La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Prêt à camper?

J'ai parfois l'impression que le monde est divisé en deux clans : les adeptes du camping sauvage et les autres.

Pour les premiers, la nature est un merveilleux refuge où l'on se déleste des obligations du quotidien pour se rebrancher sur l'essentiel. Pour les seconds, c'est un enfer peuplé de moustiques, d'équipement à transporter et d'interminables to-do list. Sans parler de la désintox numérique forcée!

Je l'avoue : même si j'aimerais faire partie de cette race d'êtres supérieurs qui siffle en montant une tente sous la pluie (!), je suis du second clan. Je déteste passionnément devoir prévoir les moindres détails d'une escapade en nature, à commencer par la gestion des repas, moi qui mange au restaurant (ou des plats à emporter) 75 % du temps. J'ai toujours froid, même quand «ben non, on est bien» (regard qui dit : «t'es vraiment une extraterrestre, toi»). La seule idée de monter une tente me ramène aux aventures cauchemardesques de mon enfance, où je me réveillais au milieu de la nuit dans un sac de couchage trempé à cause du déluge qui s'abattait inévitablement chaque fois que j'allais camper (je sais, les tentes ont évoluées depuis - n'empêche, le souvenir est bien ancré).

Quant aux moustiques, j'ai parfois l'impression que dans leur monde, mon nom est écrit quelque part à côté de «Spécial du jour» TOUS LES JOURS pendant mes brèves escapades estivales. Est-ce la rareté qui fait de moi un plat si recherché? Même quand je m'asperge de chasse-moustiques, j'oublie toujours un petit coin de chair qu'ils s'empressent de prendre d'assaut. Et j'ai peur des ours. J'ai tellement peur des ours...

Du camping au glamping

Cela dit, je réapprivoise peu à peu le camping depuis quelques années à cause de sa glamourisation. Le glamping - sa version de luxe - m'a réconciliée avec plusieurs aspects qui me rebutent. J'aime arriver seulement avec mon sac de couchage et le poser sur un vrai lit, sous une tente équipée de tout le nécessaire «de survie» (c'est-à-dire, ouvre-bouteille et coupes pour le vin). Je ne deviens pas subitement chef parce que je me retrouve dans un tel contexte, mais au moins, je n'ai pas à penser à apporter gamelle, ustensiles et autres choses que je n'ai même pas chez moi.

Mieux : certains sites ont des restaurants fantastiques, comme Elephant Hills, dans le Parc national de Khao Sok, en Thaïlande, et Rainforest Camp, sur le lac Cheow Larn (les tentes de ces deux sites ont même des salles de bains adjaçantes avec douche et toilette!), et Corcovado Adventures, au Costa Rica, où j'ai vécu des moments magiques. Le summum!

Prêt à camper au Québec

Après avoir testé pour la première fois une tente Huttopia de la Sépaq l'année dernière dans les Laurentides, je viens de passer deux nuits dans une oTENTik de Parcs Canada sur l'île Quarry, dans l'Archipel-de-Mingan. Le défi, dans ce cas-ci, est plutôt l'accessibilité. En partant de Havre-Saint-PIerre, il faut compter environ 30 minutes de bateau, puis une dizaine de minutes de transport d'équipement (des brouettes sont mises à la dispositions des campeurs). Pas d'eau potable ni d'électricité : seule une prise USB par tente est disponible. (Pas de réfrigérateur non plus, vous l'aurez compris.)

Malgré tout, le confort est au rendez-vous. Chaque tente peut accueillir jusqu'à six personnes. Un barbecue et un réchaut permettent de cuisiner sans prise de tête. Et l'essentiel est là : le calme, le vrai, loin de tout. À l'aube, j'ai vécu quelques moments de réelle communion avec la nature, devant la baie, en observant les oiseaux.

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Photo : Marie-Julie Gagnon

À quelques minutes de marche, les géants de calcaire qui rendent l'archipel si unique posent fièrement, comme s'ils avaient attendu tout ce temps pour qu'on leur tire le portrait sous tous les angles possibles. Oui, les monolithes sont aussi impressionnants qu'ils en ont l'air. Parcs Canada propose d'ailleurs une visite guidée de l'île (que je recommande fortement pour voir l'essentiel et pouvoir poser toutes les questions qui vous brûlent les lèvres!) deux fois par jour.

Oui, dans certains cas, ça vaut le coup de se compliquer un peu la vie!

Hébergements insolites

Le lendemain, j'ai mis le cap sur les Îles de Sept-Îles, où l'on trouve aussi la formule «prêt-à-camper», notamment à l'île Grande Basque. J'ai, pour ma part, dormi dans une yourte de la Ferme maricole PurMer, sur l'Île Grosse Boule, à 15-20 minutes de bateau de la marina de Sept-Îles. Bien aménagées, les yourtes font face à la baie de Léon. Les sympathiques propriétaires proposent aussi des activités d'interprétation de la moule bleue et de la pétoncle. On peut aussi plonger en apnée pour voir étoiles de mer, homards et autres fascinantes créatures. Une belle découverte!

Photo : Marie-Julie Gagnon
Photo : Marie-Julie Gagnon

On trouve des yourtes un peu partout dans la province aujourd'hui. L'un de mes plus grands coups de coeur touristiques des dernières années : celles d'Alfred le voisin d'Oscar, à l'Anse-de-Roche (Sacré-Coeur), non loin de Tadoussac. En plus d'avoir une salle de bain avec douche et eau chaude, une cuisine toute équipée, un salon, des lits qui donnent envie de faire la grasse matinée et une déco hors du commun, la vue sur le fjord est époustouflante. On a du mal à quitter l'endroit...

Autre gros coups de coeur : les bulles de Canopée-lit, à quelques minutes de là. L'impression de dormir dans un ballon de plage géant en pleine forêt. Fantastique!

Et maintenant?

N'empêche, les meilleurs emplacements de camping restent souvent ceux qu'on dit «rustiques». Chez Mer et monde, la semaine dernière, j'entendais les camions roulant sur l'autoroute depuis mon «prêt-à-camper». Rien pour m'empêcher de dormir, remarquez, mais assez pour être agacée par ce «bruit de fond» qui détonnait avec mon expérience «so nature» (pourquoi personne n'en parle jamais?). Tous ceux qui ont planté leur tente plus près de l'eau me jurent n'avoir entendu que le souffle des baleines.

Je me souviens aussi avoir soupiré d'envie en découvrant les tentes de la baie Sainte-Marguerite, au Parc national du Fjord-du-Saguenay (WOW! Quelle vue!). Au petit matin, les bélugas s'approchent tout près... Par contre, les sites sont difficiles d'accès et il faut tout transporter sur une distance importante, y compris son eau potable.

Est-ce donc ça le secret pour la top-expérience? L'effort?...

Vous, jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour trouver votre coin de paradis?

 


Pour en savoir plus

Voici pourquoi un moustique pique une personne et pas une autre

Céline Ronquett avec AFP

24 avril 2015

Le Soir

L'aventure, même au lit

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Mai 2015

Pax Magazine

Ma nuit dans une cabane dans les arbres

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14 juin 2014

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