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5 lieux de culte qui ont changé de vocation

Salle de spectacle, bibliothèque, habitation ou même fromagerie: de nombreux lieux de culte en manque de fidèles se voient forcés de se réinventer. Voici cinq réalisations inspirantes ou inusitées, au Québec.

La Société secrète (Cap-d’Espoir)

Confectionner de l’alcool dans une église semble relever du sacrilège. C’est pourtant à cette mission que se consacre une petite bande d’associés en Gaspésie avec La Société secrète. Depuis 2016, gin et autres alcools divins sont créés dans une église désacralisée.

Depuis 2016, gin et autres alcools divins sont créés par La Société secrète dans une église désacralisée. Photo: Lukas Lavoie, Facebook La Société secrète

De l’extérieur, l’église anglicane Saint-James, construite en 1875, cache bien son jeu. Rien ne laisse deviner la nouvelle vocation de l’édifice à la peinture blanche un peu défraîchie. Le vitrail en forme de trèfle à quatre feuilles orne toujours la façade, tout comme ceux qui percent les autres côtés du bâtiment. Même la cloche pourrait encore sonner les vêpres.

De l’extérieur, l’église anglicane Saint-James, construite en 1875, cache bien son jeu. Photo: Facebook La Société secrète

Une fois le seuil franchi, c’est toutefois un autre monde qui s’ouvre aux visiteurs. Les hauts plafonds logent les alambics de sept mètres de hauteur de la distillerie. Au milieu des objets de culte, des sacs de céréales jonchent la nef. Le contraste est frappant.

À l'intérieur, les objets de culte occupent une toute autre fonction. Photo: Facebook La Société secrète

Le Saint-Jude – Espace Tonus (Montréal)

S’entraîner et se détendre à l’église? C’était possible dans l’ancien sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude, à Montréal, qui abritait un centre sportif et un spa urbain.

L’ancien sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude, à Montréal, abritait un centre sportif et un spa urbain. Photo: Caribb, Flickr

L'intérieur de cette ancienne église a subi une grande transformation avant l'ouverture de l'Espace Tonus, en 2013. Les matériaux minéraux, comme le béton, l’acier et la pierre, se marient avec le bois et la végétation. La structure de l’église, avec ses grandes fenêtres, ses arches et sa voûte, fait néanmoins le pont entre passé et présent.

L'intérieur de cette ancienne église a subi une grande transformation avant l'ouverture de l'Espace Tonus, en 2013. Photo: X

Malgré les importants changements, l’architecte Thomas Balaban tenait à préserver au maximum l’extérieur du bâtiment datant de 1905. L’entrée a toutefois été repoussée et les portes d’origine ont cédé leur place à du verre recouvert d’une résille en bois. Ce lieu au design soigné et bien conçu a remporté plusieurs prix, notamment un prix d’excellence du magazine Canadian Architect, avant même son ouverture. Le Saint-Jude a par contre cessé ses activités en 2019, sans explications.

Ce lieu au design soigné et bien conçu a remporté plusieurs prix, notamment un prix d’excellence du magazine Canadian Architect. Photo: X

Chapelle du rang 1 (Lac-Mégantic)

Après avoir été frappée par une tragédie ferroviaire, la ville de Lac-Mégantic avait envie de rebâtir sa communauté. En convertissant l’église anglicane Saint-Barnabas en 2017, la famille Lavallée cherchait ainsi à favoriser les échanges et à célébrer la culture locale. Le résultat de leurs efforts porte le nom de Chapelle du rang 1.

En convertissant l’église anglicane Saint-Barnabas, la famille Lavallée cherchait à favoriser les échanges et à célébrer la culture locale. Photo: Facebook Chapelle du rang 1

La salle intimiste de 60 places ne perturbe pas – ou si peu – l’aménagement originel du lieu de culte. Un comptoir-bar se trouve maintenant à l’entrée et la sacristie a été transformée en loge. Sinon, tout est resté tel quel. Les composantes en bois verni, la décoration, les vitraux et les accessoires ont survécu aux travaux et ont même retrouvé leur lustre d’autrefois. Tout comme l’église de Cap-d’Espoir, celle de Lac-Mégantic a conservé son vitrail en forme de trèfle à quatre feuilles. La Chapelle connaît un grand succès depuis son ouverture. Elle a aussi obtenu le Prix d’excellence – Réutilisation du Conseil du patrimoine religieux du Québec en 2020.

Les composantes en bois verni, la décoration, les vitraux et les accessoires ont survécu aux travaux et ont même retrouvé leur lustre d’autrefois. Photo: Jérôme Lavallée, Facebook Chapelle du rang 1

Fromagerie du Presbytère (Sainte-Élizabeth-de-Warwick)

Le fromage Louis d’or n’a plus besoin de présentation. Le lauréat de plusieurs prix, comme le Caséus d’or, s’est taillé une place de choix sur la table des Québécois. Mais saviez-vous que le fromage est vieilli dans une ancienne église? Depuis 2015, la nef de la petite église de Sainte-Élizabeth-de-Warwick abrite en effet la salle d’affinage de la Fromagerie du Presbytère. Les allées se parent désormais d’étagères pouvant accueillir jusqu’à 3000 meules.

Saviez-vous que le fromage Louis d’or est vieilli dans une ancienne église? Photo: Facebook Fromagerie du Presbytère

Malgré la nouvelle vocation bien particulière, la firme Bourrassa et Maillé Architectes a réussi à garder l’esprit du lieu. La voûte conserve sa hauteur, le crucifix orne toujours les murs et plusieurs éléments d’origine, comme les lattes du plancher, les voûtes ou la tôle embossée du plancher, ont été mis en valeur. Les fondations en pierre et les solives apparentes contribuent à rappeler le passé du bâtiment. Le presbytère, juste à côté, sert à la fabrication des fromages, après une panoplie de rénovations.

À Saint-Pierre-Baptiste, un autre projet de fromagerie pourrait voir le jour dans l’église du village. Le couple propriétaire des Élevages Caberoy caresse le rêve d’acquérir le bâtiment religieux, qui deviendrait ainsi la Fromagerie La Mission.

À Saint-Pierre-Baptiste, un autre projet de fromagerie pourrait voir le jour dans l’église du village. Photo: © Conseil du patrimoine religieux du Québec 2003

Maison de la littérature (Québec)

Construit en 1848, le temple Wesley est sans doute l’un des premiers projets de conversion d’église au Québec. Après avoir été occupé par les méthodistes jusque dans les années 1930, le bâtiment religieux a été acheté par la Ville de Québec en 1941. L’Institut canadien de Québec y a établi domicile jusqu’à la fin du 20e siècle.

L'intérieur du temple Wesley pendant les travaux. Photo: Chevalier Morales Architectes, v2com

Depuis 2015, c’est plutôt la magnifique Maison de la littérature qui l’habite. On y retrouve une bibliothèque publique, des cabinets d’écriture, un atelier de BD, un studio de création, une résidence d’écriture et une scène littéraire.

L’équipe de Chevalier Morales a misé sur la lumière et un aménagement judicieux de l’espace pour actualiser le lieu sans le dénaturer. Photo: Chevalier Morales Architectes, v2com

L’équipe de Chevalier Morales a misé sur la lumière et un aménagement judicieux de l’espace pour actualiser le lieu sans le dénaturer. Même si la facture est contemporaine, les éléments patrimoniaux, comme les fenêtres, sont mis en valeur. L’espace a de quoi redonner la foi.

L’architecture ukrainienne en 5 joyaux

La guerre en Ukraine n’a pas qu’un coût humain. L’invasion russe menace aussi des bâtiments de grande importance, qui reflètent la richesse de la culture ukrainienne. De Kiev à Kharkiv, en passant par les montagnes, on vous présente 5 joyaux de l’architecture ukrainienne.

Cathédrale Sainte-Sophie (Kiev)

Probablement l’un des bâtiments les plus connus d’Ukraine, la cathédrale Sainte-Sophie se dresse dans le centre-ville de Kiev depuis plus de 1000 ans. Construite au début du XIe siècle, l’église chrétienne a été conçue sur le modèle de l’église Sainte-Sophie à Constantinople.

Ses nombreux dômes dorés, ses multiples nefs, ses arcs arrondis, sa hauteur et ses mosaïques colorées ont été empruntés à l’architecture byzantine. On peut aussi apercevoir sur certaines sections non crépies le mélange de maçonnerie propre à la technique byzantine.

Si l’architecte demeure inconnu, deux théories circulent sur la création de la cathédrale. Certains croient qu’elle a été commandée par le grand prince de Kiev, Yaroslav le Sage, en 1037, alors que d’autres affirment qu’elle a été fondée par Vladimir le Grand en 1011. Des inscriptions murales remontant à 1011 à l’intérieur de la cathédrale tendent à confirmer la seconde option. L’Ukraine a d’ailleurs souligné son millénaire en 2011.

Le monument religieux revêt aussi une importance symbolique en ces temps incertains. Les Ukrainiens croient en effet que le pays continuera d’exister tant que la cathédrale se tiendra debout.

Vue aérienne deAerial view of Sofievskaya Square and St. Sophia Cathedral in Kiev, Ukraine. Photo: Depositphotos

Maison Gorodetsky ou maison aux chimères (Kiev)

Ceux qui suivent assidûment l’actualité ont peut-être déjà remarqué la maison Gorodetsky en toile de fond des vidéos du président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’édifice art nouveau au style bien distinct a été construit par l’architecte d’origine polonaise Vladislav Gorodetsky entre 1901 et 1902.

Le concepteur, parfois surnommé le Gaudi d’Ukraine, a imaginé un immeuble aux lignes fluides et droites, richement ornementé. Les nymphes, les dauphins et les grenouilles côtoient les aigles sur les murs extérieurs. La trompe des éléphants, elle, sert de gouttière. Les sculptures ont été réalisées en ciment, un matériau peu utilisé à l’époque. C’est à ces chimères que la maison doit son nom. L’intérieur est aussi extravagant, avec ses fleurs et ses trophées de chasse.

La résidence luxueuse, où a habité l’architecte, est utilisée depuis 2005 pour des cérémonies officielles du président. Au fil de son histoire, la maison aux chimères a changé de mains de nombreuses fois, et elle a également fait office de clinique pendant plusieurs années. La décoration a depuis été restaurée. Conformément aux plans originaux, un lac artificiel, des fontaines et un jardin miniature ont retrouvé leur place dans la cour.

La maison aux chimères, la création la plus originale de l'architecte Vladislav Gorodetsky, à Kiev. Photo: Depositphotos

Centre historique de Lviv (Lviv)

Lviv a été fondée à la fin du Moyen Âge. La ville de quelque 700 000 habitants fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Et pour cause. Lviv a conservé pratiquement «intacte sa topographie urbaine médiévale», alors que certaines parties remontent au Ve siècle, et elle a gardé la trace des différentes communautés qui y ont élu domicile.

Ces différentes cultures s’expriment par l’architecture. On retrouve notamment des maisons gothiques, des résidences baroques et un opéra de style néo-Renaissance. Une mosquée, une synagogue et divers bâtiments religieux des Églises orthodoxes, arméniennes et catholiques ont été érigés au fil des ans.

Pour essayer de préserver certains trésors, les habitants de Lviv s’activent. Une statue du Christ datant de l’époque médiévale a par exemple été retirée de la cathédrale arménienne de Lviv. On l’a soigneusement transportée dans un abri anti-bombe. D’autres monuments, qui ne peuvent pas être déplacés, ont été emballés dans du plastique ignifuge.

Lviv a conservé pratiquement «intacte sa topographie urbaine médiévale», alors que certaines parties remontent au Ve siècle. Photo: Nico Benedickt, Unsplash

Derzhprom (Kharkiv)

Derzhprom, que l’on pourrait traduire par industrie d’État, est un grand bâtiment gouvernemental du centre de Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine. Construit en seulement trois ans par les architectes Sergei Serafimov, Samuel Kravets et Mark Felger, il s’agit du premier gratte-ciel soviétique à voir le jour, en 1928.

Le concours d’architecture soulignait que le bâtiment devait représenter la nouvelle Ukraine industrielle, au pays comme à l’étranger. Brutaliste avant l’heure, le complexe de la place de la Liberté est un symbole de modernité. Les trois blocs de tours constructivistes aux lignes dures sont reliés par des passerelles surélevées. Les structures de béton et de verre font fi des fioritures. La fonctionnalité règne.

Construit en seulement trois ans par les architectes Sergei Serafimov, Samuel Kravets et Mark Felger, Derzhprom est le premier gratte-ciel soviétique à voir le jour, en 1928. Photo: Depositphotos

Églises en bois (Carpates)

L’Ukraine abrite également des centaines d’églises de bois. L’UNESCO a inscrit huit de ces tserkvas (églises) sur sa liste du patrimoine mondial en 2013, avec huit autres en sol polonais.

Construits entre le XVIe et le XIXe siècle dans les montagnes des Carpates, ces modestes bâtiments en rondins de bois comportent une forme bien particulière. Les traditions de l’Église orthodoxe se mélangent à l’architecture et aux coutumes locales pour créer des églises caractéristiques de la région. Les églises sont érigées sur «un plan en trois parties surmontées de coupoles et de dômes ouverts sur un espace quadrilatère ou octogonal». Même les clochers sont en bois.

La liste ne s’arrête évidemment pas là. L’Ukraine compte plusieurs autres trésors architecturaux, comme le palais Potocki à Lviv, le mémorial de l’Holocauste Babi Yar ou la gare de trains à Koziatyn, dont la disparition serait une grande perte. Ne reste qu’à espérer que leur destruction ne s’ajoutera pas au bilan de la guerre actuelle.

La vieille église Saint-George à Drohobych. Photo: Depositphotos

La revanche des berceaux: place aux grandes familles!

À la suite de la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques au XVIIIe siècle, les Canadiens français ont résisté à l’assimilation, notamment grâce à la «revanche des berceaux» encouragée par l’Église catholique. Cette tendance de natalité élevée s’est poursuivie jusqu’au milieu du XXe siècle. Voici quelques clichés du siècle dernier alors qu’une femme sur 5 donnait naissance à plus de 10 enfants au Québec.

1- Les enfants de Mme J. D. Miller, Montréal, 1890

Photo: Wm. Notman & Son, Musée McCord

2- Les enfants de Lawford, 1866

Photo: William Notman, Musée McCord

3- Portrait de la famille Cartier-Richard, vers 1910

Photo: Joseph-Louis Cartier, BAnQ

4- Portrait de famille devant une maison vers 1900

Photo: Livernois, BAnQ

5- Portrait de famille à Hull : 9 enfants, 8 adultes, vers 1880

Photo: BAnQ

6- Portrait de famille, vers 1900

Photo: BAnQ

7- Famille de William H. Lee, grand-père de Norma Lee, entre 1915-1945

Photo: BAnQ

8- La famille Mackay devant une maison en bois, vers 1890

Photo: BAnQ

9- La famille Tessier, vers 1880

Photo: BAnQ

10- Germain Lepage et sa famille, vers 1900

Photo: BAnQ

11- Famille Louis Beaubien, 1914

Photo: Dupras et Colas, BAnQ

12- Portrait de la famille du conteur Pierre Pilote, Les Éboulements, 1950

Photo: Lida Moser, BAnQ

13- Portrait de famille

Photo: Bibliothèque et Archives Canada

14- Florence Yvon avec cinq de ses enfants, Saint Labre, Manitoba, 1956

Photo: Bibliothèque et Archives Canada

15- Famille de Joseph St-Gelais et Mariette Bouchard, Laterrière, 1947-48

Photographe: Émilien Bonneau, BAnQ

16- Portrait de famille de Jules Landry, Patricia Power-Landry et leurs enfants, 1945

Photo: J.E. Lemay, BAnQ

17- Portrait d'une famille de 12 enfants, années 1960

Photo: BAnQ

18- Jeunes garçons accrochant leurs bas de Noël, 1958

Photo: Malak Karsh, Bibliothèque et Archives Canada

19- Portrait de famille à Noël, 1938

Photo: Henri Sauvageau, BAnQ

20- Grande réunion de la famille Gingras sur la terre ancestrale à Saint-Augustin, 1960

Photo: BAnQ

21- La famille Quiriault

Voici 13 des 15 enfants de Yolande Quiriault, les deux plus vieux ayant quitté le nid familial. Le décès du conjoint de Yolande, alors qu’elle était enceinte du 15e enfant, a mis un terme à la famille. Photo: Martine Grégoire, Directrice générale de FADOQ Estrie