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La crème du Salon de Milan 2022

Après une pause en raison de la pandémie, la grande messe du design était de retour en force du 7 au 12 juin à Milan. Tendances, coups de cœur ou installations remarquables: voici ce qui a retenu notre attention lors de cette 60e édition.

Durabilité

Époque oblige, la durabilité était à l’honneur cette année dans la capitale lombarde. Les concepteurs semblent avoir compris leur part de responsabilité. La conservatrice principale de l’architecture et du design au Musée d’art moderne (MoMA) de New York, Paola Antonelli, l’a ressenti.

«Il y a beaucoup plus de discussions et d’affichages à côté de ces objets — chaises, tapis et meubles — concernant leur cycle de vie, ce qui fait une énorme différence», a-t-elle remarqué en entrevue avec le New York Times.

Avec son Longevity Lab, Miele a par exemple créé un espace qui célébrait ses pièces de rechange en éditions limitées dans une installation éclatée. Certaines marques, comme Cassina, ont quant à elles porté une attention particulière à la possibilité de désassembler leurs produits, afin d’encourager la récupération et le recyclage des matériaux en fin de vie.

Retour aux sources

Doit-on dire adieu au plastique? C’était en tout cas le grand laissé-pour-compte du Salon. Les designers lui ont préféré les matériaux plus traditionnels, comme le bois, le bambou, le rotin, la brique, la pierre ou le marbre. Les textiles, notamment le lin et le coton, ont aussi été utilisés.

Le laiton, le cuivre et les autres métaux se sont pour leur part taillé une place en accent. Même chose pour le verre teinté.

Quelques concepteurs ont également donné une seconde vie à des déchets. Le designer Fernando Laposse colore notamment ses meubles avec des feuilles de maïs, alors que Vegea récupère les sous-produits de l’industrie du vin pour en faire des textiles. Si la tendance se maintient, c’est une bonne nouvelle pour la planète.

L'installation «Design with nature» du Salon de Milan 2022. Photo: Luca Fiammenghi, courtoisie Salone del Mobile.Milan

Sentir l’énergie

Le studio italien Carlo Ratti Associati et l’architecte Italo Rota ont utilisé plus de 500 mètres de tuyaux de cuivre pour créer des sculptures générant de l’énergie. Cette installation sensorielle, qui explore la consommation et la production d’énergie, a été installée dans le Jardin botanique de Milan.

Les visiteurs pouvaient produire de la lumière en déplaçant un carrousel ou en tournant une poignée. L’énergie provenant des panneaux solaires de l’œuvre servait pour sa part à éclairer le jardin la nuit venue et à rafraichir les lieux. On aime!

Et la lumière fut

La lumière et la couleur occupaient une place de choix au Salon de Milan. De nombreux designers présentaient leurs nouveaux modèles. Parmi nos favoris, notons le vibrant portail menant à l’exposition du cabinet d’architecture OMA. Composé de neuf types d’onyx différents, qui étaient assemblés en séquence par OMA, il attirait le regard.

Coup de cœur aussi pour les luminaires de la Maison Matisse, qui réinterprètent les œuvres de l’artiste en mélangeant l’acier, les tubes à DEL et le papier découpé, ainsi que pour la collection toute en retenue de Lee Broom, inspirée des lieux de culte.

Pleins feux sur Lucia Eames

La prolifique sculpteure, photographe et artiste Lucia Eames a vécu dans l’ombre de son père et de sa belle-mère, le célèbre duo de designers Charles et Ray Eames. Elle a toutefois pris l’avant de la scène dans cette première exposition solo posthume, Seeing with the Heart.

La sensibilité et la poésie de son travail de près d’un demi-siècle y étaient à l’honneur. On craque pour ses papillons de papier et ses créations colorées.

L’extérieur… à l’intérieur

La décoration inspirée de la nature était mise de l’avant dans plusieurs créations à Milan, peut-être en raison de tout ce temps que nous avons passé entre quatre murs durant la pandémie. Plusieurs concepteurs ont ainsi partagé leur interprétation de la biophilie. Les motifs de plantes, de cours d’eau ou de forêts ornaient les murs, les tapis et les meubles.

La décoration inspirée de la nature était mise de l’avant dans plusieurs créations. Photo: Alessandro Russotti, courtoisie Salone del Mobile.Milan

L’exposition psychédélique de Stella McCartney explorait de son côté la beauté des champignons. La salle immersive en miroirs était illuminée par des sculptures faites de matériaux recyclés. Un paysage sonore, créé à partir de signaux bioélectriques de plantes et de champignons (rien de moins!), accompagnait les visiteurs.

L’architecture au service des sans-abri

La crise des sans-abri est un problème mondial, qui n’a été qu’exacerbé par la pandémie. Des maisons imprimées en 3D aux solutions plus globales, on vous explique de quelle façon les architectes participent à la lutte contre l’itinérance.

PowerHYDE

Avec les logements PowerHYDE, le studio de design à but non lucratif BillionBricks veut permettre aux sans-abri de s’offrir leur propre maison. L’objectif, ambitieux, est de sortir les familles en Asie du Sud-Est de la pauvreté en une génération.

La première résidence à bilan carbone positif pour les itinérants au monde produit quatre fois la quantité d’énergie dont elle a besoin pour fonctionner. Le surplus d’énergie est vendu, ce qui génère des revenus supplémentaires pour les propriétaires. Un ensemble de 170 maisons forme, par exemple, une mini centrale électrique capable de générer un mégawatt d’énergie. Chaque domicile permet également de récupérer l’eau de pluie, de nettoyer ses eaux usées et de cultiver sa nourriture. Les communautés peuvent en outre s’adapter aux besoins des résidents. En plus du logement, d’autres éléments comme une école, un centre de santé, des magasins et des parcs sont inclus.

Après avoir construit une maison en Inde et deux aux Philippines, BillionBricks planche sur une communauté de 500 résidences près de Manille, toujours aux Philippines. Cette dernière génèrerait dix mégawatts d’énergie. Le logement net zéro est d’ailleurs en nomination au prix de Bâtiment de l’année d’ArchDaily dans la catégorie Maison.

Avec les logements PowerHYDE, le studio de design à but non lucratif BillionBricks veut permettre aux sans-abri de s’offrir leur propre maison. Image © billionBricks

Capsules Commonweal

Pour redonner un peu d’intimité et un sentiment de sécurité aux personnes en situation d’itinérance, le studio d’architectes londonien Reed Watts a conçu des modules de couchage. Fabriquées en contreplaqué, ces mini capsules de deux mètres sur deux mètres s’imbriquent et ne nécessitent aucun clou, vis ou colle pour être érigées. Elles peuvent se tenir seules ou être construites en rangée, avec des panneaux latéraux partagés pour réduire la quantité de bois nécessaire.

Dix modules ont été aménagés au refuge 999 Club de Deptford (Angleterre), dans une grande salle ouverte où les matelas seraient normalement posés sur le sol autour de l’espace. Les architectes espèrent que le modèle sera reproduit ailleurs.

Community First! Village

Au Texas, à quatre kilomètres d’Austin, l’organisme communautaire Mobile Loaves & Fishes (MLF) dirige un effort de collaboration sans précédent pour réduire l’itinérance. Le Community First! Village offre à plus de 200 personnes sortant de l’itinérance chronique un logement abordable, mais aussi des moyens pour les aider en cours de route.

En 2014, MLF a lancé un appel à propositions pour la conception des micromaisons, qui devaient mesurer entre 144 et 200 pieds carrés et ne coûter qu’entre 12 000$ et 20 000$ à construire. ICON, qui conçoit des maisons imprimées en 3D, faisait partie de ceux qui ont répondu à l’appel.

Le quartier est né par la suite et se compose de 130 micromaisons et de 100 unités de véhicules récréatifs, ainsi que de salles de bain, de cuisines extérieures et d’autres ressources communes. Les résidents qui veulent travailler peuvent notamment s’occuper des jardins sur place, bosser au garage ou créer des œuvres d’art qui sont vendues par le biais d’un marché en ligne.

L’engouement a été tel que MLF a décidé de lancer en 2018 une deuxième phase, juste à côté de la première, qui porte le domaine à 51 acres et à plus de 500 maisons. L’an dernier, l’organisme a également annoncé un important ajout de 1400 autres maisons. Une communauté semblable a aussi élu domicile à Madison, au Wisconsin, de même qu’à Portland, en Oregon.

Métropole solidaire

Depuis 2019, Architecture sans frontières Québec (ASFQ) comprend un volet de solidarité urbaine. Après avoir aidé les organismes communautaires — dont certains dédiés à l’itinérance — à adapter leurs locaux durant la pandémie, l’ASFQ a lancé le 22 février le projet de recherche-action-diffusion «Montréal: métropole solidaire par le design et l’architecture», soutenu par la Ville et le gouvernement du Québec.

Avec ce nouveau programme, le bras humanitaire de l’Ordre des architectes du Québec offrira un service d’aménagement aux projets communautaires visant l’équité urbaine, l’inclusion sociale ou l’aide aux plus vulnérables. Par exemple, l’équipe réaménage actuellement un dortoir pour hommes pour PAQ (Projets Autochtones du Québec) et rénove la salle communautaire de Logis Rose-Virginie, un centre d’hébergement pour femmes. Des appels à projets seront lancés deux ou trois fois par année pendant trois ans.

Le projet contient aussi un volet de recherche et de transfert des connaissances, qui mettra entre autres en place un guide des meilleures pratiques et des projets exemplaires à l’attention des architectes et des acteurs municipaux.

Résilience Montréal

En quelques semaines, un ancien restaurant situé à l’angle des rues Atwater et Sainte-Catherine, à Montréal, s’est transformé en refuge pour sans-abri. Grâce à la collaboration bénévole d’ASFQ, qui a rénové et réaménagé l’espace, Résilience Montréal peut accueillir les sans-abri de 8 h à 20 h pour qu’ils puissent manger, se laver et se reposer. D’autres ressources, comme des psychologues sur place, s’ajoutent.

Le centre de jour vient en aide aux Autochtones et aux Inuits en situation d’itinérance à Montréal. Le local est donc idéalement situé, tout près du square Cabot, où ils se retrouvent souvent.

La solution n’est que temporaire, puisque les lieux ne sont disponibles que pour un moment. L’organisme a toutefois reçu de l’aide financière des deux paliers de gouvernement et de fondations privées pour l’aider à acquérir les nouveaux locaux qu’elle convoite dans le même secteur.

En matière d’itinérance, les aspects à considérer sont multiples, et l’architecture ne saurait à elle seule résoudre le problème. N’empêche, les architectes font partie de la solution.

Architecture et design: 5 tendances pour 2022

Nouvelle année, mêmes approches? Alors que 2022 s’amorce sans réel changement, les tendances en architecture et en design reflètent cet état d’esprit et se placent sous le signe de la familiarité. Voici à quoi s’attendre dans les mois à venir.

Connexion avec la nature

Après deux ans de pandémie et plus d’une période de confinement, on a soif de vert. L’engouement pour la biophilie est palpable. C’est sans doute LA tendance de l’année. Le terme vient du biologiste américain Edward Osborne Willson. Cette forme de conception cherche à rétablir le contact entre l’homme et la nature en créant des espaces de vie et de travail plus sains et synonymes de bien-être.

Même avant la COVID, les bienfaits des plantes d’intérieur ont été démontrés. Elles peuvent réduire le stress, augmenter la productivité et, dans certains cas, assainir l’air ambiant. En plus d’ajouter des végétaux un peu partout dans la maison, le design biophilique met l’accent sur les matériaux naturels, comme le bois ou la pierre, et sur les environnements baignés de lumière. En 2022, le vert pare aussi les intérieurs. On le retrouve notamment sur les papiers peints à motifs de flore, sur les murs ou sur les armoires de cuisine.

Les plantes d’intérieur peuvent réduire le stress, augmenter la productivité et, dans certains cas, assainir l’air ambiant. Photo: Scott Webb, Unsplash

Architecture durable

L’architecture circulaire n’a pas encore fait une percée au Québec, même si le courant fait parler de lui, mais on se tourne de plus en plus vers une architecture durable. 2022 ne devrait pas faire exception.

Il n’est plus rare aujourd’hui de voir des concepteurs dessiner des bâtiments écoénergétiques, bien orientés pour profiter du soleil, avec des matériaux locaux qui ont une faible empreinte écologique. Par exemple, la construction d’une maison qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme a été complétée l’an dernier dans les Rocheuses, en Alberta.

Sans nécessairement aller aussi loin, les projets verts favorisent le transport actif et offrent des lieux publics propices aux rencontres. Cette année, on devrait voir également l’apparition de matériaux recyclés ou récupérés. Dans la même veine, les meubles d’occasion devraient avoir la cote.

La Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, qui verra le jour au printemps, devrait en outre permettre de lutter contre les changements climatiques, ou à tout le moins de s’engager à le faire.

Les meubles d’occasion devraient avoir la cote en 2022. Photo: Ray Shrewsberry, Unsplash

Espaces flexibles

La pandémie a forcé plusieurs personnes à adopter le télétravail sans vraiment leur donner le temps de s’y préparer. Comme plusieurs y ont pris goût — selon Léger, près de 80% des Québécois désirent continuer le télétravail quand les choses reviendront à la normale —, nos intérieurs devront s’adapter à cette nouvelle réalité et permettre de faire notre boulot autrement que sur un coin de table.

C’est probablement pour cette raison que les experts prédisent un bel avenir aux espaces flexibles. Les propriétaires recherchent désormais une maison qui peut répondre à plusieurs besoins. Une demeure qui leur offre un lieu pour vivre, évidemment, mais aussi un endroit pour travailler, où les enfants peuvent apprendre et où plusieurs générations peuvent cohabiter. Les pièces multifonctionnelles et les espaces qui se transforment facilement sont recherchés.

Les propriétaires recherchent une demeure où il fait bon vivre... et travailler! Photo: Spacejoy, Unsplash

Adieu, aires ouvertes?

Si le bureau s’invite à la maison, ça ne veut pas dire que les aires ouvertes, à la mode depuis quelques années en entreprise, sont aussi les bienvenues. Contrairement aux années précédentes, les projets résidentiels pourraient se résumer par l’expression «une place pour chaque chose et chaque chose à sa place» en 2022.

On devrait ainsi voir plus de séparation entre les espaces communs, comme le salon, la salle à manger, la cuisine et le bureau. Les espaces distincts, plus intimes, devraient être en demande. «Chaque espace doit être soigneusement pensé avec un but désigné. Ces derniers temps, la plus grande demande que nous recevons est une salle de jeux. Nous construisons même des ajouts au-dessus du garage afin que les clients aient des espaces plus définis», souligne la designer Jennifer Hunter en entrevue pour Forbes.

Les espaces distincts, plus intimes, devraient être en demande. Photo: Spacejoy, Unsplash

Place aux courbes

Véritable signature des projets de Zaha Hadid, les courbes seront partout cette année. Peut-être parce que nous avons tous besoin d’un peu de douceur dans notre vie, les formes s’adoucissent.

De l’architecture au mobilier, les arches et les formes incurvées prennent beaucoup de place. On retrouve par exemple des sofas ou des consoles aux coins arrondis, des tapis en forme de cercle et des portes cintrées. Sur le site web de Dwell, on voit un très bel exemple d’utilisation de la courbe sous plusieurs formes. À Brooklyn, un loft dans un immeuble de style Art déco comprend notamment des soffites de plafond arrondis, un dosseret de cuisine curviligne et un bar incurvé dans le salon.

Quand l’architecture transforme les logements sociaux

Il devrait se construire au cours des prochaines années des milliers de logements sociaux au Québec, dont 12 000 à Montréal seulement. Une architecture inspirée pourrait contribuer à faire de ces habitations des lieux de vie agréables, et non seulement abordables, comme le démontrent ces différents projets.

Miser sur les lieux communs

De plus en plus de projets de logements sociaux qui s’illustrent dans le monde misent sur l’intégration de lieux communs. La tendance fait d’ailleurs des petits au Québec.

En regardant les concepts proposés par la firme d’architecture et de design MXMA pour des habitations sociales prévues au 4570, Henri-Julien, à Montréal, on se demande d’ailleurs pratiquement si on a affaire à des logements abordables ou à un campus universitaire.

«L’organisation programmatique et spatiale des espaces communs, tant intérieurs qu’extérieurs, se retrouve à être le cœur de l’exercice d’aménagement de logements sociaux», explique la firme dans sa présentation du projet.

Certains projets proposent notamment des salles à manger communes, des jardins communautaires, des aires de détente, de travail, etc. Les lieux communs maximisent non seulement l’espace, mais améliorent aussi l’esprit de communauté des habitations.

Photo: MXMA

Concevoir des espaces multigénérationnels

Certains projets sociaux réservent des logements pour les familles multigénérationnelles, avec les besoins que cela provoque (par rapport à l’espace, à l’intimité, à l’accessibilité et aux services, par exemple).

D’autres vont aussi combiner des logements pour les personnes âgées et pour les familles dans un même immeuble. Les habitations polonaises Nowe Żerniki ont d’ailleurs gagné plusieurs prix au cours de la dernière année à cause de cette approche pour un de leurs bâtiments, dont la construction s’est achevée l’année dernière, et qui intègre ainsi autant des services pour les aînés qu’une garderie.

«Leur cohabitation dans un même espace est bénéfique à bien des égards – elle enseigne le respect mutuel et prévient le sentiment d’exclusion, elle soutient l’activation des personnes âgées, donne aux résidents un sentiment de sécurité et habitue les enfants à la vie au quotidien avec les personnes âgées et les personnes handicapées», souligne sur son site la firme d’architectes Majorarchitekci.

Photo: Majorarchitekci

S’intégrer au quartier environnant

Les meilleurs projets de logements sociaux savent s’intégrer à leur environnement, ce qui facilite par la suite l’intégration des résidents.

Dans la description de 10 logements sociaux sur la rue Castagnary, à Paris, la firme d’architectes Dietmar Feichtinger note par exemple plusieurs façons par lesquelles son immeuble parvient à avoir une unicité, tout en se fondant dans le quartier: «L’immeuble est couvert d’une vêture en lamelles métalliques blanches qui répond à la couleur dominante du quartier. Son écriture est contemporaine et répond à la finesse et au souci du détail de certains immeubles du quartier. Le rythme des percements reprend celui des immeubles alentour et les grandes ouvertures verticales s’inspirent des fenêtres parisiennes», explique la firme.

Photo: Dietmar Feichtinger

Maximiser l’espace

Les projets sociaux doivent souvent offrir un grand nombre de logements pour répondre aux besoins de la population, ce qui ne veut pas dire qu’il faut y entasser les résidents!

Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, les gagnants de l’édition 2021 du prix Pritzker (souvent présenté comme le Nobel de l’architecture), ont d’ailleurs été louangés pour leur capacité à offrir de grands espaces aux résidents des logements sociaux qu’ils conçoivent.

Lorsqu’ils ont été chargés de transformer 530 logements sociaux de Bordeaux il y a quelques années, ils ont ainsi fait passer la superficie totale de ces derniers de 38 400 m2 à 68 000 m2, sans toucher à la structure des immeubles pour ne pas faire exploser les coûts.

«À travers ce projet, le logement "social", patrimoine immobilier souvent décrié, montre l’exemple de transformation pertinente et économe, qui produit, à partir d’existants jugés a priori sans qualités et perçus négativement, des logements généreux, confortables, performants énergétiquement, qui renouvellent les typologies et les conditions d’habitation, de confort et de plaisir, et tirent vers le haut l’habitat urbain d’aujourd’hui», notent les architectes.

Photo: Lacaton & Vassal

Bâtir du beau

Même s’ils l’ont souvent été par le passé (surtout lorsque le coût le plus bas possible est la seule caractéristique recherchée), les logements sociaux ne sont pas non plus obligés d’être ternes et peu inspirants.

Ils datent d’il y a quelques années déjà, mais les logements londoniens Hannibal Road Gardens de la firme d’architectes Peter Barber Architects sont un bon exemple d’habitations ayant bonne mine malgré leur vocation sociale.

Photo: Peter Barber Architects

One Photo Challenge: 12 photos d’architecture à ne pas manquer

Une photo d’architecture réussie n’est pas seulement jolie. Elle parvient aussi à mettre en contexte un édifice et à montrer comment l’architecture transforme les gens. Voici des clichés mémorables du One Photo Challenge 2021, l’un des plus importants concours de photographie d’architecture au monde, dont les gagnants ont été dévoilés lundi.

The Roofscape of the Obscure, Venla Rautajoki

La photo gagnante du One Photo Challenge 2021 présente l’un des dômes ronds du musée d’art Amos Rex à Helsinki, vu de l’intérieur, alors qu’un enfant grimpe dessus.

Pour la photographe, le cliché rappelle à la fois des émotions reliées à la COVID, comme avoir l’impression que le temps s’est arrêté (l’image ressemble à une horloge) et la solitude, mais aussi des sentiments plus joyeux, comme ceux provoqués par l’exploration et la curiosité.

Photo: Architizer.com

 

Poor Man’s Canvas, Kavin Kumar La Sa

La photo gagnante chez les étudiants présente une murale avec deux sœurs joyeuses, photographiées dans la communauté de Kannagi Nagar en Inde, connue pour son haut taux de violence. «Ces peintures ne sont pas là que pour l’esthétique. Elles changent la perception que les gens ont de l’endroit, et elles mettent les problèmes sociaux à l’avant-plan», explique le photographe.

Photo: Architizer.com

Condescending, Arman Nasr

Une des rares photos finalistes prises avec un téléphone (un Samsung Galaxy), Condescending montre comment l’architecture peut malheureusement isoler le peuple de ses institutions.

Photo: Architizer.com

Architecture and Nature Aligned, Alex Nye

Deux fois par année, à l’équinoxe, le coucher de soleil s’aligne parfaitement avec l’océan et les structures de l’Institut Salk à San Diego, nommé en l’honneur de Jonas Salk, l’inventeur du vaccin contre la polio. L’image est d’autant plus forte qu’elle a été prise en mars 2020, au début de la pandémie, et qu’elle est devenue finaliste du concours un an plus tard, avec l’arrivée des vaccins contre la COVID.

Photo: Architizer.com

Overhead, Tommy Lei

Une superbe photo en contre-plongée de cinq édifices de Hong Kong, qui ont été construits comme logements sociaux lors d’une explosion démographique dans les années soixante.

Photo: Architizer.com

Quarantine Dancing, Ossip van Duivenbode

The Musa, dans le quartier Katendrecht à Rotterdam aux Pays-Bas, est un édifice multifonction qui abrite notamment des logements pour personnes âgées. Pendant le confinement au début de la pandémie, les résidents dansaient régulièrement ensemble, chacun dans son propre appartement.

Photo: Architizer.com

Six Buildings, Demétrio Jereissati

Dans la ville côtière de Fortaleza au Brésil, les habitants sont prêts à s'entasser pour pouvoir avoir une vue sur la mer. Cette photo donne l’impression que ces six différents édifices ne sont qu'un seul et même bâtiment.

Photo: Architizer.com

Tolerance Bridge, Shoayb Khattab

Cette photographie rappelle à quel point l’angle de vue, la météo et le hasard (les deux kayaks qui passaient par là) peuvent aider à mettre une structure en valeur dans la photographie d’architecture.

Photo: Architizer.com

Habitat, Manolo Langis

L’une des photos d’architecture finalistes du One Photo Challenge est ce superbe cliché d’Habitat 67, à Montréal, création de l’architecte Moshe Safdie.

Photo: Architizer.com

Double Empire, Sara Agrest

Cette photo prise dans un édifice historique de la 33e rue à New York montre dans une même prise de vue le quartier historique Hudson Yards, reflété dans la surface moderne du nouvel édifice One Manhattan West. «Le passé et le présent existent en une photographie. Et au bout, il y a l’Empire State Building, qui existe autant dans le passé que dans le présent», note la photographe.

Photo: Architizer.com

Eighty Mini Screens, Tiffany Liem

Il est difficile de ne pas s’émerveiller devant l’effet de dégradé parfait réfléchi dans les fenêtres de cet édifice.

Photo: Architizer.com

Enough House, James Brittain

Le photographe derrière cette superbe image d’une maison de Shobac en Nouvelle-Écosse est habituellement hésitant à prendre des photos à la tombée du jour. Le pari s’est manifestement avéré payant cette fois-ci.

Photo: Architizer.com