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Photo culinaire: quand c’est permis de jouer avec la nourriture!

Faire de la photographie culinaire n’a rien de sorcier… et même pas besoin de savoir cuisiner! Voici quelques trucs pour réaliser des photos qui donneront l’eau à la bouche. Et surtout, pas question de gaspiller, il faudra tout manger!

En photographie alimentaire, tout est question de lumière

Qu’est-ce qui distingue les pros des amateurs dans toute situation photographique? Eh oui, c’est la lumière! On doit l’observer, la comprendre et surtout, la contrôler. Peu importe que vous bénéficiiez de la lumière naturelle, d’une lumière continue ou d’un flash, l’important, c’est d’être constant.

Les sources de lumière

La première chose à considérer, ce sont vos sources de lumière, qui doivent être toutes à la même température de couleur. On ne voudra pas mélanger la lumière chaude d’une ampoule de lampe de chevet à celle de l’extérieur, au risque de s’arracher les cheveux en postproduction avec la balance de blancs. Si on emploie la belle lumière naturelle provenant de la fenêtre, on ferme donc tous les plafonniers. La lumière naturelle est un beau début pour s’initier à la photo d’objets et de nourriture. Commencez avec une seule source pour mieux comprendre ses effets.

La direction de la lumière

Un aspect très important en photographie alimentaire est la direction de la lumière. On évite à tout prix une lumière provenant directement du devant, comme le flash «pop-up» de votre appareil photo ou un flash cobra dirigé dans la même direction. Cela a pour effet de totalement aplatir les formes et les textures. Vous pouvez donc diriger la lumière n’importe où dans le spectre compris entre la gauche de votre sujet, son arrière et son côté droit. Vous irez ainsi chercher toutes les textures et les nuances qui vous donneront envie de décorer votre image.

Cette pièce de viande à l’apparence juteuse est mise en évidence grâce à un éclairage arrière gauche à 45 degrés. Une photo bien rafraîchissante avec une fenêtre complètement à l’arrière des verres de glace. On peut même voir la réflexion de la lumière dans la vitre sur la table. Photo: Marilène Lucas

Les caractéristiques de la lumière

La lumière a aussi deux caractéristiques distinctes: elle peut être diffuse ou directe. Pensez à une journée nuageuse, et à quel point les ombres sont douces et dégradées. C’est comme une grosse boîte à lumière géante. C’est cet éclairage que la plupart des photographes veulent mettre en place, que ce soit pour un beau visage ou pour un appétissant croissant. De ce fait, si le soleil du midi qui entre dans votre maison éclaire directement votre future image, il vous suffit de diffuser la lumière avec un rideau, un morceau de tissu ou un papier transparent. Pourvu qu’il soit blanc!

Qui a dit qu’il fallait écouter le guide? Voici une photo colorée bien estivale dont l’éclairage était directement le soleil. Regardez toujours la direction et la dureté des ombres. Vous trouverez à coup sûr où était la source d’une lumière dans une photo. Ici, un éclairage tout doux provenant du haut de la photo pour mettre en valeur ces petits plaisirs sucrés. Photo: Marilène Lucas

La réflexion de la lumière

La dernière composante à considérer dans votre attirail de photographe aguerri est la réflexion. Non, non, il ne s’agit pas de s’imaginer un concept photo (quoiqu’à bien y penser, ça pourrait être tout à fait le cas), mais bien de s’armer de cartons noirs et blancs pour contrôler votre lumière. Prenez un carton ou un papier blanc pour réfléchir la lumière à l’opposé de votre source et atténuer le caractère foncé des ombres. Le carton noir, quant à lui, sera tout indiqué pour faire le contraire. Il pourra même servir à cacher certaines parties de votre fenêtre ou softbox et ainsi créer d’intéressants jeux de lumière.

Avec quoi vous équiper?

On ne se lancera pas ici dans un débat Nikon versus Canon (ou Sony!), mais voici quelques éléments à vous procurer pour votre nouvelle passion:

Un trépied

Stabiliser votre appareil photo sur un trépied vous aidera à mieux composer la scène et à y bouger les éléments sans tout défaire. Aussi, si vous êtes plus habile, vous pourrez même faire du photomontage. Mais le meilleur dans tout ça sera votre capacité à baisser votre vitesse d’obturation sans avoir de flou de bougé. Vous pourrez aussi mettre votre sensibilité ISO la plus basse possible. Pour l’ouverture du diaphragme, c’est selon le style que vous voulez obtenir: une petite ouverture pour focaliser sur un des sujets ou bien une grande ouverture pour capturer toute la scène dans ses moindres détails.

Multiplier la bouffe n’aura plus de secrets pour vous! Pour réaliser ce montage, seulement trois ou quatre sucettes glacées ont été nécessaires. Le reste, ce ne sont que des clones! Photo: Marilène Lucas

Le bon objectif

Le choix de l’objectif est important. Vous voudrez une focale assez longue, au moins 50 mm sur un plein capteur, ce qui se rapproche le plus de la vision humaine. Vous pourriez aussi opter pour une fonction macro pour aller plus près dans les détails. Ce n’est pas obligatoire, mais ô combien jubilatoire! Plus vous utilisez une petite focale, plus l’effet fish-eye sera ressenti, et vous verrez toute l’arrière-scène de votre tablée. Au contraire, une longue focale, comme un téléobjectif, permettra de compresser les plans et de raccourcir la profondeur de champ pour obtenir de beaux arrière-plans flous et mettre l’accent sur LE plus beau petit gâteau de votre scène festive.

Des trucs pour que ce soit plus beau qu’Instagram!

La prise de vue

En photographie culinaire, il y a trois façons principales de faire une prise de vue:

  • Se mettre à 45 degrés au-dessus du sujet, exactement comme si on était assis à une table. Cette perspective est parfaite pour donner un air invitant.
  • Mettre l’appareil photo à la hauteur des yeux, directement face au sujet. Cela donne de la hauteur à un impressionnant hamburger ou à une pile de crêpes arrosées de sirop d’érable.
  • Adopter le plan en plongée (vol d’oiseau, ou flatlay en anglais), qui accorde de l’importance à l’ensemble de la scène et surtout de ses éléments graphiques.

Le stylisme

Côté stylisme, il est important de varier les styles de nappes, napperons, ustensiles et vaisselle dont vous disposez. Vous pouvez vous servir de n’importe quel bout de tissu, de bois, de papier ou de carton pour fabriquer votre fond. Il peut être exploité comme plancher de votre scène ou comme mur. Il peut même être placé de façon à lui donner un air infini.

On peut donner vie à une photo avec n’importe quel bout de tissu. L’arrière-plan de cette photo de Madame Courge est en fait une robe à pois. Avec ce cornet qui a connu des jours meilleurs, on peut voir que le papier rose forme un fond uniforme et aucune ligne de séparation du mur et du plancher n’est présente. Photo: Marilène Lucas

Un peu de tricherie?

Si malgré tous ces trucs du métier vous trouvez que vos photos culinaires manquent d’un je-ne-sais-quoi par rapport à d’autres, c’est peut-être parce que certaines photos sont… arrangées avec le gars des vues!

Oui, oui, derrière la plupart des photos publicitaires et des photos d’emballages de produits courants se cache une formidable équipe de stylistes culinaires. Glaçons en acrylique qui ne fondent jamais, crème glacée en mixture de sucre à glacer et crémage qui ne fond pas plus, glycérine ajoutée aux gouttes parfaites qui restent en place sur une bonne bière froide, fausse vapeur qui provient d’un bâton d’encens, viande crue huilée pour lui donner un petit air bronzé, colle blanche à la place du lait, petit bol à l’envers ou patates pilées dans le fond d’un bol de soupe ou de pâtes pour démontrer l’abondance, seringue à condiments pour mettre la touche parfaite de ketchup, pince à épiler pour coller les graines de sésame sur un hamburger… tous ces secrets sont maintenant révélés au grand jour et vous pouvez vous amuser à les essayer!

À propos de Mariène Lucas

Marilène Lucas est une photographe culinaire et commerciale qui œuvre dans le domaine artistique au Québec depuis 11 ans. Ses images ludiques et colorées se trouvent au www.fluophoto.com.

Quel format de photo utiliser, JPG ou RAW?

En photographie, il y a des appareils photo pour tous les types de photographes… et de besoins! Cela dit, les types de fichiers produits à la sortie des différents appareils sont très peu nombreux. Regardons ensemble les fichiers en format JPG et RAW afin de vous aider à prioriser l’un ou l’autre.

Format JPG

Le JPG est le format de fichier le plus répandu et le plus connu. Il a été créé et mis au point par un groupe d’experts en compression de fichiers au début des années 1990. L’extension .jpg ou .jpeg. est un acronyme qui signifie «Joint Photographic Expert Groupe».

Le format JPG permet de réduire considérablement la taille des fichiers (sur plusieurs niveaux de compression; sur votre appareil, vous trouverez: fine, normale ou basic). Il vous sera ainsi plus facile de transférer vos fichiers d’une plateforme à une autre. Le JPG est aussi plus rapide à afficher sur internet et sur votre téléphone intelligent.

Point négatif: le format JPG est très peu flexible. Certains artéfacts de compression apparaissent en manipulant le JPG dans des logiciels de traitement d’images, ce qui le rend désagréable à regarder si trop manœuvré. Malgré tout, vous pouvez stocker sur une carte mémoire un plus grand nombre de fichiers en format JPG.

Format RAW

La plupart des photographes vous diront que le fichier RAW est le type de format à utiliser. Ils n’ont pas tout à fait tort. Mais qu’est-ce que le format RAW? C’est un type de fichier «brut» ou «primitif» généré à partir du capteur de votre appareil photo, et ce, sans aucune compression. Chaque pixel de votre photo contient un large éventail d’informations enregistré lors de sa capture, ce qui rend le fichier RAW extrêmement flexible dans les logiciels de traitement d’images. Cependant, les fichiers sont beaucoup plus volumineux et l’espace mémoire en paie le prix.

Voici une comparaison du poids des fichiers JPG vs RAW:

Choix de qualité d’image sur Nikon.

Pour une photo prise avec un appareil Nikon D810, un fichier de 36 mégapixels à la sortie:
RAW = plus ou moins 74 000 Ko soit 74 Mb
JPG fine = plus ou moins 6 000 Ko soit 6 Mb
JPG normal = plus ou moins 3 500 Ko soit 3,5 Mb
JPG basic = plus ou moins 1 800 Ko soit 1,8 Mb

Pour une photo prise avec un appareil Nikon D610, un fichier de 24 mégapixels à la sortie:
RAW = plus ou moins 23 500 Ko soit 23,5 Mb
JPG fine = plus ou moins 2 400 Ko soit 2,4 Mb
JPG normal = plus ou moins 1 750 Ko soit 1,7 Mb

JPG basic = plus ou moins 1 100 Ko soit 1,1 Mb

Votre appareil photo vous offre l’option d’enregistrer vos photos dans les deux formats en même temps, RAW et JPG, avec les trois compressions possibles.

Notez que les résultats présentés ici s’appliquent à ces appareils Nikon, mais qu’ils sont très comparables à ce qu’on peut obtenir avec un appareil Canon.

Autres formats

TIFF

Certains modèles Nikon offrent un format de plus, le TIFF. Il s’agit d’un format sans compression, donc très pur et facile à travailler dans les logiciels de retouches. Le TIFF n’a toutefois pas la flexibilité et la profondeur d’un format RAW.

HEIF

Le format de fichier HEIF a récemment fait son apparition sur Canon. Ce dernier se veut le successeur du JPG développé par «Moving Picture Expert Group» et a été adopté récemment par Apple pour ses appareils iPhone, iPad et iPod. Laissons l’avenir nous dire la place qu’il prendra.

Les avantages et désavantages du fichier RAW vs JPG

Le format RAW est tout indiqué pour les photographes qui aiment calibrer, retoucher ou modifier leurs photos. C’est également un format de fichier idéal pour travailler en mode manuel.

Le plus grand avantage d’un fichier RAW est l’encodage des couleurs pour chacun des canaux RGB. Le fichier RAW est encodé en 12 bits par canal, ce qui vous donne 1,07 milliard de couleurs. Sur certains appareils photo Nikon haut de gamme, vous pouvez même avoir du 14 bits, ce qui équivaut à 68,7 milliards de couleurs par pixel.

Sur un JPG, l’encodage des couleurs est en 8 bits par canal. Il faut multiplier 256 niveaux de couleurs en rouge R par 256 en vert G, et par 256 en bleu B, ce qui vous donne 16,78 millions de couleurs par pixel. Ce n’est pas rien, bien au contraire!

Un désavantage du format RAW, si vous n’êtes pas des habitués de Photoshop ou de Lightroom, c’est qu’il vous faudra trouver une autre solution pour le traitement de l’image. Certaines applications sont disponibles sur internet. Parmi celles-ci: Capture NX-D (pour Nikon), RawTherapee, Scarab Darkroom, Photivo.

Voici deux photos qui semblent identiques. Celle de gauche est en JPG et celle de droite, en RAW. Photo: Jean-Pierre Lapointe

À première vue, la photo en format JPG (à gauche sur l'image ci-dessus) et la photo en RAW (à droite sur l’image ci-dessus) semblent identiques. Mêmes teintes, saturation, luminosité... Mais ne vous y méprenez pas! Le JPG peut être un peu modifié, certes, mais la flexibilité et la profondeur du format brut sont incomparables.

Si vous désirez retravailler votre photo dans un logiciel de traitement de fichier RAW (j’utilise Photoshop avec l’extension Camera RAW), vous pourrez modifier la température de l’image, ce qui vous donnera une photo plus chaude en tons de jaune ou plus froide en tons de bleu. Vous pourrez aussi ajuster la teinte, modifier l’exposition, le contraste, les hautes lumières, l’intensité des ombres, la force des blancs et des noirs, jouer avec la clarté, les vibrations de couleurs et la saturation globale de la photo.

Paramètre de Camera RAW sur Photoshop CS6. Photo: Jean-Pierre Lapointe

Ajoutez à cela la calibration de l’appareil photo, l’ajout ou la suppression de grains, l’élimination ou le renforcement de vignette (les coins de la photo qui sont parfois plus ou moins sombres), le contrôle sur l’aberration (dédoublement rgb en périphérie de l’image), le profil de votre lentille qui vous donnera un préajustement de votre distorsion, la possibilité de teinter les ombres et les hautes lumières, de modifier les hues, la saturation et la luminance sur huit niveaux de couleurs… Bref, il faut explorer cet univers afin de mieux comprendre l’ensemble des possibilités offertes par un fichier RAW.

De plus, toutes ces modifications sont rééditables sans jamais détruire votre image d’origine. Vous pouvez y revenir n’importe quand. Selon moi, c’est encore mieux que le JPG, car vous avez la possibilité d’aller chercher exactement ce que vous voulez ou ce que vous recherchez dans une photo.

Voici, ci-dessous, l’image originale vs mon choix final en RAW. Les zones sombres sont légèrement plus claires afin de mieux y voir les textures végétales; ces zones sont parfois presque complètement noires, mais on trouve dans le RAW de l’information qu’on ne trouve pas dans le JPG. Les tons brunâtres sont un peu plus orangés et éclatants, le vert et les jaunes légèrement plus lumineux et un accent de bleu a été donné au niveau des contrastes foncés de l’eau. C’est le «wow» que j’ai ressenti lors de ma randonnée en forêt. Ces ajustements varient d’une personne à l’autre.

Voici l’image originale vs mon choix final en RAW. Photo: Jean-Pierre Lapointe

Des variantes artistiques sont possibles avec beaucoup de flexibilité sur une même photo sans quitter l’application de traitement de fichier RAW. Seule votre créativité a ses limites!

Des variantes artistiques sont possibles avec beaucoup de flexibilité sur une même photo sans quitter l’application de traitement de fichier RAW. Photo: Jean-Pierre Lapointe

Un désavantage au format RAW: comme mentionné plus haut, le poids du fichier fait la différence sur une carte mémoire. Vous ne pouvez pas stocker autant de photos en RAW qu’en JPG. Cependant, plusieurs cartes haute capacité sont offertes à des prix de plus en plus abordables. Je n’ai jamais rempli ma carte mémoire de 64 Go en une seule séance. De toute façon, j’ai toujours une deuxième carte en ma possession, advenant des surprises, comme un bris, un oubli ou… un manque d’espace!

Il est important de savoir que le format que vous sélectionnez affecte la rapidité de prise de vue en rafale. Notons cependant que les nouvelles générations d’appareils photo sont de plus en plus performantes et que le format RAW est de plus en plus facile d’accès.

En conclusion, si le format JPG vous convient car vous ne souhaitez pas faire de retouches, que vous êtes limité en espace mémoire, que vous souhaitez envoyer rapidement un cliché ou que vous préférez faire vos photos en mode automatique, ce qui est très bon aussi, il est idéal pour vous.

Si vous souhaitez pousser plus loin votre créativité, que vous avez du temps, que vous voulez vous amuser avec les couleurs et autres paramètres, que vous êtes sur un projet qui demande plus de profondeur, le format RAW vous en donnera pour votre argent.

Voici quelques exemples de photos non retouchées JPG vs RAW, calibrées ou retouchées.

Des paysages, avant et après les retouches. Photo: Jean-Pierre Lapointe
Une nature morte, avant et après les retouches. Photo: Jean-Pierre Lapointe
Un portrait, avant et après les retouches. Photo: Jean-Pierre Lapointe
Architecture intérieure, avant et après les retouches. Photo: Jean-Pierre Lapointe

Quelques liens pour le traitement de fichiers RAW:

Quelques liens pour la retouche de photos:

  • The Gimp (ne prend pas en charge les fichiers en format RAW)
  • NET (ne prend pas en charge les fichiers en format RAW)

Les incontournables payants:

Photoshop ou Lightroom

À découvrir:

À propos de l'auteur

L'appareil photo de Jean-Pierre Lapointe le suit partout! Photographe passionné, il présente le fruit de son travail sur son site Internet. Il est également collaborateur à la Société de promotion de la photographie du Québec (SPPQ).

Choisir le bon trépied

Le trépied est l’accessoire le plus connu des photographes. Il permet à votre appareil de rester immobile et stable pendant la macrophotographie, ou de soutenir un objectif très lourd en photo animalière. Il est aussi très utile pour faire des panoramiques, de longs temps de pose et même des photos de groupe vous incluant. Mais encore faut-il le choisir judicieusement pour en tirer le meilleur parti. Suivez le guide!

Que rechercher dans un trépied?

La solidité

Puisque le rôle du trépied est de soutenir votre appareil photo, sa première qualité doit être la solidité. Comme vous lui confiez votre précieux équipement, valant souvent des milliers de dollars, ne lésinez pas sur la qualité! Une bonne patte de trépied doit être cylindrique, c’est la seule forme offrant à la fois une bonne résistance à la flexion et à la torsion. Une patte de section carrée, comme on en retrouve sur de nombreux trépieds bon marché, est à éviter.

La légèreté   

Un trépied trop lourd restera à la maison. Il faut donc trouver un compromis entre la robustesse et le poids. Les matériaux modernes offrent des possibilités que les matériaux plus traditionnels, comme le bois et l’aluminium, ne sont pas en mesure de livrer.

La fibre de carbone est actuellement le meilleur matériau offert sur le marché. Elle offre une excellente rigidité et résistance aux vibrations tout en étant très légère. Contrairement au métal, elle reste agréable au toucher par temps froid. Son seul réel défaut est son prix. Un bon modèle d’une marque comme Gitzo vous coûtera facilement le prix d’un bel objectif. Pour votre confort, essayez de ne pas dépasser 2 kilos (incluant le poids de la tête) si vous avez l’intention de transporter votre trépied sur le terrain.

À l’affut d’un héron, à l’aide d’un objectif de 500 mm monté sur un solide trépied en fibre de carbone capable de soutenir 25 kg. Photo: Philippe Rioux

La portabilité 

Le poids est une chose, mais l’encombrement est un critère tout aussi important. La majorité des modèles sont pourvus de pattes à trois ou à quatre sections. La version à trois sections est plus rigide, mais plus longue une fois rentrée; celle en quatre parties sera plus courte lorsque rétractée, mais légèrement moins stable.

Caractéristiques à vérifier

La charge utile

Votre trépied doit être en mesure de supporter votre équipement. Vous pouvez trouver sa charge maximum dans sa description.

Pour déterminer la capacité nécessaire, il faut additionner le poids de votre boîtier, celui de votre plus gros objectif, d’éventuels accessoires comme le flash et le poids de votre tête (rotule ou autre).

Il faut prévoir une marge de sécurité assez importante (le double est l’idéal). Un trépied poussé à ses limites sera moins stable et sécuritaire. Comme pour une chaîne, votre équipement aura la solidité de son plus faible élément. Votre tête devra avoir la même charge maximum que votre trépied. 

Cette photo a été faite en utilisant la technique du HDR nécessitant plusieurs prises de vue à différentes expositions. Le trépied permet de garder un cadrage constant et d’utiliser de basses vitesses. Photo: Daniel Lebarbé

La hauteur

Le choix de la hauteur maximum doit être fait en fonction de l’usage. Si vous utilisez votre trépied pour la photo animalière ou sportive, vous passez beaucoup de temps l’œil collé au viseur. Il est donc souhaitable que vous n’ayez pas à vous plier en deux pour viser. Dans les autres situations où vous n’avez qu’à ajuster votre cadrage, comme dans la photo de paysage, cette caractéristique est moins importante.

Il y a deux hauteurs maximales pour un trépied: celle avec et celle sans la colonne centrale levée. Favorisez un modèle ayant la hauteur souhaitée sans l’extension de la colonne, vous y gagnerez énormément en stabilité. Un autre point important à vérifier est la hauteur minimum. Si vous aimez photographier les insectes et les champignons, le plus bas sera le mieux.

Il a fallu attendre une heure, déclencheur en main, avant que ce hibou moyen-duc ne sorte de sa torpeur et se donne en spectacle. Pendant tout ce temps, l’appareil était verrouillé sur le sujet, prêt à capturer l’action. Photo: Daniel Lebarbé

La colonne centrale

La longueur de la colonne détermine à la fois la hauteur maximum et la hauteur minimum de votre trépied.

Une longue colonne permet de hausser votre appareil, mais l’empêche de descendre plus bas que la grandeur de celle-ci. Plusieurs modèles permettent de l’inverser, vous donnant la possibilité de suspendre votre appareil entre leurs pattes. Le boîtier ainsi placé pourra pointer vers le bas ou descendre au niveau du sol tout en étant très stable. Certains trépieds possèdent une colonne inclinable permettant de déporter votre appareil pour qu’il puisse, par exemple, photographier un insecte tapi entre les branches d’un buisson.

Il faut un très puissant téléobjectif pour photographier la Lune. Le trépied doit donc être d’une stabilité à toute épreuve. Photo: Daniel Lebarbé

Le système de blocage d’extension des pattes

Les deux systèmes les plus courants sont la bague (twist lock) et le levier de blocage (flip lock).

La bague demande à être tournée avec une force suffisante pour coincer efficacement la section de la patte. C’est le système le plus solide si bien utilisé. Le fait que rien n’indique que la patte est bien verrouillée demande qu’on soit particulièrement attentif.

Le levier a l’avantage d’être rapide et montre par sa position s’il est bien appliqué. Sa tension est préajustée avec une vis; il faut la vérifier régulièrement. Si vous avez l’intention d’utiliser votre trépied dans les hautes herbes, elles auront tendance à se coincer sous les leviers et pourraient vous gêner.

Cette douce photo d’automne a nécessité un temps de pose de 60 secondes. Les réglages indépendants des pattes ont permis de s’adapter à ce terrain accidenté. Photo: Daniel Lebarbé

Le système de blocage de l’angle des pattes

Il y a aussi deux grands systèmes de verrouillage pour cette fonction.

Le premier permet un choix infini de réglages, et vous pouvez ajuster chaque patte à l’angle que vous voulez. Ceci permet une grande polyvalence sur les sols inégaux, mais ralentit la mise en œuvre de votre trépied, car vous devrez déterminer sans repères évidents l’angle de chaque patte.

L’autre système offre des positions prédéterminées, généralement trois, qui facilitent l’ouverture du trépied dans la vie courante, mais qui en limitent les possibilités. Ce système convient à la majorité des utilisateurs.

Cette nature morte a demandé deux prises de vue pour concilier le grand écart de luminosité : une pour exposer l’ensemble éclairé par la bougie et l’autre pour la flamme. Photo: Daniel Lebarbé

L’extrémité des pattes

La surface en contact avec le sol doit être adéquate; elle est généralement en caoutchouc. Ce matériau fait l’affaire sur un plancher ou sur toute autre surface dure. Par contre, il est inefficace sur les surfaces meubles ou glissantes comme le gazon.

Si vous allez dans la nature, des pointes en aciers seront très utiles; elles mordront dans la terre, la pelouse, etc. Quelques modèles offrent des pattes pourvues des deux types d’embouts, il suffit de visser la partie en caoutchouc pour découvrir la pointe de métal. Si ce n’est pas inclus à l’achat, c’est souvent un accessoire offert en option.

Un long temps de pose a augmenté le côté un peu sinistre de cette photo. Photo: Daniel Lebarbé

En conclusion

Un bon trépied est indémodable, il vous accompagnera donc très longtemps. N’hésitez pas à y mettre le prix. Selon vos besoins, vous pourrez y adapter différentes têtes, ce qui en fait un accessoire particulièrement polyvalent. Il est quasi essentiel à la pratique de divers domaines de la photographie comme la photo de paysage, de sport et de certaines techniques avancées comme l’astrophotographie. Il est possible qu’un seul trépied ne vous suffise pas. Cela dépendra des besoins qui se manifesteront au cours des années.

À vos appareils!

À propos de l'auteur

Daniel Lebarbé est un photographe touche-à-tout membre du Club photo de Boucherville et collaborateur à la Société de promotion de la photographie du Québec (SPPQ).

Faire de la photo en noir et blanc… et 255 nuances de gris

En dépit de toutes les technologies modernes de production et d’impression de photos couleur, la photographie en noir et blanc demeure très populaire. Tous les grands photographes produisent du noir et blanc et toutes les expositions photo dignes de ce nom en contiennent. Pour des tas de raisons, le noir et blanc attire. Mais réussir son noir et blanc n’est pas aussi facile que ça en a l’air, et on a vite fait de se retrouver avec des images grisâtres sans trop d’intérêt. Alors, quand doit-on faire du noir et blanc et comment en produire?

L’utilisation du noir et blanc doit-elle se limiter à certains sujets?

Pour Benoit Larochelle, photographe amateur chevronné ayant un faible pour le noir et blanc, le sujet n’est pas une contrainte. Est-ce que l’émotion ou le message à transmettre seront mieux servis par l’utilisation du noir et blanc? Si oui, sans aucune hésitation, il utilise alors cette technique créative.

Le choix entre la couleur et le noir et blanc dépend tout d’abord du sujet et de la façon dont chaque photographe veut le raconter. La couleur attire le regard. Mais lorsqu’elle est trop disparate ou lorsqu’elle se trouve non pas sur notre sujet, mais plutôt sur un objet qui est accessoire, elle peut détourner l’attention.

Le noir et blanc simplifie l’image et la rend plus simple à lire. Alors que la couleur mise par exemple sur des aspects de saturation, de complémentarité et de vibrance, pour ne nommer que ceux-là, le noir et blanc misera plutôt sur le contraste, les nuances de gris et le rapport structurel entre les noirs et les blancs.

En photo d’architecture, le noir et blanc permet la mise en valeur des lignes directrices, des formes géométriques et des zones de lumière.

Shanghai Grand Theatre Photo: Benoit Larochelle

Le noir et blanc apporte de la profondeur à un portrait, enrichit les textures du grain de la peau et permet de concentrer la lumière sur le sujet.

Photo: Benoit Larochelle

Par l’absence de couleurs, le photographe gagne de la latitude en se libérant de la nécessité de représenter la réalité d’un paysage et en faisant appel à sa capacité créatrice pour créer une atmosphère particulière.

Photo: Benoit Larochelle

Le défi du photographe est de rendre une image plus intéressante et plus parlante en utilisant les caractéristiques du noir et blanc, c’est-à dire les contrastes, les nuances de gris et la lumière. 

À la prise de vue, comment faire?

Dois-je photographier en noir et blanc? Sachez d’abord que les capteurs de tous les appareils photo enregistrent toujours en couleur, ce qui peut permettre, en théorie du moins, de différer la décision de finaliser une photo en couleur ou en noir et blanc.

Le fichier qui est créé par l’appareil contient toute l’information requise pour éventuellement produire une version couleur ou une version noir et blanc de la photo. Les fonctionnalités de noir et blanc des appareils photo permettent de visualiser sur l’écran ce que sera la photo finale, et donc de se rendre compte immédiatement du rendu noir et blanc.

Toujours selon Benoit Larochelle et selon la majorité des experts, même si on peut toujours décider a posteriori de «sortir» une photo en couleur ou en noir et blanc, il est avantageux d’apprendre à regarder en noir et blanc pour développer une nouvelle vision du monde. Si vous pensez en amont votre photo en noir et blanc, elle sera bien meilleure. Si vous regardez le monde autour de vous en vous demandant ce qu’il donnerait en noir et blanc, alors vous aurez une belle photo.

Bien que les techniques de prise de vue demeurent les mêmes que pour la photo couleur, voici quelques conseils pour améliorer la qualité de vos photos noir et blanc:

  • Positionnez la «balance des blancs» à «lumière de jour» plutôt qu’en mode automatique, car l’appareil photo ne doit pas décider en lieu et place du photographe, et ajustez ce réglage lors de la postproduction en fonction des conditions au moment de la prise de la photo (remarquez que ceci est aussi vrai pour la photo couleur);
  • Captez vos images dans le format RAW. Ceci vous permettra de jouer plus finement sur le mélange des différentes couches de couleurs qui deviendront, évidemment, des nuances de gris, ainsi que sur la luminosité et le contraste lors de la postproduction;
  • Faites des photos par temps gris, car la brume, le brouillard, la grisaille et la pluie ajoutent une atmosphère spéciale aux photos en noir et blanc;
  • Restez très attentif aux formes parce que l’œil qui regardera la photo en noir et blanc ne sera plus guidé par la couleur, mais sera plutôt attiré par les formes, les lignes;
  • Privilégiez une lumière qui crée des ombres, de côté ou de face; cela renforce les contrastes et souligne les formes et les textures; donc, choisissez votre position en conséquence;
  • Évitez de trop augmenter les ISO, car en noir et blanc on cherche à tout prix à éviterle «grain», sauf si vous désirez, volontairement, donner un rendu très «vintage» ou «artisanal» à votre photo;
  • Pratiquez!, c’est la meilleure façon d’affiner votre technique et de sublimer chaque photo. 

En postproduction, on procède comment? 

La grande majorité des logiciels de traitement de photos offre des fonctionnalités intéressantes et propose des paramètres prédéfinis pour soutenir la production de photos en noir et blanc. Certains sont même spécialisés à cet effet, par exemple Silver Efex Pro (probablement le plus populaire chez les photographes) et Topaz B&W Effects.

Malheureusement, ou heureusement, selon le point de vue, il n’y a pas de recette applicable à toutes les photos. Cependant, une démarche de travail est suggérée par Benoit Larochelle:

  • Commencez d’abord par apporter les correctifs de base (cadrage, balance des blancs, exposition, etc.) à votre photo couleur et transférez celle-ci en noir et blanc en utilisant les fonctionnalités offertes par votre logiciel de traitement. Le résultat de cette opération est généralement un noir et blanc fade et peu contrasté.
  • Amusez-vous ensuite à jouer entre les noirs, les blancs et les gris en utilisant les réglages comme l’exposition, le mélangeur de couches, les noirs, les ombres, les hautes lumières, etc. L’objectif est d’obtenir un subtil dosage des gris en fonction de la tonalité des couleurs d’origine et de l’émotion à transmettre.
  • Cela étant fait, passez à la retouche locale afin de mettre en valeur les éléments principaux.

Finalement

Comme il a été dit plus haut, la lecture d’une photo est guidée par sa composition, par les éléments graphiques qui la composent, la répartition entre les zones sombres et les zones claires. Ce langage graphique est facilité lorsque la couleur est absente. En fait, le noir et blanc sublime tout.

Photo: Benoit Larochelle

À propos de Benoit Larochelle

Photo: Benoit Larochelle

Benoit Larochelle fait de la photographie depuis les années 1970, époque où il fonde avec des amis le club de photo Le Viseur de Terrebonne. À la fin des années 1980, il abandonne la photo pour se consacrer à l’informatique, mais avec l’arrivée du numérique dans les années 2000 et l’évolution du logiciel Photoshop, il reprend goût à la photo, surtout à la photo Beaux-arts en noir et blanc.

Il aime partager ses connaissances avec les autres photographes du club photo Évasion, club dont il fait partie depuis une douzaine d’années. Il considère qu’il y reçoit plus qu’il y donne et qu’être membre d’un club est une excellente façon de progresser en photographie.

Les gagnants du gala de la SPPQ, bien plus que des photographes amateurs!

Le 6 mai dernier, la Société de promotion de la photographie du Québec (SPPQ) présentait son 30e gala. C’était l’occasion d’annoncer les gagnants du concours de photographie annuel auquel participent les photographes amateurs membres d’un des 70 clubs de photo affiliés à la SPPQ. Coup d’œil sur les photographies primées… qui n’ont rien d’amateur!

Photo de l’année et gagnante du thème Animalier

Frimeur, Marie-France Falardeau, club photo de Boisbriand

Photo gagnante du thème Architecture en noir et blanc

Le cycle de la vie, Jean Lapointe, club photo Polarisé de l’Outaouais

Photo gagnante du thème Humain

Slam dunk, Pierre Vigneau, club photo de Sherbrooke

Photo gagnante du thème Nature au Québec

Trois-Pistoles, Normand Chassé, club photo l’Œil du photographe

Livre gagnant

Photo de Marilène Lucas et Carolyves Bélair, club photo de Boucherville

Photo couleur gagnante du Circuit-Photo

Cabane sous les étoiles, Daniel Forand, club photo de Boucherville

Photo noir et blanche gagnante du Circuit-Photo

Pont Honoré-Mercier, Maxime Lemieux, club Passion photo des Laurentides.

Prix et prochain défi

Le titre du «Club photo de l’année» a quant à lui été remis au Club photo de Boucherville qui devance, cette année encore, les 40 autres clubs participants.

Des bourses d’une valeur de plus de 14 000 $ et des trophées «Prisme de cristal», spécialement dessinés pour l’occasion, ont été offerts aux gagnants.

Le gala a aussi été l’occasion de présenter le thème annuel pour 2019-2020, soit La photographie de sport. Envie de participer? Devenez membre d’un club photo!

Félicitations à tous les gagnants!