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Où s’en va la Chine?, le cri du cœur de Jean-François Lépine, un sinophile lucide

Les angoisses de ma prof de chinois. Où s’en va la Chine?, du journaliste Jean-François Lépine, est un ouvrage percutant et nécessaire, teinté de yin et de yang.

Pas besoin d’avoir 100 ans pour se rappeler l’époque où les bonnes œuvres des Sœurs de l’Immaculée-Conception nous incitaient à sauver l’âme des petits Chinois pour 25 cents. Les temps ont bien changé. En moins de 70 ans, la Chine a fait plusieurs grands bonds qui n’ont jamais cessé d’avoir des répercussions sur nos vies. Pour comprendre plusieurs des turbulences que nous vivons aujourd’hui, on aurait avantage à s’intéresser à ce pays en passe de remplacer nos voisins américains comme puissance mondiale. Ça tombe bien, le livre parfait pour éclairer notre lanterne québécoise vient de paraître aux éditions Libre Expression. Les angoisses de ma prof de chinois. Où s’en va la Chine?, du journaliste Jean-François Lépine, est un ouvrage percutant et nécessaire, teinté de yin et de yang.

Disons-le d’entrée de jeu, cet essai est tout sauf rébarbatif. Son auteur, Jean-François Lépine, est un de nos plus grands communicateurs. Il est capable de rendre très concrètes des situations bien étrangères à nos préoccupations. Son texte, au style limpide et haletant, est émaillé d’exemples qui nous parlent.

Sa connaissance de la Chine repose sur une curiosité qui remonte à la découverte de l’album de Tintin Le lotus bleu quand il avait 7-8 ans. Elle s’approfondit au cours des quatre années passées à Pékin comme correspondant de Radio-Canada/CBC (1982-1986). De 1986 à 2008, il raffine sa compréhension du pays à l’occasion de nombreux séjours, et la met à jour en passant six ans à Shanghai à titre de directeur des représentations du Québec en Chine (2016-2022).

Au-delà de cette connaissance fine du pays, c’est toute la personnalité de Jean-François Lépine qui rejaillit dans cet ouvrage. On le sent au fil des pages que cet homme, toujours curieux des autres, habile à créer et entretenir des liens, est passionné par la Chine, admiratif de son peuple et de sa culture millénaire. Mais le journaliste cérébral et lucide n’est jamais loin non plus.

Cela nous vaut des pages enthousiastes sur les immenses réussites économiques et technologiques chinoises, sur la résilience, l’hédonisme et la fierté du peuple, mais aussi un réquisitoire sans merci contre le despotisme des autorités, la corruption endémique, le racisme rampant d’une société composée à 92% d’une seule ethnie, les Hans.

Le livre commence avec un portrait cinglant de la gestion de la COVID par les autorités chinoises, une crise qui a commencé par être niée, faisant perdre un temps précieux pour contenir la maladie aux frontières du pays. Quand on dit que ce qui se passe en Chine a souvent un impact chez nous, la COVID, née à Wuhan, en est certainement le meilleur exemple.

Jean-François Lépine n’était plus à Shanghai au moment où le gouvernement a mis des millions de Chinois sous cloche pendant des semaines pour stopper, après les Jeux olympiques, la propagation du nouveau variant Omicron. Le récit qu’il nous fait de ces sombres heures n’en donne pas moins froid dans le dos. Ce récit est basé sur des informations crédibles recueillies auprès des nombreux contacts qu’il s’est faits au fil des ans: Chinois bien placés, citoyens ordinaires, anciens voisins, membres du corps diplomatique, Québécois établis dans le pays depuis longtemps.

Pour ce journaliste aguerri, la voix du terrain vaut toujours son pesant d’or. D’ailleurs, l’auteur a trouvé une jolie manière d’amener les nombreux sujets qu’il aborde. Chaque chapitre commence par un échange avec sa prof de chinois, une jeune femme dans la trentaine. Pour susciter la discussion, celle-ci lui donne sa vision du Canada sur des thèmes comme la démocratie, la sécurité nationale, les médias sociaux, l’environnement, le racisme, la consommation, la jeunesse, l’avenir. L’élève Lépine réplique avec une défense honnête de nos travers, et surtout profite de la porte ouverte pour dire ce qu’il pense de la Chine d’hier à aujourd’hui sur la base de plus de quarante ans d’observation de ce qui se passe dans ce pays.

Sur l’incroyable boom économique dont il a été témoin, Jean-François Lépine nous rappelle combien le Canada a été un partenaire exemplaire de la Chine, permettant à cette nation pauvre et rurale d’accéder au statut de manufacture du monde. Le tout a commencé par la reconnaissance diplomatique de la République chinoise par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau en 1970. Les milieux d’affaires ont suivi. Grâce à des partenariats avec des géants canadiens du monde du papier (Power Corporation), des transports (Bombardier), de l’ingénierie (Lavalin), de la technologie (Nortel), la Chine a fait son entrée dans la production industrielle, souvent en vampirisant nos procédés, en copiant nos brevets. Le livre raconte avec moult détails comment les patrons de Bombardier, Laurent Beaudoin et son fils Pierre, ont été en Chine des chevilles ouvrières de la création d’un des systèmes de transport par train les plus développés au monde.

Il est fascinant de se faire rappeler d’où vient le lien très fort qui existe entre Montréal et Shanghai. On le doit à un certain maire Jean Drapeau très enclin à aider sa ville jumelle à moderniser ses infrastructures et à se doter de grands parcs inspirés de notre Jardin botanique.

L’auteur fait deux belles fleurs à la Chine. Il souligne l’incroyable progrès du pays en matière d’environnement grâce à des investissements massifs dans la construction verte, les transports collectifs, le reboisement et l’imposition de mesures strictes à l’industrie. Sur la question de l’urbanisme, il est dithyrambique à l’égard du succès à faire des grandes mégalopoles comme Shanghai, Pékin, Chongqing, Canton et Shenzhen des villes sécuritaires, propres, avec des services publics quasiment irréprochables, compte tenu des imposantes populations à desservir.

La Chine est un pays communiste, mais Jean-François Lépine ne manque pas de nous démontrer ce que ça veut dire, en 2023, dans un pays de 1 milliard 400 millions d’habitants dopés à la consommation, étranglés par leurs hypothèques, aussi branchés sur les médias sociaux que nous, avec une jeunesse constituée d’enfants uniques gâtés pourris et une population de plus en plus vieillissante.

Quand je dis qu’il y a du yin et du yang dans ce livre, c’est parce que Jean-François Lépine souffle à la fois le chaud et le froid. Par moment, on envie les réussites spectaculaires qu’il expose, et le moment d’après, on est horrifié par le prix à payer pour la population.

S’il célèbre les années d’ouverture et de reconstruction de Deng Xiaoping, numéro un du pays de 1978 à 1989, il conspue sans ménagement l’actuel chef de l’État, Xi Jinping, qui s’est attribué tous les pouvoirs lors du XXe Congrès du Parti communiste en octobre 2022.

Il ne manque pas d’épingler plusieurs des prédécesseurs de Xi. Il est sans pardon pour ceux qui, comme Wen Jiabao, ont profité de leurs fonctions pour s’enrichir honteusement, et ces autres qui ont usé de brutalité contre leur propre peuple pour se maintenir en place, qu’on pense à l’écrasement des manifestations à la place Tiananmen, et à la Révolution culturelle, deux épisodes de l’histoire qui ont fait des milliers de morts dans la population chinoise.

Seul dirigeant chinois à assumer un troisième mandat depuis Mao, Xi Jinping est affublé par Lépine du titre de «Président de Tout». Et ce n’est pas un compliment.

Ce qui est d’autant plus grave aux yeux du journaliste, c’est que cette mainmise sur tous les pouvoirs vient avec une attitude conquérante et agressive à l’égard du reste du monde, un comportement qui rompt avec la traditionnelle pensée de Confucius.

Pour Jean-François Lépine, amoureux de la Chine déçu, souvent révolté par les observations qu’il fait, cette nouvelle posture chinoise a l’inconvénient de refermer le pays sur lui-même, de nous rendre méfiants à leur égard, et ultimement d’empoisonner nos relations commerciales et culturelles, si capitales pour notre économie.

C’est pourquoi le livre de Jean-François a quelque chose d’un cri du cœur. Pour ce journaliste qui a passé des années à vouloir nous faire découvrir la richesse de ce pays, pour ce diplomate qui a employé le bagage d’une vie pour favoriser un rapprochement entre les entreprises d’ici et celles de là-bas, la nouvelle donne ressemble à un sale bond en arrière.

En tout cas, on ne pourra pas accuser Jean-François Lépine d’être demeuré silencieux devant ce rapt du pouvoir par Xi Jinping et les conséquences que cela aura sur notre pays et le reste du monde. L’expression «Quand les États-Unis toussent, le Canada attrape la grippe» pourrait bien de devenir «Quand la Chine a la COVID, le Canada attrape la crève».

Les angoisses de ma prof de Chinois. Où s'en va la Chine?, Jean-François Lépine. Libre Expression. 2023. 336 pages

30 fascinantes images de la Chine il y a plus de 100 ans

La Chine garde un côté mystérieux pour la majorité des Occidentaux. Imaginez parcourir ce vaste pays au début du XXe siècle!

À la suite de la défaite de la Chine au cours de la guerre sino-japonaise de la fin du XIXe siècle, cette période trouble est marquée par la révolte des Boxers et le siège par les nations alliées contre la Chine qui mènera à la chute de la dynastie Qing et la création de la République de Chine une dizaine d’années plus tard.

1- Femme chinoise aux petits pieds, vers 1905

Photo: Bibliothèque du Congrès

2- Jeunes filles qui chantent, vers 1901

Photo: Bibliothèque du Congrès

3- Barbier, vers 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

4- Prisonniers à Cangue, Chine

Photo: Bibliothèque du Congrès

5- L’heure sociale, groupe de Chinois qui fument, 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

6- Palanquin et porteurs, Shanghai, 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

7- Cordonniers sur le bord de la route, vers 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

8- Dames chinoises et enfants de la classe supérieure, vers 1900

Photo: Bibliothèque du Congrès

9- Enfants chinois à l’Olympia, vers 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

10- Empereur PU-YI (le dernier empereur)

Photo: Bibliothèque du Congrès

11- Porte de Hata-men, Pékin, province de Hopeh, entre 1890 et 1923

Photo: Bibliothèque du Congrès

12- Des femmes chinoises sarclent le gazon à Shanghai, entre 1890 et 1923

Photo: Bibliothèque du Congrès

13- Culture de riz en Chine, vers 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

14- Prêtres chinois dans leurs robes ecclésiastiques, Canton, Chine (entre 1910-1920)

Photo: Bibliothèque du Congrès

15- Des femmes européennes qui magasinent à Hong Kong, vers 1901

Photo: Bibliothèque du Congrès

16- Foochow Road, Shanghai, Chine, 1931

Photo: Bibliothèque du Congrès

17- Porte du palais, ville impériale, Pékin, Chine, 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

18- Un mandarin vénérant sa mère, Pékin, Chine, vers 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

19- Jour du Nouvel An chinois, Hong Kong, Chine, 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

20- Professeur chinois, 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

21- Une femme «aux pieds de lys» de Chine, 1900

Photo: Bibliothèque du Congrès

22- La gare de Pékin, Chine

Photo: Bibliothèque du Congrès

23- Musiciens chinois, Canton, Chine

Photo: Bibliothèque du Congrès

24- Marché de poissons, Huai An, Chine

Photo: Bibliothèque du Congrès

25- Restaurant en plein air, Pékin, vers 1924

Photo: Bibliothèque du Congrès

26- Rue à Hong Kong, 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

27- Mariés et mariés chinois, Canton, Chine 1919

Photo: Bibliothèque du Congrès

28- Enfants chinois jouant à l'église, Tonku, Chine, 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

29- Marché à Hong Kong, vers 1902

Photo: Bibliothèque du Congrès

30- Groupe d’enfants, vers 1905

Photo: Bibliothèque du Congrès

L’envers de l’architecture rapide

Pour faire face au coronavirus, la Chine construit un hôpital de 1000 lits à Wuhan en seulement 10 jours. L’exploit architectural et d’ingénierie n’est que le dernier d’une longue lignée de bâtiments érigés en deux temps, trois mouvements dans l’empire du Milieu. On s’est penché sur le phénomène.

Un hôtel de 15 étages a été terminé en six jours à Changsha, un autre de 30 étages était prêt à ouvrir ses portes après 15 jours. Un pont de Pékin a été remplacé en 43 heures. Et dans les derniers jours, plus de 7000 travailleurs s’activaient sans relâche à Wuhan pour compléter les deux hôpitaux (de 1000 et 1300 lits) qui accueilleront les patients atteints du coronavirus.

La Chine, du moins sur le plan de la construction, semble vivre sur une planète à part. Comment le pays réussit-il à bâtir des infrastructures et des bâtiments si vite?

L’innovation au premier plan

Pour Lloyd Alter, la réponse réside en partie dans l’innovation dont fait preuve la Chine. Dans un article de Treehugger publié en 2016 — controversé, si l’on se fie aux commentaires —, celui-ci estimait que l’on devrait s’inspirer des méthodes et de la machinerie chinoises pour construire plus efficacement.

L’auteur et ancien architecte donne en exemple le chemin de fer pour trains à grande vitesse chinois. Au lieu de livrer les sections de ponts préfabriqués, puis de les monter à l’aide d’une grue, une espèce de camion transportant une partie de la plateforme préfabriquée en béton roule le long du tracé, faisant glisser et tomber en place les morceaux jusqu’à ce que tout le chemin de fer soit fini. Le fonctionnement est difficile à expliquer, mais cette vidéo permet de bien le comprendre.

https://www.youtube.com/watch?v=AHY7iKWuBlU#action=share

La Chine, plus que toute autre nation, semble accueillir l’innovation à bras ouverts.

Moins d’étapes

Comme le fait remarquer Lloyd Alter, les constructeurs chinois bénéficient aussi de deux avantages: ils n’ont pas à négocier l’achat de terres, puisqu’elles appartiennent à l’état, et ils ont beaucoup moins d’étapes à franchir avant la première pelletée de terre.

En comparaison, un projet québécois doit se soumettre à de nombreuses évaluations, comme une étude d’impact environnemental, avant de voir le jour. Selon son ampleur, il doit notamment être approuvé par les autorités municipales, le gouvernement provincial ou fédéral et respecter la règlementation en matière de protection du patrimoine. En diminuant le nombre d’étapes, on accélère évidemment le processus.

Des conditions différentes

Certains pointent la corruption et les coins ronds pour expliquer les bâtiments chinois bâtis en un rien de temps.

Dans un article de The Atlantic, Matt Schiavenza soulignait pour sa part que les conditions de travail de la main-d’œuvre ne sont pas les mêmes dans l’empire du Milieu. Celle-ci «se compose généralement de migrants internes sans papiers travaillant pendant de très longues heures à bas salaires. Ces travailleurs n’ont pas les moyens de se plaindre de conditions de travail inéquitables et les grèves dans le secteur de la construction sont rares en Chine, ce qui contribue au respect des délais de construction des projets», disait-il.

Le préfabriqué règne

L’industrie de la construction chinoise peut également compter sur un allié de taille dans sa course contre la montre: le préfabriqué.

Comme le détaillait l’ingénieur de l’entreprise de construction spécialisée en éléments préfabriqués Broad Sustainable Building au Guardian, «avec la méthode traditionnelle, on doit construire un gratte-ciel brique par brique, mais avec notre méthode, nous devons simplement assembler les blocs». Déjà, en 2015, la compagnie avait suffisamment perfectionné son processus pour réussir à compléter trois étages d’un gratte-ciel par jour. Cette année-là, elle avait érigé un immeuble de 57 étages en 19 jours.

De l’aveu du directeur adjoint de la société de conseil en ingénierie Arup Beijing, Liu Peng, le préfabriqué n’est pas parfait, même s’il mérite d’être plus développé. Celui-ci amène en effet une certaine uniformité, qui brime l’originalité architecturale.

En construisant rapidement, néglige-t-on l’aspect sécuritaire? Pas selon Zhang Yue, directeur général de Broad Group. «C’est plus sûr, car les usines sont généralement des environnements moins risqués que les chantiers de construction.»

Le patron a eu l’idée de fabriquer des bâtiments préfabriqués après un violent tremblement de terre dans la province du Sichuan en 2008, au cours duquel l’effondrement d’immeubles mal construits a tué des dizaines de milliers de personnes.

Pour Zhang Hue, la construction modulaire a aussi du bon sur le plan environnemental. L’entreprise vante d’ailleurs son utilisation limitée du béton afin de réduire les déchets et ses bâtiments misent sur divers éléments verts, comme un éclairage à faible consommation, des toilettes économes en eau et des ascenseurs qui produisent de l’électricité en descendant. Ce n’est toutefois pas le cas pour tous les bâtiments qui voient le jour en Chine.

La Chine se développe à la vitesse grand V, pour le meilleur et pour le pire. Si certains aspects demeurent problématiques, on peut néanmoins s’en inspirer.

5 bâtiments iconiques signés I.M. Pei

Le monde de l’architecture est en deuil. Le grand Ieoh Ming Pei s’est éteint le 16 mai à 102 ans. Il laisse en héritage certains des bâtiments les plus emblématiques du monde. En voici cinq qui ont marqué sa carrière — et les villes qui les abritent.

La carrière prolifique d’I.M. Pei s’est étalée sur plus de 60 ans. L’architecte sino-américain a fait sa marque dans plusieurs villes du monde et son travail lui a valu de nombreuses accolades, dont le Pritzker (le Nobel de l’architecture) en 1983. En recevant le prestigieux prix, Pei avait résumé sa vision ainsi: «L’architecture est un art pragmatique. [Elle] doit être fondée sur la nécessité. Pour moi, la liberté d’expression consiste à évoluer entre les limites que je fixe pour chacun de mes projets».

L’architecte moderniste, qui a été l’un des élèves du père du Bauhaus, préconisait la simplicité et aimait les contrastes. Les musées, hôtels et autres immeubles conçus par I.M. Pei reflètent son penchant pour les lignes géométriques pures, mais puissantes et la lumière y est toujours bien pensée.

Le grand architecte Ieoh Ming Pei s’est éteint le 16 mai à 102 ans. Photo: Facebook Ieoh Ming Pei

Place Ville Marie (Montréal - 1962)

Quelques années après avoir fondé son cabinet, I.M. Pei a conçu la Place Ville Marie, qui n’a vraiment plus besoin de présentation au Québec. Il s’agit de l’un des premiers bâtiments achevés par Pei en partenariat avec son associé, Henry N. Cobb. À l’époque, il faisait partie des plus grands gratte-ciels du monde, à l’exception des États-Unis. L’édifice en forme de croix a transformé le paysage urbain de Montréal. Encore aujourd’hui, la Place Ville Marie, qui était très innovatrice pour son temps, demeure l’un des meilleurs exemples du style international.

https://www.instagram.com/p/BuMwK8_g73j/

Pyramide du Louvre (Paris - 1989)

L’un des bâtiments les plus connus de Pei est sans aucun doute la pyramide du musée du Louvre. C’est le Président français qui l’a lui-même invité à transformer la prestigieuse institution, après avoir été impressionné par son travail à la National Gallery of Art de Washington.

Ça ne veut pas dire que sa réalisation s’est faite sans heurts. L’idée d’implanter une structure de verre et de métal au milieu de la cour Napoléon a soulevé l’ire des Français. La pyramide a été décriée pendant des années avant et après sa construction. La solution de Pei, qui a permis de réduire la congestion dans les galeries et d’élargir la collection du musée tout en combinant l’ancien et le nouveau avec brio, est depuis devenue un symbole de Paris.

Photo: © Marc Riboud Facebook Musée du Louvre

Tour de la Banque de Chine (Hong Kong - 1989)

À Hong Kong, il est impossible de ne pas remarquer la tour de la Banque de Chine. Le gratte-ciel en verre et en acier de 72 étages se démarque toujours 30 ans plus tard dans l’horizon de la ville. Le bâtiment érigé dans un socle de granit compte quatre tours triangulaires de hauteurs différentes. On peut admirer le ciel et les lumières de la mégapole dans sa façade.

Les traditionalistes chinois ont réservé un accueil plutôt froid à l’immeuble de 367,4 mètres, qui n’aimaient pas ses angles pointus. Le projet revêtait néanmoins une signification particulière pour I.M. Pei. Il l’a entrepris en l’honneur de son père, qui a déjà été directeur de la banque. La conception se voulait un symbole de la culture chinoise revitalisée.

Photo: LERA Engineering. Wikimedia.org

Rock and Roll Hall of Fame (Cleveland - 1995)

Dans le curriculum du grand architecte, le Rock and Roll Hall of Fame a de quoi surprendre. I.M. Pei a d’abord refusé la commande, mais il a fait ses devoirs lorsqu’il a finalement accepté le défi. Il a assisté à divers concerts rock en compagnie du cofondateur et éditeur du magazine Rolling Stone et il a visité le Graceland d’Elvis Presley.

Pour exprimer l’esprit de la musique, le bâtiment est formé de formes juxtaposées qui ont été fusionnées pour créer un ensemble unifié. Un volume circulaire se balance au-dessus du lac tandis qu’une structure en pente, qui ressemble à une grande tente en verre, s’appose sur une tour de 165 mètres de haut.

Photo: Tony Fischer, Flickr

Musée d’art islamique de Doha (Qatar - 2008)

Ce musée est le dernier chef-d’œuvre de Pei. Le bâtiment construit sur une île artificielle a ouvert ses portes alors que l’architecte avait 91 ans.

Inspiré des motifs prédominants dans l’architecture islamique classique, le complexe géométrique de cinq étages consiste en différents volumes empilés les uns sur les autres. L’imposant immeuble en calcaire blanc s’impose dans le paysage, mais s’intègre néanmoins dans son environnement. Au nord, la façade se compose d’un mur-rideau en verre qui offre une vue imprenable sur le golfe et la région.

Photo: Facebook Museum of Islamic Art (MIA)