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Bella Desgagnés: approvisionner les villages de la Basse-Côte-Nord

Sur la Basse-Côte-Nord, après Kegaska, la route 138 s’arrête net là où il y a la mer. Après ce village de pêcheurs, il n’y a plus moyen de voyager par voiture. C’est pourquoi le cargo Bella Desgagnés fait le trajet par l’eau jusqu’à Blanc-Sablon une fois par semaine: pour transporter les habitants d’un village à l’autre, mais aussi pour ravitailler les villages, autrement coupés du monde, en vêtements, matériel de construction, voitures, nourriture... Il y a de ces expériences qui marquent à jamais. Un voyage sur le Bella Desgagnés fait partie de celles-là.

Un cargo mixte

Le Bella Desgagnés est un cargo mixte, c’est-à-dire qu’il peut transporter autant des marchandises que des passagers locaux ou des voyageurs qui profitent de la croisière. Opéré par la compagnie Relais Nordik, il n’y en a que trois ou quatre comme lui au pays.

Photo: Véronique Leduc

Mission approvisionnement

La mission première du Bella Desgagnés: approvisionner en biens de toutes sortes les villages de la Basse-Côte-Nord qui ne sont pas reliés par la route au reste du Québec. Ainsi, à chacun des arrêts du cargo, c’est un ballet impressionnant de déchargement et de chargement qui commence, peu importe l’heure du jour ou de la nuit à laquelle a lieu l’escale.

Déchargement sur l'île d'Anticosti. Photo: Véronique Leduc

Croisiéristes à bord

Cela fait quelques années que les voyageurs peuvent embarquer à bord du cargo qui ravitaille les villages de la Basse-Côte-Nord. Mais c’est depuis 2013 qu’ils peuvent profiter du Bella Desgagnés, un bateau plus luxueux, construit en Italie et créé pour faire ce voyage dans les conditions et le climat de la Côte-Nord.

C'est dans le confort du Bella Desgagnés que les voyageurs peuvent découvrir la Basse-Côte-Nord. Ici, Harrington Harbour. Photo: Véronique Leduc

De nombreux arrêts

Chaque semaine, le Bella Desgagnés part de Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent, pour s’arrêter à 11 ports, jusqu’à Blanc-Sablon, à la frontière du Labrador. À partir de Kegaska, les villages ne sont pas reliés par la route. En hiver, ils peuvent toutefois compter sur la route blanche, à parcourir en motoneige.

Les arrêts hebdomadaires du Bella Desgagnés (crédit- Voyages AML)

Pause hivernale

C’est d’ailleurs en raison de la route blanche que le Bella Desgagnés, en fonction 24 heures sur 24 pendant 44 semaines par année, a choisi de prendre une pause de ses activités pour effectuer l’entretien du navire en février et en mars. Les habitants de la région, grâce à leur motoneige, sont alors plus autonomes. Les livraisons peuvent alors aussi être faites par avion même si les coûts sont bien plus élevés que pour celles faites par bateau.

En été, les villages comptent sur le Bella Desgagnés pour s'approvisionner. Photo: Véronique Leduc

Un service essentiel pour les locaux

Chaque année, c’est entre 13 000 et 15 000 passagers locaux qui voyagent par bateau pour aller visiter leur famille dans un village voisin ou pour faire des achats. C’est pour eux que le Bella Desgagnés, qui fait en quelque sorte office d’autobus pour cette clientèle, a été créé. Par ailleurs, environ 1600 forfaitistes, dont 80% de Québécois, font chaque année la croisière qui leur permet de voir des paysages majestueux.

Les paysages de la Basse-Côte-Nord sont magnifiques. Le village de pêcheurs de Harrington Harbour en est un bon exemple. Photo: Véronique Leduc

Nourriture et autres denrées

Parce qu’ils sont coupés du réseau routier, les villages de la Basse-Côte-Nord dépendent des livraisons du Bella Desgagnés pour la réception de tous leurs biens, dont les denrées alimentaires. Selon Marine Jasmin-Morin, responsable de l’administration chez Relais Nordik, environ 40% de ce qui est transporté sur le Bella Desgagnés est lié à l’alimentation. Lors de la dernière livraison avant la pause hivernale du cargo, les quantités de nourriture commandées sont d’ailleurs astronomiques, assure-t-elle. Pains, fruits, viandes et autres denrées seront alors congelées pour passer l’hiver.

À chaque port, des denrées sont déchargés pour approvisionner les épiceries des villages. Photo: Véronique Leduc

Produits locaux en vedette

À bord, entre les escales, la centaine de croisiéristes lisent, font des siestes, regardent les paysages, jouent à des jeux de société, surveillent les baleines, fraternisent et goûtent les saveurs du coin au restaurant du Bella Desgagnés.

En effet, depuis quelques années, l’entreprise s’est donné comme mandat de favoriser l’alimentation locale afin d’encourager l’économie de la région et de faire découvrir le terroir. «Pour les petits fruits, nous faisons affaires avec des cueilleurs privés et pour les poissons et fruits de mer, nous nous approvisionnons aux ports des villages», explique Marine Jasmin-Morin.

Au menu du Bella Desgagnés donc, qui sert 66 000 plats principaux par année: chicoutai, crabe, flétan, homard... Et l’an prochain, on compte intégrer les algues à certains plats.

Les produits de la région sont en vedette sur le menu du Bella Desgagnés. Photo: Véronique Leduc

Adapter la cuisine

Lynda et Erwann, les deux chefs à bord, doivent cuisiner autant pour les passagers que pour la quarantaine de membres d’équipage, et ce, peu importe les conditions de navigation. Pour ce faire, on adapte la cuisine en attachant solidement les chaudrons ou en éliminant certains aliments du menu lorsque les passagers ont le cœur sensible, par exemple.

À bord, c’est l’eau du Saint-Laurent qu’on boit, traitée par osmose inversée afin de la dessaler et de la reminéraliser. La technique permet d’éviter de transporter une très grande quantité d’eau à partir du port de Rimouski.

Les chefs à bord, Lynda et Erwann. Photo: Véronique Leduc

Apprendre à se réinventer

Plusieurs des communautés de la Basse-Côte-Nord sont historiquement des villages de pêcheurs. Mais parce que la pêche est moins abondante depuis quelques années, les villages, s’ils veulent survivre, n’ont pas le choix de se réinventer. Cueillette, transformation et agriculture sont donc nouvellement dans la mire des communautés qui désirent augmenter leur autonomie alimentaire.

Plusieurs communautés ont mis en branle des projets d'agriculture, comme ici à La Tabatière. Photo: Véronique Leduc

À lire dans les prochaines semaines sur Avenues.ca: des rencontres liées à l’alimentation lors des escales du Bella Desgagnés.

Ce voyage a été rendu possible grâce à l’appui de Tourisme Côte-Nord.

Randonnée en cinq temps au Bas-Saint-Laurent

Randonnée, vélo ou marche littorale: la région de Rimouski a plus d’un tour dans son sac pour attirer les amateurs de plein air. Vive le Québec maritime !

Trois trésors cachés du Bic

1- Le parc national du Bic

Le parc national du Bic, avec ses anses et ses îles, est bien connu des campeurs, kayakistes et randonneurs. En tant que marcheuse, j’ai un faible pour le sentier du Pic-Champlain (6 km, 2 h) et la vue qu’il procure sur l’estuaire du Saint-Laurent, comme pour celui des Murailles (6 km, 2h), qui traverse la forêt à dos de colline avec de belles fenêtres panoramiques.

À ma dernière visite, début juin, c’est pourtant un tout petit sentier, à l’ouest du parc, qui m’a ravie. Il faut prendre le chemin de la Mer depuis la route 132 jusqu’au village de Saint-Fabien-sur-Mer, puis tourner à droite jusqu’au stationnement du parc. Le «sentier» n’est accessible qu’à marée basse, vu qu’il débute sur les roches du bord de l’eau dans l’anse à Capelans. On marche d’abord face au fleuve, puis on fait le tour en moins d’une heure de l’îlet au Flacon.

À mi-chemin, changement de décor: on atteint une pointe avec vue sur le village. La dernière section du sentier longe l’anse à Mercier. C’est beau comme tout!

Pour finir en beauté, faites arrêt sur le chemin de la Mer au Belvédère Raoul-Roy, avec vue plongeante sur l’estuaire du haut de falaises qu’affectionnent de nombreuses espèces d’oiseaux de proie.

Randonnée dans le Parc national du Bic

2- Le Domaine Floravie

Le Domaine Floravie est l’une de mes adresses préférées dans la région de Rimouski, tant pour l’hébergement que pour son cadre naturel invitant à la balade à pied. Entre le Bic et Rimouski, sur la route des Navigateurs, une rue mène à une presqu’île à l’embouchure de la rivière Hâtée, baptisée pointe à Santerre. Le fleuve est tout près, en arrière-plan d’un magnifique champ de fleurs sauvages adossé à une petite montagne collée sur le parc du Bic.

Ancien lieu de retraite d’une communauté religieuse locale, le «domaine» est un véritable havre de paix avec hébergements limités. Six pimpantes mini-maisons trônent dans la vaste prairie. Ces éco-chalets mobiles, très confortables, sont conçus avec du bois local, de l’isolant en laine de chanvre, des panneaux solaires pour le chauffage et l’électricité, des toilettes à compost et un approvisionnement limité en eau. Il y a aussi une maison et un chalet à louer sur le site, ainsi que des cabines pour personnes seules dans le bâtiment principal.

Sur place, on marche au bord de l’eau sur le sentier «entre mer et fleurs» et le sentier «entre deux mers», côté pointe à Sancerre, mais on peut surtout profiter de la marée basse pour allonger la randonnée en direction ouest.

Une autre belle balade consiste à emprunter le sentier pédestre sur la montagne qui débute près de l’accueil et grimpe en forêt. À un peu plus d’un kilomètre, un beau point de vue s’ouvre sur le Saint-Laurent. On peut poursuivre sur ce sentier jusqu’à rejoindre le secteur du Havre-du-Bic du parc du Bic.

Un des éco-chalets du Domaine Floravie. Photo: Anne Pélouas

3- Le parc du Mont Saint-Louis

Le parc du Mont Saint-Louis est un secret bien gardé du Bic, du moins pour les touristes. Je l’ai découvert par hasard sur les hauteurs du village. De la rue Saint-Elzéar, un chemin mène à un jardin communautaire et à un verger patrimonial. Plusieurs courts sentiers faciles sillonnent la petite forêt. L’un d’eux mène à la croix du mont Saint-Louis, avec un belvédère offrant un panorama inusité sur la baie du Bic et notamment l’île du Massacre, où quelque deux cents Micmacs auraient été tués par des Iroquois au 16e siècle.

Vue sur la baie du Bic et l'île au Massacre depuis le belvédère du parc du Mont Saint-Louis. Photo: Anne Pélouas

Le «sentier» du Littoral

Il porte plutôt mal son nom, mais on lui pardonne. Le sentier du Littoral est une promenade asphaltée aménagée en plein cœur de Rimouski pour les piétons et les cyclistes, mais quel cadre!

Longue de 4,3 km, la «promenade de la mer» fait face à l’île Saint-Barnabé et, au coucher du soleil, on peut passer là des moments pleins d’allégresse devant la beauté du monde. Face au centre-ville, deux belvédères ont été aménagés en hauteur. On y monte comme sur le pont d’un «bateau blanc», rappelant la belle époque des paquebots, pour profiter du paysage.

À pied, mais surtout à vélo, on peut poursuivre la balade vers l’est pour rejoindre le site historique maritime de Pointe-au-Père et vers l’ouest pour visiter les abords de la rivière Rimouski. Dans cette section, faites arrêt au «brise-lames de la rivière Rimouski», un superbe espace de détente extérieur à l’image d’un quai, dont le réaménagement a été signé par l’architecte québécois André Nadeau. 

Le sentier de la Chute Neigette

Cette fois, on file dans l’arrière-pays rimouskois pour randonner sur une section du Sentier national qui relie la chute Neigette au mont Comi (13 km aller) en traversant les monts Notre-Dame, partie de la chaîne des Appalaches.

Pour une plus courte randonnée, rendez-vous à la chute Neigette par le rang 6 Ouest, dans la municipalité de Saint-Donat. La chute elle-même, en plusieurs paliers, est magnifique. On la longe en montée par la droite avant de redescendre jusqu’à une passerelle suspendue pour traverser ainsi la rivière. Débute alors une bonne montée en forêt. On parvient à un premier point de vue offrant un panorama sur une grande falaise, les terres agricoles en contrebas et le fleuve au loin. Un peu plus loin, on sera carrément sur le haut de la falaise et la crête qui porte le nom de «faille Neigette». On peut poursuivre selon le temps dont on dispose et revenir par le même sentier.

 

Mes (autres) bonnes adresses dans la région de Rimouski:

Photo: Facebook Canyon des Portes de l'Enfer