des hangars.

Premier arrêt à la Batterie Royale, face au fleuve, avec le Petit-Champlain et le grand Château Frontenac pour décor arrière. Photo: Anne Pélouas

Émilie nous ramène ensuite sur le quai Saint-André, puis au bord du bassin Louise, avant de rejoindre les sentiers enneigés du parc linéaire de la Rivière-Saint-Charles. Nous filons ainsi sur la neige bien tapée jusqu’au lieu historique Cartier-Brébeuf. Rue de Meulles, elle nous raconte l’histoire de l’usine SLM, qui commença à fabriquer des lames de patins en 1946 et en devint le premier producteur mondial. Ce qu’il en reste dans le quartier Limoilou, que nous traversons: des retailles de lames qui servent à la décoration de nombreuses galeries en fer forgé.

Nous prenons ensuite la direction du Grand Marché de Québec, dans le même quartier. Sur la place Jean-Béliveau, face au Centre Videotron, s’élève une magnifique sculpture, œuvre monumentale du duo d’artistes de Québec Jean-François Cooke et Pierre Sasseville, nommée La rencontre et représentant deux cerfs de Virginie comme en reflet sur de la glace. À l’arrêt au marché, Émilie ira nous chercher des boissons chaudes de la Brûlerie Rousseau, idéales avant d’entreprendre le chemin du retour en fatbike, toujours dans la neige tapée, sur l’autre rive de la rivière Saint-Charles. Que du bonheur sur deux roues!

Sur la place Jean-Béliveau, face au Centre Videotron, s’élève une magnifique sculpture, œuvre monumentale du duo d’artistes de Québec Jean-François Cooke et Pierre Sasseville. Photo: Anne Pélouas

Infos pratiques

Canot à glace:

  • 195$ par adulte.
  • Forfait Canot et Strøm Spa Nordique: à partir de 245$ par personne. Vérifiez les services offerts au spa en temps de pandémie.

Fatbike:

  • Tour guidé: 59$ taxes incluses; 200$ par famille.
  • Passeport attraits incluant aussi une entrée au Strøm Spa nordique du Vieux-Québec, un tour d’hélicoptère avec GoHelico Québec et une descente sur les glissades de la Terrasse Dufferin, pour 174$ + taxes.
  • Les casques pour le fatbike sont fournis et on peut aussi louer sur place gants, chaussettes, bottes, manteau, pantalon.
  • Avis aux gens de Québec: Émilie loue ses fatbikes en semaine et les livre même à domicile!