La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Retour à Chansons pour un café: j’ai 15 ans, maman!

On le dit souvent, il n’y a rien comme une vieille chanson pour nous ramener à notre jeunesse. Imaginez plus d’une douzaine en même temps! Le 6 octobre, Gilles Valiquette sort Retour à Chansons pour un café, une relecture du disque qui l’a fait connaître il y a 50 ans. Écouter cet album m’a ramené à mon adolescence. J’ai retrouvé mes 15 ans. Je vous jure, toutes les paroles me revenaient comme si c’était hier.



Quelle belle journée, Viens me voir demain, Tout est mieux là-haut, n’est-ce pas? Dis-lui bonjour, etc., les textes des chansons de ce premier vinyle de Gilles Valiquette étaient simples et colportaient une philosophie bienveillante sur de magnifiques accords de guitare. La voix de ce jeune troubadour débutant était apaisante. Je comprends aujourd’hui pourquoi mon adolescence n’a pas été trop tourmentée. Cette année-là, les offrandes de Valiquette et celles de ses contemporains (Les Séguin, Jim et Bertrand, Harmonium, Beau Dommage, Véronique Sanson…) ont certainement fait un bon pli sur mon caractère. Et en 1973, j’avais une bonne raison de fredonner Quelle belle journée, quelle fraîche matinée, quelle joie de te rencontrer ou Chacun de nous a besoin d’un amour sans pareil, 1973, c’est l’année où j’ai rencontré ma blonde (et nous sommes toujours ensemble).

Claude Deschênes à 15 ans.

Il y a 50 ans, je n’ai pas été le seul à succomber à l’effet Valiquette. Le disque Chansons pour un café a été un des premiers de cette nouvelle génération d’artistes à atteindre les 50 000 exemplaires vendus et à obtenir le statut de disque d’or.

«Retour à Chansons pour un café» est un enregistrement qui s’écoute avec bonheur.

Je suis toujours un peu inquiet quand un artiste veut refaire une nouvelle version de ses succès. Je crains de ne pas retrouver le ton, l’intention, la couleur du jet initial. Eh bien, ici, la relecture que Gilles Valiquette fait de ses chansons pour un café est un sans-faute. C’est exactement le même esprit qui règne de bout en bout avec en prime des apparitions d’amis du chanteur qu’on aime. Richard Séguin, Marie-Claire Séguin, Jacques Michel prêtent leurs voix. Daniel Lavoie, Louis Valois, Normand Brathwaite, Patrick Norman l’accompagnent respectivement au piano, à la basse, aux percussions, et à la guitare.

La relecture que Gilles Valiquette fait de ses chansons pour un café est un sans-faute. Photo: Jean-Charles Labarre

Voilà un enregistrement qui s’écoute avec bonheur d’autant que la qualité de l’enregistrement, en version numérique, est impeccable. Si vous êtes demeuré un adepte de la table tournante, un coffret anniversaire sera disponible, comprenant un CD, un vinyle, des démos inédits et un livret dans lequel Gilles Valiquette raconte l’histoire de ce disque devenu un classique.

La couverture du livret dans lequel Gilles Valiquette raconte l’histoire de ce disque devenu un classique.

En passant, Valiquette est un excellent conteur qui ne manque pas d’anecdotes, comme on a pu le constater lors de son animation de l’émission La chaîne musicale sur ICI Musique. J’y ai appris plein de choses fascinantes à propos de sa carrière, notamment qu’il a contribué à faire découvrir Véronique Sanson aux Québécois, qu’il a accompagné Céline Dion en tournée, qu’il a fait une version disco de sa chanson Samedi soir.

On peut écouter cette série en rattrapage sur OHdio.

À 71 ans, Gilles Valiquette renoue même avec la tournée. D’ici au printemps prochain, il se produira à Lévis, Sorel, Drummondville, Saint-Hyacinthe, Sainte-Agathe, Granby et Montréal.

L’arrêt montréalais est prévu le 10 novembre au Théâtre Outremont dans le cadre de Coup de cœur francophone et sera marqué par la présence d’invités spéciaux.

D’autres classiques revisités à écouter

Je suis venu te dire que je m’en vais

Restons en 1973. Il y a 50 ans, Serge Gainsbourg frôle la mort à la suite d’une première crise cardiaque. L’événement lui inspire le titre Je suis venu te dire que je m’en vais. Cette chanson a beaucoup été reprise depuis et on doit sa plus récente version à Poom, un duo français formé de Camille et Siegfried. Très joli.

Qimatsilunga

Il y a quelques jours, la chanteuse inuite Elisapie lançait Inuktitut, un disque composé de 10 reprises de succès rock et pop des années 1960 à 1990 traduits et interprétés en inuktitut. Le résultat est fantastique et très personnel, comme on peut le constater dans Qimatsilunga, sa version de I Want to Break Free que le groupe Queen a fait paraître en 1984.

É Preciso Perdoar

La Brésilienne Bebel Gilberto ose Joao, un disque en hommage à son papa Joao Gilberto, quatre ans après la mort de cette icône de la bossa-nova. Et c’est très bien. Onze titres dont Desafinado, Eu Vim Da Bahia et É Preciso Perdoar. Cette dernière chanson a été créée par son père en 1966.