L’observation d’une fenêtre givrée a permis cette allégorie d’un envol d’oiseaux. Photo: L’envol – France Leduc, Club photo Évasion, Saint-Bruno-de-Montarville
26 mars 2020Auteur : Pierre Deslières, SPPQ

5 conseils pour une photo réussie, plaisir inclus

Grâce à une collaboration avec La société pour la promotion de la photographie du Québec (SPPQ), nous lançons cette nouvelle rubrique Photo dans laquelle vous retrouverez des articles signés par les experts de la SPPQ et certains de nos journalistes. Nous y présenterons également le travail de photographes de renom. Nous espérons que cette rubrique vous plaira, que vous soyez photographe du dimanche ou passionné convaincu!

Est-il possible de réussir une bonne photo sans être un professionnel ou un amateur averti? Oui, à condition de connaître les fonctionnalités de votre appareil et de suivre quelques conseils de base. En voici cinq qui vous permettront de faire de meilleures photos, et surtout, de prendre plaisir à faire de la photographie.



Bien sûr, les conseils qui suivent s’appliquent tout aussi bien aux photos spontanées, mais si vous aimez partir, appareil photo à la main, pour faire de la photographie, prenez soin de préparer cette sortie photo (repérage de sujets possibles, bon équipement, c’est-à-dire lentilles ou trépied, etc.)

1- Établissez le sujet de votre photo

Bien établir le sujet est le point le plus important pour réussir une photo. Que veut-on communiquer au spectateur? Qu’est-ce que la scène nous inspire et comment partager notre impression? Qu’il s’agisse d’une personne (p. ex., un portrait), d’une activité (p. ex., une fête), d’une sensation (p. ex., être devant un paysage), d’une émotion (p. ex., une photo de rue), il nous faut mettre en valeur ce «sujet» pour qu’il soit clair pour l’observateur.

Qui trop embrasse, mal étreint, dit-on: à trop vouloir inclure d’éléments à l’intérieur du cadre, on perd souvent l’essentiel de vue. Toute la scène doit être au service de «votre» sujet. Prenez le temps de bien vous placer et de cerner avec précision ce que vous souhaitez saisir. Observez ce qui apparaît dans le cadre et n’hésitez pas à changer l’angle ou votre distance pour éliminer un détail moins esthétique ou qui n’est pas essentiel à ce que vous voulez capturer.

L’énigmatique jeune femme de cet autobus est le point focal de cette photo: où va-t-elle? Pourquoi? Photo: Destino – Raymond Massé, Club de photo Polarisé de l’Outaouais

2- Développez une vision

«Apprendre à voir, ce n’est pas ouvrir les yeux; c’est ouvrir l’esprit» – David Duchemin

Un des principaux défis de la photographie et, de ce fait, l’une des principales satisfactions est de développer, au fil des ans, sa propre vision, sa propre signature.

Avant d’appuyer sur le déclencheur, il est important de «regarder» la scène, de se laisser imprégner par le contexte. Il faut se donner du temps et se faire confiance. Il faut souvent bouger, se déplacer pour obtenir une perspective nouvelle, différente, par exemple changer la hauteur de la prise de vue. On peut aussi utiliser des réflexions sur des surfaces, comme sur les plans d’eau, les vitrines, etc.

L’observation d’une fenêtre givrée a permis cette allégorie d’un envol d’oiseaux. Photo: L’envol – France Leduc, Club photo Évasion, Saint-Bruno-de-Montarville

3- Soignez la composition

Une «bonne photo» respecte en général certaines règles de composition. Les différents éléments de la photo doivent donner une impression d’équilibre. Il est possible de mettre en valeur ou en opposition les couleurs, les masses, et en particulier pour les photos en noir et blanc, les textures et les formes.

Les lignes formées par les éléments de la scène sont des outils du photographe:

  • Les lignes horizontales évoquent l’assise, la stabilité, le calme, la sérénité, par exemple, la ligne d’horizon, le sol, une plage, le bord d’une fenêtre, etc.
  • Les lignes verticales représentent la force, la puissance, par exemple, les arbres, les édifices, les colonnes, les monuments, etc.
  • Les lignes diagonales insufflent un dynamisme et une profondeur à la photo, par exemple, un sentier, une route, une rangée d’objets ou de bâtiments, etc. C’est surtout vrai pour la diagonale qui part du coin inférieur gauche vers le coin supérieur droit, qui semble créer un mouvement vers l’avant.
  • Les lignes courbes adoucissent la scène, par exemple, une route sinueuse, le contour d’un verre ou une bouteille de vin, etc.

Dans certains cas, comme les photos de paysage, il est important de soigner l’avant-plan, tandis que pour des portraits ou des photos macro, l’arrière-plan, souvent flouté (c’est-à-dire l’effet bokeh), ne doit pas «distraire» l’observateur.

La règle des tiers (on imagine que des lignes séparent notre photo verticalement et horizontalement au tiers et au deux tiers; ces lignes et ces points d’intersection deviennent des points privilégiés) est souvent utilisée pour composer la photo, mais elle peut aussi être transgressée si vous croyez que cela sert mieux votre intention.

L’introduction d’un personnage dans une photo de paysage peut aider à donner une idée de l’échelle ou un sens particulier à la scène.

La composition est recherchée: l’avant-plan net des feuilles, les diagonales du tronc de l’arbre et du bord de l’eau, la lumière de fin de journée. Photo: L’arbre est dans ses feuilles – Yves Kéroack, Club photo Impression 

4- Utilisez la lumière à votre disposition

Essentiellement, ce que vous photographiez, c’est la lumière: il faut donc bien l’utiliser et la mettre à profit.

Les photos de paysage offrent des couleurs chaudes lorsqu’elles sont prises à l’aube ou au crépuscule, moments où la lumière est plus douce. Des conditions moins propices peuvent aussi donner de bons résultats:

  • La lumière dure d’un soleil de midi est l’occasion de photos à contre-jour, où les personnages deviennent des silhouettes.
  • Les journées nuageuses avec leur lumière douce sont propices à des gros plans (laissant peu de place aux ciels ou avec l’effet bokeh pour l’arrière-plan), des photos d’ambiance (p. ex., feuilles tombées à l’automne), des photos de rue.
  • La pluie, les ciels orageux sont intéressants pour des effets dramatiques (p. ex., nuages noirs), des photos de reflets (p. ex., sur une flaque d’eau, à travers une vitre mouillée, des gouttes d’eau sur une surface, etc.), des ambiances mystérieuses (p. ex., la brume, le brouillard, le blizzard, etc.).
  • Les photos d’intérieurs (p. ex., des objets du quotidien, l’intérieur d’une église, les stations de métro, etc.) peuvent être améliorées en post-traitement en accentuant les contrastes, la saturation des couleurs ou en les convertissant en photo noir et blanc.

Lorsqu’on passe directement de la lumière du jour à l’intérieur, par exemple lorsqu’on visite un quartier et qu’on entre dans une église, vous devez adapter la sensibilité de votre appareil (le facteur ISO).

Pour un appareil réflex, une façon simple, c’est de mettre l’appareil en mode P (autoprogrammé) et d’augmenter l’ISO de façon substantielle. En mode P, l’appareil choisit la vitesse d’obturation et l’ouverture pour une exposition idéale. La sensibilité idéale pour un éclairage extérieur est un ISO de 100, alors qu’à l’intérieur, dans des conditions de faible lumière, il faut l’augmenter à 3200, à 6400, et parfois même plus. Évidemment, plus l’ISO est élevé, plus il y a un risque de dégradation de l’image (bruit numérique) dans la photo, mais c’est souvent la seule façon de procéder.

Par ailleurs, sur la plupart des appareils photo, il est aussi possible de régler le sélecteur de mode à des modes préprogrammés selon la situation: portrait, paysage, enfants, sport, gros plan. Finalement, sous le mode scène, on retrouve souvent plusieurs autres situations préprogrammées, comme portrait de nuit, coucher de soleil, aurore/crépuscule, etc.

Malgré un éclairage quelconque, le photographe a réussi à bien rendre le mouvement du joueur qui se dégage clairement du mur arrière. Photo: Slam Dunk – Pierre Vignau, Club photo Sherbrooke 

5- Utilisez la postproduction

Bonne nouvelle: si malgré tous vos efforts la photo n’est pas tout à fait à votre goût, la photo numérique offre des possibilités infinies d’ajustements et de corrections en postproduction.

Les logiciels et outils de retouches photographiques sont maintenant très nombreux, et peuvent être utilisés avant, pendant et après la prise de vue: appareil photo, PC, tablette, téléphone intelligent. Il serait fou de s’en passer puisqu’ils peuvent vraiment nous aider à améliorer nos photos. Il est donc recommandé d’être familier avec au moins un logiciel de traitement de photos permettant de faire des retouches simples, comme redresser l’horizon, recadrer, améliorer les contrastes, augmenter la saturation des couleurs, faire du vignetage pour mettre en relief le sujet, etc.

Finalement, souvenez-vous que la meilleure façon de vous améliorer comme photographe, c’est de faire de la photographie chaque fois que vous en avez l’occasion. À vos appareils photo!

Références (parmi d’autres)

Il existe une foule de livres ou de sites à partir desquels il est possible de parfaire nos connaissances. En voici quelques-uns:

  • Collection Secrets de photographes, éditions Eyrolles. Très nombreux livres de différents auteurs, chacun abordant des sujets différents.
  • Scott Kelby: auteur de plusieurs livres sur les techniques de la photographie et les logiciels (p. ex., Photoshop, Lightroom)
  • Michael Freeman: auteur de plusieurs livres sur l’approche de la photographie (composition, créativité, noir et blanc, etc.)
  • David Duchemin: auteur de quelques livres sur la passion et la vision du photographe et la façon de faire de la photographie.
  • Nikon Passion, site alimenté par Jean-Christophe Dichant (articles, tutoriels, actualités, etc.) couvrant de nombreux aspects de la photographie, pas seulement pour les propriétaires d’appareils Nikon.

À propos de l’auteur

Pierre Deslières est un amateur de photographie, membre du Club Photo Évasion de Saint-Bruno-de-Montarville, et collaborateur à la Société pour la promotion de la photographie (SPPQ).

Toutes les photos de cet article sont des photos primées lors de différents concours de la SPPQ.