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Fragments d’ici – 25 récits pour (re) découvrir le Québec, Gary Lawrence

Après avoir publié Fragments d’ailleurs – 50 récits pour voyager par procuration au printemps 2020, le journaliste Gary Lawrence propose Fragments d’ici – 25 récits pour (re) découvrir le Québec.

Sans contredit parmi les plus belles plumes de la presse touristique, Gary Lawrence a, au cours de sa carrière, foulé le sol de plus de 100 pays. Si l’immobilité forcée par la pandémie lui est apparue difficile, il trouve ici une fort jolie manière de nous rappeler à quel point la Belle Province n’a rien à envier au reste du monde. «Même si j’ai investi les fjords de Norvège, du Monténégro et du Sultanat d’Oman, celui du Saguenay m’éblouit toujours, quand je longe ses dantesques murailles en kayak ou que j’embrasse sa superbe en mode admirama, au bout du sentier de la Statue», écrit-il.

On le suit à bord du Bella-Desgagnés, au-delà de la route, sur la Côte-Nord, et dans des coins de pays aux airs de bouts du monde, comme à Oujé-Bougoumou, à la Baie-James.

Collectionneur d’anecdotes, il raconte notamment dans un récit savoureux la fois où il est tombé sur Saadi Kadhafi au Manoir Richelieu, qui avait comme entraîneur personnel… Ben Johnson.

Dans les Belles histoires des pays dans l’eau, qui se déroule à l’île Brion, aux îles de la Madeleine, il se souvient comment, muni de masque et tuba, il a défoncé «les accents de cette mer circonflexe qui s’ouvre entre les parenthèses de l’archipel madelinien» et vu surgir des phoques. «L’une des créatures me tapote le dos de son museau, comme pour me darder dare-dare en guise de test initiatique. Une autre me toise sans me chercher noise, une autre encore s’acharne sur ma palme et la tiraille, la mordille, d’une gencive pas du tout agressive, avant de feindre l’esquive vers le fond. Ça y est, j’ai réussi ma mission: je suis devenu le centre d’intérêt des phoques.»

Tout n’est cependant pas parfait et l’auteur n’hésite pas à montrer du doigt les failles qu’il constate. «Asphalte rabougri», «accotements fissurés» et «revêtements minés de cavités»: nos routes sont selon lui parmi les pires du monde développé.

Qu’il fasse des envolées poétiques ou des jeux de mots – «Stores d’un soir», pour parler d’un festival d’astronomie qui attire des centaines d’amateurs au mont Mégantic, «plancha non grata», pour qualifier le surf des neiges au Massif, ou encore «En prêt-à-décamper avec Papa», au parc national d’Oka, dans les Laurentides –, Gary Lawrence reste un conteur hors pair.

Son troisième recueil, Fragments d’ailleurs II, paraîtra en novembre chez le même éditeur.

Fragments d’ici – 25 récits pour (re) découvrir le Québec, Éditions Somme toute, 2021, 168 pages.

Des haltes routières qui valent le détour

Faire une pause sur le bord de l’autoroute n’a pas besoin de rimer avec vieil édifice en bois et toilettes nauséabondes: de nombreux pays ont érigé au cours des dernières années des haltes routières qui valent le détour.

Le sujet des haltes routières est au goût du jour. Comme le faisait remarquer notre collègue Claude Deschênes sur Facebook, le gouvernement du Québec a récemment remplacé deux haltes routières dans la province: la halte routière de Villeroy, sur l’autoroute 20, et l’aire de service du Point-du-Jour à Lavaltrie, sur l’autoroute 40.

Deux autres transformations du genre sont prévues au Québec, à Saint-Bernard-de-Lacolle et dans la réserve faunique de La Vérendrye.

Les nouveaux établissements offrent des services modernes (comme des bornes de recharge pour voitures électriques), et un design au goût du jour, avec de grandes surfaces vitrées.

C’est un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup de haltes qui auraient besoin d’une cure de jeunesse. Voici quelques sources d’inspiration pour les prochaines haltes routières.

La halte routière Villeroy, complètement revampée, offre des services modernes (comme des bornes de recharge pour voitures électriques), et un design au goût du jour, avec de grandes surfaces vitrées. Photo: Walker Glass

Australie (BKK Architects)

L’État de Victoria, en Australie, a misé sur l’architecture pour mettre à jour son réseau de haltes routières au cours des dernières années. Le pari: avec une allure attirante, facilement reconnaissable et surtout facile à voir de loin (les tours de verre lumineuses qui surplombent les haltes font 8 mètres de haut), ces haltes encourageront les automobilistes à s’y arrêter et à s’y reposer.

Parmi les autres éléments dignes de mention, notons que les deux tours sont alimentées à l’énergie solaire, et que sont accessibles des tables extérieures protégées des intempéries et du bruit de l’autoroute. Les toilettes sont aussi particulièrement jolies pour un édifice du genre, avec leurs tuiles jaunes ou bleues et leurs puits de lumière.

Les deux tours de cette halte routière sont alimentées à l’énergie solaire. Photo: BKK Architects

Finlande (Studio Puisto Architects)

Située le long de la route européenne 75 (E75), une autoroute qui traverse l’Europe du sud de la Grèce au nord de la Norvège, la halte de Niemenharju offre tous les services auxquels on pourrait s’attendre (station-service, toilettes, dépanneur, etc.), mais aussi beaucoup plus.

En Norvège, la halte de Niemenharju offre tous les services auxquels on pourrait s’attendre.. et beaucoup plus! Photo: Studio Puisto Architects

On y retrouve, par exemple, un restaurant mettant en vedette la cuisine locale, des terrains de camping l’été, un accès à l’eau et un petit hôtel de dix chambres avec sauna. Le tout a été construit avec du bois local, issu d’une reforestation durable.

À l'intérieur, un restaurant met en vedette les produits locaux. Photo: Studio Puisto Architects

Géorgie (J. MAYER H.)

Sur l’autoroute qui traverse la Géorgie, entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, une série de haltes routières réalisées par la firme d’architecture allemande J. MAYER H. se démarque par son architecture presque brutaliste, avec ses formes uniques de béton qui ont été moulées sur place.

On y retrouve les habituelles stations-service et , à l’intérieur, des espaces permettant de mettre en valeur les activités locales, avec de la vente d’artisanat et un marché fermier.

Les formes de béton de cette halte routière ont été moulées sur place. Photo: J. MAYER H.

Norvège (HZA)

Les haltes routières n’ont pas toutes besoin d’être assez grandes pour accueillir des dizaines de voyageurs. En Norvège, de petites toilettes ont été installées le long des routes panoramiques, dans le but d’inviter les voyageurs à s’arrêter pour observer des points d’intérêts et des paysages qui valent la peine. Plusieurs d’entre elles se démarquent par leur architecture, comme la halte de Ureddplassen montrée ici.

En Norvège, de petites toilettes ont été installées le long des routes panoramiques, dans le but d’inviter les voyageurs à s’arrêter pour observer des points d’intérêts et des paysages qui valent la peine. Photo: HZA

Parmi les autres à retenir, notons la toute petite de Akkavikodden, conçue avec de grandes plaques de métal soudées pour la protéger des vents qui avaient soufflé la halte précédente, et celle du studio Morfeus Arkitekter (photo en une), sur l’île d’Andøya.

Les rencontres de la photographie en Gaspésie : 12 expos, 12 lieux et 15 artistes d’ici et d’ailleurs

J’aime la photographie, beaucoup même et J’aime aussi beaucoup les parcours et circuits culturels, qui telles des chasses aux trésors, nous entraînent d’un lieu à l’autre avec le plaisir d’y découvrir une autre œuvre, un autre artiste et une autre expérience. C’est donc avec bonheur que j’ai découvert les Rencontres  de la photographie en Gaspésie. Un parcours du promeneur amateur ou passionné qui, pour sa 12e édition, vous entraînera dans 12 municipalités ou parcs de la région gaspésienne à la rencontre de 15 photographes émérites en provenance du Québec, du Canada et d’ailleurs. Sous le thème Conversations, les expositions tiendront place jusqu’au 30 septembre. Une formidable façon de découvrir la Gaspésie. Et c’est gratuit!

Mais ce que j’aime par-dessus tout dans ce genre de projets, j’en parlais d’ailleurs au sujet des Passages insolites dans le Vieux-Québec, c’est la détermination des gens qui sont derrière ces initiatives, à faire rayonner l’art, la culture sous toutes ses formes et à mettre en valeur leur région. Il faut entendre le fondateur et directeur général des Rencontres de la photographie en Gaspésie, Claude Goulet, parler de la programmation et des artistes pour saisir tout cet engagement. Quand il a créé les Rencontres, il tenait à ce que les expositions ne soient pas cantonnées à un seul endroit, mais qu’au contraire, elles deviennent un incitatif à découvrir l’ensemble de la Gaspésie.

Documentaire en dérive, dessin et photographie, 2019.© Nayla Dabaji

Dès le départ, pour ce passionné de photo et de cinéma, le festival devait aussi avoir une envergure internationale, comme les festivals qu’il fréquentait ailleurs dans le monde. Covid obligeant, l’édition de 2021 compte moins de photographes venus d’ailleurs, quatre seulement y participent alors que pour les 10 premières éditions, on comptait près de 50% de photographes d’autres pays. Les Rencontres ont d’ailleurs quelques partenaires internationaux comme Les PUI Pratiques et usages de l’image à Nantes en France ou encore Diaphane, pôle photographique en Picardie, avec lequel les Rencontres ont développé une plateforme internationale d’échanges artistiques.

Des balados qui marient musique et photo

Pour cette 12ème édition, M.Goulet et son équipe ont eu une formidable idée : jumeler dans des balados, les photographes invités et des musiciens de la région. Ainsi 11 des 12 expositions affichent un code QR qui permet d’écouter les balados, qu’on peut aussi trouver sur le site web des Rencontres www.photogaspesie.ca , en cliquant sous  l’onglet Rencontres sur le Web. Chacune des 11 balados, d’une durée de huit minutes, présente le photographe qui parle de son œuvre et de sa démarche et une histoire musicale originale, composée par un musicien gaspésien.  François-Pierre Poirier, Phile (Philippe Patenaude), Gaëtan Essiambre, Justine Fournier, Juan Sebastian Larobina, Collectif Trames (Guillaume Champion et Guillaume Côté), Monsieur Nokturn (Olivier Brien), Éric Dion, Richard Dunn, Spacey Koala (François Clavet) et Alex Pelletier signent les pièces musicales sous la réalisation de Maïté Samuel-Leduc de Gaspé.

On peut évidemment visualiser la carte des Rencontres et la programmation à partir du site Web et fait à noter : à deux exceptions près, les expositions sont présentées à l’extérieur et permettent donc de profiter à la fois des œuvres et des lieux.

Turn around USA, août 2018, image issue de la série As if the day never existed.© Nele Van Canneyt

Je souligne aussi les Éditions Escuminac qui publient des livres en lien avec les Rencontres et la photographie. Leur dernier ouvrage, Empreintes, soulignait le 10e anniversaire des Rencontres dans une très belle édition en noir et blanc.

Conversations ou le rapport à l’humain

Chaque année les Rencontres abordent un thème différent autour duquel se greffent les œuvres soit photographiques ou vidéos. « Cette année, Conversations interroge notre rapport à l’intimité, à nos sentiments, à notre environnement immédiat et à l’importance de s’attarder à l’humanité », explique Claude Goulet. Un exercice d’observation à la fois de l’artiste et de l’observateur qui souligne la résilience humaine. « Cette édition réunit 15 artistes, soit autant d’écritures et de formes, laissant une large place au dialogue. Il y est question de politique, de temps, de vie, d’intime et, bien entendu, de territoires », ajoute t-il.

Miscellaneous, photographie issue de la série A Dialogue with Solitude. Courtoisie de la Stephen Bulger Gallery. © Dave Heath

Bon bref, si vous passez par la Gaspésie ou y vivez, ne ratez pas cela, c’est une occasion de découvrir des photographes et des artistes tout en appréciant la beauté gaspésienne et, qui sait d’entamer des Conversations.

Les Rencontres en tournée trois jours plus immersifs

Cette année encore, les Rencontres proposent trois journées de « tournée » qui se tiennent dans trois lieux différents. Coup d’envoi à Carleton comme à chaque année.

3 septembre Carleton
Lancement officiel des Rencontres en tournée au Quai des arts.
Exposition sur le livre photo à la bibliothèque.
Présentation de la photographe Nayla Dabaji   au rez-de chaussée de la bibliothèque.
Dévoilement d’une œuvre numérique en réalité augmentée,  Parc des Horizons.
Projection des œuvres élargies de cinq photographes en soirée

4 septembre Paspédiac
Visites des expositions et projections
Présentation des artistes au centre culturel de la ville en soirée

5 septembre Gaspé
Exposition d’œuvres numériques au Musée de la Gaspésie en journée
Présentation de photographes et musiciens au Berceau du Canada en soirée

Le débarquement, 2020, image issue de la série Plongeons.© Sven

Tout l’été jusqu’au 30 septembre

 MRC La-Côte-Gaspé
Miroirs acoustiques, Bertrand Carrière (Longueuil) Théâtre de la Vieille-Forge, Petite-Vallée

Plongeons, Sven (Montréal) projet de réalité augmentée. Musée de la Gaspésie, Gaspé.

As if the day never existed (Comme si le jour n’avait jamais existé) Nele Van Canneyt (Belgique), maison Horacio Le Bouthillier (près du Berceau du Canada).

MRC du Rocher-Percé
Étoffe de soi : plis et replis, 2021, Maude Arsenault (Montréal), Percé : sur la promenade de mer (secteur historique Charles-Robin du parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé) et près de la rue du Quai.

Isolement du photographe documentaire, Renaud Philippe (Québec) Chandler parc face à la Cantine du Chenail.

MRC de Bonaventure
Time’s out | Temps fluide,  Marie-Claude Gendron (Montréal)  photos et vidéos,: Centre culturel de Paspébiac et la promenade de la plage.

Pourquoi devrais-je m’arrêter ? Installation vidéo, Leila Zelli (Montréal) Centre culturel de Paspébiac.

A sisterhood (Une communauté de religieuses) Valeria Luongo (Italie/Grande-Bretagne). Près du bureau d’information touristique, Bonaventure.

Ces lieux qui nous habitent, Chloé Beaulac (Longueuil) New Richmond, parc de la pointe Taylor

MRC d’Avignon
Maria accueillera Amour, Claudine Doury (France) Près de l’œuvre en acier de l’artiste Yves Gonthier, Le Cadre Naturel.

Trois expositions à  Carleton-sur-Mer.
Vaste et Vague Documentaire en dérive de Nayla Dabaji (Montréal), Centre d’artistes du 6 août au 6 septembre 2021.

A Dialogue with Solitude (Dialogue avec la solitude), Dave Heath (Toronto), parc des Horizons.

L’espace du livre 2021,  bibliothèque Gabrielle-Bernard-Dubé du 30 juillet au 4 septembre 2021. Plus de 25 livres photographiques québécois choisis par le commissaire Serge Allaire et autant de livres français sélectionnés par l’organisme nantais Pratiques et Usages de l’Image, qui abordent l’édition comme l’aboutissement d’une démarche artistique.

Tsiganes, Jacques Léonard (Espagne), Parc national de Miguasha, à Nouvelle, près de l’ancien pavillon d’accueil.

Traces, Yves Arcand (Matane) Lieu historique national de la Bataille-de-la-Ristigouche, à Pointe-à-la-Croix

Les fins douces, Samuel Graveline (Montréal). Belvédère des Deux-Rivières, Matapédia

Passages insolites et embuscades artistiques, l’art public dans les rues du Vieux-Québec

L’art est essentiel, s’il y a bien une chose que la pandémie nous aura appris, c’est bien celle-là. L’art est un formidable ciment social et quand il descend dans la rue, il transforme les villes, surprend, interpelle ou émeut les passants qui, tout à coup, sourient, sourcillent, commentent, photographient et échangent. C’est cette expérience unique, sympathique et un peu déstabilisante que nous fait vivre cet été jusqu’au 11 octobre, Passages insolites une innovation de l’organisme EXMURO à Québec. Pour cette huitième édition on a, non seulement étendu le parcours, mais on a également inclus les arts vivants dans les rues du Vieux-Québec avec Les embuscades, des performances artistiques furtives qui surgiront sur votre parcours du 14 juillet au 22 août du mercredi au dimanche entre 13h et 17h.

Au détour d’une rue, alors que vous fouinez à une boutique, soudain deux personnages s’animent sous nos yeux, la scène qui nous intrigue d’abord nous déstabilise un peu… Est-ce un jeu ou la réalité? Comédiens, acrobates, chanteurs, musiciens : au total, c’est 30 artistes de cinq disciplines (art multi, théâtre, cirque, musique et danse) qui ont été invités par l’organisme Acte Premier à créer, en toute liberté, des numéros et des performances qu’ils livrent au gré du hasard sur la route des visiteurs de la vieille ville. Quelle idée fantastique, quel bel espace de création pour ces artistes émergents pour la plupart que la pandémie a, dans bien des cas, réduit au silence.

En conférence de presse, Vincent Roy, directeur général et artistique d’EXMURO et Marc Gourdeau, directeur général et artistique de Premier Acte, ont tous deux insisté sur l’importance de provoquer des occasions d’expression et de création pour les artistes, qui du jour au lendemain, pendant la pandémie, se sont retrouvés sans public, sans contrats, sans lieux d’expression et nous, sans eux. Animer les rues d’embuscades artistiques? L’idée m’a vraiment plu. Si vous voulez vous faire surprendre vous aussi à ces sympathiques embuscades, il vous suffit de déambuler dans les rues du vieux Québec d’ici le 22 août et de garder l’œil et l’esprit ouverts. Vous êtes pratiquement assurés de vous faire embusquer, puisque 25 numéros originaux dans 75 prestations/apparitions ont lieu chaque jour dans le Vieux-Québec.

Des acrobates qui performent soudainement sur vos pas. L'expérience des embuscades est multiple, ici des artistes de cirque
Photo: Stéphane Bourgeois

Coup de chapeau à Vincent Roy qui a eu cette idée d’intégrer les arts vivants à l’expérience des Passages insolites et à Marc Gourdeau, qui avec Premier Acte a répondu présent et réuni des artistes et des organisations de plusieurs horizons artistiques, offrant ainsi à des artistes émergents une super plateforme. Je suis toujours impressionnée, voire touchée, par la passion et l’engagement qui animent les gens du milieu culturel. Leur créativité et leur volonté de faire vivre les arts teintent notre vie, y donnent souvent un sens et nous réunissent dans un ressenti collectif qui tisse notre identité culturelle. Les compagnies artistiques impliquées sont L’orchestre d’hommes-orchestres (L’ODHO) en art multi, FLIP Fabrique en arts du cirque, Le Crue en danse, District 7 Production en musique et Théâtre Kata.

Cette voyageuse qui semble s'envoler... une touriste heureuse? Les badauds l'observent, ils sont tombés dans une embuscade...
Photo: Stéphane Bourgeois

Des œuvres qui parlent et font parler

Revenons aux Passages insolites, j’ai pris un vif plaisir à parcourir les rues du Vieux-Québec à la recherche de ces œuvres parfois étranges, pour le moins insolites, mais porteuses de sens. J’ai pris aussi beaucoup de plaisir à voir les touristes, moins nombreux encore cet été, mais tout de même présents, à chercher les carrés et les flèches jaunes au sol qui indiquent le chemin ou la présence des œuvres et à voir leurs réactions. Éclats de rire, sursauts, regards scrutateurs, aucune de ces œuvres ne laissent indifférents. Le corps étendu et coincé entre deux murs, une femme anonyme sans visage, surplombe une ruelle et stoppe la marche des visiteurs. On s’arrête forcément, on commente, on pointe de la tête cette inquiétante représentation d’une femme dont on voudrait connaître l’histoire.

Les voitures pelouses dans le Vieux-Québec.
Photo: Stéphane Bourgeois

Quelques cris de surprise proviennent des abords d’une petite cabane, ah! tiens c’est un kiosque de crème glacée, mais que diable y sert-on? Je vous laisse le découvrir au pied du Petit Champlain. Et ce pêcheur à la silhouette si vraisemblable et au visage sombre et anonyme qui tient sa ligne au-dessus d’un cours d’eau asséché? Et ces voitures têtes en bas, dont le dessous ainsi exposé est recouvert d’une herbe verte qui y pousse? Bon, je m’arrête là, pas question de tout vous dévoiler, sauf pour vous dire que mon de coup de cœur va à une immense sculpture, autoportrait de l’artiste (rare en sculpture). Je vous invite plutôt à faire le circuit qui, cette année s’est élargi.

Assurément un coup de coeur pour cette sculpture géante autoportrait de l'artiste.
Photo: Françoise Genest

Le parcours principal fait environ 5 km, depuis le Petit Champlain, jusqu’à Saint-Sauveur en passant par le Vieux-Port, la Place Royale et Saint-Roch. Au total une vingtaine d’œuvres à découvrir, certaines d’envergures internationales, comme Les voitures pelouses de Benedetto Bufalino (France). Un moment d’adaptation (dans le bassin Louise), œuvre de Nicole Banowetz (États-Unis) ou encore trois œuvres de trois grandes artistes suédoises. Fait à souligner, pour la première fois cette année, il est possible de se procurer le catalogue des œuvres des Passages insolites, qui se détaille à 25 $ et qu’on peut se procurer à l’accueil de l’Espace 400e.

Une des oeuvres des Passages insolites. Au sommet de la montage de Charles-Étienne Brochu.
Photo: Stéphane Bourgeois

Je vous recommande de débuter votre circuit par une exposition primeur du Boston Museum of Bad Art, le Musée du Bad Art que vous pouvez voir à l’Espace 400e près de la Marina, où vous trouverez aussi les cartes du circuit et les infos d’usage. L’exposition, qui fait partie des Passages insolites, réunit des œuvres «si mauvaises qu’elles ne peuvent être ignorées».

À elle seule, cette oeuvre du Musée du Bad Art résume bien les défauts artistiques des oeuvres de l'exposition.
Photo: Françoise Genest

C’est une idée qui nous arrive de Boston et qui semble farfelue, mais qui est pourtant très intéressante, car elle pousse la réflexion sur ce qui constitue ou non une œuvre d’art, une œuvre réussie ou non. Gaucheries dans la technique, dans la palette ou dans le sujet, ces œuvres font à la fois sourire et réfléchir. L’exposition vous demandera environ 30 à 40 minutes, c’est gratuit comme toutes les prestations et le circuit des Passages insolites et des Embuscades. Et si le Bad art vous intéresse, vous pouvez pousser l’expérience plus loin par une visite virtuelle du musée bostonnais http://museumofbadart.org

Le Vieux-Québec, n’est jamais ennuyant. S’y faire « piéger » par des artistes ou surprendre par des œuvres, rend la visite encore plus sympathique et enrichissante. Laissez-vous prendre au jeu!

Les passages insolites ailleurs au Québec

C'est à la Place des festivals qu'on peut voir cette oeuvre des Passages insolites à Montréal.
Photo: EXMURO

En version plus réduite mais tout aussi sympathique, les Passages insolites laissent leur marque à Longueuil, à Trois-Rivières, à Terrebonne, à Gatineau et à Montréal avec des œuvres qui ont déjà fait partie du parcours de Québec. À découvrir…

C'est à Longueuil qu'on peut voir cette oeuvre de Demers-Mesnard, Les heureux naufragés, déjà présentée à Québec. Photo: Seminaro7

Canot à glace et fatbike: sensations fortes à Québec!

Faire du canot à glace sur le fleuve Saint-Laurent et du fatbike entre le Vieux-Québec et le Grand Marché procure son lot de sensations, en plus d’offrir des panoramas inusités sur ou dans la ville et ses abords glacés.

Les activités guidées en petit groupe sont désormais autorisées dans la province en respectant les règles de la Santé publique. Le plein air de proximité s’impose cependant pour respecter les recommandations sanitaires. Si vous habitez la région de Québec, profitez de ces deux activités sportives qui vous montreront la ville sous un autre angle. Aux autres, que cette lecture soit une source d’inspiration pour le futur! 

En canot dans les glaces du Saint-Laurent

À regarder les amoncellements de glace torturée qui «naviguent» sur le fleuve au gré de la marée montante, je suis prise d’un certain vertige. Nous sommes près de l’anse au Foulon, à deux pas du boulevard Champlain, entre le Vieux-Québec et «les ponts». Il fait un temps de rêve: ciel bleu, soleil éclatant, pas de vent. «C’est parfait», lâche Julien Harvey. De son grand-père, capitaine de caboteur, et de ses parents de L’Isle-aux-Coudres, adeptes de courses en canot à glace, il a hérité ce goût du Saint-Laurent et de ce drôle de sport qui fut autrefois un essentiel moyen de transport hivernal entre les îles et les berges du «fleuve aux grandes eaux».

Le canot à glace était autrefois un essentiel moyen de transport hivernal entre les îles et les berges du «fleuve aux grandes eaux». Photo: Anne Pélouas

Julien a tout pour rassurer les troupes, insistant sur l’aspect «initiation au canot à glace» de l’activité, qu’il propose à des groupes de trois personnes seulement à la fois, encadrés par deux guides et dûment masqués. L’équipage d’un canot à glace est toujours de cinq personnes, trois au milieu, un capitaine de navigation à l’arrière et un capitaine des glaces à l’avant. Le nom de l’entreprise (Canot à Glace Expérience) qu’il a créée fin 2019 le dit bien: préparez-vous à vivre une «expérience» en forme de «baptême des glaces», dont j’ajouterais qu’elle est vraiment unique et hors du commun. Seule condition: être en relative bonne forme physique et assez souple. «Nous adaptons notre rythme au groupe», précise néanmoins Julien.

L’équipage d’un canot à glace est toujours de cinq personnes. Photo: Anne Pélouas

Une fois bien équipés de gants aux mains, bas et bottes de néoprène aux pieds, ainsi que de protecteurs de jambes (à la façon d’un gardien de but de hockey), on pousse le long et lourd canot sur la neige. Démarre ensuite une petite séance d’apprentissage des manœuvres qui, pour faire avancer l’embarcation, se limitent à deux: ramer et trottiner. Ramer sur l’eau, quand eau il y a; trottiner d’un pied sur les glaces, quand il y en a.

Mise à «l'eau» du canot. Photo: Anne Pélouas

La difficulté réside surtout dans le passage (rapide) de la position de rameur à celle de trottineur puisqu’on joue des rames en étant tourné vers l’arrière et qu’on patine, tourné vers l’avant. Il faut donc ranger rapidement la longue rame dans le canot quand on atteint une surface de glace, se retourner dans le canot vers l’avant, puis placer un genou plié dans une encoche prévue à cet effet et l’autre jambe à l’extérieur du canot, le tout en gardant ses mains agrippées à ce qu’on peut et son centre de gravité à l’intérieur.

Les glaces sont impressionnantes! Photo: Anne Pélouas

Passée l’expérimentation sur la neige, les glaces nous attendent! L’amas des bords est impressionnant, mais on ne peut plus reculer. Le canot glisse sur la neige, puis «plonge» au niveau des glaces. Nous embarquons en position «trottinage», facilitée par de gros crampons attachés aux pieds, mais les chaos de blocs de glace enchevêtrés paraissent infranchissables. À l’avant, on tire le canot d’un bord à l’autre pendant que les autres patinent, soulevant cuisses et genoux pour ne pas rester coincés.

L'embarquement se fait en position «trottinage», facilitée par de gros crampons attachés aux pieds. Photo: Anne Pélouas

«Le plus important, avait dit Julien avant le départ, c’est la synchronisation et la communication entre les membres de l’équipage», mais une fois sur le fleuve, c’est un peu la pagaille dans le bruit assourdissant des crissements de la glace sur le canot. Cinquante mètres plus loin, le canot atteint une zone d’eau. Il faut rembarquer la jambe pendante, se tourner, s’asseoir et reprendre sa rame. C’est presque le repos et le temps d’admirer un peu le paysage! Nous sommes au milieu du fleuve, à hauteur de la marina du Yacht Club de Québec, surplombée par la falaise, et face au quai Ultramar de Lévis. Nos guides cherchent les meilleurs passages dans les amas de glace dérivante et ceux en eau libre. Parfois, la glace est complètement lisse, mais fragile, et nos pieds plongent à travers, se transformant en nageoires.

La pause est bienvenue dans l’anse au Foulon, parfaitement gelée, puis aux abords d’un «iceberg» au milieu du fleuve, pour boire un bon chocolat chaud et manger une gâterie de la boulangerie-pâtisserie Croquembouche du quartier Saint-Roch. Le groupe est bien d’attaque ensuite pour entamer le trajet du retour, avec son lot de zones d’eau libre et de plaques de glaces chaotiques. On rentre euphorique, et même si le lendemain, certains muscles se rappellent douloureusement à notre souvenir, on se dit que c’est pour la bonne cause: celle du plaisir éprouvé à «vivre» le fleuve autrement.

En fatbike, du Vieux-Québec à Limoilou

Pour poursuivre la visite originale de Québec, rien de mieux qu’un tour guidé en fatbike avec Émilie, sympathique propriétaire de la nouvelle entreprise Tuque & Bicycle Expériences, qui a bénéficié d’une campagne de sociofinancement avec La Ruche fin 2020. «Je ne suis pas la seule qui a de la misère à respirer présentement, qui a besoin de décrocher, qui a besoin de se sentir en sécurité», dit la jeune entrepreneure, qui propose ces sorties en fatbike à Québec comme une façon, pour des débutants, de «s’initier au bonheur de pédaler sur la neige». Son circuit passe par les rues de la Basse-Ville, les sentiers enneigés du parc de la Rivière-Saint-Charles et le Grand Marché de Québec dans Limoilou.

Émilie, sympathique propriétaire de la nouvelle entreprise Tuque & Bicycle Expériences. Photo: Anne Pélouas

De Cyclo Services, sur la rue Saint-Paul, nous partons pour une bonne heure et demie de balade en direction d’abord du Vieux-Québec, par de petites rues pavées. Premier arrêt à la Batterie Royale, face au fleuve, avec le Petit-Champlain et le grand Château Frontenac pour décor arrière. Nos vélos dodus (à pneus surdimensionnés) empruntent ensuite l’étroite rue Sous-le-Cap, qui longe le pied de l’impressionnante falaise nommée Cap-du-Sault-au-Matelot et passe sous des passerelles de bois datant de la Nouvelle-France et reliant toujours les maisons à des hangars.

Premier arrêt à la Batterie Royale, face au fleuve, avec le Petit-Champlain et le grand Château Frontenac pour décor arrière. Photo: Anne Pélouas

Émilie nous ramène ensuite sur le quai Saint-André, puis au bord du bassin Louise, avant de rejoindre les sentiers enneigés du parc linéaire de la Rivière-Saint-Charles. Nous filons ainsi sur la neige bien tapée jusqu’au lieu historique Cartier-Brébeuf. Rue de Meulles, elle nous raconte l’histoire de l’usine SLM, qui commença à fabriquer des lames de patins en 1946 et en devint le premier producteur mondial. Ce qu’il en reste dans le quartier Limoilou, que nous traversons: des retailles de lames qui servent à la décoration de nombreuses galeries en fer forgé.

Nous prenons ensuite la direction du Grand Marché de Québec, dans le même quartier. Sur la place Jean-Béliveau, face au Centre Videotron, s’élève une magnifique sculpture, œuvre monumentale du duo d’artistes de Québec Jean-François Cooke et Pierre Sasseville, nommée La rencontre et représentant deux cerfs de Virginie comme en reflet sur de la glace. À l’arrêt au marché, Émilie ira nous chercher des boissons chaudes de la Brûlerie Rousseau, idéales avant d’entreprendre le chemin du retour en fatbike, toujours dans la neige tapée, sur l’autre rive de la rivière Saint-Charles. Que du bonheur sur deux roues!

Sur la place Jean-Béliveau, face au Centre Videotron, s’élève une magnifique sculpture, œuvre monumentale du duo d’artistes de Québec Jean-François Cooke et Pierre Sasseville. Photo: Anne Pélouas

Infos pratiques

Canot à glace:

  • 195$ par adulte.
  • Forfait Canot et Strøm Spa Nordique: à partir de 245$ par personne. Vérifiez les services offerts au spa en temps de pandémie.

Fatbike:

  • Tour guidé: 59$ taxes incluses; 200$ par famille.
  • Passeport attraits incluant aussi une entrée au Strøm Spa nordique du Vieux-Québec, un tour d’hélicoptère avec GoHelico Québec et une descente sur les glissades de la Terrasse Dufferin, pour 174$ + taxes.
  • Les casques pour le fatbike sont fournis et on peut aussi louer sur place gants, chaussettes, bottes, manteau, pantalon.
  • Avis aux gens de Québec: Émilie loue ses fatbikes en semaine et les livre même à domicile!