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Décès de la comédienne Andrée Boucher

Comment oublier Évelyne, avec sa traditionelle tasse de café et sa voix douce et tendre? Des quatre dames de cœur du téléroman de Lise Payette, elle fut sans doute la plus aimée; un succès qui a couronné la carrière de la comédienne Andrée Boucher, décédée hier à l’âge de 83 ans.

Elle avait déjà conquis le cœur de toute une génération de Québécois par son interprétation de la belle Artémise qui allait prendre le cœur d’Alexis dans Les belles histoires des pays d’en haut à la fin des années 50.

Artémise et son Alexis dans Les belles histoires des pays d'en haut. Photo: Facebook Marcel St Pierre

Andrée Boucher a également joué dans de nombreux téléromans, dont la suite des dames de cœur, Un signe de feu, au début des années 90. Dans la même période, elle a animé l’émission Signé Andrée Boucher sur les ondes de TQS.

Avec Luce Guilbeault, Louise Rémy et Michelle Rossignol dans Des dames de cœur. Photo: Facebook CJSO 101,7 FM

Au cours de sa carrière, elle a également obtenu deux rôles au grand écran, en plus d’écrire deux livres autobiographiques: Quand je serai grande, je serai sage et J’ai choisi la vie.

Née à Macamic en Abitibi en 1938, elle a débuté sa carrière très jeune, à l’âge de 15 ans. Une carrière qui prendra son envol avant ses 20 ans dans le rôle d’Artémise qu’elle campera pendant 14 ans.

Andrée Boucher a également joué en Europe et fait partie de la distribution de plusieurs titres à succès ici. Elle a également joué dans la comédie musicale Monica la mitraille.

Photo: Facebook MatTv.ca - Magazine culturel

Andrée Boucher est la dernière des quatre dames de cœur à s’éteindre après Luce Guilbeault, Louise Rémy et Michelle Rossignol. Son bel Alexis (Guy Provost) aussi s’en est allé. Elle était mariée au comédien Jean-Pierre Bélanger depuis 46 ans, qui était près d’elle au moment de son décès.

Toutes nos pensées à la famille et tous nos hommages à cette comédienne attachante avec laquelle on aurait tous «pris un p’tit café».

Serge Bouchard, une voix inoubliable se tait

C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de l’anthropologue, auteur et animateur Serge Bouchard. Retour sur les grandes lignes de sa vie.

Né en 1947 à Montréal, Serge Bouchard grandit à Pointe-aux-Trembles. L’école est une valeur très importante dans sa famille. Il fait son cours classique au Collège Mont-Saint-Louis. C’est là qu’il commence à s’intéresser à l’histoire et à l’anthropologie.

Sa demande pour entrer en anthropologie à l’université est refusée. Ses notes ne sont pas assez fortes. Il se tourne alors vers le nouveau programme de géographie qui vient d’ouvrir à l’Université de Sherbrooke. Il est à sa place… et cela paraît dans ses relevés de notes! Un an plus tard, il est accepté en anthropologie à l’Université Laval. Il y complète sa maîtrise en 1973 avec un mémoire sur le savoir des chasseurs innus du Labrador. Il fait ensuite une thèse de doctorat à l’Université McGill sur la vie des camionneurs (1980).

Il développe une profonde connaissance des nations autochtones d’Amérique du Nord, qu’il visite, documente, et surtout, qu’il défend.

Travailleur autonome tout au long de sa carrière, il travaille à contrat, un statut qui s’accorde à merveille avec son tempérament d’homme libre. «Je faisais ce que j’aimais. Je n’ai jamais, jamais fait de compromis là-dessus», dit-il lui-même en entrevue.

Photo: Facebook

Ses réalisations professionnelles sont nombreuses: conseiller auprès de la nation Atikamekw, fondateur d’une société de recherche sur l’anthropologie, formateur auprès de nombreux corps de police, directeur de recherche en santé et sécurité au travail du Québec, conférencier, chroniqueur au Devoir et au magazine Québec Sciences, animateur à la radio de Radio-Canada (Fragments, Lieu commun, Les chemins de travers, De remarquables oubliés, etc.) et auteur de nombreux romans et essais (L’homme descend de l’ourse, C’était au temps des mammouths laineux, Elles ont fait l’Amérique, etc.). En 2017, il reçoit le Prix du Gouverneur général: études et essais de langue française pour son ouvrage Les yeux tristes de mon camion.

Sous ses allures un peu rustres, on découvrait un homme tendre, avec un sens de l’humour aiguisé. On le remercie d’avoir ouvert nos yeux, de nous avoir fait réfléchir… et ralentir. On se souviendra longtemps de sa voix grave, posée et enveloppante.

Une entrevue inoubliable avec Claudia Larochelle

En 2020, notre chroniqueuse Claudia Larochelle a eu la chance de passer un moment mémorable avec Serge Bouchard. Au cours d’une longue entrevue, on en apprend plus sur la vie, l’œuvre et l’importance qu’accorde ce grand homme à la transmission. À voir ou à revoir.

Michel Louvain s’éteint à 83 ans

L’homme de La dame en bleu ne chantera plus pour ses fidèles admiratrices. Michel Louvain est décédé le 14 avril des suites d’un cancer de l’œsophage à l’âge de 83 ans. Une triste nouvelle pour son public, qui lui était fidèle depuis plus de 60 ans.

Originaire de Thetford Mines, où il a vu le jour le 12 juillet 1937, Michel Louvain n’avait jamais pensé à la retraite et aurait souhaité poursuivre sa tournée La belle vie, amorcée en 2019 aux quatre coins du Québec et interrompue par la pandémie. Le 7 avril, on apprenait qu’il avait été hospitalisé d’urgence. Atteint d’un cancer de l’œsophage, le chanteur avait été très discret sur son état de santé, tout comme il le fut, tout au long de sa carrière, sur sa vie privée.

Son dernier album, La belle vie, à l’origine de sa dernière tournée, était le 32e de sa longue discographie. Toujours actif, il avait souligné son 80e anniversaire lors d’un concert grand public au Festival d’été de Québec et son site affichait toujours des dates pour l’hiver 2022!

Une chanson qui a tout changé

Né Michel Poulin, le chanteur fait ses premières armes en Estrie dans les années 1950 et fera sa première apparition télé en 1956 à CHLT-TV à Sherbrooke. Il décroche un premier contrat professionnel à l’Hôtel central du quartier Saint-Martin à Chomedey, où Johnny Reed le remarque avant de devenir son imprésario et de lui décrocher un contrat d’animateur et de vedette maison au célèbre cabaret Gérard de Québec. Entre-temps, Michel Poulin, devenu Mike Mitchell, puis Mike Poulin, est définitivement devenu Michel Louvain et le chanteur apprend le métier sur la scène de ce cabaret à la mode.

C’est en mai 1958 que tout bascule pour le jeune artiste. Invité à se produire devant un public averti au Gala des splendeurs, diffusé en direct du Colisée de Québec, Michel Louvain interprète Buenas noches me amor, qu’il endisquera et qui deviendra son premier grand succès.

https://www.youtube.com/watch?v=MC1cQTpaSZI

Sa prestation fait fureur; la carrière de Michel Louvain est lancée. Mais le chanteur ne sait pas encore qu’il va devenir la coqueluche des jeunes Québécoises, le «Back street boy des années 60» comme disait Julie Snyder, qui en feront une mégastar aussi adulée que les chanteurs de rock.

Filles en pâmoison, foules en délire, bousculades pour obtenir un autographe, Michel Louvain sera LA vedette de la fin des années 1950 et des années 1960. La première vraie pop star québécoise. La frénésie est telle que les policiers et pompiers devront l’évacuer par les toits du Palais Montcalm après un spectacle, relate le site Québec Info Musique.

Dès 1960, avec quelques disques à son actif, le chanteur compte déjà son propre fan club. Et le chanteur accumule les succès avec des titres comme Dors mon amour, Pardon, Mélancolie, Louise, Linda et bien d’autres qui suivront.

Un certain sourire… et tant d’autres

Un certain sourire, qui faisait toujours partie du répertoire du chanteur en spectacle, lui vaudra le Grand Prix du disque canadien CKAC au début des années 1960. Malgré la popularité, Michel Louvain reste courtois et respectueux envers son public. Son attitude affable lui vaudra même le Prix Orange pour l’artiste le plus aimable, remis par les médias en 1964. Il remportera de nombreux prix en carrière, dont Monsieur Radio-Télévision en 1965. Et les fans de Jeunesse d’aujourd’hui se souviendront de ses nombreuses prestations.

Parmi ses autres succès de l’époque: Sylvie, Mélancolie, Le vieux manoir, Clopin, clopant. En 1966: son interprétation de Plaisirs de la nuit, une adaptation de Strangers in the night, dont plus d’un million de copies seront pressées! 

Les dames en bleu

Alors que le succès s’essouffle avec les nouveaux styles musicaux des années 1970, Michel Louvain multiplie les spectacles à l’étranger et se produit fréquemment sous les tropiques. Il renoue avec le succès avec le lancement de La dame en bleu, qui lui vaudra son plus grand succès en carrière. Cette chanson ne le quittera plus et inspirera même le documentaire de Claude Demers, Les dames en bleu, qui mettra en vedette cinq des plus grandes admiratrices de Michel Louvain. Le portrait qui est dressé de l’artiste et de son rapport à son public est à la fois touchant et révélateur du phénomène Louvain.

Dans les années 1980 et 1990, le chanteur sera à la barre de plusieurs émissions de télé, notamment De bonne humeur à TVA et Louvain à la carte à Radio-Canada. Rappelons également ses nombreuses animations du Téléthon pour la dystrophie musculaire.

Avec humour et ouverture, il est monté sur la scène du Métropolis avec les Porn Flakes, avec lesquels il a chanté La dame en bleu en version rock, et a même endisqué La dame en bleu en espagnol avec les Lost Fingers, un groupe de jeunes musiciens. Des défis qu’il aimait.

https://www.youtube.com/watch?v=E3r37tPN_2g

Dans les entrevues qu’il accordait et dans les différents hommages qui lui ont été rendus en carrière, Michel Louvain semblait sous le charme lui-même et toujours ému de cette relation d’amour avec le public, dont il est notamment question dans la biographie du chanteur, Michel Louvain sans âge, que signait le chanteur en collaboration avec Benoit Gignac en 1995. La même année où il fut nommé à l’Ordre du Canada.

Nous saluons l’élégance et le respect que Michel Louvain a toujours eu envers ceux qui aimaient ses chansons et le suivaient. Chapeau, Monsieur Louvain.

Notre poète Raymond Lévesque s’éteint à 92 ans

Avec sa drôle de diction et son franc-parler, le poète chansonnier québécois Raymond Lévesque, qui nous a donné un des plus belles belles chansons du Québec et de la francophonie, Quand les hommes vivront d’amour , qui a fait le tour du monde et marqué à jamais sa carrière, s’est éteint à l’âge de 92 ans.

Selon les informations transmises par sa famille, Raymond Lévesque est décédé des suites de la COVID-19. Fier et droit, il était un artiste engagé qui a porté très haut son idéal politique pour la nation québécoise, allant jusqu’à refuser, en 2005, le prix du Gouverneur général et la bourse de 15 000$ assortie, alors qu’il avait pourtant grand besoin d’argent. Ce qui donna lieu à une grande collecte nationale organisée par la Société Saint-Jean Baptiste, qui a remis ainsi à l’artiste 30 000$ pour supporter son geste et venir en aide à cet artiste qui n’a jamais vécu richement.

Source: Ici Radio-Canada

Sa carrière a débuté modestement, voire difficilement, dans les années 1940. Ses chansons qui plaisaient sont alors surtout popularisées par d’autres. En 1954, il met le cap sur Paris. C’est là-bas, alors que la France est en pleine guerre d’Algérie, qu’il écrira Quand les hommes vivront d’amour, qu’Eddy Constantine fera connaître et voyager. Il séjournera cinq ans en France, où il endisquera avec la maison Barclay et connaîtra un certain succès. Il chantera même aux côtés de Bourvil et se produira sur plusieurs scènes.

https://youtu.be/PR7ao8TVZPY

Au Québec, en 1959, avec plusieurs artistes qui deviendront des têtes d’affiche, dont Ferland ou Clémence, il rejoint le groupe Les Bozos. Dans les années 60, il se fait également connaître pour ses monologues souvent satiriques et hautement caustiques qu’applaudit, notamment, le public de la célèbre boîte à chansons La butte à Mathieu.

Il réitère son engagement politique en signant, en 1963, une autre de ses chansons les plus connues, Bozo les culottes. Mais c’est son interprétation, en 1974 à la Francofête de Québec, en compagnie de Félix Leclerc et autres artistes de l’époque, qui fera histoire et  marquera les esprits en donnant une résonnance aux événements d’octobre 1970.

Après plusieurs années dans l’oubli – il a enregistré son dernier disque en 1977 – , il est acclamé et honoré par l’industrie qui lui remet un Félix hommage en 1980. Aujourd’hui une bibliothèque porte son nom à Longueuil. Décoré de l’Ordre du Québec en 1977,  il aussi reçu, en 2007, le prix hommage remis par Impératif français, un organisme voué à la défense et la protection de la francophonie au Québec.

Malgré l’âge, la surdité dont il souffrait depuis des décennies, la simplicité de son niveau de vie, Raymond Lévesque est toujours resté fidèle à ses convictions et fortement engagé contre les injustices et dans la défenses des plus démunis, de même que pour son espoir d’un pays.

Pour les artistes de l’époque des Bozos, et pour les Québécois, il fut une sorte de grand frère, une voix qui résonnera toujours. Son hymne à la paix lui survivra. Nous vous saluons, Raymond Lévesque.