La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Suggestions culturelles: du virtuel et du réel

Permettez-moi de ne pas embarquer dans la controverse entourant l’aide du gouvernement Legault au milieu culturel, j’en perds moi-même un latin que je ne parle même pas. Je veux que l’humble contribution de ma chronique serve à dire ce qui se fait plutôt que ce qui se fera peut-être… ou pas.


Le Festival international du film d’histoire de Montréal

Commençons par le Festival international du film d’histoire de Montréal (FIFHM), qui a entamé sa deuxième édition le 4 juin et qui se poursuivra jusqu’au 14.

Après un beau succès en salle l’an dernier, les fondateurs du FIFHM, le cinéaste Richard D. Lavoie et les historiens Éliane Bélec et Mathieu Trépanier, ont décidé de récidiver malgré la pandémie en proposant une version exclusivement en ligne.

Pour 20$, vous pourrez visionner sur le web une sélection de 30 films en formats courts, moyens ou longs et réalisés sous le mode du documentaire, de la fiction ou de l’animation.

Les sujets des films sont variés, ça peut aller de la fin dramatique de l’empire soviétique après la débandade de l’occupation en Afghanistan à l’histoire du pays de Cocagne en Acadie, en passant par un exploit méconnu de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’opération menée par des infirmières françaises visant à rapatrier des milliers de Français dispersés en Pologne.

Le Domaine Forget dans le confort de votre demeure

Forcé d’annuler son édition 2020, le Festival international du Domaine Forget remplace sa centaine d’événements devant être présentés dans le décor enchanteur de la région de Charlevoix par une série de concerts virtuels. L’offre est grandement rapetissée puisqu’on parle de seulement trois concerts, mais n’en sera pas moins relevée.

Le premier concert, présenté le dimanche 14 juin, mettra en vedette la contralto Marie-Nicole Lemieux accompagnée du pianiste Louis Lortie. Le 12 juillet, on fera place au Quatuor de guitares du Canada et aux guitaristes d’origine cubaine Rene Izquierdo et Marco Tamayo. La série Les Concerts Évasion se conclura le 2 août avec Yannick Nézet-Séguin au piano, entouré de Pierre Tourville, Yukari Cousineau, Kerson Leong et Samuel Tétreault. Les prestations seront enregistrées en direct à 17h et agrémentées d’entrevues menées par la chevronnée animatrice Françoise Davoine.

L’accès au site web du Domaine Forget est gratuit, mais vous serez invités à faire une contribution volontaire. N’oublions pas que les organisations culturelles souffrent beaucoup financièrement depuis que la pandémie a tari leurs sources de revenus.

Le premier concert du Festival international du Domaine Forget mettra en vedette la contralto Marie-Nicole Lemieux accompagnée du pianiste Louis Lortie.

 

Les musiciens de l’OSM recommencent à faire de la musique

Les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal ont pu se retrouver cette semaine. Consignes de la Santé publique obligent, cela s’est fait en petits groupes. Le répertoire classique ne manque pas d’œuvres pour faire ce qu’on appelle de la musique de chambre. Ainsi, jeudi, des musiciens regroupés en deux formations ont enregistré pour diffusion sur Facebook le Divertimento no 1 en ré majeur, K.136 de Mozart et la Sérénade en ré mineur, op.44, B.77 de Dvorak. Vous avez manqué ces belles retrouvailles? La prestation est en ligne sur le site de l’OSM jusqu’au mercredi 10 juin prochain.

Écouté: Aux enfants de demain de Claude Gauthier

Un nouveau disque pour Claude Gauthier! Son 19e depuis son tout premier enregistrement paru il y a 60 ans, sur lequel se trouvait Le soleil brillera demain et Le grand six-pieds.

Sur Aux enfants de demain vous retrouverez la même voix, cette guitare si caractéristique, et cette façon bien à lui de chanter l’amour, le pays, la vie. L’auteur-compositeur-interprète propose pas moins de 14 nouvelles chansons dans une réalisation très dépouillée, mais extrêmement soignée.

Il y a la joyeuse Demain l’été, mâtinée d’accordéon (comme sur Le soleil brillera demain), Cœur fragile, qui bat au rythme d’une contrebasse que n’aurait pas reniée Brassens, la prenante Maman papa, hommage d’un homme de 81 ans à ses parents, Printemps érable, écrite en 2012 pendant la grève étudiante, un événement qui a redonné la flamme au créateur de la chanson Le plus beau voyage. Le disque s’ouvre sur Québec je t’aime, une autre déclaration d’amour (lucide quand même) à ce pays auquel il continue de rêver. Claude Gauthier demeure un des meilleurs chantres du Québec.

Foire Papier 2020

Un jour, les événements culturels n’auront plus à être virtuels pour exister, mais en attendant, le web est une planche de salut. Si la 13e édition peut avoir lieu, c’est parce que la foire Papier s’est réfugiée dans une vitrine numérique, à l’abri des microbes.

Ce n’est pas la première fois que la foire Papier change son lieu de rendez-vous. Il y a eu le Westmount Square à ses débuts en 2007 et 2008, la caserne Black Watch, rue Bleury, quand j’ai couvert l’événement pour la première fois en 2010, le Quartier des spectacles en 2011, 2012, 2013 et 2014, le complexe De Gaspé en 2015, le Vieux-Port en 2016, l’Arsenal en 2017 et 2018 et le Grand Quai l’an dernier.

Cette année, le public devra oublier l’effervescence de l’événement et la proximité avec les visiteurs. En contrepartie, l’événement s’étalera sur 18 jours (du 4 au 21 juin) plutôt que quatre. Une quarantaine de galeries y prennent part cette année.

C’est quoi, la foire Papier? Un événement créé par l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC) pour sensibiliser le public aux arts visuels et stimuler l’émergence de nouveaux collectionneurs, les œuvres sur papier étant moins chères. Cette année, il existe une application qui permet de voir comment l’œuvre que vous souhaitez acquérir peut s’intégrer à votre décor.

L’actrice Karine Vanasse et le footballeur Laurent Duvernay-Tardif, eux-mêmes collectionneurs, agissent de nouveau comme porte-paroles. Personnellement, chaque fois que l’événement Papier revient, une chanson me revient en tête, Les petits papiers, que Serge Gainsbourg a écrite pour Régine. Ça vous dit de la réentendre? La voici.

Réouverture des musées, la suite

La semaine passée, je vous parlais de la réouverture des musées. Ces derniers jours, d’autres institutions ont dévoilé leurs dates d’ouverture.

L’Écomusée du fier monde fait partie de celles-là. Les portes rouvriront le dimanche 7 juin avec Déjouer la fatalité, l’exposition qui était en cours lors de sa fermeture. L’expo s’intéresse aux nombreuses institutions qui se sont développées dans le Centre-Sud de Montréal au début du XXe siècle pour traiter les personnes qu’on considérait à l’époque comme indigentes, folles, dépendantes, déviantes, délinquantes ou incapables, et à ce qu’est devenu ce précieux patrimoine architectural.

Après 14 semaines de fermeture, Pointe-à-Callière reprendra contact avec les Montréalais le 25 juin. Le musée sera ouvert du mardi au dimanche de 11h à 17h. Le prix du billet d’entrée sera réduit. Les Incas… c’est le Pérou! et Dans la chambre des merveilles reprennent, ainsi que la plupart des expositions permanentes. Il est même question de faire des versions virtuelles des activités estivales comme le marché public du 18e siècle.

Les espaces physiques de Phi (Centre Phi, 315, rue Saint-Paul Ouest, Fondation Phi, 451-465, rue Saint-Jean) feront partie de l’offre muséale du Vieux-Montréal cet été. Dès le 24 juin, le Centre Phi offrira une exposition d’œuvres numériques réalisées par des artistes québécois. Quant à la Fondation, elle présentera à compter du 8 juillet Relations: la diaspora et la peinture, une exposition collective qui, comme son nom l’indique, essaie de comprendre comment l’idée d’une communauté condamnée à la dispersion s’exprime en peinture.

Le musée du Château Ramezay a quant à lui été le plus rapide de tous, il a ouvert ses portes le week-end dernier. Ses expositions permanentes et son jardin sont de nouveau accessibles au public sept jours sur sept.