La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Val de Loire au-delà des châteaux

De la Loire, on connaît les châteaux. Chambord, Chinon, Chenonceaux, Amboise... Mais dans la région se trouve une autre richesse: le vin. En septembre, j’ai eu l’occasion de me balader dans le Val de Loire, du pays nantais, où les vignes ont été plantées par les Romains, à Saumur, en passant par Angers et la Touraine.



Bien que l’histoire du vignoble du Val Loire remonte à 2000 ans, c’est seulement au 5e siècle que la viticulture prend son envol. Tant les rois que les moines augustins et bénédictins joueront un rôle dans son essor. La Loire est, à cette époque, la voie de circulation la plus sûre. Certains rois servent des vins d’Anjou à la cour, tradition instaurée par Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou, monté sur le trône d’Angleterre en 1154.

Aujourd’hui, la région mise de plus en plus sur l’œnotourisme. Différentes expériences sont proposées aux visiteurs afin de leur permettre de mieux comprendre l’univers du vin et, bien sûr, de le goûter.

Vue sur la Loire, de Saumur. Photo: Marie-Julie Gagnon
Vue sur la Loire, de Saumur. Photo: Marie-Julie Gagnon

De la randonnée aux jeux d’évasion

Depuis 14 ans, l’événement Vignes Vins Randos se déroule en septembre. Ce week-end de randonnée permet d’explorer la région tout en goûtant ses vins. Quinze balades guidées étaient au programme de l’édition 2017.

La promenade à laquelle nous prenons part débute au château de Saumur. Nous traversons la vieille ville et des vignobles. Nous descendons notamment dans la cave de Louis de Grenelle, à 12 mètres de profondeur, dégustons des vins de vignerons indépendants à la cave de La Seigneurie et profitons de la vue splendide chez Gratien et Meyer. Tout ça en buvant des bulles, bien sûr!

Plutôt envie d’un tour de calèche? C’est ce que nous faisons à travers les vignes du Domaine du Petit Clocher à Cléré. Fondée en 1920 par le grand-père des actuels propriétaires, deux cousins, la propriété est passée de 5 à 80 hectares en quatre générations. Les deux jeunes hommes ont modernisé les installations et misent désormais sur les expériences, comme cette balade avec pauses dégustations, pour attirer les touristes.

Un tour de calèche à travers les vignes du Domaine du Petit Clocher, à Cléré. Photo: Marie-Julie Gagnon
Un tour de calèche à travers les vignes du Domaine du Petit Clocher, à Cléré. Photo: Marie-Julie Gagnon

Au Domaine Pierre & Bertrand Couly, à Chinon, nous testons le nouveau jeu d’évasion («escape game») créé cette année. En compagnie de mes collègues, je me retrouve enfermée dans la cave, où nous devons trouver des indices et résoudre des énigmes en moins de 60 minutes pour voir la porte se déverrouiller. Comme la majorité des joueurs, nous ne parvenons pas à nous échapper à temps, mais que de plaisir! Une manière ludique d’en apprendre un peu plus sur le vin et d’entamer une visite. Après avoir fait le tour du propriétaire, nous dégustons quelques vins dans une salle aménagée pour recevoir des groupes des visiteurs.

Un petit verre? Photo: Marie-Julie Gagnon
Un petit verre? Photo: Marie-Julie Gagnon

Fondée en 1811, Ackerman est la plus ancienne maison de fines bulles du Val de Loire. Nous découvrons des œuvres d’art conçues expressément pour «habiter» les caves historiques. Une exposition nous permet également de plonger dans l’histoire du vin. Les vieilles affiches visant à faire la promotion du vin nous laissent une forte impression. En 1885, on recommandait, par exemple, le Brut Royal aux invalides, et avant l’apparition de l’AOC, le mot «champagne» apparaissait sans gêne sur les affiches. Aux Caves de Monmousseau, à Montrichard, les murs semblent, pour leur part, tatoués par les œuvres d’art projetées dans une ancienne cave.

Une des vieilles affiches visant à faire la promotion du vin. Photo: Marie-Julie Gagnon
Une des vieilles affiches visant à faire la promotion du vin. Photo: Marie-Julie Gagnon

Amateur de croisières? Il est possible d’en faire une sur la Loire, mais aussi sur le Cher. Sylvain Trével, pêcheur qui a lancé sa propre compagnie et propose des croisières à thèmes à bord du Raboliot, qui peut accueillir jusqu’à 12 passagers, nous donne un aperçu de l’expérience lors d’une courte promenade. Une belle manière d’explorer le secteur!

L’humain derrière le vin

Je suis revenue de ce voyage fort chargé avec des dizaines de dépliants décrivant des activités toutes plus chouettes les unes que les autres. Visites de châteaux animées, parcours pour découvrir une carrière souterraine et une fabrique de sarcophages, centres et musées dédiés au vin, la Loire à vélo, circuits en combi (Westfalia)… Au-delà du vin, les raisons de se rendre dans le Val de Loire sont nombreuses.

Même si les multiples ajouts des dernières années permettent d’attirer une clientèle plus variée, rien ne remplace toutefois la rencontre avec le viticulteur. L’un de mes plus grands coups de cœur de ce voyage reste sans contredit le Château de la Ragotière des Frères Couillaud, où nous avons fait la connaissance d’Amélie, fille de l’un des frères, et de son mari, Vincent. Le couple nous a fait déguster des vins dans une ancienne chapelle, en plus d’un succulent pique-nique composé de terrine de maquereau, d’huîtres, de langoustines et d’une tarte aux prunes maison.

Comme dans plusieurs familles de vignerons, le vin coule dans les veines de cette mère de quatre enfants qui a de l’énergie à revendre. Ici, les principaux cépages sont le muscadet et le chardonnay. «Nous avons été les premiers à planter du chardonnay, en 1986-1987, raconte fièrement Amélie. Quand mon père a commencé, nous étions déjà très présents sur le marché américain avec le muscadet.»

J’aurais pu écouter cette passionnée, qui est parvenue à me faire apprécier davantage le muscadet, pendant des heures. Oui, le vin, c’est une question de terroir, mais aussi d’humains.

Amélie Dugue-Couillaud, des vins des Frères Couillaud. Photo: Marie-Julie Gagnon
Amélie Dugue-Couillaud, des vins des Frères Couillaud. Photo: Marie-Julie Gagnon

Quelques coups de cœur, en vrac:

  • Le crottin de Chavignol. Le sevrage fut difficile, au retour.
  • L’événement Vignes Vins Randos. J’aurais aimé tester tous les circuits!
  • L’accueil chaleureux du Château de la Ragotière.
  • La Demeure de la Vignole, petit hôtel avec quelques chambres troglodytes.
  • Plusieurs vins, dont le Pouilly Fumé du Domaine Éric Louis et Gemme Océane du Domaine Landrat-Guyollot, viticulteurs depuis dix générations. Mention particulière à Sophie Landrat-Guyollot, qui se relève après une année particulièrement difficile, des épisodes de gel ayant été catastrophiques deux années de suite. Elle est la troisième femme de la famille à diriger l’entreprise.
  • Le charmant village de Saumur.
  • Le restaurant de l’auberge la Pomme d’Or, à Saumur.
Le château de Saumur. Photo: Marie-Julie Gagnon
Le château de Saumur. Photo: Marie-Julie Gagnon

Notre chroniqueuse était l'invitée de Vins Val de Loire. Toutes les opinions émises dans ce texte sont 100% les siennes.