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4 juin 2019Auteure : Julie Chaumont

Fuir un climat de travail malsain à 50 ans

Alors que la cinquantaine approchait, Emmanuelle Berthou, qui voyait son climat de travail se détériorer, s’est demandé si elle voulait – et pourrait – endurer cette situation encore 15 ans. La réponse a été «non». C’est ainsi que de conseillère en communication dans le secteur public elle est devenue directrice générale d’un OBNL.


Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?

Emmanuelle Berthou: J’ai toujours eu une fibre très manuelle, et après la visite marquante d’un bateau alors que j’étais au secondaire, je me suis inscrite au programme de Mécanique de marine à l’Institut maritime du Québec, à Rimouski. Après quelques mois, j’ai changé pour le programme de navigation. J’ai lâché à mi-parcours, principalement en raison de l’éloignement.

De retour à Montréal, j’ai fait un diplôme d’études collégiales en sciences humaines au Cégep de Saint-Laurent, puis un baccalauréat en sciences politiques, profil administration publique, à l’Université du Québec à Montréal.

Pendant mes études, j’ai commencé à m’intéresser à l’improvisation et, de fil en aiguille, on m’a confié la direction de la production de deux ligues d’impro. C’est ainsi qu’a débuté ma carrière dans le monde de la production en tous genres.

En 1995, j’ai fondé ma petite boîte de communication, Logist-art, que j’ai laissé tomber peu de temps après pour lancer une autre entreprise, cette fois avec un associé: Focus Communications. Malheureusement, le succès n’était pas au rendez-vous.

En 1999, toujours avec mon associé, nous avons mis sur pied La Boîte de Comm – Stratégie et production. Cette fois, le succès était au rendez-vous. Cependant, en 2006, d'importants changements aux deux paliers de gouvernement nous ont fait perdre beaucoup de contrats et notre chiffre d’affaires est tombé de moitié. Le climat de travail m’étant devenu insupportable, j’ai quitté en septembre 2008.

En avril 2009, après être allée cogner à la porte de l’École de technologie supérieure (ÉTS) – un client pour qui je faisais les relations publiques depuis 1997 –, j’ai commencé un nouveau défi professionnel: conseillère en communication. J’avais alors 40 ans.

 

Avenues.ca: Est-ce que passer de chef d’entreprise à conseillère en communication a été difficile?

E.B.: Pas du tout! J’avais le meilleur boss de l’île de Montréal, le job le plus intéressant et je rencontrais des gens aussi passionnés que moi. C’était du pur bonheur!

Avenues.ca: Dans ce cas, pourquoi avoir décidé de quitter?

E.B.: En 2015, il y a eu un changement au niveau de la direction et du conseil d’administration. Le climat de travail n’était plus le même et je n’avais plus de plaisir et de motivation à venir travailler. En janvier 2019, moins de trois mois avant mes cinquante ans, j’ai pris la décision de changer d’emploi.

Avenues.ca: Quels étaient vos plans?

E.B.: Je n’avais pas d’idée précise. J’étais en mode survie et prête à essayer de nouvelles choses. Je me suis fait le devoir de prendre une heure par jour pour faire de la recherche d’emploi (mettre mon profil LinkedIn et mon CV à jour, envoyer des lettres, m’abonner à différentes alertes, etc.). J’ai aussi écrit à tous les professeurs de l’ÉTS avec qui j’avais une bonne relation pour leur annoncer mon départ imminent… et joindre mon CV à mon courriel!

Avenues.ca: Est-ce que ces démarches ont porté leurs fruits?

E.B.: Oui! Un professeur m’a mise en contact avec le vice-président du Groupe BIM du Québec, une organisation à but non lucratif qui était à la recherche d’une directrice générale. Le poste était intéressant, malgré la baisse de salaire et la perte de mes avantages sociaux. J’ai commencé en avril 2019. Je venais tout juste d’avoir 50 ans.

Avenues.ca: Est-ce un gros défi à relever?

E.B.: C’est surtout un beau défi! Étant donné que je suis la seule employée permanente, je fais TOUT: organisation d’événements, développement de clientèle, médias sociaux, gestion de la croissance, etc. Mon expérience à la fois en tant que chef d’entreprise et de conseillère en communication m’est très utile.

Je dois aussi structurer mon organisation pour éventuellement créer des équipes et intégrer des réunions pour organiser le travail, etc. Il y a beaucoup d’inconnu. Chaque matin, je ne sais pas exactement de quoi sera faite ma journée, mais c’est vraiment excitant. Je dois me débrouiller et gagner la confiance de mes patrons, et ça, ça me motive énormément.

C’est aussi vraiment l’fun de devenir l’interlocuteur principal d’une organisation. Ça fait du bien de savoir que plein de personnes comptent sur moi, que je suis une ressource importante pour accompagner l’industrie de la construction au Québec dans son virage numérique. Il y a beaucoup de travail à faire et je sens que je peux faire une différence. Ça fait du bien de mettre mes compétences à l’œuvre.

Mais le plus important: je respire à nouveau, je suis de nouveau moi-même.

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