La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

À la folie, quand Guy Richer fait du théâtre passionnément

Il nous a fait voyager à Canal Évasion et rire à Juste pour rire, informés à Télé-Service, surpris de sa présence dans District 31, en plus de ne jamais cesser d’imiter tout un chacun. Guy Richer nous revient, passionnément! Pour ce retour, qui s’en surprendra, il porte trois chapeaux: comédien, auteur et producteur d’une pièce de théâtre qui fera les belles soirées de l’été à Cowansville. Pour À la folie, il s’est entouré de Francine Ruel, Geneviève Brouillette et Marilou Morin, que des premiers choix!



Au téléphone, Guy Richer déborde d’enthousiasme pour le projet de ses 69 ans qu’il aura en août. «C’est la réalisation la plus importante de ma carrière», dit-il pour que l’on comprenne bien l’ampleur de son emballement.

Ce qui le rend particulièrement content, c’est de compter deux premières avec ce spectacle.

«D’abord, ce sera, à ma connaissance, la première fois qu’on traitera d’Alzheimer au théâtre sur un mode humoristique. Ensuite, ce sera aussi une première d’avoir un imitateur comme personnage principal.»

Dans À la folie!, Guy Richer incarne Charles Gagnon, 64 ans, une sorte d’ado attardé qui a toujours fui ses responsabilités. Il ne s’est pas occupé de sa fille, a négligé sa mère, et a beaucoup fait la bamboula, jusqu’à être «gentil organisateur» dans un Club Med en Thaïlande. Mais voilà que sa mère ne va plus bien, la maladie d’Alzheimer l’empêche de s’occuper de son cabaret auquel elle tient tant.

Fiston trouvera donc, bien maladroitement au début, que la meilleure façon de faire du bien à sa mère sera de lui faire des imitations de tous ceux qu’elle a produits sur son stage, et même ceux qu’elle s’imagine avoir accueillis.

Ferland, Aznavour, Louvain, Distel, Dassin y passent, mais aussi Frank Sinatra et Tom Jones. Aussi bien dire que Guy Richer se paye la traite.

«J’ai toujours refusé de faire un show d’imitations. Il y avait déjà André-Philippe Gagnon et il était excellent. Moi, je voulais que l’imitation soit une fin, pas un moyen. Ça fait 20 ans que j’y pense. Pendant la pandémie, il m’est venu un flash en entendant dire que l’isolement des personnes âgées menait à la perte cognitive. Je me suis dit: pourquoi ne pas traiter de l’Alzheimer, cette menace que nous redoutons tous, nous, les baby-boomers? Avec ses imitations, mon personnage met des étincelles dans les yeux de sa mère car, comme on le sait, les personnes en déclin cognitif se rallument à l’écoute de vieilles chansons qu’elles ont aimées.»

Dans À la folie!, Guy Richer incarne Charles Gagnon, 64 ans, une sorte d’ado attardé qui a toujours fui ses responsabilités.

À l’origine de son projet, Guy Richer avait imaginé une dynamique père-fils. Mais un soir, en voyant Francine Ruel faire pleurer les autres invités de l’émission La vraie nature à laquelle elle participe, l’auteur change son fusil d’épaule. La pièce serait basée sur une relation mère-fils, et la mère, ce serait Francine Ruel.

«Francine a une voix très chaleureuse, mais avec du caractère. C’est ce qu’il me fallait pour amener cette pièce humoristique dans l’émotion. En répétition, j’ai des frissons de la voir.»

Pour incarner le rôle de Sylvie, une histoire d’un soir, et celui de Manon, l’infirmière qui s’occupe de la maman un peu perdue de Charles, Guy Richer a fait appel à Geneviève Brouillette. Il ne tarit pas d’éloges à son endroit.

«Geneviève peut tout faire. Sous les traits de Manon, elle est belle, attentionnée, bienveillante, alors qu’en Sylvie, elle se transforme en fille colorée et déjantée. C’est tout un number qu’elle nous fait.»

Marilou Morin, elle, incarne la fille de Charles. Le créateur du personnage en a fait une femme compatissante à l’endroit de sa grand-mère malade, mais qui ne manque pas d’autorité face à son père manquant.

«Comme comédienne, Marilou a exploré le thème de l’Alzheimer lorsqu’elle a partagé la vedette avec Marina Orsini dans Une autre histoire. Son personnage était porteur du gène de la maladie. Dans À la folie, la fille et son père ont beaucoup à faire pour se rapprocher. Nous faisons ensemble Et si tu n’existais pas de Joe Dassin. Elle chante, ayoye!»

Dans son enthousiasme, Guy Richer ne manque pas de nommer son metteur en scène, Marcel Pomerlo, et de vanter son souci du détail.

«Il découpe ça comme au cinéma. Toujours dans la vérité!»

Les talents d’animateur, d’imitateur et de vulgarisateur que Guy Richer possède lui ont valu au fil des ans d’être très en demande sur le marché des événements corporatifs. Il a développé une facilité à écrire des spectacles sur mesure pour ses clients. Pour le théâtre, l’auteur a senti le besoin d’aller chercher de l’aide. Son guide a été Claude Montmigny, codirecteur du Théâtre de l’Île d’Orléans, qui a signé une douzaine de pièces de théâtre d’été.

«Claude est fort en structure. Il m’a beaucoup aidé dans le rythme de la pièce. À la folie, c’est mon idée, mais je n’hésite pas à dire que la pièce a été écrite à deux.»

On n’aborde pas un sujet comme l’Alzheimer sans avoir fait au préalable beaucoup de recherches sur cette maladie.

«Tout ce qui se dit dans la pièce sur le déclin cognitif est documenté. Je me réjouis de voir que la Société Alzheimer Brome-Missisquoi et Haut-Richelieu a accepté d’être partenaire avec nous. On traite aussi de la grande souffrance que vivent les proches aidants. Il y a 1,5 million de proches aidants au Québec, ils se reconnaîtront. On leur doit ça.»

La pièce À la folie sera présentée du 14 juillet au 19 août à l’Espace Diffusion, une salle de 300 places, située à Cowansville. Guy Richer, Francine Ruel et Geneviève Brouillette sont tous des résidents de la région.

«Ce sont des jeunes dans la quarantaine qui ont repris ce théâtre, fermé depuis 2014. Dans le groupe, il y a Édouard Lagacé, qu’on a connu à Star Académie et à La Voix. Nous, on est contents, on peut jouer pas loin de la maison pendant l’été.»

Une supplémentaire a déjà a été ajoutée le 30 juillet, en matinée, pour répondre à la demande de ceux qui n’aiment pas conduire la nuit.

Des représentations sont également prévues en février au Théâtre Desjardins de LaSalle, à la Salle Méchatigan de Sainte-Marie de Beauce et au Théâtre les Bâtisseurs de montagnes de Thetford Mines.