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Deux livre pour voyager dans l’histoire de Montréal

Voici deux livres pour faire un beau voyage dans l’histoire de Montréal.

Traces de l'histoire de Montréal (Boréal)

Voici un projet qu’ont mené l’historien Paul-André Linteau, le sénateur et collectionneur d’art Serge Joyal et l’archiviste Mario Robert.

Unissant leurs expertises, ils ont créé un beau livre qui retrace l’évolution de la ville à travers des objets, des sculptures, des dessins, des peintures, des cartes, des photos, des affiches. Ça va d’une pipe iroquoienne à une photo de Montréal prise de l’espace par l’astronaute Chris Hadfield en passant par une toile d’Adrien Hébert représentant le port de Montréal au début des années 20.

Les chapitres sont divisés en cinq grandes périodes: les débuts sous l’égide de la France, le moment où Montréal est un pôle important du commerce britannique, lorsqu’elle devient la métropole du Canada, l’échappée vers la modernité qui culmine avec Expo 67 et son repositionnement comme métropole québécoise ouverte sur le monde.

Les images qui illustrent chacune de ces époques sont édifiantes. On se perd à scruter les multiples détails que les courts textes qui accompagnent les photos soulignent, que ce soit l’allure que la ville avait lorsqu’elle était fortifiée, les détails de l’architecture de l’hôpital Royal Victoria ou le visage incroyablement anglophone que présentait la rue Sainte-Catherine dans les années 60. Les œuvres représentées viennent de différentes collections privées et publiques et, pour la plupart, ont été peu diffusées, ce qui donne à l’ouvrage un caractère surprenant.

 

Traces de l'histoire de Montréal, Paul-André Linteau, Serge Joyal, Mario Robert. Éditions du Boréal, 2017. 184 pages.

Promenade dans le passé de Montréal

Vous aimez L’histoire en photos de Marie-Lise Paquin sur Avenues.ca? Vous raffolerez de cet ouvrage dans lequel Dinu Bumbaru et Laurent Turcot commentent 275 photos de Montréal tirées des archives que le journal La Presse accumule depuis sa fondation en 1884.

Le défi était de taille. Des archives, c’est inerte, abondant et ça demande à être mis en contexte. Ce que nos deux experts ont fait en mettant à profit leur expertise. On connaît la passion de Dinu Bumbaru pour le patrimoine et celle, pour l’histoire, de Laurent Turcot. Ensemble, ils ont donné une trame à ces fragments du passé. La promenade qu’ils nous proposent nous amène à la rencontre des gens qui peuplent cette ville, des lieux qu’ils habitent et qu’ils fréquentent, des services dont ils disposent, de leur rapport aux saisons, des transformations et des catastrophes qu’ils subissent. Au fil des 300 pages, on fait des découvertes stupéfiantes.

Le saviez-vous? À son ouverture, en 1916, le théâtre Saint-Denis était la plus grande salle de spectacle au Canada. L’île Sainte-Hélène a servi de base militaire; pendant la Deuxième Guerre, des prisonniers italiens y cultivaient des légumes. Le belvédère du mont Royal sur la voie Camilien-Houde a été construit à partir des débris provenant de la démolition du tunnel du tramway 11.

En tournant les pages, l’histoire défile. On revoit des joyaux architecturaux aujourd’hui disparus, des chantiers titanesques qui ont changé la face de la ville, mais aussi des scènes de la vie quotidienne qui ont forgé le caractère si particulier de Montréal. Chaque photo est éloquente. Le livre constitue d’ailleurs un bel hommage à la grande tradition du photojournalisme au journal La Presse.

On dit souvent qu’on maltraite notre devise Je me souviens. Cet ouvrage nous offre une magnifique occasion d’y faire honneur et de recharger notre mémoire.

 

Promenade dans le passé de Montréal, Dinu Bumbaru et Laurent Turcot. Éditions La Presse, 2017. 320 pages.

Les ruelles vertes comme troisième lieu

Les ruelles vertes étaient déjà populaires, mais, en ces temps de pandémie où l’envie de sortir d’entre quatre murs se fait cruellement sentir, elles connaissent un réel engouement.

L’expression troisième lieu vous dit-elle quelque chose? Développée par le sociologue américain Ray Oldenburg, la notion désigne les espaces où l’on peut se retrouver et échanger en dehors de la maison (le premier lieu) et du travail (le deuxième). On l’appelle aussi le tiers-lieu.

Au Québec, on associe surtout le terme aux bibliothèques récentes, mais il englobe en plus les cafés, les centres culturels, les bars de quartier et autres endroits pour garder le contact. Bref, c’est un peu le perron de l’église du XXIe siècle.

La COVID-19 et ses conséquences ont affecté le moral de bien des gens. La pandémie a également eu un impact sur les places où la communauté se construit au fil des conversations, rendues pratiquement inaccessibles durant le confinement. Privés de tiers-lieux, les Montréalais semblent s’être trouvé un nouvel endroit pour socialiser: la ruelle.

Photo: Arrondissement de Villeray, Ville de Montréal, Flickr

Nombre grandissant

La toute première ruelle verte est née en 1995 sur le Plateau-Mont-Royal, entre les rues de Mentana, du Parc-La Fontaine, Roy et Napoléon. Depuis, le projet a fait des petits. En 2019, Montréal en comptait 444 et plusieurs autres ont fait leur apparition cette année.

L’arrondissement qui a vu naître le concept en dénombre notamment huit de plus. D’ici la fin de l’été, Rosemont–La Petite-Patrie ajoutera cinq nouvelles ruelles vertes à ses 123 existantes, alors que 10 auront poussé dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Ce ne sont là que quelques exemples. D’autres aménagements devraient se tailler une place un peu partout sur l’île avant l’automne, d’Ahuntsic à Verdun.

L’engouement ne se limite pas qu’à la métropole. On en retrouve quelques-unes à Québec depuis 2017, dans le quartier Limoilou. Même la ville de Rouyn-Noranda souhaite désormais créer des ruelles vertes afin que «les citoyens se réapproprient l’espace derrière leur maison».

Ces oasis présentent d’ailleurs de nombreux avantages. En plus d’offrir un espace collectif sécuritaire, elles luttent contre les îlots de chaleur, apaisent en partie la circulation automobile et favorisent souvent l’agriculture urbaine.

Photo: Matthieu Guyonnet-Duluc, Flickr

Sentiment d’appartenance et esprit de communauté

Comme le soulignait en entrevue avec La Presse Louise Hénault-Éthier, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, la pandémie actuelle s’avère propice à la réalisation de ces ruelles vertes, qui permettent de «renforcer le tissu social dans les quartiers» et d’encourager les conversations entre jeunes et moins jeunes.

Si vous vous êtes aventuré dans les arrière-cours montréalaises depuis le début de la pandémie, vous l’aurez sûrement remarqué: celles-ci sont plus animées, plus habitées qu’à l’habitude. Les enfants, en congé forcé, y jouent ensemble, les parents qui doivent jongler avec le télétravail en profitent pour discuter de tout et de rien, et les promeneurs sont plus nombreux. C’est vrai pour les ruelles vertes, mais la même chose pourrait être dite pour les ruelles plus traditionnelles et les parcs.

À la recherche de nouveaux troisièmes lieux afin de combler ce besoin intrinsèquement humain de socialiser, les villes saisiront peut-être l’occasion pour ajouter d’autres espaces publics. Vienne, par exemple, vient de transformer — en seulement quelques jours! — une imposante intersection à sept voies en petit paradis éphémère. Piscine, espaces verts, kiosque gastronomique et scène en bois accueillent désormais les citadins à la place de l’asphalte, et ce, jusqu’à la fin du mois. La différence entre les photos avant et après est frappante.

Photo: Twitter

Espérons que l’idée inspire d’autres villes du monde. D’ici là, la ruelle est en voie de devenir le lieu de rencontre par excellence.

Petite histoire du déneigement en photos

Si vous trouvez que le processus de déneigement est long au 21e siècle, imaginez le temps qui était nécessaire lorsque cette opération se faisait à la pelle avec des bennes tirées par des chevaux!

Ce n’est qu’à partir de 1905 que la Ville commence à prendre à charge le déneigement des voies publiques. La première souffleuse mécanisée Sicard, quant à elle, n’apparaît que dans les années 1920. Voici quelques images retraçant l’histoire du déneigement à Montréal et à Québec.

À voir aussi: 20 photos de tempête historiques

1- Bancs de neige, rue Craig, Montréal,  1869

Photo: James Inglis, © Musée McCord

2- Déneigement, rue Notre-Dame, Montréal, vers 1887

Photo: Wm. Notman & Son, © Musée McCord

3- Déneigement, rue Notre-Dame, Montréal, vers 1887

Photo: Wm. Notman & Son, © Musée McCord

4- Rue Sous-le-Cap, Québec, vers 1895

Photo: Wm. Notman & Son, © Musée McCord

5- Vue en direction est de la rue Saint-Jacques, Montréal, vers 1869

Photo: James Inglis, © Musée McCord

6- Journée de tempête, rue Sainte-Catherine, Montréal, 1901

Photo: Wm. Notman & Son, © Musée McCord

7- Chasse-neige électrique, Montréal, vers 1895

Photo: Wm. Notman & Son, © Musée McCord

8- Déneigement de la rue après une tempête, vers 1900

Photo: BAnQ

9- Balayeuse au travail de déneigement de la rue en hiver à Québec, vers 1900

Photo: BAnQ

10- Quartier Saint-Jean-Baptiste, Québec, 1904

Photo: Fred C. Würtele, BAnQ

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Alimentation: 3 nouveaux lieux à découvrir

À une époque où l’alimentation et l’expérience gourmande sont au cœur des préoccupations pour plusieurs, 2019 aura bien servi les plus curieux d’entre eux. En effet, ces derniers mois, Québec et Montréal ont accueilli trois nouveaux espaces aux concepts originaux qui mettent une alimentation de qualité de l’avant.

Le Grand Marché de Québec

Inauguré le 14 juin, Le Grand Marché de Québec s’inspire des marchés de grandes villes du monde, comme ceux de Manhattan, Londres ou Copenhague. Installé dans un bâtiment datant de 1920 qui servait autrefois au commerce agricole, et entièrement rénové pour l’occasion, l’espace lumineux et aéré a été aménagé par la firme du réputé architecte Pierre Thibault. Ce lieu au goût du jour a sonné la fin du Marché du Vieux-Port, qui existait depuis 30 ans.

Ainsi, depuis cet été, près du Centre Vidéotron, à Limoilou, les clients peuvent découvrir une trentaine de commerces alimentaires et 80 étals de producteurs de partout au Québec, mais tout particulièrement de la région. On peut y faire son marché donc, mais aussi commander des sandwiches, goûter des vins d’ici ou prendre une bière à la microbrasserie.

Côté activités, des concerts et des événements sont prévus ainsi que diverses célébrations en lien avec les saisons et les fêtes. Un espace famille est également aménagé, des ateliers culinaires sont offerts et une cuisine de production est prêtée aux entreprises en démarrage alors que le kiosque des Urbainculteurs donne des conseils aux amateurs de jardinage urbain. Quant au comptoir Aux Arrivages, il propose des plats élaborés en fonction des produits de saison.

Le Grand Marché de Québec
250-M, boulevard Wilfrid-Hamel, Québec

Inauguré le 14 juin, Le Grand Marché de Québec s’inspire des marchés de grandes villes du monde. Photo: Facebook Le Grand Marché de Québec

Le Central

Plus récemment, en octobre, au coin de Sainte-Catherine et Saint-Laurent, à Montréal, une foire alimentaire nouveau genre a ouvert ses portes. Dans cet ensemble cohérent, chacun des 25 kiosques de cette foire a toutefois son propre style. Certains noms sont connus des Montréalais, comme Pizzeria Heirloom, Super Qualité ou Trou de Beigne, alors que d’autres kiosques proposent des découvertes.

Les visiteurs peuvent donc y choisir le plat de leur choix, prendre un verre et s’asseoir à l’une des 700 places de ce grand espace ouvert festif et unique.

L’endroit rappelle une ambiance de food trucks et célèbre les vagues d’immigrants qui définissent la cuisine montréalaise et la rendent si variée: dans les différents kiosques, on peut commander de la pizza, des huitres, du riz collant, des sautés, du poulet frit avec sauces chinoises, des thalis indiens, des couscous et des tacos, entre autres bonnes choses.

Ouvert sept jours sur sept, du matin au soir, et jusqu’à 23h les jeudis, vendredis et samedis, l’endroit promet d’être rassembleur.

Le Central
30, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal

Au coin de Sainte-Catherine et Saint-Laurent, à Montréal, une foire alimentaire nouveau genre a ouvert ses portes en octobre dernier. Photo: Facebook Le Central

Time Out Market

De son côté, le Time Out Market, ouvert depuis le 14 novembre dernier et inspiré des Time Out Market de Lisbonne et de Boston, rassemble au Centre Eaton du centre-ville de Montréal 17 comptoirs et bars mettant de l’avant ce qui se fait de meilleur en ville. Toqué!, Montréal Plaza, Olive et Gourmando, Club Chasse et Pêche et Moleskine, entre autres, y ont leur place.

Si certains peuvent penser que ce nouveau venu est similaire au Central, qu’ils se détrompent. Si le premier propose une ambiance éclatée et festive, le Time Out Market propose de son côté une ambiance plus chic où l’on peut goûter à prix doux, sur de longues tables communes, le haut de gamme de la gastronomie montréalaise. En effet, on y rassemble au même endroit les meilleurs chefs de la ville.

L’espace, ouvert du matin au soir, et jusqu’à minuit du jeudi au samedi, propose aussi diverses soirées festives animées par des DJ.

Time Out Market
705, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal

Photo: Instagram Time Out Market Montréal

Assurément, le Québec innove en ce qui a trait à son offre alimentaire et n’a plus rien à envier, grâce à ces nouveaux lieux, à certaines grandes villes du monde. Le Grand Marché de Québec ainsi que Le Central et le Time Out Market, à Montréal, sauront plaire autant aux touristes qu’aux Québécois, qui pourront y faire des découvertes culinaires.

Ces nouveaux espaces innovants ne sont pas sans rappeler l’agréable Marché Artisans ouvert à l’hôtel Reine Elizabeth en 2017. Et ce n’est pas fini puisqu’on attend pour janvier 2020 le Cathcart restaurants et biergarten à la Place Ville Marie, qui rassemblera trois restaurants, neuf comptoirs, deux cafés et un biergarten.

Le problème sera peut-être, bientôt, d’arriver à faire un choix…

Les archives photographiques Notman à l’UNESCO

Au mois d’août dernier, les archives photographiques Notman conservées au Musée McCord Stewart ont eu l’honneur d’être inscrites au Registre de la Mémoire du monde du Canada de l’UNESCO.

Vous avez certainement déjà vu des photos du studio de photographie Notman, que ce soit dans nos galeries historiques ou sur des cartes postales d’époque. Certaines de ces précieuses images ont peut-être même forgé l’idée que vous vous faites du XIXe siècle à Montréal et dans le reste du Canada.

La culbute, Montreal Snowshoe Club, photographie composite, 1886. Wm. Notman & Son. VIEW-2425 © Musée McCord

La riche collection, qui comprend plus de 400 000 photographies datant de 1856 à 1935, est conservée au Musée McCord Stewart. Au mois d’août dernier, elle a accédé au prestigieux Registre de la Mémoire du monde du Canada de la Commission canadienne pour l’UNESCO, un organisme visant à sensibiliser le public à l’importance de la préservation du patrimoine documentaire en tant que mémoire de l’humanité.

Cet honneur amplement mérité reconnaît le rigoureux travail de conservation et de numérisation du Musée McCord Stewart, qui veille sur la collection depuis 1956. «L’inscription au Registre donne une visibilité incroyable à la collection, qui est déjà très accessible au public, notamment grâce aux quelque 67 000 photos numérisées sur le site Web du Musée», se réjouit Hélène Samson, conservatrice, Photographie au Musée McCord Stewart depuis treize ans.

Journée de tempête, rue Sainte-Catherine, Montréal, 1901. Wm. Notman & Son. VIEW-3449 © Musée McCord

Notman, photographe et entrepreneur visionnaire

Né à Paisley, en Écosse, William Notman s’exile à Montréal en 1856 à la suite d’une grave crise économique qui accule l’entreprise de son père à la faillite. Passionné de photographie, il lance son studio peu après son arrivée et reçoit la commande de documenter la construction du pont Victoria, qui sera inauguré en 1860 par le prince de Galles. Ce dernier repart en Angleterre avec une boîte de photographies du talentueux photographe. Cette commande aurait valu à Notman le titre de «Photographe de la reine» (même s’il n’a jamais photographié Sa Majesté).

William Notman, photographe, Montréal, QC, 1861. William Notman. I-1519.1 © Musée McCord
Hommes détruisant un caisson-batardeau, pont Victoria, Montréal, 1859. William Notman. VIEW-7023.0  © Musée McCord

Au cours des années suivantes, le studio Notman connait un franc succès. En 1876, l’entreprise emploie 58 personnes à Montréal et produit plus de 14 000 photos par année.

Sa réputation ne tarde pas à dépasser les frontières canadiennes, notamment aux États-Unis, où l’on compte 19 studios associés. Il est de bon ton d’immortaliser son portrait chez Notman, à l’instar de grandes personnalités telles que John A. Macdonald, Louis-Joseph Papineau, Sitting Bull et Buffalo Bill.

Louis-Joseph Papineau, Montréal, 1861. William Notman. I-849.0.3 © Musée McCord

«William Notman avait une vision d’avant-garde et a pris de bonnes décisions. Par exemple, au lieu d’utiliser le procédé photographique daguerréotype très populaire à l’époque, il a opté pour des photos que l’on peut reproduire, pressentant l’importance de l’impression pour les journaux», nous explique Hélène Samson.

Bien avant l’ère de Photoshop, Notman retouchait une grande partie des photos du studio pour ajouter des couleurs, enlever des imperfections, blanchir les dents, rendre les yeux plus lumineux, etc.

Soucieux de la qualité graphique, il engagea plusieurs peintres reconnus tels que Cornelius Krieghoff, Henry Sandham et John Arthur Fraser pour créer des œuvres composites uniques. Il explora même l’image 3D bien avant l’heure grâce au procédé de stéréographie.

Le Royal Montreal Golf Club, Montréal, 1882. Photographie composite de Notman & Sandham. View-18906 © Musée McCord

«Il avait une vision de la photographie en tant qu’art, mais aussi en tant que chronique de la vie quotidienne de son pays d’adoption», souligne la conservatrice.

Les photographes du studio ont parcouru le pays d’un océan à l’autre pour immortaliser les plus beaux paysages, les scènes de rue, les modes de vie des Premières Nations et les progrès technologiques.

Scène de chasse à l'orignal recrée en studio à Montréal en 1866. William Notman. I-20494 © Musée McCord

Mon pays, c’est l’hiver

Symbole par excellence de la singularité canadienne, l’hiver occupe une place prépondérante dans ses œuvres. Il recréait littéralement des scènes hivernales à l’intérieur par diverses méthodes, notamment en ajoutant de la laine de mouton pour des décors de neige, du gros sel sur les vêtements, des feuilles de zinc pour la glace, ou en saupoudrant les négatifs pour créer un effet de poudrerie.

« Le crieur de journaux », William McF. Notman, Montréal, 1866. William Notman. I-19926 © Musée McCord
Robert Summerhayes et deux dames, en toboggan, Montréal, vers 1875. William Notman. View-1020.1 © Musée McCord

À une époque où les photos de groupe constituaient un véritable défi en raison du temps d’exposition nécessaire, le studio Notman est également reconnu pour ses montages photographiques: des photos individuelles ou en petit groupe étaient collées sur des fonds peints et photographiées à nouveau.

Carnaval de patinage, patinoire Victoria, photographie composite, Montréal, 1870. William Notman. Don de Charles Frederick Notman. N-0000.116.21.1 © Musée McCord

Très engagé au sein de la communauté artistique et l’élite montréalaise, Notman compte parmi les membres fondateurs de l’Art Association of Montreal, qui sera à l’origine du futur Musée des beaux-arts de Montréal.

À sa mort, en 1891, deux de ses fils, William McFarlane et Charles Frederick, poursuivent son œuvre jusqu’à la vente de l’entreprise à l’Associated Screen News en 1935. Les archives des studios Notman seront ensuite acquises par l’Université McGill au milieu des années 1950 et confiées au Musée McCord.

William Notman et ses fils William McF., George et Charles, Montréal, 1890. Wm. Notman & Son. II-102010 © Musée McCord

«Grâce à diverses subventions, nous poursuivons le chantier de numérisation tout en assurant la conservation de ce joyau de l’histoire selon les règles de l’art. Il y a même une boîte de bois qui n’a pas encore été ouverte parce qu’elle contient de grands négatifs qui sont stables, en attendant les infrastructures nécessaires», nous confie Hélène Samson, gardienne de ce trésor inestimable.

Beau clin d’œil à l’esprit innovateur du photographe, la résidence principale de William Notman, située sur la rue Sherbrooke, abrite aujourd’hui une pépinière d’entrepreneurs et d’investisseurs de startups montréalaises.

Résidence de William Notman, 557, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, 1893. Wm. Notman & Son. II-102141 © Musée McCord