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L’accès à la nature, un service essentiel?

La nature s’éveille et tant de temps passé en confinement donne encore plus que d’habitude le goût de sortir dans un parc et de reprendre des activités de plein air, comme la marche, le vélo, le canot ou le kayak…

Des voix s’élèvent de plus en plus pour que l’accès à la nature soit considéré comme un «service essentiel» et que les parcs hors des grands centres urbains, fermés depuis des semaines, rouvrent rapidement, mais les contraintes nouvelles de distanciation ralentissent le processus.

Heureux sont ceux qui, comme moi, ont une forêt à l’arrière de chez eux, une montagne à moins d’un kilomètre, un lac, une rivière ou un fleuve à proximité. Les réseaux sociaux fourmillent ces jours-ci de photos de kayakistes naviguant sur le fleuve Saint-Laurent, de cyclistes en balade sur les routes du Québec, de randonneurs paradant sur un sommet. Moi-même, j’ai sorti mon canot dimanche dernier pour glisser dans les eaux libres entre les glaces d’un lac et admiré un huard dont l’arrivée m’avait été annoncée au matin par son chant magnifique.

Tous n’ont pas cette chance, notamment ceux qui habitent en ville. Comment ne pas envahir les parcs de Montréal quand on n’a pas un chalet à la campagne, qu’on ne peut louer une chambre d’hôtel ou un refuge pour s’évader en région et que tous les parcs hors des villes sont fermés? Devant cette affluence, la Ville de Montréal a fermé les stationnements de plusieurs grands parcs pour en limiter l’accès à ceux qui peuvent s’y rendre à pied ou à vélo, mais n’est-ce pas une source d’inégalité pour ceux qui n’ont pas de parcs à proximité de chez eux et ne peuvent se déplacer facilement par ces modes de transport? Et une source d’inégalité «sanitaire» puisqu’ils opteront peut-être pour le métro ou l’autobus, désormais plus «dangereux» que la sacro-sainte automobile…

Ouvrir les parcs nationaux, régionaux et municipaux à l’extérieur des grands centres serait apprécié de ceux qui vivent à proximité et permettrait de relâcher un peu la pression sur les espaces naturels urbains.

Photo: David Murray Chambers, Unsplash

Oui au magasinage, pas aux parcs?

Lundi dernier, Alice-Anne Simard, directrice générale de l’organisation environnementaliste Nature Québec, réclamait une réouverture des 24 parcs gérés par la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), s’étonnant que «les gens puissent aller magasiner à compter de ce lundi dans la plupart des régions du Québec» (sauf Montréal), mais qu’il ne leur soit «pas permis d’aller marcher en sentier dans un parc national où la distanciation physique est beaucoup plus facile à respecter».

Comme plusieurs autres, y compris d’éminents scientifiques, Mme Simard soutient que les espaces naturels ont des impacts positifs sur la santé physique et mentale, diminuant les symptômes d’anxiété et de dépression, le stress et la fatigue mentale. Nature Québec croit donc que l’accès à la nature est «une mesure de santé publique que le gouvernement doit favoriser», surtout pendant une crise aussi anxiogène que celle provoquée par le coronavirus.

Depuis le début de cette crise sanitaire, j’ai l’intime conviction que l’accès à la nature devrait être considéré comme un «service essentiel» à notre santé physique et mentale. C’est bien la raison pour laquelle les parcs de Montréal sont restés ouverts et j’espère bien que quelques hurluberlus irrespectueux des règles de distanciation sociale seront contrôlés comme il se doit pour qu’on ne dérape pas vers des fermetures de parcs urbains qui soulèveraient la colère.

Photo: Julia Kirilova, Unsplash

«Conversations» du Sommet du plein air

Pour les parcs nationaux du Canada, ceux du Québec, les parcs régionaux et autres, je ne vois pas pourquoi ils continuent d’être exclus des ouvertures programmées actuellement par les gouvernements. C’est l’un des sujets de l’heure dans le milieu du plein air pancanadien.

Il y a près d’un mois que je participe aux «conversations» virtuelles, initiées par l’Outdoor Council of Canada (Conseil canadien de plein air), qui préparait la tenue d’un «Sommet du plein air» à Gatineau en septembre. Ce grand rendez-vous de l’industrie canadienne n’aura pas lieu, mais ses organisateurs ont utilisé leur liste de participants pour provoquer une discussion passionnante sur les défis auxquels ils font face et sur les moyens d’adapter leurs pratiques à la nouvelle réalité sanitaire.

Ces conversations ont réuni virtuellement chaque semaine plus d’une centaine de membres de la communauté canadienne du plein air. De là est née la création d’une plateforme, Thoughtexchange, qui recense déjà 150 «bonnes idées» et 2850 évaluations d’idées par les participants. L’accès à des activités de plein air, considéré comme un service essentiel, arrive en tête de ce sondage-éclair du milieu. On y considère l’accès à la nature comme «un facteur de prévention de la crise de santé mentale qui se profile à l’horizon», en plus de contribuer à la santé physique de la population.

Le groupe met de l’avant l’expertise actuelle des organisateurs d’activités de plein air, qui leur permettra d’accueillir des participants en respectant les règles de santé publique, telles que la distanciation sociale. Le groupe en appelle aussi à travailler avec les provinces pour rouvrir dès que possible les parcs et autres sites naturels, en adoptant des règles conformes à la lutte contre la COVID-19.

Au cours de ces discussions, Jeff Willis, président de Fireside Adventures et membre du Conseil canadien de plein air, rappelait que «les gens veulent reprendre les activités de plein air qu’ils aiment». Pour que ça ne soit pas dans le désordre du «free for all», il faut se préparer adéquatement dans les parcs comme ailleurs à les recevoir, avec des règles sanitaires bien précises à respecter.

Photo: Lea B, Unsplash

En mode préouverture des parcs et entreprises de plein air

La patience ayant en effet des limites, surtout à l’approche des beaux jours, il devient urgent de fixer de telles règles. Au Québec, l’industrie touristique prépare avec le gouvernement un plan sanitaire pour son redémarrage dans les prochaines semaines. Nul doute que son application sera progressive, comme devraient l’être l’ouverture de nos parcs et la disponibilité d’activités de plein air à réserver. Un exemple: s’il peut sembler facile d’organiser une sortie de canot en groupe sur une rivière en pratiquant la distanciation physique (à condition d’avoir dans un canot deux personnes vivant sous un même toit), comment faire si l’on doit déplacer le groupe en amont d’une rivière, comme on le faisait auparavant en minibus? Comment organiser une longue randonnée pédestre ou une expédition de kayak de mer avec un groupe en dormant sous tente et en partageant les repas? Comment limiter le nombre de personnes sur un sentier ou leur présence sur un petit belvédère?

S’agissant du secteur de la randonnée, l’organisme Rando Québec annonçait cette semaine avoir réuni virtuellement des acteurs du milieu du plein air pour édicter ensemble «des lignes directrices claires autour de la pratique de la randonnée pédestre et du plein air dans le contexte sanitaire de la COVID-19». La SEPAQ, Aventure Écotourisme Québec, Vélo Québec, Sans trace Canada, l’Association des guides professionnels en tourisme d’aventure y participaient notamment, aux côtés de réseaux membres de Rando Québec et du Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air (LERPA) de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Si les Québécois trépignent d’impatience pour retourner jouer dehors, et qu’ils seront plus nombreux que jamais à le faire cet été, le milieu prône la prudence pour des raisons de santé et de sécurité. «De nombreux enjeux, souligne Rando Québec, doivent être considérés afin de protéger adéquatement la population et de préserver les milieux naturels: l’augmentation significative de l’achalandage attendu dans les parcs, l’étroitesse de nombreux sentiers, ainsi que les espaces restreints dans les belvédères et points de vue.» Pas d’«ouverture précipitée et mal encadrée», selon le milieu, avant la sortie – d’ici quelques semaines – d’un guide fixant des règles nouvelles pour les gestionnaires de sites de randonnée et édictant des recommandations aux pratiquants pour adopter de «nouvelles habitudes de pratique pour un retour sécuritaire aux activités de plein air.

Comme ce sera certainement le cas aussi pour les activités autres que la randonnée, il faut espérer que l’on s’entende rapidement sur ces règles et sur ce qu’on autorise à la suite d’une ouverture des parcs et entreprises de plein air, au risque sinon de voir se déplacer le problème sanitaire et de sécurité ailleurs, les plus avides d’aller jouer dehors se précipitant dans tous les espaces naturels non contrôlés, sur terre comme sur l’eau…

Roadtrip gourmand en Gaspésie

Ça sent bon la mer et le poisson dès qu’on entre dans la belle région de la Gaspésie. Et il n’est pas faux de penser que cet océan inspire les menus gaspésiens. En faisant le tour de la Gaspésie, il est même surprenant de constater à quel point la région recèle des spécialités bien à elle. Roadtrip gourmand en bordure de mer.

Ça fait des lunes que le poisson fait partie de l’histoire de la Gaspésie. Déjà, au tournant du 17e siècle, cinq postes de pêche estivale occupaient les côtes gaspésiennes. La densité des bancs de morues attirait alors les pêcheurs européens, qui y voyaient une façon de s’enrichir. On séchait et on salait alors la morue afin de la conserver plus longtemps pour s’en faire des provisions, mais surtout pour pouvoir l’envoyer en masse en Europe. Aujourd’hui, elle ne constitue plus une part aussi importante de l’alimentation, mais elle reste bien ancrée dans les habitudes de certains. Suzanne, une guide-naturaliste de la SEPAQ sur l’Île Bonaventure, assure à son groupe de visiteurs que la morue séchée et salée «est délicieuse» telle quelle avec une bière froide.

«C’est pas du sang que j’ai dans les veines, c’est de l’eau salée», résumera plus tard la guide pour expliquer son amour pour la mer et ses spécialités.

Et elle n’est pas la seule. Partout en Gaspésie, des affiches devant les maisons annoncent la vente de moules fraîches, des pêcheurs attendent les locaux qui viendront choisir leur homard aux ports après la sortie de la journée, et les usines de transformation de la crevette vendent, à l’accueil, des sacs de crevettes nordiques fraîches qui font fureur auprès des habitants des villages.

Puis, le poisson et les fruits de mer sont partout sur les menus des restaurants, ce qui ravit autant les locaux que les visiteurs.

Premier arrêt: les Jardins de Métis

C'est ici, à Grand-Métis, que le chef Pierre-Olivier Ferry s’amuse de grandiose façon avec les fleurs et les herbes des jardins, et avec les aliments du terroir. Au restaurant de la Villa Estevan, en plein cœur des jardins, on déguste de la grande gastronomie aussi belle pour les yeux que bonne pour les papilles. Cuillère de floraisons, lichen frit avec truite fumée et feuille de basilic, crème de betterave blanche, yogourt et crevettes, ou turbot poêlé, pomme de terre aux algues, mayonnaise au géranium et plantes de bord de mer. Bien sûr, ici, on ne sert que les pêches venant du Saint-Laurent. La table est mise de la plus gastronomique des façons.

Terrine et fleurs du jardin aux Jardins de Métis. Photo: Véronique Leduc
Terrine et fleurs du jardin aux Jardins de Métis. Photo: Véronique Leduc

Deuxième arrêt: le restaurant Cargo de l’hôtel Riôtel Matane

Sur la splendide terrasse avec vue sur le soleil qui se couche sur la mer, on peut déguster les classiques de la Gaspésie qu’on trouvera ensuite un peu partout sur la route 132, qui fait le tour de la région. Au menu: chaudrée de fruits de mer, saumon fumé, pizza aux fruits de mer et poissons, fish and chips de morue et club sandwich au homard.

Photo: Facebook Restaurant Cargo
Photo: Facebook Restaurant Cargo

Troisième arrêt: le bistro Brise-Bise

Dans ce bistro de Gaspé, on sert la fameuse bouillabaisse, servie dans pratiquement tous les restaurants, mais toujours à la sauce de l’endroit. La bouillabaisse est une soupe-repas (contenant beaucoup) de poissons et de fruits de mer, accompagnée de croûtons, de fromage et de rouille (une mayonnaise épicée) qu’on laisse tremper dans la soupe consistante avant de déguster.

La fameuse bouillabaisse. Photo: Facebook Bistro-Bar le Brise-Bise
La fameuse bouillabaisse. Photo: Facebook Bistro-Bar le Brise-Bise

Attention, si cette soupe avec rouille est appelée «bouillabaisse» dans certaines régions de la Gaspésie, elle est, ailleurs, simplement désignée comme une «soupe de poissons» pendant que la bouillabaisse est servie sans croûtons ou rouille.

Qu’on l’appelle «bouillabaisse», «soupe du pêcheur» ou «soupe de poissons», le repas est partout en Gaspésie… jusqu’au Parc National de l’Ile-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé. Au restaurant de la SEPAQ, sur l’ile Bonaventure, accessible seulement par bateau, on sert une soupe aux poissons à 25$ qui vaut le coût. Le bouillon regorge de pétoncles, de crevettes nordiques et de poissons et est servi avec deux pinces complètes de homard.

Quatrième arrêt: la Maison du Pêcheur

De retour sur la terre ferme, à Percé, la Maison du Pêcheur propose deux menus: un plus gastronomique, à l’étage, et un de type bistro, en bas, près de l’eau. Ce dernier est le repaire des locaux qui y commandent du beurre de morue, de la chaudrée de fruits de mer, de la soupe de fruits de mer, des langues de morues frites, des croquettes de morue avec sauce tartare ou de la poutine au homard. À l’étage, c’est la crème d’oursins qu’il ne faut pas manquer. «Ici, on mange beaucoup de poissons et de fruits de mer frais d’avril à octobre. Après, on s’adapte et on mange autre chose. Mais quand le crabe frais revient au printemps, on est vraiment contents!», avoue Nadine Méthot, originaire de Percé, devant une poutine au homard.

Poutine au homard. Photo: Véronique Leduc
Poutine au homard. Photo: Véronique Leduc

Aussi au menu: les bières!

Pas de doute, sur la route, les casse-croûte sont eux aussi bel et bien gaspésiens. Partout dans les cantines, même les plus simples, on sert les guédilles et les clubs au homard, au crabe ou aux crevettes, les fish and chips et les croquettes de morue.

Photo: Facebook Microbrasserie Pit Caribou
Photo: Facebook Microbrasserie Pit Caribou

Avant, pendant, ou après ces dégustations, il y a aussi de bien bonnes bières qui sont brassées en Gaspésie. Pendant une tournée de la région, il faut s’arrêter chez Pit Caribou, à L’Anse-à-Beaufils ou à Percé, à l’Auval, petite dernière microbrasserie de la Gaspésie à Val-d’Espoir, ou au Naufrageur, à Carleton-sur-Mer. Toutes des microbrasseries qui connaissent un franc succès et où on peut prendre un verre ou faire des provisions pour la maison… jusqu’à la prochaine fois.